Les Forces Armées Zaïroises
Petit retour dans le passé17 Octobre 1971, le Lieutenant-Général Mobutu arrivé au pouvoir 6 ans plus tôt proclame la création de la république du Zaïre avec un objectif assez clair pour tous : la centralisation du pouvoir entre les mains d'un seul homme à savoir le futur Maréchal autoproclamé lui même et le bannissement de tout ce qui se rapportait au colonialisme passé par l'africanisation massive des institutions, villes et noms de ses concitoyens.
C'est sous ce nouveau régime que naît naturellement en Janvier 1972 les Forces armées Zaïroises par changement de nom de l'Armée Nationale Congolaise elle même issue de l'ancienne Force Publique mise en place par les belges.
Dans le cadre de l'organisation et de la structure opérationnelle des besoins de la défense nationale, le territoire national est subdivisé en plusieurs régions militaires elles-mêmes englobant plusieurs provinces administratives.
Il est fort de constater que c'est sous les premières années du règne de Mobutu Sese Seko que d'abord l'Armée Nationale Congolaise et ensuite les Forces armées Zaïroises vont rapidement se développés et modernisés pour passer à un statut d'armée professionnelle le tout aider par l'embellie économique et le nouvel ordre politique en place à Kinshasa très favorable à l'armée devenue le bras armé du régime mobutiste.
C'est également durant cette période que verra le jour la Force Navale, la Force aérienne et la Gendarmerie Nationale, preuve de l'ascension du pouvoir du Lieutenant-Général Mobutu.
Sans plus tarder je vous livre les effectifs des Forces Armées Zaïroises.
Attention, je ne fournis ici que le volet terrestre vu le manque d'informations (structurelles et organisationnelles) sur les entités aérienne et navale des FAZ.
Si vous disposez d'informations complémentaires, elles sont les bienvenues.
La Garde Civile (GACI) : mise sur pied en 1984, la Garde-Civile avait pour mission essentielle l'anti-terrorisme et la protection des frontières nationales.
La Garde-Civile était une force de police paramilitaire forte de 10000 hommes bien équipés, entraînés et entretenus, cette dernière excellait particulièrement dans les postes frontières alors que la Gendarmerie Nationale resta surtout active dans les zones urbaines, périurbaines et rurales.
La Garde Civile disposait à sa solde de deux unités d'élites particulièrement spécialisés dans les répression de manifestants à savoir les Forces d'Interventions Rapides (FIR) et les Forces d'Interventions Spéciales (FIS) qui vont se rendre tristement célèbres par leurs nombreuses exactions et pillages lors des nombreuses contestations politiques qui vont suivre la chute de Mobutu.
La Garde Civile a bénéficié à ses débuts de la coopération allemande pour ensuite se tourner vers l’Égypte ou cette dernière assurait la « formation douteuse » des officiers de la GACI.
La Gendarmerie Nationale : forte de 25000 à 30000 hommes et calqué sur le modèle belge, celle ci a remplacé dès 1972 l'ancienne Police Nationale dissoute dans la foulée.
Gangrené par la corruption et les pratiques illégales, mal encadrée en proie à un manque flagrant de disciple auquel s'ajoute une capacité opérationnelle limitée, cette dernière se montrera dans de nombreux cas incapable de remplir ses missions et s'adonnera volontairement aux exactions, brimades et pillages auprès de la population civile.
Voilà pour les forces de police, passons à Force Terrestre Zaïroise elle-même.
Avant toute chose, il est très difficile d'estimer avec précision les effectifs de la Force Terrestre du Zaïre au vue des nombreux changements et restructurations que a connu cette armée.
Les FAZ dans leurs ensemble ont été en proie au détournement de fonds, au clientélisme, à l'affairisme, au népotisme, à un état généralisé d'indiscipline ou les généraux n’hésitaient pas à se lancer dans le commerce de l'or et des diamants tout en délaissant leurs unités respectives en se souciant peu de leurs conditions de vie et de leurs capacités effectives au combat.
Pire encore certains officiers s'étaient lancés dans la fabrication de listes fictives en gonflant leurs effectifs pour pouvoir bénéficier de plus grandes dividendes devant servir à couvrir les dépenses des unités concernés, bref toutes les manières étaient bonnes pour se faire de l'argent et ainsi détourner les fonds d'état.
Mobutu n'a pas hésité à nommer aux plus hauts postes de l'état ses fidèles parmi les fidèles généralement issus de la même région que lui ou encore des membres directs ou indirects de sa famille, en somme l’enrichissement personnel et la préservation du pouvoir primait sur la capacité opérationnelle de l'armée.
Les FAZ tenaient plus d'une armée de papier que d'une force réelle apte au combat à l'exception des unités d'élite sous contrôle direct du Maréchal Mobutu et bénéficiant des largesses des occidentaux (coopération militaire, conseillers et instructeurs).
Bon nombre de soldats n'hésitaient pas à revendre armes et munitions fautes de soldes au vue des détournement massif opérés par certains généraux.
D'après IISS Balance Military et le Congres Country Studies américain, les effectifs totaux s'élèvent à 25000 à 28000 hommes hors Gendarmerie Nationale et Garde Civile.
Force Terrestre Zaïroise
En 1991 au moment de la chute de l'URSS, la Force Terrestre comptait :
La Division Spéciale Présidentielle : créditée de 15000 hommes mais les chiffres tendraient plus vers le bas.
La DSP était une armée dans l'armée, bras droit fidèle au Maréchal elle était l'élite du régime.
Formée par des instructeurs israéliens, elle ne tardera pas comme les autres unités de l'armée zaïroise a tombé dans la perversion, les exactions et la revente du matériel militaire en sa possession mais « certains » de ses éléments resteront tout de même fidèle au Maréchal dans les pires moment de crise.
La Division Kamanyola : forte de 12000 hommes soit 3 brigades, cette division était considérée par Mobutu comme la meilleur formation de l'armée zaïroise tant sur le plan de la formation que du matériel mis à disposition.
Informations là encore à prendre avec beaucoup de retenue au vue des dires du « Maréchal ».
Pour information la Division Kamanyola était affectée en permanence au Shaba (Katanga) là aussi très probablement pour préserver les gisements miniers congolais garantie de pouvoir du feu Maréchal Mobutu.
Cette division étaient répartie sur deux camps se trouvant pour l'un en bordure de Kinshasa (domaine présidentiel de Kibomango) et l'autre moitié sur le camp Tshatshi également à Kinshasa.
La 31e Brigade Parachutiste : avec ses 3 bataillons de parachutistes (et un bataillon de soutien), cette brigade aéroportée dispose d'un des meilleur taux de disponibilité de la Force Terrestre.
Cette brigade bénéficie de la coopération militaire et de l'instruction française ce qui explique pour beaucoup son degré élevé de préparation au combat.
Celle ci était stationnée à l'aéroport de N'Djili au Centre d’Entraînement des Troupes Aéroportées (CETA) dans la périphérie de la capitale.
La 41e Brigade Commando : comptant elle aussi trois bataillons, cette brigade de contre-insurrection opère uniquement à l'Est de par son implantation à Kisangani non loin des Grands Lacs.
Celle ci par contre est sous la coupe de conseillers et d'instructeurs chinois.
La 1ère Brigade Blindée : idem à la précédente, elle bénéficie de la coopération militaire et de l'instruction chinoise.
Son taux de disponibilité était très élevé dans le milieu des années 80 mais moins d'une décennie plus tard elle n'était que l'ombre d'elle même.
Elle mettait principalement en oeuvre le char chinois Type-62 dérivé du Type-59 mais équiper d'un canon de 85 mm et d'un poids de 21 tonnes.
Casernée à Mbanza-Ngungu (à 120 kilomètres au sud-ouest de Kinshasa dans le Bas-Congo) celle ci faisait figure de force jusqu’à sa quasi-désertion par son personnel faute de carburant et de d'entretien entre 1991 et 1993.
La 21e Brigade d'Infanterie « Léopard » : peu d'informations filtrent sur cette unité à l'exception d'une seule son emplacement et sa probable mission : Lumbumbashi et la protection des mines du Shaba (Katanga).
La 13e Brigade d'Infanterie : déployée dans l'Est du Shaba, sa mission semble similaire à la
21e Brigade d'Infanterie « Léopard » mais rien n'est certain faute d'infos fiables.
En 1996, à la veille de la chute de Mobutu les effectifs des FAZ pour la seule Force Terrestre étaient estimés à 77000 hommes répartis à raison de 28000 hommes dans la Force Terrestre et 25000 hommes dans la Gendarmerie Nationale, hors Force Aérienne, navale, corps logistique et Garde Civile.
Chiffres là encore à prendre avec beaucoup de retenue vu la débâcle de l'armée face aux rebelles de Kabila père.
Le bilan des trois décennies de pouvoir de Mobutu sont bien tristes :
-Manque grave d'un personnel de maintenance permettant l'entretien du matériel
-Clientélisme
-Népotisme
-Tribalisme
-Paternalisme
-Nombreuses restructurations
-Purges (assassinats ciblés)
-Politisation de l'armée
-Guerres internes pour le pouvoir
-Corruption généralisée
-Détournements de fonds alloués à la défense
Bref pas celui d'un président soucieux de son image auprès des militaires vu la garantie offerte par les occidentaux de son maintient au pouvoir en échange d'une main mise totale par ceux ci sur les ressources gigantesques qu'offraient les mines zaïroises, dès lors le seul enrichissement personnel a primé sur les conditions opérationnelles de son armée.
On estime à plus d'un milliard de Dollars d'aide militaire reçue par Mobutu de la part des américains durant ses 31 ans de règne donc largement de quoi mettre sur pied une force capable à répondre à toute agression extérieur comme intérieur mais au lieu de ça cet argent a été dilapidé au profit de l’enrichissement personnel, mal gérer, détourner, bref gaspiller sur le seuil de la personnalité du « Maréchal » Mobutu Sese Seko.
Ironie de l'histoire, sa tentative de contrer la rébellion de Kabila père soutenue par le Rwanda en 1997 en demandent l'aide de l'armée, c'est soldée par une désertion généralisée (beaucoup ont rejoints les rangs de l'ennemi) auquel ses généraux n'ont pu faire face.
Avec l'arrivée au pouvoir de Kabila père en 1997 rien de ne semble s’être améliorer pour les militaires vu que ce premier s’appuyait massive sur le soutien rwandais qui lui a permis une prisse de pouvoir fulgurante notamment en assurant un soutien logistique en armes et munitions à ses partisans.
Cela a été aussi le cas pour Kabila fils comme là démontrer la tentative suivit de l'échec de brassage inter-ethnique et l'incorporation des trois principaux mouvements d’oppositions armés (les Maï-Maï, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie et le Mouvement pour la Libération du Congo) au sein des brigades intégrées des nouvelles Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).
La Belgique (et d'autres conseillers et instructeurs militaires) en a été la première à le constater et à en faire les frais dès 2004 avec la
1ère Brigade d'Infanterie qui c'est montrée incapable de faire preuve de discipline et d’efficacité une fois les instructeurs belges partis car laisser à elle même, abandonnée, pire encore cette dernière va très vite retomber dans les exactions et le pillage envers la population faute de solde.
Seule exception du brassage d'union nationale, la
Garde Républicaine du président Kabila est certainement la seule à ne pas avoir subit le brassage ce qui est principalement du au fait que elle est sous l'autorité directe du chef de l'état et non du ministre de la défense et donc de l'état-major des armées.
Il s'agit clairement là d'une volonté politique propre au président congolais désireux d’asseoir son pouvoir.
Les risque de répéter les erreurs du passé ne sont évidemment pas nuls dans ce cas de figure.
Actuellement la
Garde Présidentielle est composée pour beaucoup d'ex-membres du
Groupe Spécial de Sécurité Présidentiel (GSSP) mis en place par Kabila père soit 10000 à 15000 sous les ordres de l'actuel président peu désireux de lâcher si vite le pouvoir (ça promet pour la suite!).
Il faudra attendre 2008 pour voir enfin un renouveau au sein des FARDC avec l’acception officiel par les factions politiques adverses de la création d'une armée d'unité nationale regroupant tout les anciens groupes armés ce qui s'ensuivra bien sur le retour de la mission de coopération militaire belge et du coup les premiers succès militaires sur le terrain imputés aux nouveaux commandos congolais formés et encadrés par les Para-Commandos belges.
Cela se vérifiera notamment en 2013 ou les 311e et 312e bataillons commandos congolais des unités de réaction rapide (URR) vont grandement contribués à la chute des rebelles du mouvement M23 et des Maï-Maï dans l'est du pays.
Pour l'heure la
31e Brigade de Réaction Rapide (héritière de la
31e Brigade Parachutiste zaïroise) est la seule formation crédible des quelques 100000 hommes estimés des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (hors aviation et marine).
Les Para-Commandos belges assurent toujours une grande partie de la formations des cadres de l'état-major de la brigade via l’École Royale Militaire et les hommes du 4e bataillon du génie belge s'attellent à la formation d'une compagnie du génie congolaise devant servir au sein de la 31e Brigade Réaction Rapide au plus tard pour fin 2016.
En 2015, c'est une compagnie de reconnaissance qui fut mise sur pied par les Pathfinders belges.
Les belges ont grandement contribués à la remise sur pied dès 2008 de l'armée congolaise par la réouverture de l'école du génie (Likasi), de l'académie militaire de Kananga et surtout du centre de formation des Unités de Réaction Rapide basé lui à Kindu.
Voilà si vous avez des questions ou des informations complémentaires pouvant contribuer à embellir cette fiche n'hésiter pas.
Sources pour la fiche :
mil.be
congoforum.be
irsd.be
Congres Country Studies
IISS Balance Military