Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Jeu 28 Sep 2023 - 17:21
JA: Séisme au Maroc : ce qui est prévu pour les pupilles de la nation :
Le roi Mohammed VI a décidé d’octroyer le statut de pupille de la nation à tous les orphelins du tremblement de terre. Qu’implique ce statut autrefois réservé aux enfants de militaires ?
Alors que le séisme ayant frappé le Maroc le 8 septembre dernier a fait au moins 3 000 morts, beaucoup se sont inquiétés du sort des enfants orphelins, dont le nombre exact demeure inconnu à ce jour mais qui pourrait potentiellement être très élevé. Dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre, certaines sources ont évoqué le chiffre de 100 000 enfants « touchés », sans toutefois préciser s’il s’agissait d’une estimation du nombre d’enfants ayant perdu leurs parents.
Au cours d’une réunion de travail organisée au Palais royal de Rabat, le 14 septembre dernier, le roi Mohammed VI a décidé l’octroi du statut de « pupille de la nation » à ces enfants. Ce statut est régi par la loi n°33-97, publiée au Bulletin officiel du 2 septembre 1999, et concernait à l’origine les enfants orphelins d’un père militaire. Depuis, cette procédure a été élargie aux civils : elle a notamment bénéficié aux 141 orphelins du séisme d’Al Hoceima (nord du Maroc) en 2004, qui avait fait 628 morts.
Sur le terrain, et depuis plusieurs jours, les autorités locales du ministère de l’Intérieur sont en train de recenser ces enfants. D’après Karima Mkika, militante associative pour la protection de l’enfance, « tous les orphelins d’Al Haouz qui ont perdu un ou deux parents ont été pour l’instant placés dans un centre à Marrakech. Ceux qui ont encore des proches, une famille élargie, restent pour le moment avec eux », sans toutefois fournir de statistiques. Parallèlement, le gouvernement s’est attelé à la réactualisation du statut de « pupille de la nation » qui devrait être adoptée cette semaine, le tout en collaboration avec plusieurs associations de protection de l’enfance.
Soutien moral et aide matérielle
Malgré une mise à jour formelle, le « nouveau » statut de pupille de la nation ne devrait toutefois pas être très différent de celui prévu par la loi de 1999. Ainsi, selon celle-ci, « la Nation protège […] les enfants marocains dont le père, ou à défaut, le soutien principal » est décédé ou en incapacité physique, en l’occurrence en ayant servi la patrie, mais également en cas de catastrophe naturelle (même si la loi actuelle ne le mentionne pas). À condition cependant d’être âgé de moins de 20 ans au moment de la disparition du « soutien principal ». Si c’est le cas, ces enfants ont alors droit à « la protection morale » et au « soutien matériel de l’État jusqu’à leur majorité ou la cessation de leurs études ».
La notion de soutien matériel comprend les frais de scolarité, d’entretien et de santé. « Il s’agit d’un service minimum, il ne faut pas voir cela comme un arsenal de privilèges. Ces enfants seront envoyés dans les écoles, les internats et les universités publiques. Cependant, ils percevront une allocation annuelle, une pension, seront nourris, logés et soignés gratuitement », souligne Rachid Badouli, directeur stratégie et développement de la Fondation Orient-Occident.
Accès prioritaire aux emplois publics
Pour autant, au royaume, les établissements publics n’ont pas toujours bonne presse, et plusieurs acteurs de la protection de l’enfance exhortent l’État à accompagner en profondeur et avec la plus grande rigueur ces enfants, notamment ceux qui n’ont plus aucune famille. Enfin, le texte initial prévoit également que les pupilles de la nation bénéficient, une fois arrivés à l’âge adulte, « d’une priorité pour l’accès aux emplois publics au sein des administrations de l’État, des établissements publics et des collectivités publiques, ainsi qu’aux concours d’entrée aux facultés et aux grandes écoles nationales ».
En amont de ce processus, un comité lié à la Fondation Hassan-II étudie les dossiers des enfants concernés : « Si un enfant a encore des membres de la famille qui peuvent s’occuper de lui, alors les autorités s’assurent qu’il sera entre de bonnes mains, et que personne ne lui volera ses aides, par exemple. Néanmoins, à partir du collège et jusqu’au lycée, les pupilles de la nation sont envoyés dans des internats. Ils peuvent rentrer chez leurs proches pendant les vacances scolaires. Ce sera particulièrement le cas pour les enfants du séisme d’Al Haouz, étant donné qu’ils sont originaires de petits villages très enclavés, éloignés des villes et bien souvent totalement sinistrés », précise Rachid Badouli.
Les enfants scolarisés en primaire restent quant à eux dans leurs villages, auprès de leurs familles, actuellement relogées dans des tentes de la Protection civile. « On sait déjà qu’ils vont percevoir leurs premières allocations à la fin du mois », précise Karima Mkika.
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Jeu 28 Sep 2023 - 17:30
JA: Politique Séisme au Maroc : pour Mohamed Tozy, « Emmanuel Macron ne connaît pas les codes de la monarchie chérifienne » :
Dans les jours qui ont suivi le séisme d’Al Haouz, d’aucuns se sont interrogés sur les causes de la catastrophe, sur les mesures préventives, mais aussi sur la réaction de Rabat et sur le choix opéré dans les offres d’aide internationales. Décryptage du politologue marocain Mohamed Tozy.
Le tremblement de terre de magnitude 7 qui a frappé la région d’Al Haouz, au Maroc, dans la nuit du vendredi 8 septembre est l’un des plus violents de l’histoire du royaume (du moins depuis que les instruments de mesure de ce type de catastrophe existent). Un drame collectif terrible, qui a mis au jour certains dysfonctionnements, notamment en matière de normes de construction, de culture politique et d’inégalités. Mais ce drame a aussi révélé de nombreux atouts, donnant à voir des institutions solides, réactives et agiles, et une société civile active et très impliquée, dans une démonstration de souveraineté et de solidarité inégalée que l’écosystème médiatique, diplomatique et politique à l’étranger a du mal à saisir.
Ce qui s’est notamment traduit par des polémiques autour de l’absence de réponse du Maroc à la proposition d’aide de la France, mais aussi autour du rôle du roi Mohammed VI dans certains médias occidentaux habitués à l’exhibition compulsive et contreproductive de leurs propres dirigeants et chez qui l’incompréhension des codes de la monarchie chérifienne n’a jamais été aussi grande. Explications de Mohamed Tozy, politologue, professeur à Sciences-Po-Aix et fin connaisseur du fonctionnement du royaume.
Jeune Afrique : La région touchée par le séisme est celle du Haut Atlas, que vous connaissez bien pour y avoir beaucoup travaillé avec l’association Targa-Aide en tant que sociologue. Y sont pointées du doigt les constructions en pisé, ainsi que la pauvreté de ces zones enclavées. Qu’en est-il vraiment ?
Mohamed Tozy : Cela fait trente-cinq ans qu’un groupe de chercheurs appartenant à plusieurs disciplines travaille dans cette région, où se situe l’épicentre du séisme. On a l’impression que c’est éloigné, enclavé, etc., mais c’est faux. C’est une région difficile d’accès, c’est sûr, mais ça dépend pour qui. Historiquement, les cols de Tizi-Ntest et celui de Wijeddane étaient des passages très fréquentés par les voyageurs qui vont du Souss vers Marrakech. La Rihlat Tssaft, un manuscrit du Moyen-Âge appartenant à la littérature du voyage, documente très bien cet itinéraire.
Le lieu du séisme est vraiment un point de passage caravanier connu entre Marrakech, capitale des Almoravides, et Taroudant, qui était la première capitale des Saâdiens (qu’on surnommait « la petite Marrakech »). Ce n’est pas une région périphérique, elle est centrale. Politiquement, c’est le berceau de la dynastie almohade, puisque son fondateur, Mehdi Ibn Toumert, est originaire de la confédération des Masmouda, dont le territoire est constitué par les communes proches de l’épicentre du dernier séisme.
Elle est aussi écologiquement importante à plusieurs égards : d’abord parce que c’est l’un des châteaux d’eau du Maroc, puisque l’épicentre est situé à proximité du bassin versant de l’oued Nfis, qui est important, mais aussi du fait de la présence de la forêt, de la petite agriculture traditionnelle irriguée, de l’élevage…
C’est aussi un haut lieu symbolique, notamment à travers le village de Moulay Brahim, lequel a été mis en avant dans les médias et qui englobe un sanctuaire très populaire donnant à voir une vie religieuse très dense et un réseau de médersas traditionnelles encore dynamique. C’est un lieu de civilisation important, pas du tout à la marge, comme on a pu l’entendre… Le gouvernement est déjà très critiqué pour ne s’être pas exprimé dans les premiers jours qui ont suivi le drame, ne serait-ce que pour présenter ses condoléances aux familles des victimes. Le chef du gouvernement a mis plus de 48 h avant de diffuser un communiqué à ce propos… À quoi cela renvoie-t-il selon vous ?
Effectivement, il y a un déficit de communication de la part du gouvernement, en dehors d’un porte-parole du ministère de l’Intérieur qui actualisait au fur et à mesure le bilan des victimes. Le seul qui ait un peu communiqué, et sans doute maladroitement, c’est le ministre de la Justice. Mais il ne faut pas oublier la nature même de la gouvernance dans ce pays, où la communication n’est pas le fort du régime. Ni celui du roi, chez qui on trouve non pas une culture du secret, mais une culture de réserve, une forme de pudeur. Ce qui ne signifie pas qu’il y ait un déficit de connaissance ou d’information.
Cela dit, sur le plan opérationnel, le Maroc s’est doté d’une stratégie de gestion des catastrophes naturelles (2020-2030) vers 2015, avec un dispositif qui a permis la mise en place d’un fonds de gestion destiné non pas seulement aux tremblements de terre, mais aussi aux inondations et aux éboulements, et qui finance toute une série de demandes, que ce soit des établissements publics ou des entreprises privées, pour consolider le dispositif de prévention des catastrophes naturelles.
Par ailleurs, il y a un processus de prise de décision qui a été établi après les différentes catastrophes, notamment les inondations du Haut Atlas, justement dans la vallée de l’Ourika ou dans la région de Mohammedia, et qui posaient le problème de la communication entre les chaînes de commandement.
Cette stratégie, qui a été portée par le gouvernement marocain, et tout particulièrement par le ministère de l’Intérieur, et qui a bénéficié de l’appui de l’OCDE et de la Banque mondiale, a été très profitable au Maroc durant cette catastrophe, où on a pu voir à la fois un cadre institutionnel fort et des process rodés. C’est ce qui explique d’ailleurs l’assurance avec laquelle le gouvernement n’a pas répondu aux nombreuses propositions d’aide. Vous conviendrez néanmoins qu’il y a une dimension politique dans les choix opérés, en limitant l’entrée du territoire à quelques pays seulement ?
Bien sûr. Mais au-delà de la politique, cette assurance est liée au fait que le gouvernement disposait de façon très précise d’un plan d’action rodé pour gérer la catastrophe, il était assez sûr de ses moyens pour le faire. Il existe même des formations dédiées comme le master en Management des crises majeures à l’Université internationale de Rabat, pour préparer ceux qu’on appelle les « risk managers », qui épaulent les walis de régions. Ces cadres relèvent du ministère de l’Intérieur. Beaucoup l’oublient car cette stratégie de gestion des catastrophes déclinée de façon opérationnelle est assez récente. Mais c’est sa préexistence qui a permis d’avoir une très grande réactivité et agilité en matière de gestion de ce séisme. Alors que le Maroc a une Constitution qui détermine de manière assez claire les rôles de chacun, on voit que les gens, les élus et les gouvernements continuent d’attendre l’action du roi avant de s’autoriser à agir. N’y a-t-il pas là une forme d’autocensure ?
Probablement. C’est même l’un des problèmes majeurs que pose la gouvernance au Maroc. Une compréhension limitée du principe constitutionnel de reddition des comptes exacerbé par un régime ambigu de mise en responsabilité débouche sur des réflexes de minimisation des risques par un excès de prudence ou par le silence, ou tout au moins par la discrétion…
Il y a beaucoup de choses qui relèvent d’une culture politique qui continue à s’accommoder beaucoup de l’opacité. Les lois ne changent pas une culture politique, mais des événements comme le séisme peuvent agir comme des accélérateurs de ce changement nécessaire dans la culture politique, dans un contexte très ouvert où les réseaux sociaux et les médias sont en train de jouer un rôle important. On a beaucoup entendu parler dans les médias, notamment occidentaux, du temps mis par Mohammed VI à réagir après le séisme. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Il y a plusieurs éléments d’explication. Le premier étant une culture politique très différente de celles des pays occidentaux. Le roi n’est pas un personnage élu, il n’est pas en campagne, ça c’est déjà une variable importante. Il est dans son rôle de chef de l’État tel que défini par la Constitution. Et de ce point de vue, il n’a pas failli. Dès les premiers moments qui ont suivi le séisme, il s’est acquitté de deux choses importantes que seul lui pouvait faire et qui relèvent de ses obligations de chef de l’État (articles 42 et 53 ) et de commandeur des croyants (article 41) : donner ses instructions à l’armée pour intervenir et déployer les secours. Et ordonner au ministre des Affaires islamiques d’organiser la prière de l’absent pour les victimes dans toutes les mosquées du Maroc. Réunion de la commission interministérielle spéciale chargée de la gestion de la crise, en présence du roi
Réunion de la commission interministérielle spéciale chargée de la gestion de la crise, en présence du roi Mohammed VI, au Palais royal de Rabat, le 9 septembre 2023. @ MAP
Il a aussi été à la manœuvre pour former la commission interministérielle spéciale chargée de la gestion de cette crise, qui est présidée par le chef du gouvernement et qui s’est réunie au Palais royal de Rabat dès le lendemain du séisme, puisqu’elle comprend des éléments qui relèvent directement de son autorité, à savoir les Forces armées royales (FAR) et la gendarmerie.
Après, il y a des actions symboliques fortes, qui renvoient d’abord à des traditions d’une monarchie millénaire et qui sous-tendent tout le protocole extrêmement sophistiqué de ses déplacements et apparitions, ainsi que la gestion du temps royal régie par des traditions millénaires, et dont il n’est pas totalement maître. Bon nombre de choses s’imposent à lui pour tout un tas de considérations. Mais la manière dont sont accomplies ces actions renvoie aussi au style très personnel du chef de l’État, qui est fait de discrétion, d’une sorte de timidité, de pudeur etc. qui font qu’il va privilégier les contacts humains, la proximité avec les citoyens ordinaires sur la parole et les discours. Comme on avait pu le voir lors du séisme d’Al Hoceima, où il avait carrément campé dans une tente pendant plusieurs jours sur place, ce qui avait été rendu possible par un contexte géographique différent.
Quant au délai, trois jours avant qu’il ne se déplace, cela est à mettre en rapport avec la topographie du lieu du séisme, qui est extrêmement éclatée, étroite, et qui faisait que la présence du roi aurait pu constituer un obstacle pour ceux qui étaient encore en train de tenter de dégager des survivants. Il fallait attendre que la situation se stabilise aussi au niveau des victimes, et c’est ce que le roi a fait, avant de se déplacer au chevet des personnes hospitalisées au CHU de Marrakech.
Pensez-vous que cela ait pu frustrer les Marocains ?
Les attentes des Marocains n’étaient absolument pas que le roi vienne les voir immédiatement. C’est d’ailleurs assez paradoxal la fixation qu’ont pu faire certains médias sur la présence ou non du roi sur les lieux du drame.
On oublie souvent que le Maroc a des institutions qui fonctionnent, et c’est le plus important. Il serait temps qu’on en tienne compte dans l’analyse que l’on fait du pays en matière de sciences politiques. Braquer tous les projecteurs sur le monarque est en contradiction totale avec les critiques qui sont faites au régime. Le roi s’est déplacé à Marrakech, où il a rencontré des survivants au CHU de Marrakech. Que retenez-vous de ces images, où le roi s’est montré très proche et tactile avec les victimes ? Qu’est-ce que cela révèle des compétences de la monarchie en matière de gestion de crise ?
Ça renvoie à une longue tradition impériale de gouvernance, que l’on a pu voir à l’œuvre lors d’épidémies, comme récemment avec le Covid ou lors de catastrophes naturelles, où une distinction est faite entre gouverner et administrer.
L’ingénierie de gouvernement au Maroc est aussi faite de distance, et il est arrivé plus d’une fois dans l’histoire de gouverner par l’absence. En revanche, il y a toujours des relais d’administration qui sont présents. Et cela est d’autant plus vrai dans le cas du Haut Atlas, où on est en présence de collectivités qui s’autogèrent, qui comptent d’abord sur elles-mêmes, pour qui l’État est perçu comme un soutien, un appoint. Dans ces régions, comme cela est très bien raconté aussi bien dans les écrits coloniaux (Jacques Berque et Robert Montagne) que marocains après l’indépendance (Abdallah Hammoudi, Hassan Rachik, Mohamed Mahdi et Mohamed Tamim), les habitants ne se posent pas la question « qu’est-ce que l’État va faire pour moi ? » Ils ont besoin de l’État, mais il vient en appoint par rapport à des sociétés qui ont l’habitude de compter d’abord sur elles-mêmes. Jusque-là, près de soixante pays ont proposé d’apporter leur aide au Maroc. Mais le royaume, tout en remerciant tout le monde, n’en a accepté officiellement que quatre. Qu’est-ce qui a guidé ces choix ?
Bien sûr, le nombre limité des pays s’explique d’abord par des raisons techniques à la fois en lien avec la nature du séisme, de l’espace et le moment lui-même. Lors des premiers jours, par exemple, on avait certes besoin d’équipes de sauveteurs, mais en petit nombre comparé aux besoins en médecins, en ambulances et surtout en hélicoptères pour les sites enclavés. Pour le reste, la nature de cet espace rural et le type de construction majoritairement en pisé n’imposaient pas une mobilisation de moyens techniques sophistiqués. Les populations ont fait le travail.
Mais on ne peut pas nier l’aspect hautement politique des pays choisis : deux États arabes, le Qatar et les Émirats, et deux européens, l’Espagne et le Royaume-Uni. Si ce n’est pas réfléchi, c’est étonnamment bien ciblé. Ou du moins, ça a du sens. Dans le cas de l’Espagne, on peut trouver plein de justifications, en matière de proximité géographique, puisque c’est le voisin immédiat, comme de technicité en matière de secourisme, mais ça reste évidemment très politique : le Maroc fait un geste vis-à-vis de l’Espagne, laquelle a fait beaucoup de gestes vis-à-vis du Maroc ces dernières années.
En ce qui concerne le Royaume-Uni, cela renvoie à un réflexe historique de solidarité entre pays insulaires. À chaque fois que le Maroc a été encerclé – par l’Empire ottoman, par les Portugais, ou même par les Espagnols –, il s’est tourné vers le Royaume-Uni, avec lequel il a un des plus vieux traités de paix et d’amitié, qui date du XVIe siècle, du temps du sultan Abdelmalek Essaadi. C’est aussi un signal adressé essentiellement à la France, une manière de dire que le Maroc a des liens forts avec le monde anglo-saxon.
Des secouristes britanniques (à g.), membres de la UK-ISAR, à Talat N'Yaaqoub, au sud d'Amizmiz. Ashley Chan/ZUMA-REA
Pour ce qui est des pays arabes, le Maroc a été un des premiers pays à soutenir le Qatar au moment du blocus de 2017. Il y avait donc une dette symbolique du Qatar vis-à-vis du royaume. Dans l’éthique marocaine, cela aurait été presque un affront que de ne pas lui donner la possibilité de rendre la pareille en soutenant le Maroc dans cette épreuve.
Enfin, pour les Émirats, même si les relations ne sont pas linéaires, il y a des liens personnels très forts entre le Maroc et MBZ, qui a passé une partie de sa jeunesse au royaume.
Mais d’autres besoins vont apparaître au fur et à mesure, que ce soit en matière de reconstruction, de social… et il y aura besoin du soutien de toutes les bonnes volontés. Pour ce type d’aides techniques et financières, il n’y a pas de liste à faire. La France comme les autres pays amis peuvent y contribuer. Bien sûr, à ce niveau, les retombées symboliques sont moindres que pour les quatre élus. Il faut d’ailleurs souligner que si la France n’est pas là de manière officielle, nombre d’ONG françaises sont déjà présentes et s’activent localement.
Le Maroc n’a pas répondu positivement à la France. Ce qui a déclenché une polémique importante dans l’Hexagone. De quoi cette réaction témoigne-t-elle ?
La manière disproportionnée dont les médias français ont réagi témoigne d’une difficulté à reconnaître le droit à l’émancipation, une sorte de syndrome du protectorat, pas dans le sens juridique du terme, mais dans le sens d’un paternalisme qui n’a plus sa place, mais aussi d’un certain nombrilisme presque pathologique de la France, qui s’offusque de l’absence de réponse du Maroc, à la différence des nombreux autres pays, même amis, qui ne s’en sont pas formalisés.
Cette surréaction est symptomatique de l’état des relations entre Rabat et Paris, dont l’histoire et les sorts sont très liés, avec, d’un côté, 5 millions de binationaux et de Marocains qui vivent en France, et, de l’autre, entre 50 000 et 70 000 Français qui habitent au Maroc, sans compter les liens économiques mais aussi affectifs de nombreux Français avec le Maroc, comme on a pu le voir dans l’empathie, les réactions spontanées et les élans de solidarité de la société française, des élus, qu’ils soient de droite ou de gauche, des artistes…
Il y a une sorte de désarroi du pouvoir français, et tout particulièrement de l’Élysée, par rapport à la perte d’influence de l’Hexagone au Maroc, mais aussi dans toute l’Afrique. Un désarroi qui amène à commettre des erreurs d’appréciation et des maladresses, alors que l’intention – le réchauffement des relations entre Rabat et Paris et la volonté de renouer le dialogue – est bonne. Mais pour cela, il faut du temps, et surtout plus de discrétion. La diplomatie ne peut se faire par des tweets ou des vidéos sur les réseaux sociaux. Emmanuel Macron a publié sur les réseaux sociaux une vidéo où il s’adresse aux Marocains directement, au-delà du roi. Était-ce une maladresse ?
Au-delà du fait que son statut ne lui permet pas de s’adresser directement aux Marocains, qui ont été très choqués par le fond et surtout par la forme, cette publication du président Macron, dont le but était de mettre fin aux polémiques, témoigne une fois de plus le signe d’une incompréhension de l’Élysée des codes de la monarchie chérifienne. Mais je ne pense pas que cela va aggraver les choses, car, d’une manière générale, les Marocains, que ce soit le pouvoir, la classe politique ou même les simples citoyens, ont intégré cette idée d’une lacune en matière de culture politique du chef de l’État français, qui ne connaît pas les codes.
Ce n’est même pas perçu comme de la malveillance, mais tout bonnement comme de la maladresse et de la méconnaissance. Mais si ça n’aggrave pas les choses, ça ne les arrange pas non plus, c’est presque pathétique qu’on puisse être dans cette situation. Quantités de gens, notamment du côté des diplomates français, ont rappelé à Emmanuel Macron que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne avec le Maroc. En vain. Après ce drame du tremblement de terre qui a fait près de 3 000 morts et beaucoup de dégâts, qui vont occasionner un gros coût économique et social, avez-vous le sentiment que le Maroc va pouvoir se relever ?
Bien sûr, ça laissera beaucoup de traces. Il va falloir reconstruire toute l’économie de la haute montagne et pas uniquement des logements. Mais en même temps, ça fait émerger plein d’atouts. Ça montre que le pays a des institutions solides, agiles, réactives, avec des process. Ça rassure aussi sur la solidité des équipements publics, parce qu’ils n’ont pas trop souffert, et sur nos capacités d’ingénierie et de construction. Ça souligne l’utilité d’une société civile active, sécurisée, reconnue. Paradoxalement, tout cela fait du bien et laisse entrevoir que le Maroc et son peuple, intrinsèquement résilients, vont sortir renforcés de cette tragédie, comme lors de la pandémie de Covid. Et cela va permettre de nourrir d’autres ambitions, comme mettre la classe politique et l’administration face à leurs responsabilités pour résorber les dysfonctionnements apparus lors de ce séisme.
messages : 747 Inscrit le : 14/12/2020 Localisation : Centre France Nationalité :
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Sam 30 Sep 2023 - 18:44
Hamdollah notre pays a justifié toute la confiance que j'avais en lui et a fait montrer au monde de quoi il etait capable. Et on parle bien d'une catastrophe millénaire qui s'est abattu sur le pays.
Ce qui se passe est énorme: les médias occidentaux, ne parlent plus du tout, ou quasiment plus, de la catastrophe, alors qu'ils sautent sur le moindre petit os pour nous cracher à la gueule, là ils trouvent rien à dire sur un cataclysme ou beaucoup de pays "développé" se serait complètement noyé.
Le Maroc a été plus qu'à la hauteur, a pris les bonnes décisions, et a fermé leur bouche tous les claques merde de ce bas monde. Magnifique.
_________________ Le Maghrib tout entier (al-Maġhrib al-aqsá bi-jumlati-hi) s’est mis en mouvement, le fond des vallées s’est rempli, les pentes ont déversé le tumulte de ce torrent impétueux. @ Abd Al Mu'min, 1158.
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Anzarane Lt-colonel
messages : 1450 Inscrit le : 14/03/2019 Localisation : Fes Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mar 3 Oct 2023 - 12:18
Concernant les aides des pays amis je n'est pas vu une grande solidarité de la part de nos "amis" les saoudiens a part leurs "sincères condoléances". Nous qui somme aller leurs sauver les miches au Yemen.
Zakaria Commandant
messages : 1140 Inscrit le : 17/11/2021 Localisation : Paris Nationalité :
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mar 3 Oct 2023 - 12:40
Je me suis posé la même question
Stinger Colonel
messages : 1732 Inscrit le : 18/06/2020 Localisation : Paris Nationalité :
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mar 3 Oct 2023 - 13:04
Anzarane a écrit:
Concernant les aides des pays amis je n'est pas vu une grande solidarité de la part de nos "amis" les saoudiens a part leurs "sincères condoléances". Nous qui somme aller leurs sauver les miches au Yemen.
Ça ne vas pas trop diplomatiquement depuis quelque années, depuis le Yémen d'ailleurs
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mar 3 Oct 2023 - 15:02
Je me suis fait la même réflexion Anzarane !
Et les histoires de transfert de Mirage 2000, et les histoires d'adhésion et d'aides pour le développement au CCG et les gros projets immobiliers/commerces qui n'étaient que du vent...
On ne peut compter que sur nous mêmes mais ça on l'a très bien compris j'ai l'impression, même si on aura mis du temps !
_________________
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bradli23 Colonel
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Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mar 3 Oct 2023 - 16:18
Ce n'est pas vrai . On a de bonnes relations avec les saoudiens ils ont proposé de l'aide comme beaucoup de pays mais les nôtres ont accepté seulement les 4 pays connus.
Stinger Colonel
messages : 1732 Inscrit le : 18/06/2020 Localisation : Paris Nationalité :
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mar 3 Oct 2023 - 21:41
bradli23 a écrit:
Ce n'est pas vrai . On a de bonnes relations avec les saoudiens ils ont proposé de l'aide comme beaucoup de pays mais les nôtres ont accepté seulement les 4 pays connus.
C'est pas un hasard ...
marques General de Brigade
messages : 3962 Inscrit le : 05/11/2007 Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mer 4 Oct 2023 - 10:10
la meilleure et la plus acceptable aide est l'aide discrète....
d'ailleurs, ceux qui ont le plus parlé d'aides pour le Maroc, et bien sûr aides virtuelles, sont les camemberts et les bounifs, la mère et sa fille adeptes du bla-bla et du mensonge
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simplet General de Brigade
messages : 3183 Inscrit le : 20/05/2012 Localisation : MONTREAL Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mar 10 Oct 2023 - 18:39
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"Tu ne sais jamais à quel point tu es fort, jusqu'au jour où être fort reste ta seule option."Bob Marley.
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Fahed64 Administrateur
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Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mer 11 Oct 2023 - 0:50
Un article très intéressant de l’Opinion sur la logistique chez les FAR.
_________________ Sois généreux avec nous, Ô toi Dieu et donne nous la Victoire
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Jeu 12 Oct 2023 - 0:45
Les Pays-Bas aident le Maroc à hauteur de 50 millions d'euros pour la reconstruction post-seisme (prêt et en partie don). Les Pays-Bas aimeraient utiliser cet argent pour des projets liés à l'eau. L'intention est que ce soient surtout les entreprises néerlandaises qui se lancent dans cette aide.
messages : 1140 Inscrit le : 17/11/2021 Localisation : Paris Nationalité :
Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Jeu 12 Oct 2023 - 1:11
Qu’ils aillent bien se faire voir ailleurs ceux là C’est au maroc de définir les priorités et si il y a des entreprises marocaines capables c’est à elles ue tous les projets doivent revenir
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Fahed64 Administrateur
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Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mer 8 Nov 2023 - 15:33
Regardez moi ça …. Les hypocrites ! Et la vérité est réservé aux abonnés car il ne faut pas le crier trop fort hein !
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Fahed64 Administrateur
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Sujet: Re: Séisme d'Al Haouz - 8 septembre 2023 Mar 12 Mar 2024 - 20:32
Citation :
Maroc : six mois après le séisme, l’urgence a laissé la place à la reconstruction CHALLENGE. Alors que la vie reprend son cours dans la région d’Al Haouz et aux alentours de Marrakech, sinistrés et autorités font face au défi de la reconstruction.
Par notre correspondante à Rabat, Yasmine Tijani
Publié le 12/03/2024 à 18h16, mis à jour le 12/03/2024 à 18h27
« Six mois après le séisme, la situation dans les zones où nous sommes particulièrement mobilisés demeure complexe », confie Hind Laidi, présidente de l'association Jood, dont l'ONG a été en première ligne pour venir en aide aux rescapés du séisme, qui a touché directement 2,6 millions de personnes, selon le Haut-Commissariat au plan (HCP). « Notre équipe s'est coordonnée rapidement pour évaluer les besoins prioritaires, établir un quartier général pour la gestion de la crise et fournir des secours d'urgence tels que des abris, de la nourriture, de l'eau potable et des soins médicaux aux personnes affectées », indique Hind en racontant comment son association s'est organisée dès les premières heures. Et de poursuivre : « Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les autorités locales, les organisations humanitaires et les bénévoles pour optimiser notre réponse et atteindre ceux qui en avaient le plus besoin. » Au total, l'association a pu distribuer plus de 18 854 paniers alimentaires et kits d'hygiène et a offert plus de 5 300 packs de vêtements et produits d'hygiène aux sinistrés dans le cadre de son projet novateur de « camion-douche », qui propose une douche chaude et l'accès aux soins et à l'hygiène. Toutefois, la situation reste difficile pour bon nombre d'habitants d'Al Haouz.
Le difficile retour à la normalité « Dès les premiers jours, les locaux ont essayé de retrouver un semblant de vie normale, même s'ils continuent de vivre sous les tentes dans des conditions qui ne sont pas faciles », souligne Amal Bencharnia, présidente de l'association Draw Smile. Les conditions météorologiques n'arrangent en rien la situation déjà précaire des communautés affectées par le séisme. Face aux rafales qui se sont récemment abattues sur la province d'Al Haouz, les tentes des rescapés résistent difficilement. « C'est vrai que notre pays a besoin de pluies en ce moment, mais il faut dire que ces intempéries corsent la vie des sinistrés », poursuit Amal. Si l'élan de solidarité initial a diminué, l'engagement de la société civile envers les communautés affectées par le séisme, lui, reste fort.
À la veille du ramadan, les membres de l'ONG Draw Smile se sont rendus dans un village à quelques kilomètres de la ville de Tahannaout. « Nous avons essayé à notre niveau de soulager les peines des habitants du douar d'Agadir Elfokara en leur distribuant des paniers alimentaires comprenant les produits de première nécessité pour le ramadan (huile, farine, sucre, fécules…), mais ce n'est pas pour autant suffisant », constate la jeune activiste. Dans cette région, l'entraide est cruciale pour se relever du séisme. « Il y avait plusieurs décès dans ce douar, mais les habitants s'entraident beaucoup. Nous avons rencontré une femme qui s'occupe entièrement des enfants devenus orphelins de ses voisins », nous dit-elle.
Des besoins immenses pour la reconstruction Plusieurs défis persistent, notamment en termes d'accès au relogement et à la réparation des infrastructures, sans oublier la sécurité alimentaire. Hind Laidi appelle ainsi à reconnaître que « les besoins restent importants » et que « la reconstruction nécessitera un engagement continu à long terme ». Pour elle, « les ressources, bien que précieuses, n'ont peut-être pas été suffisantes pour répondre à tous les besoins, surtout dans les régions les plus reculées et les plus défavorisées ». La déclaration du séisme d'Al Haouz comme « catastrophe naturelle » en octobre dernier par le gouvernement devrait néanmoins entraîner la mise en œuvre de la garantie contre les conséquences d'événements catastrophiques. Cela comprend le déclenchement du processus d'attribution des indemnisations par le Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques (FSEC) en faveur des personnes ayant subi des dommages à la suite du séisme.
Une question essentielle préoccupe cependant les rescapés : celle du chantier colossal de la reconstruction des 60 000 habitations effondrées partiellement ou totalement, selon un recensement de l'État marocain.
Le nouvel objectif de Jood est de reloger plus de 6 000 familles. La réalisation de ce projet nécessitera « une évaluation approfondie des besoins en logements, la conception de solutions adaptées aux réalités locales, la mobilisation de partenariats avec des organismes de développement et des bailleurs de fonds, ainsi que la mise en œuvre progressive de programmes de relogement et de réhabilitation ». La dimension durable est aussi prise en compte. L'association Jood plaide pour « un processus de reconstruction inclusif et durable », permettant à la fois la conception des « mobile homes » avec des matériaux durables pour être transformés en gîtes touristiques et la création d'opportunités de travail pour les jeunes.
Le Maroc face à un dilemme Le sujet des matériaux de construction fait débat au Maroc, face au défi de la protection de l'identité architecturale des villages. Un point sur lequel le roi Mohammed VI a d'ailleurs insisté. Lors d'une réunion de travail consacrée à l'aide aux sinistrés, il a ordonné que l'opération de reconstruction soit menée « sous une supervision technique et architecturale en harmonie avec le patrimoine de la région et qui respecte ses caractéristiques architecturales uniques ».
Dans ce sillage, les équipes du HCP soulignent dans une note sur le profil sociodémographique de la zone sinistrée que 42,5 % des murs de logements ont été construits à partir du « béton armé, des briques en terre cuite et du parpaing », 34,6 % construits à partir « du pisé et des briques de terre crue », tandis que 16,2 % des murs de logements sont faits à partir de « pierres scellées avec de la terre ».
Il faut savoir que près de la moitié des ménages dans les zones sinistrées habitent dans un logement de type rural et que 44,2 % des ménages habitent dans une maison marocaine, d'après les chiffres du HCP. Le défi maintenant est de pouvoir allier constructions en terre et normes parasismiques. Une question que le gouvernement marocain prend en considération, notamment avec le lancement des consultations pour la révision du règlement de constructions parasismiques.
Le souverain chérifien a aussi donné ses instructions pour que l'opération de relogement soit effectuée dans « l'écoute permanente des besoins des populations ». Jusqu'à présent, 30 000 autorisations de reconstruction auraient été accordées. Et pas moins de 44 000 ménages ont bénéficié du montant de 20 000 dirhams (environ 1 850 euros) au titre de la première tranche de l'aide relative à la reconstruction des logements effondrés. Pour superviser ces travaux, une agence de développement du Grand Atlas a été mise en place en vue de parachever les programmes et projets lancés ou en cours d'étude. Un calendrier de réalisation s'étalant sur cinq ans (2024-2028) a été d'ailleurs établi. Pour illustrer la taille du chantier de la reconstruction, il convient de noter que l'État a augmenté le taux de l'investissement public dans le secteur du BTP de 56 % en 2024 par rapport à 2023. Cependant, le programme de reconstruction de 11 milliards d'euros devrait être déployé après les opérations d'expertise, menées par les autorités marocaines.
Certains médias marocains se font l'écho du choix par l'État du groupe Al Omrane, « seul aménageur public », pour gérer la reconstruction, qui s'annonce longue et complexe. Mais il n'est pas question de rebâtir plus rapidement au risque de bétonner. L'enjeu maintenant est de « reconstruire en utilisant des matériaux de construction locaux tout en appliquant des dispositifs parasismiques », comme le souligne le rapport de la section marocaine d'Icomos (Conseil international des monuments et des sites).