- generalsofiane a écrit:
- je souhaite que les problemes entre les deux pays s'estompent car l'union vaut mieux que les folies solitaires ,car les deux pays ont beaucoup d'atouts a faire valoir le maroc au niveau du maghreb se modernise plus rapidement que les autres,l'algerie devrait augmenter ces echanges commerciaux avec le royaume cherifien tout cela ce fera en tournant la page noire de l'histoire commune ,et appreheder l'avenir avec plus de pragmatisme dont le maroc est l'un des champions et precurseurs dans la region ,je salue au passage mes amis marocains
C'est pourtant simple, Sofiane, mais j'ai comme l'impression qu'à la Mouradia, ils ont l'esprit quelque peu embrumé, pour ne pas dire plus. Après près d'un demi siècle de tensions entre les deux pays, qui ont quelques fois tourné à la confrontation armée, les deux parties ont fini par avoir la même conviction. Aucun des deux n'est capable de remporter une victoire militaire décisive et rapide sur l'autre camp. C'est un fait avéré. L'Algérie aura beau dépasser périodiquement le Maroc en terme d'armement, jamais de manière à faire pencher la balance de manière franche de son côté. Et le Maroc fini toujours par récupérer son retard en matière d'armement par rapport à l'Algérie, ce qui la pousse à relancer le processus en procédant à de nouvelles acquisitions et ainsi de suite, dans un cercle vicieux sans fin, dont ne profitent que les marchands d'armes.
Du côté du Maroc, on ne se fait pas d'illusions. Nous n'avons pas d'ambitions de leadership régional, pas dans le sens puissance militaro-politique du terme en tout cas. Mais du côté de l'Algérie, en sent encore une telle volonté et pas seulement avec le Maroc. Les récentes tensions entre l'Algérie et la Mali, quoi que l'on puisse penser des dirigeants politiques de ce dernier pays, prouvent que les Algériens rêvent encore de dicter leur loi dans la région, à l'ancienne manière, celle de l'URSS avec ses Etats satellites d'Europe de l'est.
Ce qui pose donc actuellement problème dans la région, c'est la direction politique algérienne, qui ne se rend toujours pas compte que les temps ont changé et que sa volonté de leadership régionale est devenue anachronique.
L'ouverture des frontières entre les deux pays, toujours refusée par l'Algérie, prouve de son côté que la direction algérienne manque de pragmatisme économique. Le constat est pourtant très simple, là encore. Après des décennies d'économie (mal) dirigée, l'Algérie ne peut soutenir la concurrence avec les appareils productifs de pays libéraux de longue date, comme le Maroc et la Tunisie. Et rien ne montre jusqu'à présent que l'Algérie se prépare à affronter la concurrence sur un marché libéralisé. Car, au lieu de s'y préparer, les dirigeants algériens préfèrent mentir à leur peuple et lui tenir un discours nationaliste populiste qui lui fait croire que l'État le protège. Mais cette protection n'est possible que grâce à la manne pétrolière. Si l'Algérie n'était pas un pays producteur d'hydrocarbures, avec cette (mauvaise) politique économique qui est la sienne actuellement, cela fait longtemps que l'État aurait fait faillite, ou que le peuple algérien se serait révolté pour chasser ses dirigeants.
Les dirigeants algériens achètent donc la paix sociale en consommant ainsi en partie la rente pétrolière, démarche qui leur permet en outre de distribuer cette manne sur une base clientèliste, renforçant de la sorte encore plus leur pouvoir. Mais qu'arrivera t-il une fois les réserves d'hydrocarbures épuisées ? L'Algérie s'y prépare t-elle ?
Une ouverture des frontières avec le Maroc serait indéniablement plus profitable au Maroc à court et moyen terme, mais à long terme, c'est à l'Algérie qu'elle pourrait être la plus profitable, si les Algériens savent s'y prendre. Et ce ne sont pas les compétences qui manquent dans le pays voisins, j'en ai connu personnellement un certain nombre. Sauf que ce ne sont pas ces algériens compétents qui décident, malheureusement.
Le Maroc aussi a ouvert ses frontières à des pays économiquement beaucoup plus puissants que lui, l'UE et les USA, et de poids à peu près égal, comme la Tunisie, l'Egypte, les Emirats, etc. Il faut savoir, Sofiane, que certains secteurs économiques marocains en ont souffert et terriblement. Les moins performantes des entreprises marocaines ont dû mettre la clé sous la paillasson et les plus performantes ont fait l'effort, contraintes et forcées, de se moderniser pour s'adapter. Résultat, notre économie est actuellement assez performante et surtout, notre peuple a maintenant fini par intégrer les principes culturel du libéralisme et de la concurrence. Et ce n'est pas le moindre des acquis, même si invisible, in-quantifiable. Crois moi, Sofiane, le jour ou l'Algérie en arrivera à cette étape, tu comprendras parfaitement de quoi je parle. Il faudra de longues années à la majorité des Algériens pour intégrer cette culture, surtout après des années d'abrutissement idéologique mensonger. Même si le Maroc est depuis toujours un pays libéral, le peu d'interventionnisme étatique que nous avions avait tellement imprégné les mentalités que jusqu'à présent, il y a encore pas mal de marocains qui sont hors jeu pour n'avoir encore rien compris
Les Algériens doivent donc commencer par admettre que l'ouverture du marché algérien est nécessaire pour moderniser leur tissu productif et leur économie, qu'ils vont commencer par être perdant face à des pays plus compétitifs comme le Maroc, qu'il y aura un prix socio-économique élevé à payer, mais qu'à la longue, l'Algérie en sortira renforcée, avec une économie compétitive.
Toi qui vit en Algérie, Sofiane, entends souvent vos dirigeants politiques tenir un discours économique pragmatique ? Comprends bien que ce n'est pas qu'un problème pour vous, les Algériens, mais pour tous les Maghrébins. La direction algérienne actuelle fait perdre du temps et d'importantes opportunités à tous le Maghreb à cause de ses mauvais choix politiques, économiques et diplomatiques. Mais personne dans la région n'y peut rien. Car, par exemple, quand un marocain critique le régime algérien, même si de manière rationnelle et objective, il passe auprès des Algériens, à quelques rares exceptions près, pour un suppôt du Maghzen qui veut du mal à leur cher pays.
Sofiane, les principes de bonne gouvernance économique et politique ne sont ni marocains ni algériens, ni même occidentaux, ils sont universels. Et un pays qui ne les respectent pas fait peur à ses voisins, qui savent qu'à la longue, ce voisin va finir par affronter de graves problèmes, qui se répercuteront d'une manière ou d'une autre sur eux aussi. C'est ce que font déjà Marocains et Algériens avec la Mauritanie quand il y a invasion acridienne. Parce qu'ils savent pertinemment que s'ils ne coordonne pas leurs efforts pour aider ce pays voisins, les criquets pèlerins, c'est chez eux qu'ils vont les avoir. Imagines, Sofiane, si les Mauritaniens se la jouaient fiers nationalistes, refusant que ces voisins lui viennent en aide ? Je suis sûr que Marocains et Algériens se ligueront pour les forcer à entendre raison.
C'est le problème actuellement avec l'Algérie. Tout le monde sait que si les dirigeants algériens persistent dans leur mauvais choix économiques, politiques et diplomatiques, la stabilité de ce pays voisin va finir par en être ébranlée et, par effet d'entraînement dû à la proximité, celle de ses voisins. Mais à qui le faire entendre ?
Les Marocains n'attendent pas à un régime algérien qui les aime, mais un régime suffisamment pragmatique pour comprendre qu'il a tout intérêt à avoir les meilleures relations possibles avec ses voisins. Un régime qui saurait que le leadership au XXI ème siècle n'est plus militaro-politique, mais économique. L'Algérie jouit d'immenses richesses naturelles et de ressources humaines très bien formées. Mais il lui manque le bon système économique et le savoir faire pour valoriser au mieux les recettes des hydrocarbures. Le Maroc dispose du bon système économique et du savoir faire, comme la Tunisie d'ailleurs, mais ces deux pays n'ont pas de richesses minières qui leur rapporteraient d'aussi importantes recettes que l'Algérie. Si les Algériens sont assez malins pour ouvrir leur marché à ces deux pays voisins, ce qu'ils vont perdre au début en terme de déficit de la balance commerciale, ils vont le récupérer avec le temps en terme d'amélioration de la compétitivité de leur économie et d'acquisition du savoir faire, qui leur manquent actuellement. Et avec leurs énormes réserves financières, ils peuvent même réussir à amoindrir le coût social de cette ouverture. Mais avec mêmes ces moyens financiers, ils vont aussi et surtout pouvoir investir aussi bien chez eux que chez leurs voisins. Pour devenir à terme le premier poids lourd économique du Maghreb.
Mais non, c'est à la soviétique que les dirigeants algériens escomptent toujours étendre leur leadership régional