Maroc-Algérie : le patrimoine culturel, nouveau champ de bataille ?
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Tarik Ibn Ziyad, Ibn Khaldoun, couscous, musique gnawa, malhoun, caftan… Le regain de tensions politiques entre Rabat et Alger a ravivé la dispute autour de la paternité de certains des éléments phares du patrimoine culturel commun aux deux pays.
De la guerre diplomatique à la guerre culturelle, il n’y a parfois qu’un pas… que n’ont pas manqué de franchir les internautes algériens et marocains. Parallèlement à l’escalade des tensions entre leurs pays respectifs, ceux-ci s’affrontent depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux à grands coups de polémiques autour de l’origine d’éléments culturels communs. Couscous, tajine, caftan, gnawa… tout y passe, jusqu’à la nationalité de personnages historiques tels que Tarik Ibn Ziyad ou Ibn Khaldoun.
« On voit fleurir sur le web plusieurs mouvements qui ont fait de cette appropriation de différents volets culturels leur fonds de commerce, en s’attachant uniquement à la dimension fétichiste », souligne le politologue Rachid Achachi. Côté marocain, on peut citer notamment les Moorish, qui publient régulièrement des articles sur leur site consacré à l’histoire du patrimoine du Royaume, qu’il soit matériel ou immatériel, et qui disposent d’une large audience, en particulier sur les réseaux sociaux.
Côté algérien, si aucun groupe ne dispose d’une popularité comparable à celle des Moorish, on trouve de très nombreux internautes dont les posts tournent quasi systématiquement autour de la défense de l’identité algérienne, attaquée selon eux par son voisin de l’Ouest.
Tentative de récupération « Tout le patrimoine algérien a été volé par le Maroc : le caftan, le couscous, les tajines… Tout cela a des buts politiques néo-colonialistes. On est deux peuples différents. Nous avons notre histoire, notre patrimoine. Merci de ne pas nous le voler », écrit ainsi un twitto qui se fait appeler « La Perle d’Alger ».
La prolifération de ce type de contenus ces derniers mois laisse à penser qu’il y aurait une tentative de récupération des questions identitaires. « Il va de soi que la vraie identité ne réside ni dans le couscous ni dans le caftan, mais dans les valeurs structurantes de l’imaginaire d’un peuple », rappelle Achachi.
« Dans le cas de l’Algérie, tout en maintenant un niveau de tensions diplomatiques et martiales élevé, on cherche un nouveau front, culturel cette fois. Cela montre que ce pays a épuisé tous les mécanismes dont il disposait : fermeture des frontières, rupture des relations diplomatiques, annulation du renouvellement du pipeline qui alimentait l’Espagne… Il ne reste plus que le fétichisme culturel et identitaire pour alimenter un roman national en manque de grandeur et exciter les ardeurs nationalistes du peuple », se désole le chercheur.
Un point de vue partagé par Nabil Mouline, historien et politologue, chercheur au CNRS et enseignant à Sciences-Po et à l’EHESS. « La montée en puissance des tensions entre Rabat et Alger durant ces derniers mois a poussé les autorités algériennes à recourir à une nouvelle arme : les symboles », nous explique-t-il. « Le déficit de profondeur historique qui caractérise le processus de construction nationale doublé d’un déficit de tradition a conduit les dirigeants de ce pays à vouloir les (ré)inventer afin de combler ce besoin, quitte à prendre des libertés avec les réalités factuelles, à réclamer la paternité exclusive de certains biens culturels communs ou tout simplement à s’approprier une partie du patrimoine immatériel du voisin de l’Ouest ».
Opération identitaire
Une opération identitaire finalement très banale, si l’on tient compte des différentes expériences de ce type à travers le monde, qui s’appuient sur plusieurs éléments dont les plus importants sont la désignation d’ancêtres (mythiques) prestigieux et la consécration de certains aspects de la culture de masse tels que la gastronomie et les costumes.
« Grâce à leur dimension ontologique, certaines personnalités historiques peuvent être instrumentalisées pour donner à voir l’ancienneté et la grandeur de l’État-nation, pourtant de construction très récente. Ainsi, des personnages aussi emblématiques que Tarik ibn Ziyad (7e-8e siècle), Ibn Battouta (m. 1375-76) et Ibn Khaldoun (m. 1406) sont devenus algériens… Mais ces prétentions ne tiennent pas devant la critique historique », rappelle l’auteur de « Le Califat : histoire politique de l’islam » (éd. Flammarion).
Il faut libérer les figures telles que Tarik Ibn Ziyad de la logique de l’État-nation, qui n’existait pas à l’époque
Cela fait d’autant moins sens que la notion de nationalité est un phénomène moderne, né en Europe et disséminé dans les quatre coins du monde par le biais du capitalisme et du colonialisme, selon les chercheurs. « Son usage pour les périodes précédentes relève de l’anachronisme », tranche Nabil Mouline. Ainsi, la volonté d’attribuer une « nationalité » à ces personnalités relèverait d’une lecture très contemporaine et subjective de l’histoire, au profit du politique.
« Il faut libérer les figures telles que Tarik Ibn Ziyad de la logique de l’État-nation, qui n’existait pas à l’époque. Tarik Ibn Ziyad n’est ni Marocain, ni Algérien », nous lance Achachi. « C’était un général d’une armée ommeyade, qu’on pourrait éventuellement qualifier de maghrébin, si on considère le Maghreb en termes de sphère civilisationnelle. Certes, territorialement et géographiquement, le point de départ c’était le Maroc. Mais je m’interdis de tomber dans ce raisonnement anachronique qui consiste à lui attribuer une identité marocaine ou algérienne ». Quand bien même on ferait abstraction de cette prémisse méthodologique que pointent tous les historiens, la question de l’origine de Tarik Ibn Ziyad demeure problématique. Origine floue
« L’origine de Tarik ibn Ziyad est des plus incertaines (arabe, amazighe ou autres), et peu de choses sont connues sur son parcours. Client du gouverneur omeyyade du Maghreb, il est nommé à la tête de la Tingitane (le nord du Maroc actuel) après 705. À partir de là, il entreprend la conquête de l’Andalousie en 711. Disgracié, Tarik est rappelé en Orient vers 714 où l’on perd définitivement sa trace. Le seul lien de ce personnage avec le territoire algérien actuel est la mention par une seule source de son passage par Tlemcen qui appartenait à la sphère d’influence de la Tingitane à ce moment-là. Quelle que soit sa filiation, cette figure aux contours flous était avant tout un officier au service du califat de Damas, donc d’une puissance étrangère si l’on utilise un langage moderne », tient à préciser Nabil Mouline.
En ce qui concerne Ibn Battouta, les choses semblent beaucoup plus claires. Né à Tanger en 1304, celui-ci part à la découverte des principales contrées du monde connu à l’âge de 21 ans. Après 28 années de pérégrinations, le globetrotter musulman le plus connu de tous les temps revient dans son pays natal où il rédige sa relation de voyage et occupe la fonction de juge jusqu’à sa mort en 1375-6. « Seuls deux éléments peuvent lier ce personnage à l’Algérie actuelle : son passage par son territoire pour se rendre et revenir d’Orient, et son annexion par l’Empire mérinide durant cette époque », relève Nabil Mouline.
Ibn Khaldoun, homo islamicus inclassable
Quant à Ibn Khaldoun, à l’instar de Tarik Ibn Ziyad, il s’inscrit également dans une dimension transrégionale. Issu d’une famille originaire du Yémen actuel et établie successivement à Séville, Ceuta et Tunis, le célèbre polygraphe voit le jour dans cette dernière cité en 1332. À cause de l’instabilité chronique que connait la région tout au long de cette période, il mène une existence itinérante. « Ibn Khaldoun a passé environ 24 ans dans l’actuelle Tunis, 12 ans à Fès, 3 ans à Grenade, 10 ans dans différentes parties du nord de l’Algérie actuelle, 24 ans en Égypte et en Orient. Cela fait de lui une sorte d’homo islamicus inclassable », analyse Mouline.
Résultat, tout en appartenant à la mémoire collective musulmane et même à l’histoire universelle, ces personnages, à l’instar de bien d’autres, sont difficilement « algérianisables ». Alors qu’Ibn Battouta s’inscrit par son origine, son parcours et sa production dans un environnement « marocain », Tarik ibn Ziyad et Ibn Khaldoun s’insèrent bien, eux, dans des dynamiques plus larges. Le couscous ne peut pas être enfermé à l’intérieur des frontières d’un pays. Il faut raisonner en termes de sphère civilisationnelle
En revanche, en ce qui concerne le patrimoine immatériel tels que les savoir-faire, les costumes, la musique ou la gastronomie, malgré les cris d’orfraie que poussent les néo-nationalistes des deux pays – comme cela s’est vu au moment du dépôt d’un dossier commun aux quatre pays du Maghreb à l’Unesco pour la reconnaissance du couscous – , les scientifiques s’accordent à dire que l’on peut parler de syncrétisme culturel.
« La culture, le patrimoine immatériel, contrairement aux personnages où on est face à de l’anachronisme intégral, est moins problématique car elle épouse le réel et le lieu où elle se déploie. De mon point de vue, le couscous ne peut pas être enfermé à l’intérieur des frontières d’un pays. Il faut raisonner en termes de sphère culturelle et civilisationnelle », soutient Rachid Achachi. « On le voit, en Europe par exemple, la tradition du vin ou du fromage peut être partagée par plusieurs pays. On n’est pas obligé d’entrer en rivalité, ça peut être une culture commune ».
Syncrétisme culturel
Idem pour la musique gnaouie, ou le caftan, dont l’appartenance ne peut être limitée à un seul pays. « C’est un non sens de vouloir « classifier », « ethniciser » ou nationaliser des éléments tels que le caftan ou le gnawa. Ils sont le fruit d’un syncrétisme culturel, une construction historique nourrie par différents affluents », souligne Achachi.
Mais si, pour le chercheur, leur appartenance est plurielle, il n’exclut pas l’idée qu’il puisse y avoir un ancrage marocain. « À la manière de ce que l’on voit dans le soufisme par exemple, avec la tariqa boutchichiya. Même si le soufisme est présent dans de nombreux pays de l’Orient et du Maghreb, la boutchichiya est une manière marocaine de penser le soufisme », estime Rachid Achachi.
Donc pour la musique gnaouie, si l’origine peut effectivement être pensée en termes civilisationnels, la forme historique qu’elle a prise peut, elle, être analysée en termes nationaux. Il y a des adaptations, des spécificités propres au Royaume. « On pourrait tout à fait parler de tagnawite à la manière marocaine, distincte de tagnaouite à la manière algérienne ou autre, puisqu’on retrouve de la musique gnawa jusqu’en Égypte, en Libye, etc. »
Il demeure que, comme pour le gnawa ou le caftan, les Marocains ont effectué un vaste travail de modernisation, de mise au goût du jour mais aussi de valorisation de certains biens culturels. « La géographie y est sans doute pour quelque chose, explique Achachi. Le Maroc est au carrefour de l’Afrique du Nord et du monde occidental, c’est une position stratégique ouverte sur différentes fenêtres culturelles et civilisationnelles qui le rend plus enclin à être dans un schéma de modernisation et d’ouverture, que d’autres pays plus enclavés. Le patrimoine n’y est pas un patrimoine mort, rigidifié dans des musées, mais en permanente évolution, qui peut épouser l’air du temps et devenir contemporain, sans se trahir ».
La logique du Made in Morocco va devenir la pierre angulaire de la politique économique marocaine
Une logique de plus en plus mise en avant par les autorités. « Le Royaume est depuis quelques années dans une stratégie de Made in Morocco, qui va devenir la pierre angulaire de la politique économique marocaine. Ce qui explique sans doute la démarche actuelle du ministère de la Culture, marqué par une volonté de structurer un héritage et un patrimoine, de préserver des savoir-faire, afin d’utiliser le capital immatériel dans une perspective économique », lance Rachid Achachi, célèbre polémiste, qui anime notamment les matinales de Luxe Radio.
Mehdi Bensaid, nouveau ministre marocain de la Culture, reconnaît d’ailleurs bien volontiers avoir fait de ce cette question une de ses priorités dès sa prise fonction dans le gouvernement Akhannouch. « Il s’agit d’abord d’une volonté de reconnaissance de notre patrimoine, matériel et immatériel, avec la mise en place d’une sorte de label national au sujet de notre savoir-faire. Cela s’accompagne de mécanismes juridiques de reconnaissance de ce patrimoine, aussi bien à l’échelle nationale qu’à celle internationale (comme à l’Unesco, par exemple), ainsi que d’une numérisation de toutes ces connaissances pour permettre leur valorisation et leur accès au plus grand nombre », nous explique le jeune ministre.
Mehdi Bensaid nie cependant toute volonté de contrer une quelconque offensive étrangère. « Il ne s’agit pas de « racifier » la culture, mais de mettre en avant cette histoire et ce savoir-faire marocains, au même titre qu’il y a des savoir-faire français, italien, japonais ou chinois reconnus. La finalité de la préservation de la culture n’est pas la fermeture aux autres, le repli sur soi, mais au contraire, un moyen de mieux connaître son histoire pour aller de l’avant. Et ce travail doit se faire indépendamment de toute vicissitude politique », insiste le ministre. Reste que sur les réseaux sociaux, la frontière est parfois ténue entre préservation du patrimoine et nationalisme aveugle.
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romh General de Division
messages : 4181 Inscrit le : 09/09/2009 Localisation : Royaume Uni Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: notre Culture. Lun 25 Avr 2022 - 15:59
kolopoi12 a écrit:
indian music
C'est du Snitra style Soussi marocain
Fahed64 Administrateur
messages : 25539 Inscrit le : 31/03/2008 Localisation : Pau-Marrakech Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: notre Culture. Lun 25 Avr 2022 - 17:14
Ils se sont auto colonisés avec notre culture
Le seul avantage je dis bien le seul c’est que lorsque leur pays se désintégrera Inch’Allah ceux qui se réfugieront chez nous et ou les régions que nous récupérerons, seront plus « facile » à assimiler
Maroc – Mehdi Bensaïd : « Notre culture n’a rien à envier au reste du monde » :
Le ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication est déterminé à réconcilier les jeunes du royaume avec leur histoire. Entretien.
Bien qu’il récuse l’expression, Mehdi Bensaïd, 38 ans, a le nationalisme chevillé au corps. Quelques semaines à peine après avoir été nommé, en octobre, ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, il se fendait de déclarations fracassantes appelant à rouvrir le débat sur l’origine du couscous, et même à doter ce plat ancestral du label Maroc. Une démarche qui a pu être perçue comme une provocation, moins de deux ans après que ce mets soit entré au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, à l’issue d’une candidature conjointe des quatre pays d’Afrique du Nord : l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Mais qui n’a pas surpris ceux qui suivent, depuis plusieurs années, le parcours de cet ancien député du Parti Authenticité et Modernité (PAM).
Dès ses débuts politiques, alors qu’il présidait le Cercle des jeunes démocrates (association ancêtre du PAM), Mehdi Bensaïd s’était illustré par sa fibre identitaire en mobilisant plusieurs centaines de jeunes pour créer, à Dakhla, en 2010, le plus grand drapeau du monde. Une opération qui avait permis d’inscrire le royaume au Guinness des records. Douze ans plus tard, devenu ministre au sein du gouvernement Akhannouch, Bensaïd se dit déterminé à réconcilier la jeunesse marocaine avec son histoire et sa culture, et à rompre avec cette antienne qui veut que « le Marocain ne s’aime pas ».
Jeune Afrique : À peine nommé ministre de la Culture, vous avez procédé au recensement du patrimoine immatériel du royaume. Et un accord pour la création du label Maroc a été signé le 18 avril. Dans quel but ?
Mehdi Bensaïd : L’objectif aujourd’hui, en partenariat avec le ministère du Tourisme, est de labelliser tout le savoir-faire marocain, qu’il soit matériel ou immatériel. Pour les aspects culturels – préserver notre histoire et nos coutumes –, mais aussi pour protéger notre artisanat, d’un point de vue commercial.
Ce label va contribuer à promouvoir notre savoir-faire et soutenir nos artisans, d’autant que nous nous sommes aperçu que des sociétés étrangères utilisent les appellations marocaines, type « zellige de Fès », sans verser de contrepartie au royaume. Pourtant, si quelqu’un veut utiliser l’appelation d’origine contrôlée (AOC) Bordeaux ou le nom « Tour Eiffel » pour vendre un produit qui n’a rien à voir, il ne le pourra pas le faire.
Plusieurs labels existent déjà, en particulier sur le volet artisanat. N’est-ce pas redondant ?
Un premier travail a été effectué par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, mais nous voulons généraliser la portée de cette démarche en mettant en place un label Maroc global, à même d’apporter une plus-value pour les artisans et pour les commerçants, afin d’obtenir des royalties. Il y aura ainsi des labellisations utilisées à des fins purement commerciales et d’autres à des fins strictement culturelles, pour la protection d’un savoir-faire…
S’agit-il d’une réponse aux nombreuses polémiques sur les réseaux sociaux entre internautes marocains et algériens à propos de la paternité d’éléments du patrimoine (tajine, caftan, Tarik Ibn Ziyad, etc.) ?
Notre démarche est à distinguer des éventuelles problématiques qu’il peut y avoir avec les voisins de l’Est. Ces labels serviront à préserver des savoir-faire qui tendent à disparaître dans les régions, et qui sont peut-être méconnus à Rabat et à Casablanca. Pas seulement d’un point de vue culturel ou commercial, mais aussi juridique.
Vous êtes devenu la coqueluche de jeunes internautes marocains, notamment ceux sensibles à l’idéologie Moorish, le néo-nationalisme marocain. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
J’aime profondément mon pays, et je suis convaincu que culturellement et historiquement, nous ne le valorisons pas assez. Le Maroc dipose de choses extraordinaires mais méconnues. Si c’est cela être néo-nationaliste, soit, cela ne me dérange pas du tout.
Aujourd’hui, le Marocain se réconcilie avec lui-même et réapprend à se connaitre
Deux générations ont joué un rôle important à des moments forts pour le royaume et le patriotisme marocain : celle de nos grands-parents, qui a participé à l’indépendance, et celle de la Marche verte. Tous ont risqué leur vie pour la défense de leur pays, pour que nous puissions vivre libres. Mais, malgré cette indépendance territoriale, a perduré chez beaucoup une sorte de fascination pour l’Occident. Aujourd’hui, le Marocain se réconcilie avec lui-même et réapprend à se connaitre, il prend conscience de la grande richesse de sa culture, qui n’a rien à envier au reste du monde.
Pour cela, il faut rappeler que nous avons une histoire longue de quatorze siècles. Mais il est important de le dire sans s’enfermer. Je suis pour l’ouverture et en faveur de partenariats avec d’autres pays. À terme, nous pourrons envisager de constuire ce grand Maghreb avec l’ensemble des populations maghrébines. Dans ce contexte, parler de « néo-nationalisme » me semble inapproprié.
Pourquoi ?
Derrière cette expression de « néo-nationalisme », il y a quelque part l’idée que le Maroc ne doit pas avoir d’histoire. Qu’il serait un petit pays qui doit rester à sa place. Pourquoi ne taxe-t-on pas de néo-nationalistes les Japonais fiers des sushis et qui veillent à préserver leur patrimoine, ou les Français fiers de la Tour Eiffel ou de leur gastronomie ?
Certains ne veulent pas que nous discutions avec eux d’égal à égal. C’est d’ailleurs un problème que j’ai vécu même quand j’étais député, lors de rencontres avec des parlementaires européens. Or, grâce à la vision royale, grâce à ce que fait notre diplomatie, le Maroc se rehausse diplomatiquement. C’est très important, et cela doit également se répercuter au niveau culturel : pour que notre jeunesse soit fière de son histoire, de leur pays, que les Marocains s’aiment, afin de pouvoir aller de l’avant sereinement.
Comment comptez-vous soutenir cette jeunesse, au cœur du nouveau modèle de développement voulu par le roi Mohammed VI ?
Il me tient à cœur de mettre en avant tout ce que propose l’État à sa jeunesse, avec un effort particulier à l’égard des NEET [Not in Education, Employment or Training], ces jeunes qui ne sont pas formés ou qui n’ont pas eu la chance d’avoir un accompagnement, qu’il soit étatique ou familial. Il faut essayer de les remettre sur les rails en les insérant dans des programmes et des formations. Il faut leur redonner confiance en l’Etat.
Nous renforcerons le rôle des maisons des jeunes (Dar el-chabab), longtemps désertées
C’est aussi le rôle du ministère de la Jeunesse de dire aux jeunes Marocains : « Peut-être que vous n’avez pas eu de chance par rapport à votre histoire ou votre environnement social. Mais l’État est à vos côtés pour vous accompagner. » Cela passe notamment par un renforcement du rôle des maisons des jeunes (Dar el-chabab), longtemps désertées.
Et plus concrètement ?
Concernant le problème numéro des jeunes – l’emploi –, je travaille à un partenariat avec le département concerné pour que les Dar el-chabab puissent inclure des services de coaching professionnel, notamment pour accompagner les NEET, qui ne savent pas comment accéder au marché du travail ou même aborder la problématique de la recherche d’emploi. Mais tous les jeunes n’aspirent pas au salariat, et il faudrait disposer aussi d’une sorte de hub où ceux qui désirent s’orienter vers l’entrepreneuriat puissent trouver un interlocuteur, voire créer leur société ou start-up et être informés des démarches à suivre et des mesures de soutien qui existent.
Il y a d’autres partenariats, notamment avec le département de la santé. Nous mettons en place un numéro vert pour les jeunes Marocains, avec une partie sociale, mais aussi la partie santé psychologique. Pour le sport, je réfléchis, par exemple, à proposer dans les maisons des jeunes des cours de self-defense aux jeunes femmes, pour leur permettre de se protéger et d’avoir confiance en elles. Cela se ferait en partenariat le ministère de l’Éducation et des Sports.
Le personnel de ces structures vieillissantes que sont les Dar el-chabab a-t-il la capacité de prendre en charge les problématiques de la jeunesse actuelle ?
Il faut effectivement dépoussiérer un peu le volet ressources humaines, et tout particulièrement revoir la formation des formateurs, qui seront le premier contact de ces jeunes. Des changements seront mis en place d’ici à l’été prochain. Nous allons d’abord réunir tous les directeurs des maisons des jeunes pour leur exposer cette nouvelle vision, avec des formations, des ateliers concrets…
Le changement vient du bas. La volonté politique est là. Il faut maintenant l’accompagner à travers des instruments. C’est ce que nous mettons en place. J’ai effectué plusieurs visites dans les structures dédiées aux jeunes du royaume, qui m’ont permis de voir ce qui fonctionnait et ce qui fonctionnait moins. Une énième étude serait inutile : il faut foncer.
Le secteur de la culture comporte de nombreux problèmes de fond, dont celui des droits d’auteur ou de la protection sociale des artistes. Leur résolution semble éternellement repoussée, gouvernement après gouvernement… Avez-vous une stratégie pour y remédier ?
Ces problèmes ne sont pas nouveaux, et nous y travaillons sérieusement. Il y a la nécessité de professionnaliser le secteur pour en faire une véritable industrie de la culture au sein du royaume. Pour qu’une pièce de théâtre, un concert ou un film puisse faire une tournée dans le royaume, il faut qu’il y ait des salles de théâtre, de cinéma. L’objectif, c’est que d’ici à la fin de 2022, il y ait une centaine de salles polyvalentes.
Les artistes marocains pourront bénéficier de l’Assurance maladie obligatoire (AMO)
Mais il faut aussi un marché pour qu’il puisse y avoir une culture de masse, accessible à tous. Cela ne va pas se faire seul : nous avons demandé un accompagnement du secteur privé. J’ai contacté quelques structures, les plus grandes qu’il y ait dans le royaume, pour qu’elles commencent à donner des chèques-culture à leurs employés, leurs ouvriers, leurs salariés pour se rendre au cinéma, au théâtre, comme cela se fait à l’étranger.
Concernant les droits d’auteur, la loi relative au Bureau marocain du droit d’auteur et des droits voisins (BMDA), actuellement en discussion au Parlement, renforcera les attributions de cet établissement. Son statut juridique devrait se transformer en celui de personne morale de droit public, pourvue de l’autonomie financière, ce qui aura un impact positif sur son fonctionnement et la protection des auteurs. Enfin, le décret concernant la couverture maladie des artistes a été adopté en conseil de gouvernement, et publié le 7 mars au Bulletin officiel. La question est donc résolue. Les artistes marocains pourront bénéficier de l’Assurance maladie obligatoire (AMO).
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RED BISHOP Modérateur
messages : 12303 Inscrit le : 05/04/2008 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: notre Culture. Mar 3 Mai 2022 - 21:42
Avec ce discour, j'aurai pensé que ce ministre faisait partie de l'istiqual...rater il est du PAM
_________________
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Fahed64 Administrateur
messages : 25539 Inscrit le : 31/03/2008 Localisation : Pau-Marrakech Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: notre Culture. Lun 9 Mai 2022 - 13:51
_________________ Sois généreux avec nous, Ô toi Dieu et donne nous la Victoire
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A Call to Include ‘Moussem Moulay Abdellah Amghar’ in UNESCO Heritage List The annual religious festival attracts over two million visitors.
Oumaima LatrechMay 12, 2022 10:03 a.m
Rabat - The organizing committee of Morocco’s Moussem Moulay Abdellah Amghar has called for UNESCO to inscribe the Moussem into its Representative List of the Intangible Cultural Heritage of Humanity. UNESCO’s Intangible Culture Heritage refers to practices, beliefs, customs, and other nonphysical cultural attributes.
Moulay El Mahdi El Fatimi, a member of the committee, said this step would ensure preserving this heritage. The committee’s request comes after UNESCO inscribed Morocco’s “Tbourida” into its heritage list in December 2021.
The North African country had officially submitted its “Tbourida” application in 2019. Tbourida performance is deeply rooted in Moroccan culture and is often associated with traditional and regional festivities.
A Moussam is an annual regional festival, often accompanied by equestrian games named Tbourida, or fantasias. Celebrated for more than hundreds of years, Moulay Abdellah Amghar's Moussem is now perceived as one of the most important traditional and religious festivals of its kind in Morocco. Celebrated in August by the Doukkala tribes, the annual festival attracts over two million Moroccan and foreign visitors annually, El Fatmi noted, emphasizing that nearly 2,000 horse riders take part in the Moroccan equestrian art.
The ritual is celebrated in memory of Saint Moulay Abdellah Amghar in the rural commune of Moulay Abdellah, 15 kilometers from the coastal city of El Jadida. The festival features several religious and folkloric activities in different spaces, and promotes the art of the “Halqa,” a cultural heritage that is slowly disappearing due to globalization.
The “Halqa” is a performance that takes place in open spaces such as Jamaa El Fna in Marrakech, weekly souks, popular markets (Souika), and crowded streets. Usually led by one main performer named “Lhlaiqi” surrounded by dancers, musical instruments, and sometimes tamed snakes or well-trained monkeys, the ancient Moroccan art form is an entertaining show for a large crowd.
_________________ Le courage croît en osant et la peur en hésitant.
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Dias63 Capitaine
messages : 800 Inscrit le : 31/07/2018 Localisation : France Nationalité :
Sujet: Re: notre Culture. Lun 27 Juin 2022 - 21:35
Qu'est ce que j'ai honte des fois.... Les autres vagabond essaient de nous voler à la face du monde notre culture, nos vêtements,tout ! Et quoi? Silence radio , on va attendre qu'ils aillent demander la reconnaissance de tout notre culture, musique, vêtements etc pour aller chialer comme des merdes. Eux ils savent très bien qu'ils n'ont rien et que c'est la France qui a créer leur existence, mais ils savent très bien que le peuple algérien ne demande que ça, qu'on lui donne quelque chose à se mettre sous la dent pour y croire dur comme fer et le répéter en boucle partout jusqu'à que tous y croient... De notre côté c'est le néant, rien, personnes, juste des voleurs à qui on donne des postes importants pour se faire de la maille. Quel manque de patriotisme,quel manque d'amour pour ce pays à l'histoire millénaire... Cet épisode où on a ouvert la frontière pour y envoyer des milliers de nos frères,de nos enfants restera gravé dans ma tête. Quelle insuffisance sur notre patrimoine culinaire qui se transforme en un géant fast food de merde, quelle insuffisance sur cette industrie incapable de donner de la valeur ajoutée au produit que nous cultivons,que nous créons..... Quelle honte quand je vois ces médias soit disants marocain limite à dégager l'entraîneur de l'équipe nationale pour un gamin dont la tête ne passe plus les portes... Je m'arrête là, mais des fois j'ai honte .
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marques General de Brigade
messages : 3971 Inscrit le : 05/11/2007 Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: notre Culture. Mar 28 Juin 2022 - 10:13
On ne peut pas voler les choses immatérielles
Tant que tu ne sais pas les faire, les fabriquer de tes mains, tu ne restera qu'un voleur "ridicule"
Le ridicule est le voleur algérien et non les milliers d'artisans qui partout dans nos médinas, nos villages, nos montagnes travaillent avec leurs mains, leurs cœurs et leur créativité millénaire