Actualités Algeriennes

Hollande chamboule son programme pour recevoir Sellal en marge de la conférence ; des images singulières livrées dans le journal télévisé algérien de vendredi montrant Hollande venu dans la grande salle de conférences susurrer en aparté des infos (?) aux oreilles de Sellal, le tout accompagné de sourires de connivences manifestes et enfin une déclaration de notre Premier ministre, au sortir de l’Elysée, qui ne laisse aucun doute sur le message que l’on nous livre : c’est l’embellie dans les relations entre les deux pays. Simple volonté affichée ou réelle amélioration dans les relations bilatérales ?
Le terrain a tout l’air d’être entièrement balisé et extirpé de toutes questions qui fâchent en prévision de l’arrivée en Algérie du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, les 16 et 17 décembre prochains, à l’occasion de la tenue du Comité intergouvernemental de haut niveau que les deux Premiers ministres coprésideront. Alors que le Premier ministre algérien faisait le voyage parisien pour représenter le Président Bouteflika au sommet des 6 et 7 décembre pour la paix et la sécurité et qu’aucune information n’avait filtré sur sa rencontre avec le Président français dont les services avaient annoncé qu’il n’aurait aucun entretien bilatéral avec les chefs d’Etat présents à ce sommet, le chef de l’exécutif algérien a bien été reçu par le Président français, dès son arrivée dans l’Hexagone. Nul ne saura ce que se sont dits les deux hommes, mais l’on apprendra, par communiqué, qu’ils se sont d’abord vus en tête-à-tête avant que les deux parties ne soient rejointes par leurs collaborateurs respectifs.
Quant aux résultats de cette rencontre, il faudra se contenter de ce qu’en a dit Sellal à sa sortie de l’Elysée : «Ma rencontre avec M. Hollande s’est très bien passée et les deux parties sont pour un partenariat d’exception.» Dans ce domaine, plus que dans d’autres, les termes prononcés ont toute leur importance et l’on devra s’attendre, si Sellal n’est pas allé trop vite en besogne dans sa qualification de la rencontre, à des décisions de très haute importance et à un changement notable dans la relation bilatérale.
Ce changement va-t-il se faire en sacrifiant certains principes jusque-là dits intangibles (contentieux mémoriel, alignement de la France et son appui aux thèses marocaines sur le Sahara occidental). L’Algérie, pour d’autres considérations autrement plus importantes que l’on soupçonne sans que l’on ait des certitudes, a-t-elle reçu des garanties d’appui de la France pour des échéances électorales ce qui fait déplacer, par nos autorités, les priorités du moment ? Des qualificatifs tout aussi optimistes ont parsemé les déclarations faites par Ramtane Lamamra mercredi dernier à l’issue de ses entretiens avec son homologue français Laurent Fabius, les deux hommes ayant fait le point des relations bilatérales à Paris, avant la grande rencontre des deux Premiers ministres à la mi-décembre à Alger.
Notre ministère des Affaires étrangères a constaté «un climat extraordinairement positif» qui préside aux relations algéro-françaises. On est là dans la cohérence des discours entre les deux responsables algériens (Sellal et Lamamra), même si ce dernier tempère quelque peu ses propos et rappelle une réalité non encore tout à fait idyllique : «Des progrès ont été accomplis» et ajoute que «beaucoup reste à faire». Seule inconnue et elle est de taille : au-delà des déclarations des uns et des autres et des nôtres surtout, que met-on dans les termes de partenariat «d’exception» (dixit Sellal) partenariat «stratégique» (dixit Lamamra) ?
Peut-être le saurions-nous à la faveur de la conférence que nous a promise Sellal à l’issue de son séjour parisien s’il accepte de répondre dans le fond aux questions que tout le monde se pose sur cette «embellie».

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/12/08/article.php?sid=157566&cid=2