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| Sujet: Faire la guerre à Grèce pour avoir le pouvoir Ven 22 Jan 2010 - 18:34 | |
| Un autre plan.. - Citation :
Faire la guerre à Grèce pour avoir le pouvoir Dans son édition datée du 20 janvier 2010, le quotidien « Taraf » vient de révéler un nouveau complot, le plan « Balyoz » (marteau de forge). Ce plan préparé en 2003, peu après l’arrivée de l’AKP au pouvoir (novembre 2002), aurait eu pour premier objectif d’organiser une série d’attentats à la bombe contre des mosquées, en particulier contre les mosquées de « Fatih » et de « Beyazit », qui comptent parmi les plus fréquentées d’Istanbul. Le quotidien révèle en particulier les noms de code de « Carsaf » (Burqa) et « Sakal » (barbe) de ces deux opérations consistant à déclencher des explosions et des mouvements de panique, au moment de la prière du vendredi, et à inciter les fidèles ensuite à investir la rue pour manifester violemment. Ces activités de déstabilisation auraient été suivies par une série d’initiatives visant à accroître le chaos : incidents aériens entre la Turquie et la Grèce pour montrer que le gouvernement assurait mal la sécurité du pays, organisations de manifestations républicaines laïques, et attaques au cocktail Molotov contre le musée de l’aviation de Yeşilköy, à Istanbul.
Le plan en question aurait été principalement élaboré par 3 généraux aujourd’hui à la retraite (Çetin Doğan, Ibrahim Fırtına et Ergin Saygun) et approuvé par une assemblée de 162 membres des forces armées dont 29 généraux. Il reposerait sur un document de près de 5000 pages, qui mentionnerait aussi fréquemment le nom de l’amiral Örnek, dont les carnets controversés décrivant la préparation d’un complot du même genre avaient été révélés par le magazine Nokta, en avril 2007, ce qui avait à l’époque conduit à l’interdiction du magazine en question. Le document planifiant le plan « Balyoz » vanterait en particulier les méthodes du coup d’Etat du 12 septembre 1980, et décrirait l’AKP comme un parti fondamentaliste, faisant le jeu des Etats-Unis et de l’Union Européenne contre la République laïque. Il analyserait la victoire du parti de Recep Tayyip Erdoğan, avant tout comme la conséquence d’un vote protestataire et plaiderait pour une coordination de l’action des associations laïques les plus en vue (en particulier l’association pour une vie moderne de Türkan Saylan –ÇYDD- ou l’Association de la pensée kémaliste –ADD- organisatrice des meetings républicains de 2007), des partis d’opposition et des forces armées pour reprendre en main la situation.
Ce n’est pas la première fois bien sûr que « Taraf » jette un tel pavé dans la marre. Depuis sa création en novembre 2007, par l’écrivain Ahmet Altan et par un groupe d’intellectuels dont une partie ont milité dans des mouvements d’extrême-gauche dans les années 70 et ont compté parmi les victimes du coup d’Etat de 1980, le quotidien, qui est devenu la bête noire des forces armées turques, est accusé par ses détracteurs d’être manipulé et financé par les réseaux de Fetullah Gülen, sans que cela ait pu être prouvé. Depuis deux ans, il a été à l’origine de la plupart des grands scandales et révélations de complot qui ont ébranlé l’institution militaire. C’est ainsi ce journal qui, en octobre 2008, a accusé l’armée d’avoir sciemment laissé le PKK conduire une attaque meurtrière contre la garnison d’Aktütün, dans le sud-est, afin de susciter des réactions anti-kurdes au sein de l’opinion publique turque. C’est encore le même journal, qui a mis à jour, en juin 2009, le « plan d’action contre la réaction », un complot conçu par des militaires proches de l’état-major, qui aurait eu pour objectif de ternir l’image du gouvernement. C’est enfin « Taraf » qui, en novembre dernier, avait révélé le plan « Cage », une opération organisé par des officiers de marine et visant à assassiner des personnalités non-musulmanes, là encore pour créer une situation chaotique et décrédibiliser l’action du gouvernement.
Toutefois, la spécificité de cette nouvelle offensive de « Taraf », c’est qu’elle ne s’en prend pas seulement à l’armée mais aussi à la presse. En effet, le quotidien a annoncé, dans son édition d’hier, qu’il allait prochainement révéler le nom de 137 journalistes, qui auraient coopéré avec les forces armées à la mise en œuvre du plan « Balyoz » et le nom de 36 autres qui auraient été immédiatement arrêtés si une telle opération avait été déclenchée. Pour comprendre la portée d’une telle annonce, il faut se souvenir que, lors de précédentes interventions militaires, une partie de la presse avait apporté son concours à l’armée sous diverses formes. En particulier, lors du coup d’Etat post-moderne, en 1997, après les mises en garde du conseil de sécurité nationale du 28 février, les médias du groupe Doğan avait mené une campagne contre le gouvernement de l’islamiste Necmettin Erbakan, pour l’affaiblir et le pousser à démissionner. Il ne faut pas oublier non plus que, depuis septembre 2008, un conflit sévère oppose le gouvernement au groupe Doğan condamné récemment à une très forte amende ; une situation qui a conduit la Commission européenne dans ses deux derniers rapports d’évaluation sur la candidature turque, à s’inquiéter pour la liberté de la presse en Turquie.
On comprend, dès lors, que la nouvelle révélation de « Taraf », au-delà du nouveau scandale qui met en cause l’armée, risque d’accroître encore la polarisation qui oppose dans la société turque ceux qui soutiennent ou accompagnent le gouvernement de l’AKP et ceux qui le redoutent ou le combattent. Car, en impliquant la presse dans les complots qui auraient été ourdis par des militaires contre le gouvernement, les accusations de « Taraf » élargissent considérablement un spectre de factieux jusqu’ici surtout concentré sur les forces armées et tendent en fait à dénoncer le système qui avait précipité la chute du gouvernement Erbakan en 1997. Eu égard à l’importance de l’enjeu, on observe qu’une grande partie de la presse n’a pas relayé, le 20 janvier 2010, les révélations de « Taraf » et les accusations qu’elles contiennent. Une fois de plus la question va donc être posée dans les prochains jours : « Taraf » dévoile-t-il le système de la démocratie contrôlée et manipulée telle qu’elle a fonctionné en Turquie pendant des années ou sert-il à son tour des intérêts occultes, en rendant par des campagne de presse, la monnaie de leur pièces à ceux qui par le passé ont mis leur plume au service de l’État profond ?
JM
Article original de l’Ovipot
Source : Ovipot, le 21.01.10 |
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Inanç Genelkurmay Başkanı
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| Sujet: Re: Faire la guerre à Grèce pour avoir le pouvoir Sam 23 Jan 2010 - 21:17 | |
| Il y a un acharnement en ce moment sur l'armée turque qui m'inquiète beaucoup, c'est incroyable (si c'est vrai) de préparer des opérations visant à déstabiliser le pays pour renverser un gouvernement . Voilà pourquoi à mes yeux la Turquie n'est pas une réelle démocratie et ne sera jamais une puissance régionale comment veux-tu dominer une région si tu ne fais pas confiance à ton chef d'Etat major ou à ton 1er ministre je me demande ce qui se dit durant le MGK. PS : Vivement que Erdogan et ses copains dégagent ! | |
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