Un Article interessant de Telquel sur le projet de construction d'un énorme complexe touristique par le groupe espagnol FADESA pres de la ville ou j'habite au Maroc: Saidia, la perle de la Méditeranée !
Développement. La seconde vie de l’Oriental
Mediterranea Saïdia: locomotive du développement
de la région de l’Oriental.
Alors qu’elle a toujours été dépendante économiquement de la frontière algérienne, la région de l’Oriental mise désormais sur de nouveaux projets structurants, qui lui permettraient de voler de ses propres ailes. Tour d’horizon.
Vue de la mer, Saïdia révèle tout le changement que vit la région de l’Oriental. À gauche, Port Say, la ville algérienne mitoyenne rappelle que l’on est sur une zone frontalière. C’est vers ce côté que toute l’économie de la région était tournée du temps où les relations avec le
voisin algérien permettaient la libre circulation des biens et des personnes. À droite, les jetées d’une marina et les édifices en chantier, étalés à perte de vue, témoignent de la concrétisation d’un projet pharaonique. Il s’agit de la plus importante station balnéaire du plan Azur, fer de lance de la stratégie touristique nationale. Mediterranea Saïdia, c’est son nom, est une nouvelle ville à part entière. Neuf hôtels, 3000 villas et appartements, un centre commercial, un port de plaisance… en tout, c’est une capacité de 30 000 lits qui devrait attirer des touristes de tout bord. Mais surtout, Mediterranea Saïdia est le projet le plus avancé du plan Azur. Et son succès commercial a dépassé toutes les prévisions. “Les premières livraisons devraient s’effectuer avant la fin de cette année. Mais déjà, nous avons des réservations pour plus de 95% du projet”, explique Farid Chbani, directeur commercial de Fadesa, l’aménageur espagnol retenu pour cette station. Ce projet de plus de 5 milliards de dirhams est ainsi devenu le véritable poumon économique de la région, qui suffoquait depuis la fermeture de la frontière algérienne. En effet, au long de cette dernière décennie, le décalage entre l’Oriental et les autres régions du pays s’est largement creusé. Les indicateurs socio-économiques sont des plus alarmants. Le PIB par habitant est de 10 655 dirhams, un niveau sensiblement bas par rapport à la moyenne nationale (12 466 dirhams). Le taux de pauvreté culmine à 18 %, soit 4 points de plus que le taux national, alors que le chômage est quasiment deux fois plus important par rapport au reste du pays.
Une dynamique régionale
Néanmoins, la situation devrait sensiblement évoluer. Le chantier Mediterranea Saïdia a enclenché une véritable dynamique des investissements publics, qui se chiffrent en milliards de dirhams. Plusieurs grands projets d’infrastructure sont effectivement lancés pour sortir la région de son cloisonnement. Après la rocade Saïdia - Nador, aujourd’hui achevée, les travaux pour l’élargissement du tronçon Saïdia - Oujda sont pratiquement finis, alors que le chantier de l’autoroute Fès - Oujda démarre, timidement toutefois. Des projets d’extension pour les aéroports de Nador et Oujda sont également dans le pipe. Et les travaux de la ligne ferroviaire reliant Taourirt à Nador sont, de leur côté, relativement bien avancés.
Mais l’implication des pouvoirs publics ne s’arrête pas là. Elle se voit aussi à travers la création d’une agence spécialement dédiée au développement de la région. L’Agence de l’Oriental, annoncée par le souverain en 2003 lors d’une visite à Oujda, n’a démarré effectivement ses activités qu’en mai 2006. Mais entre-temps, elle a su peaufiner une stratégie globale pour ranimer l’activité économique de cette région.
La priorité des priorités ? Tirer profit de l’afflux touristique que devrait engendrer la gigantesque station balnéaire. “Mediterranea Saïdia devrait permettre d’attirer quelque 40 000 touristes. Ce sont donc autant de touristes potentiels pour l’arrière-pays”, explique Tawfiq Boudchiche, directeur de la coopération internationale de l’Agence. Du coup, plusieurs projets pour le développement du tourisme rural ou de niches sont identifiés. Exemple : à Figuig, l’oasis la plus proche de l’Europe, comme aiment l’appeler les promoteurs de la région, on met le paquet sur la modernisation et l’élargissement de la capacité d’accueil. Un projet pour la création d’une vingtaine de maisons d’hôtes est d’ailleurs en cours de réalisation. “Il s’agit précisément de chambres d’hôtes aménagées chez les habitants. L’impact escompté est significatif : 4 à 5 nuits payées par des touristes suffiraient pour doubler le revenu des ménages !”, explique Richard Fournet, président des Lieux d’initiatives et d’échanges Nord-Sud, partenaire de l’Agence pour le projet. L’Agence de l’Oriental travaille en parallèle sur d’autres activités génératrices de revenus, en collaboration avec plusieurs organismes internationaux (dont l’Unicef, le Cnuced ou le Pnud). Ces projets, qui portent sur l’élevage ou la valorisation des produits du terroir, sont évidemment inscrits sous la bannière de l’INDH, le slogan en vogue au Maroc.
Le tourisme, mais pas seulement…
Mais l’Oriental ne veut pas tout miser sur le tourisme. Le développement du secteur industriel est un autre axe stratégique. “Aujourd’hui, le secteur industriel se limite aux unités de Holcim, Sonasid et quelques usines de production agroalimentaire de taille moyenne. Néanmoins, le programme pour le développement industriel de la région devrait permettre d’attirer de nouveaux investisseurs et d’y installer de nouvelles activités”, explique-t-on à l’Agence. Conduit en partenariat avec le ministère de l’Industrie, ce programme se veut en phase avec les priorités du Plan Emergence, qui place l’Oriental parmi les régions à fort potentiel agro-industriel. Le plan vise, entre autres, la création d’un pôle industriel à Nador et d’une zone franche logistique du côté de Taourirt, mais aussi la modernisation du pôle agroalimentaire de Berkane.
En plus, la région ambitionne de se positionner sur le secteur des services, un projet pour la création d’une zone d’off-shoring à Oujda est à l’étude.
Néanmoins, le projet Mediterranea Saïdia, qui reste à l’origine de toute cette dynamique, a aussi ses détracteurs. “Ce projet a détruit les dunes de sable de la plage et le couvert végétal qui stabilisait toute la zone. Le risque de polluer la réserve naturelle de l’embouchure de la Melouiya est très important. C’est donc tout l’écosystème de la région qui est mis en péril”, explique Najib Bachiri, président de l’association Homme et Environnement de Berkane. L’équilibre entre la préservation de l’environnement et le développement touristique ne semble donc pas avoir été totalement respecté pour ce grand projet. Mais pour la région comme pour ses habitants, tout est question de priorités : entre le développement économique et le souci écologique, ils semblent avoir déjà choisi.
Bâtiment. Cherche main d’œuvre désespérément
Officiellement, le taux de chômage dans la région atteint les 20%. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Le trafic sur la frontière algérienne constitue l’essentiel de l’activité informelle alternative. Trafic qui porte, pour l’essentiel, sur le carburant. Cette configuration de l’économie de l’Oriental donne un terrible casse-tête aux entrepreneurs travaillant sur les grands chantiers. Exemple : sur le méga-chantier de Mediterranea Saïdia, il fut difficile de trouver les 3000 ouvriers à embaucher par les 260 sous-traitants. “Impossible de convaincre un habitant de travailler dans le bâtiment, alors qu’il gagnerait au moins deux fois plus en vendant du carburant algérien”, explique un chef de chantier. Du coup, lui comme ses confrères, n’ont eu d’autre choix que d’affréter des cars entiers qu’ils remplissent d’ouvriers venant de toutes les régions du Maroc. Et cette main d’œuvre est payée au moins 50% au-dessus du tarif “normal”. Cette pénurie de main d’œuvre ne devrait d’ailleurs épargner aucune des régions du Maroc. L’explosion du bâtiment et le lancement des grands projets touristiques ou d’infrastructure laissent entrevoir une insuffisance de main d’œuvre à très court terme. “Si on me donne l’autorisation, je ramènerais dès demain un charter d’ouvriers du Bangladesh. Cela me reviendrait nettement moins cher”, ironise un entrepreneur.
© 2007 TelQuel Magazine
Autres Liens: http://www.saidiamarruecos.com/espanol/index.php
Video de commercialisation du projet: http://www.essentialmorocco.com/video-mediterrania-saida.asp