Armée Algérienne (ANP) - Tome XIV

Pour 2023, Alger prévoit de consacrer près de 13 % de son PIB à sa Défense, doublant ainsi son budget à près de 23 MM$. Très dépendante de la Russie - mise en difficulté en Ukraine malgré sa supériorité militaire -, l’armée algérienne réalise l’échec de son pari historique sur Moscou et prend conscience de sa vulnérabilité face au Maroc. Décryptage

22,7 milliards de dollars. C’est le budget qui devrait être alloué en 2023 au ministère de la Défense nationale algérienne, selon l’avant-projet de loi de finances distribué récemment aux parlementaires algériens et dont Le Desk a consulté le contenu. Contre moins de 10 milliards de dollars en 2022, soit en hausse de plus 130 %, ce budget se répartit comme suit : 5,27 milliards de dollars destinés à la logistique et à l’appui « multiforme », 8,5 milliards à la « défense nationale » et 8,8 milliards à l’administration générale.

En septembre, le président Abdelmadjid Tebboune avait balisé le terrain en publiant un décret excluant tout débat dans l’enceinte parlementaire autour de l’institution militaire et de la diplomatie.

Aucun détail n’étant fourni concernant chacune des composantes, plusieurs interprétations sont possibles. Les 8,8 milliards de dollars, la part la plus importante du budget, consacrés à l’administration générale devrait servir à régler les pensions des retraités de l’armée et des victimes de la décennie noire, « sur la table du gouvernement depuis plusieurs années et représente une forte somme d’argent au vu du nombre de bénéficiaires potentiels », indique le site Menadéfense du journaliste algérien Akram Kharief, réputé très proche de l’institution militaire.

Quant à la part consacrée à la « défense nationale », elle devrait permettre « l’extension de la vie de certains équipements stratégiques qui ont bouclé dix ans (S-300, Su-30) et le financement de nouvelles acquisitions ». Objectif : financer de nouvelles acquisitions « de Russie ou d’ailleurs » dans le but de renouveler « des équipements obsolètes » et de moderniser l’armée.

Le budget réservé à la logistique et autres appuis devrait servir au financement d’interventions en dehors des frontières algériennes, une prérogative constitutionnelle dont jouit l’armée depuis un peu moins de deux ans. L’Algérie ambitionnerait ainsi de se projeter au Sahel d’où les mercenaires russes de Wagner devraient se retirer.

Toujours est-il que cette explosion de budget interpelle à plus d’un titre : Il correspond à près de 13 % du PIB du pays en 2022, qui devrait s’établir, selon les dernières estimations du Fonds monétaire international (FMI), à un peu plus de 175 milliards de dollars. Il est dix fois supérieur, en part relative, à celui de l’Allemagne, troisième budget militaire en Europe centrale et occidentale avec seulement 1,3 % du PIB en 2021. Les États-Unis, première puissance militaire du monde, ne consacre que 3,5 % de son PIB à l’institution militaire.

Et quand bien même le voisin de l’Est croulerait sous le cash grâce à l’envolée des prix du gaz et du pétrole, toute la croissance prévue en 2022 – 6,2 % selon le dernier rapport du FMI, soit un peu plus de 10 milliards de dollars de plus par rapport à l’année précédente – devrait être ainsi aspirée par le département de la Défense.

Sixième plus gros importateur d’armes au monde entre 2016 et 2020, derrière la Chine, l’Australie, l’Égypte, l’Inde et l’Arabie saoudite, l’Algérie totalise déjà à elle seule 4,3 % des importations mondiales d’armes, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Pourquoi alors multiplie-t-elle par deux le budget de sa défense ?

L’échec russe, un miroir tendu à l’Algérie

 « 8,5 milliards de dollars pour la “Défense nationale”, ce serait à mettre dans la case de l’extension de la vie de certains équipements stratégiques qui ont bouclé dix ans (S-300, Su-30) et le financement de nouvelles acquisitions de Russie ou d’ailleurs, des acquisitions qui rentrent dans le cadre du renouvellement des équipements obsolètes et de la modernisation de l’armée », écrit sur son site Menadéfense le journaliste algérien Akram Kharief, réputé très proche des militaires.

Les avis convergent sur le fait que la guerre en Ukraine agit comme un révélateur de l’échec du pari algérien sur le modèle russe. Mis en difficulté par l’armée ukrainienne, classée jusqu’à peu 22ème du monde, ligoté par les sanctions internationales, le pays de Vladimir Poutine met en évidence, depuis six mois, la supériorité des armes occidentales sur son matériel jugé obsolète.

« Si on avait encore des doutes, la guerre en Ukraine a démontré la supériorité de l’armement occidental sur le russe qui est obsolète. Les drones détruisent en un quart de tour les colonnes de chars T-90, les plus modernes de la Russie. Qui plus est la structure du commandement russe est elle aussi vieillotte, inadaptée à une guerre moderne. Or, l’armée algérienne est en partie calquée sur la russe », analyse un spécialiste des questions militaires. Le régime a d’autant plus de raison de s’inquiéter que 80 % de ses armes proviennent de Moscou.

Le défilé militaire organisé à Alger le 5 juillet, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance du pays, en est l’illustration. Un matériel pour l’essentiel vieillot et une parade qui a déçu même les thuriféraires de l’armée, comme Akram Kharief qui a déploré une absence d’image « d’ensemble de la parade maritime et des sauts chaotiques entre les différentes représentations. »

« Le plus vétuste, c’est ce qui ne voit pas. Par exemple le système informatique de tir du char de combat T-90, qui est tellement obsolète que les Iraniens l’ont amélioré sur les chars T-90. Mais pas les Algériens », commente notre expert.

Un avantage pour le Maroc

Pourtant, cette parade était destinée, entre autres, à impressionner le royaume. Comme les nombreux exercices militaires réalisés non loin de la frontière marocaine. « L’armée algérienne est bien plus forte, sur le papier, que la marocaine, mais, dans la pratique, la marocaine est bien meilleure », estime notre source.

Équipé essentiellement de matériel américain et français, le royaume diversifie de plus en plus ses fournisseurs comme il l’a fait pour acquérir des drones armés Bayraktar TB-2 auprès d’Ankara, mais aussi pour des armes de haute technologie auprès de Tel-Aviv avec qui il a scellé une collaboration militaire multiforme. C’est d’ailleurs la nouvelle alliance entre le Maroc et Israël, appuyée par les Etats-Unis qui donne des sueurs froides à Alger. La coopération militaire au grand jour donne rend à ce point le régime voisin fébrile qu’une source algérienne est allée jusqu’à déclarer en 2021 au journal français L’Opinion que « s’il faut la faire (la guerre), c’est aujourd’hui, car nous sommes militairement supérieurs à tous les niveaux et ce ne sera peut-être plus le cas dans quelques années ».

L’expérience russe a d’autant plus de raisons d’inquiéter l’Algérie que ses troupes sont moins aguerries de l’avis même d’Akram Kharief. « Le Maroc, fort de son expérience dans sa guerre au Sahara occidental, dispose d'une armée plus réduite en termes d'équipements mais d'un nombre équivalent en hommes. Le principal avantage des Forces armées royales (FAR) est la professionnalisation de l'armée. Alors que l'ANP s'appuie largement sur les appelés du service national, les FAR ont depuis une dizaine d'années aboli la conscription (rétablie depuis, ndlr) », écrivait le journaliste algérien sur Middle East Eye en 2018.

« La leçon qu'il commence à tirer de ce qui s'est passé en Ukraine est que sa supériorité en armement sur le Maroc, son grand rival, est plutôt théorique. Pour que ce ne soit pas le cas, il doit acheter de nouvelles armes, peut-être à d'autres clients dont les produits ne sont pas aussi obsolètes que les Russes », écrit le journal espagnol El Confidential ce 19 octobre.

Les drones iraniens volent au secours de Moscou

« Si j’étais Indien ou Algérien, j’irais acheter mes armes ailleurs », renchérit de son côté notre expert. Elle n’a d’autant pas le choix « qu’il sera très difficile pour quiconque d’acheter des systèmes d’armement importants à Moscou dans les mois et les années à venir, étant donné les sanctions financières radicales que l’administration, avec le soutien du Congrès, a imposées », a expliqué récemment devant une commission du Sénat américain Donald Lu, secrétaire d’État adjoint aux affaires d’Asie centrale et du Sud.

Enchaînant les pertes face à l’armée ukrainienne, la Russie paraît si impuissante qu’elle dû s’équiper dans l’urgence de drones iraniens Shahed 136 et Mohajer-6. Ce n’est que grâce à ce soutien de Téhéran que Moscou multiplie depuis la semaine dernière les frappes sur Kiev. « Le ministère de la Défense (russe) a élaboré des exigences tactiques et techniques appropriées pour les drones. Et la plupart des fabricants (russes), malheureusement, ne sont pas en mesure de les respecter », regrette, dans une dépêche de l’agence TASS, le colonel russe Igor Ichtchouk.

« Le fait de recevoir des Mohajer-6 iraniens est aussi un aveu d'échec industriel », déclare le 17 octobre Pierre Grasser, chercheur français associé au centre Sirice à Paris, à l’AFP. « Ils sont supposés avoir des matériels dans cette gamme (...). Cela signifie que (l'industrie russe) ne peut pas tenir le rythme », chercheur français associé au centre Sirice à Paris.

Selon le Washington Post, Téhéran s’apprête à livrer à Moscou de nouveaux drones kamikazes et même des missiles de courte portée à la Russie. Vladimir Poutine a même dû se tourner vers la Corée du Nord pour se procurer des armes, à en croire un article du New York Times basé sur des informations fournies par les services de renseignements américains.

« Je pense qu’il s’agit essentiellement d’artillerie, de roquettes et de ce type d’armement. Ce sont des éléments massivement utilisés par les Russes aujourd’hui en Ukraine. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’armements ayant une forte valeur ajoutée technologique. Les Russes se tournent vers les Nord-Coréens d’abord pour une industrie de masse. Il est clair qu’ils ont utilisé beaucoup d’armements depuis le début du conflit. Le Kremlin ne prévoyait pas une guerre aussi longue ou d’aussi haute intensité et les troupes russes sont effectivement probablement confrontés à un problème de stock », analysait pour TV5 Monde Info le 6 septembre le général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d'État-major de l’Armée de l’air française de 2009 à 2012.

« Les sanctions à l’encontre de la Russie établies en 2014 à la suite de l’invasion de la Crimée ont provoqué de premières failles dans les systèmes d’armements russes. Mais les Occidentaux n’avaient pas voulu pousser les sanctions aussi loin qu’ils auraient pu le faire. Depuis l’invasion de l’Ukraine, ces sanctions sont beaucoup plus poussées et aujourd'hui tout est scruté à la loupe », poursuivait-il.

Comme la Russie, l’Algérie se tourne vers l’Iran

De quoi faire vaciller encore le régime algérien. « Quand même, voir la Russie et son incroyable et immense complexe militaire industriel dépendre des drones kamikazes Iraniens pour réussir à pénétrer les défenses ukrainiennes, c’est quand même désastreux en termes d’image », s’étonne le compte Twitter ALN54DZ, relais de l’armée algérienne sur le réseau social. « L'Algérie doit produire ses propres drones, on paiera un jour ou l'autre la dépendance à un fournisseur », commente un de ses followers.

L’Algérie n’a d’ailleurs pas tardé à imiter Moscou en cherchant à faire l’acquisition de drones. Ce mardi 18 octobre, Rahim Safavi, conseiller iranien en charge des affaires militaires, a ainsi confirmé qu’Alger faisait partie des pays désireux d’importer ces munitions rôdeuses à bas coût, à l’instar de la Serbie, le Tadjikistan ou encore le Venezuela.

Si l’Algérie nécessairement entend diversifier peu à peu ses fournisseurs d’armes, elle n’en continuerait pas à privilégier Moscou. Toutefois, « les types et quantités souhaités par l’Algérie pourraient venir à manquer en raison des difficultés de production rencontrées par la Russie et des propres besoins de Moscou en armes russes dans sa guerre contre l’Ukraine », a déclaré en septembre à Middle East Eye Mark Katz, chercheur principal non résident au centre de réflexion Atlantic Council et professeur à la Schar School of Policy and Government de l’université George Mason.

Autre question qui devrait préoccuper l’armée algérienne : la maintenance de son matériel. L’armée russe étant elle-même confrontée à des problèmes de maintenant son invasion de l’Ukraine, Alger devrait elle aussi en subir les conséquences. « Nous savons depuis longtemps que la maintenance et l’entretien de l’armement sont des éléments essentiels dans toutes les armées. Un armement sans munition est inutile mais des munitions avec un armement dysfonctionnel l’est tout autant. La maintenance exige du savoir-faire, de la technologie et des investissements constants », a expliqué Jean-Paul Paloméros.

Tributaire des armes russes, l’Algérie doit désormais gérer un autre front. En septembre, 27 membres du congrès américain ont demandé au gouvernement américain de sanctionner Algérie pour ses achats massifs d’armes de Moscou. « L'Algérie a accepté d'acheter des avions de combat russes avancés, notamment des Sukhoi 57 dont la vente à d'autres pays a été constamment refusée par la Russie. (Une information aléatoire selon notre Désintox, ndlr). Cette transaction a fait de l'Algérie le troisième plus grand bénéficiaire d'armes russes dans le monde », ont-ils écrit dans une lettre.

Quelques mois plus tôt, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait lui-même demandé Abdelmadjid Tebboune de reconsidérer ses relations avec Moscou. « Les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont déjà subi eux-mêmes les conséquences des campagnes militaires de la Russie », avait-il lancé lors d’un déplacement en Algérie.

L'Algérie a entamé une consolidation de ses forces aériennes sur son flanc ouest, près de la frontière marocaine. Point focal, Tindouf, fief du Front Polisario qui se voit doté de chasseurs comme de drones, selon des images satellitaires consultées par Le Desk. Un appui qui contredit le discours algérien voulant réfuter sa position de partie prenante au conflit

C'est en quelque sorte l'un des grands paradoxes du conflit régional du Sahara occidental : alors même que l'Algérie refuse d'être considérée comme étant partie prenante du dossier devant les instances onusiennes, elle continue de son côté à renforcer ses bases aériennes militaires sur son flanc ouest, notamment à Tindouf, servant ainsi de « back-up » aux milices du Front Polisario.

Obtenues par Le Desk auprès du service américain d’imageries spatiales Maxar Technologies, des clichés satellitaires montrent le déploiement des forces aériennes militaires algériennes aux abords de la frontière avec le Maroc, avec un focus particulier sur l'aéroport de Tindouf où est stationné au moins un drone de reconnaissance d'altitude de croisière moyenne et de longue autonomie (MALE) de type CH-4 Rainbow, acquis en 2018 auprès de la Chine.

L'engin, dont le design s’inspire du MQ-9 Reaper Predator dispose de caméras à très haute définition servant à des fins de surveillance, comme d'espionnage. Il peut aussi être armé et servir au combat.

Des images de ce même aérodrome de Tindouf capturées fin 2020 révèlent la présence d’au moins deux chasseurs de conception russe MiG-29 en cours de déploiement. En 2021, d’autres appareils du même type ont été détectés sur le même site.

À cet emplacement stratégique, situé à près de 50 kilomètres (km) de la frontière marocaine et à une centaine de km des hauteurs d’Al Mahbès, où ont convergé l’an passé les attaques aléatoires du Polisario, Alger semble vouloir doter le périmètre de Tindouf d’un appui aérien servant à épauler les actions des milices du mouvement séparatiste qu’elle arme et héberge sur son sol.L'aéroport de Tindouf continue de se développer en commençant à accueillir ses premiers avions militaires, cette fois-ci d'attaques aériennes. Images: Maxar Technologies. Illustrations: Mohamed Mhannaoui
Selon les constatations faites par Le Desk, remontant dans le temps les images satellitaires, c'est bien la première fois que des engins de ce type, de guerre et d'attaques aériennes, sont mobilisés à Tindouf. L'aéroport étant plutôt habitué à accueillir des hélicoptères et des gros porteurs de matériels ou de troupes.

D'ailleurs, à ces fins, avant 2018, il n'a jamais été procédé à un quelconque aménagement de l'aéroport. Aujourd’hui, transformé en base, celui-ci dispose d'hangars protégeant (du soleil comme des regards) les appareils de diverses dimensions, comme les drones et les chasseurs.

Un relevé effectué par Le Desk permet de constater de visu l’aménagement d'un tarmac, servant de parking aux appareils susmentionnés, à partir de fin 2019.

S'agissant du MiG-29, l'avion de chasse de fabrication russe qui forme la colonne vertébrale de l’armée de l’air algérienne, celui-ci est aujourd'hui dispatché au niveau de plusieurs autres bases militaires, au sud comme au centre du pays.

Comme constaté par Le Desk, les MiG-29 conservent cependant un emplacement de choix, depuis ces dernières années, à moins de 150 kilomètres de la ville marocaine d’ Oujda, à la base aérienne de Bou Sfer, à l'ouest d'Oran. Sur place, durant cet été 2022, selon les clichés consultés par nos soins, on dénombre pas moins d'une douzaine d’avions de chasse de ce type, dont au moins dix sont alignés sur le tarmac.Le développement des aéroports près de la frontière ouest de l'Algérie (et est du Maroc), ont aussi porté sur la base militaire de Béchar. À moins de 50 kilomètres de la frontière marocaine, et au sud-ouest de Figuig, les travaux vont bon train au niveau de cette base pour l'élargissement des aires de stationnement afin d'accueillir des avions supplémentaires.

Sur les lieux, hormis quatre chasseurs MiG-29 stationnés, on compte actuellement plusieurs MiG-23 déclassés, garés à des emplacements distincts. Il est à noter que ce n'est pas la première fois qu'on retrouve des antiquités de ce type ainsi délaissées. La même chose est à relever au niveau de la base de Bou Sfer, où des appareils épars rouillent au soleil entre les hangars.

Mais au-delà des carcasses entassées à l’air libre depuis ces dernières années, ce qui retient l'attention à Béchar, c'est plutôt les travaux en cours pour le développement du tarmac. Le traçage au sol du nouveau parking a d'ores et déjà été effectué, au même titre que les opérations de terrassements ou encore le revêtement par l'asphalte du tarmac et des taxiways.Des indications renseignant sur la politique militaire que souhaite adopter Alger et confirmant par ailleurs ces desseins par la récente explosion de son budget de Défense.

On relèvera que ces renforcements ont survenu, pour la plupart, vers la fin de l'année 2020. Ce qui correspond aux événements de Guerguerat et à la violation unilatérale du cessez-le-feu de 1991 par le Polisario.

À partir de cette date, le Polisario va entamer ses opérations de harcèlement le long du mur de défense des Forces armées royales (FAR). Ce déploiement d'avions militaires algériens doublés d'UAV de reconnaissance renseigne sur l'appui apporté par l'Armée nationale populaire (ANP) aux miliciens de Brahim Ghali, notamment aux abords de la région de Al Mahbès.

C'est d'ailleurs dans ce périmètre que le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, sur la base des rapports de la Minurso a constaté une concentration d'incidents durant les mois qui ont suivi, jusqu'à finalement décliner en 2022 du fait des ripostes ciblées des FAR.

Une posture militaire algérienne qui, tout en contredisant le discours officiel de sa diplomatie sur son implication directe en soutien du Polisario est différente de celle du Maroc : contrairement à ses voisins de l’Est, Rabat ne mobilise pas ses forces aériennes, du moins ses chasseurs sur son flanc est, se gardant de les aligner à proximité de la zone de conflit. Les FAR disposent cependant de drones armés dont le Bayraktar TB-2 turc qui lui assure une suprématie silencieuse sur la partie du territoire située à l’est et au sud de ses lignes de défense.

De récentes images capturées par Maxar Technologies permettent cependant de déceler actuellement la présence de trois F-16 au niveau de l'aéroport de Guelmim, donc bien en retrait de la frontière avec l’Algérie. Cette force aérienne marocaine ayant toutefois la capacité de se projeter en cas de nécessité et en appui de ses forces terrestres.