Maroc-Israël : perspectives de collaboration

Alors que le dialogue politique entre Israël et le Maroc se raffermit, le rapprochement économique entre les deux nouveaux alliés de la zone MENA tend à se structurer avec l’appui d’un partenaire commun : les Emirats arabes unis. Des acteurs en coulisses poussent à la roue pour muscler cette nouvelle entente tripartite autour du business

Alors que le dialogue politique entre Israël et le Maroc s’est davantage raffermi depuis la tenue du Sommet du Néguev qui a vu pour la première fois la présence du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita sur le sol israélien, le rapprochement économique entre les deux nouveaux alliés de la zone MENA tend à se structurer avec l’appui d’un partenaire commun : les Emirats arabes unis.

Cette densification des relations économiques tripartites s’est récemment illustrée par la tenue d’un forum d’affaires de Tel-Aviv organisé à Jaffa le 29 mars dernier par le cabinet conseil Axis Innovation du businessman Ed Franck avec l’appui des cabinets d’avocats DLA Piper, Fox Rothschild et Ygal Arnon &  Co. La rencontre a vu notamment la participation de la nièce du président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Sophia Alj, cofondatrice de la startup Chari, dont la présence a été facilitée par son partenaire d’investissement émirati Chimera Investment, filiale du conglomérat Royal Group, du conseiller à la sécurité nationale Tahoon bin Zayed al-Nahyan, relève Intelligence Online.

Une délégation de 80 femmes et hommes d’affaires en Israël avait auparavant pris part le 15 mars à Tel-Aviv à l’Israel-Morocco Business Forum (IMBF), le premier du genre entre les patronats des deux pays, à l’occasion de l’inauguration de la ligne aérienne directe de Royal Air Maroc, reliant Casablanca à Tel-Aviv. En retour, le patronat marocain organise du 17 au 19 mai, le second volet de l’IMBF à Casablanca, qui verra la participation effective de 300 entreprises des deux pays. En amont de cette grand-messe, l’homme d’affaires Steve Ohana, placé à la tête du conseil d’affaires Maroc-Israël, a récemment reçu à dîner, dans sa résidence de Marrakech, une palanquée de businessmen israéliens, a appris Le Desk de source proche des convives.

Au centre de ces mises en relation d’affaires, on retrouve Rafael Nagel, ex-banquier de la Deutsche Bank et président de l’Abrahamic Business Circle, qui sous le patronage de son client, le très in Juma bin Maktoum Juma al-Maktoum, avait organisé en juin dernier le Global Investment Forum consacré aux opportunités d’affaires israélo-émiraties et dont un volet a été consacré à d’éventuelles joint-ventures pouvant s’investir au Maroc. A cette occasion Ohana et la CGEM avaient eu l’occasion d’échanger avec plusieurs chefs d’entreprises israéliennes intéressées par le royaume, dont Mekorot, ThetaRay ou encore SteinReich Communications.

Autre acteur qui devra huiler cette alliance tripartite : l’ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Ron Dermer, proche de Lalla Joumala, qui vient de rejoindre la firme d’investissement Exigent Capital Group, fondée en 2009 et basée à Jérusalem, en tant que partner pour « travailler au développement de ses relations mondiales, notamment dans la zone MENA », a annoncé Exigent.

L’ancien ambassadeur avait aidé à négocier les Accords d’Abraham, ouvrant la voie à la normalisation des relations entre Israël avec notamment le Maroc, les Émirats arabes unis et Bahreïn.

Dermer, dans son nouveau rôle, « utilisera son expertise et ses relations pour tirer parti des accords en tant qu’investisseur », a déclaré Exigent, qui compte dans ses rangs des vétérans d’institutions financières de premier plan, notamment JP Morgan, Goldman Sachs, Merrill Lynch et Bank Leumi.

Exigent qui a aidé à restructurer la société israélienne de dispositifs médicaux Insightec et a présenté l’entreprise aux frères Koch, qui en ont fait leur premier investissement en Israël, s’intéresse à l’évolution du secteur de la santé, notamment au Maroc. D’autres marchés sont dans le viseur d’Exigent comme ceux de l’énergie, de la cybersécurité, ou encore de la sécurité alimentaire

Israël, leader dans la potabilisation de l’eau de mer « est passé de l’eau en tant que produit rare à une abondance d’eau en 15 ans, ce qui est phénoménal », a déclaré David Muhlgay, P-DG d’Omis Water Ltd.

Son usine de Hadera produit 137 millions de mètres cubes (m3) par an – 16 % de l’approvisionnement en eau potable d’Israël – avec la capacité de produire 160 millions de m3.

L’expertise d’Israël en matière de dessalement s’est frayée de nouvelles opportunités au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où l’eau est rare, grâce aux nouveaux liens diplomatiques de Tel-Aviv avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.

L’année dernière, Israël, la Jordanie et les Émirats arabes unis se sont mis d’accord sur un plan d’échange d’énergie solaire contre de l’eau israélienne, qui, selon les autorités, proviendrait de Galilée.

Muhlgay a déclaré à la presse israélienne que son usine avait accueilli une délégation du Maroc et que la société mère de l’exploitant de l’usine avait envoyé un de ses cadres prospecter le marché des Émirats arabes unis. « Il y a beaucoup d’intérêt pour la technologie israélienne », a déclaré Muhlgay.

Le Royaume compte actuellement quatre usines de dessalement d’eau de mer dans les villes de Laâyoune, Boujdour, Tan-Tan et Sidi Ifni auxquelles s’ajoutera bientôt la nouvelle usine d’Agadir (144 millions de m3 d’eau par an) et d’Al Hoceima (6 millions de m3 d’eau par an), tandis que d’autres usines de dessalement devraient être achevées dans les villes de Casablanca (300 millions de m3 en 2027), Safi et Dakhla. Il est également prévu à terme d’édifier une nouvelle usine à Dakhla et d’augmenter la capacité des usines de dessalement existantes à Laâyoune, Tan-Tan et Sidi Ifni.

Par ailleurs, d’ici 2050, le Maroc entend atteindre une capacité totale de 1 milliard de m3 d’eau de mer dessalée et réutiliser jusqu’à 345 millions de m3 d’eaux usées par an contre 40 à 50 millions m3 actuellement.

A un niveau d’exploitation en aval de la production des ressources hydriques, lors de sa visite officielle au Maroc, durant laquelle plusieurs accords bilatéraux envisagés depuis 2020 ont été paraphés, la ministre israélienne de l’Economie et de l’Industrie Orna Barbivai, accompagnée de sa délégation, s’est rendue à Agrohealth, une ferme d’oliviers non loin de Marrakech équipée du système d’irrigation israélien Netafim.

In a railway carriage heading towards Marrakech four Moroccan women, all strangers to each other, talk about Israel. “They’re so much more welcoming than the racist, superior French,” says a Moroccan tour guide, recounting her experiences of passport control. An events organiser shares videos of her raves for Israelis in a farm outside Marrakech. A nurse uses the French word for Jerusalem, not the Islamic al-Quds, though all the women are speaking Arabic. “Israel has always protected us,” she says, then has a dig at the Palestinians. “The king gave Yasser Arafat everything and he just betrayed us by siding with Algeria over Western Sahara,” referring to the Palestinians’ longtime leader and Morocco’s dispute over a sandy territory that it occupies. All four applaud the peace deal Israel signed with Morocco a year and a half ago.For decades Israel was Morocco’s shadowy secret. Business between the two went through networks of intermediaries, often Jewish-Moroccan exiles in Paris and intelligence agents. Syrian tanks captured by Israel ended up in Morocco. Israelis helped fortify the wall that Morocco built to keep guerrillas out of Western Sahara.

Now that the secret friendship has become official, the couple are getting to know each other. They have signed a plethora of military, business and cultural deals, often with loud hurrahs. The Arab-Israeli conflict seems like ancient history.

Israel’s satellite channel, i24, is opening bureaus in Casablanca and Rabat, Morocco’s commercial and political capitals. The gala i24 staged on May 30th had a grander guest list than most Western embassies could hope to muster on their national days. Huge Stars of David flashed on a stage in the heart of the Chellah, Rabat’s crenellated medieval fortress, candle-lit for the occasion. Wine from the Israeli-occupied Golan Heights lubricated a sumptuous five-course meal.

Israeli tourists, meanwhile, are flocking in. Morocco expects 200,000 this year, up fourfold since the accord, with ten direct flights a week. Some Israelis come to party, others to visit the shrines of what Morocco says are some 600 Jewish saints, or to rediscover family roots, since some 700,000 Israelis are of Moroccan origin.

Well-organised trade delegations are piling in, too. Officially, trade at last count was worth a modest $131m a year. But that excludes arms, services, a flourishing digital and cyber market and joint ventures with third countries. One deal involving Morocco and Marom Energy, an Israeli company, together with a Spanish consortium, to provide solar and wind power for Spain is worth $1.2bn. Israeli companies are bidding for big water projects, including a desalination plant for Casablanca. They are also looking into fishing, cannabis farming and gas. Morocco has just hosted a three-day parade of Israeli startups, including Supplant, a company that calibrates irrigation according to weather and soil type. “There’s such high interest,” says an Israeli diplomat. “It’s crazy.”

Military deals discreetly dwarf all the others; five of the latest are said to be worth hundreds of millions of dollars apiece. Moroccan officials say Israeli digitisation has given them the edge over Algeria in their row over Western Sahara. Israel Aerospace Industries is building two plants to manufacture drones and may even install a missile-defence system. “Mossad at our borders,” cried an Algerian headline, when Israel’s defence minister arrived in the kingdom last year.

Morocco may be warier of creating full-blooded political links, as it fears a one-sided deal. King Mohammed suspended plans to open an embassy in Tel Aviv and has yet to accredit Israel’s ambassador. Western Sahara remains a stumbling block. To entice Morocco into its peace deal with Israel, Donald Trump’s administration promised to recognise Moroccan sovereignty over the disputed territory. But President Joe Biden has backed away—and Israel has stopped short of recognition. For full diplomatic relations, Morocco seems to be saying, both America and Israel should fully accept Morocco’s Saharan claim. In other words, land for peace. ■