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| Sujet: Falklands conflict/Guerre des Malouines 1982 Dim 12 Juil 2009 - 5:12 | |
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- Le 15 juin 1982, au terme d'un conflit de quelques semaines, la Grande-Bretagne réoccupait par la force Port - Stanley, capitale d'un archipel perdu de l'Atlantique sud, au large des côtes argentines. Les îles Malouines, appelées Malvinas par les Argentins, Falklands par les Anglais, ne semblaient pas devoir être l'objet d'une telle débauche de moyens, d'énergie, et de vies humaines. Position stratégique d'intérêt limité loin des grandes lignes de force de la guerre froide, économiquement et démographiquement insignifiante, cette terre australe dont l'autonomie sous souveraineté argentine était jusqu'en 1982 presque négociée ne présentait pour les deux pays aucun intérêt vital. Mais l'épreuve de force, initiée brutalement par un gouvernement argentin trop confiant et en quête d'unité nationale, fut acceptée par la fière Albion au-delà de toute attente.
Margaret Thatcher, "la dame de Fer", se révéla plus que jamais décidée à montrer que l'Angleterre, à défaut de recouvrir sa primauté internationale passée, ne se laisserait pas humilier par un adversaire de la carrure de l'Argentine. Il y a vingt ans, une fois encore, l'Angleterre entreprit par une magistrale et improbable opération militaire de raviver son vieux credo : "Britannia rules the waves".
L' improbable affrontement Comme le suggère la triple dénomination de l'archipel, les querelles de souveraineté sur les Malouines ne sont pas en 1982 une affaire récente. Sous souveraineté britannique, française, argentine puis définitivement britannique en 1833, Buenos - Aires a toujours depuis revendiqué activement les "Islas Malvinas". En 1966 déjà, un commando "péroniste" s'était brièvement emparé de Port Stanley. En 1977, des manouvres navales argentines particulièrement menaçantes avaient provoqué l'envoi sur zone par Londres d'une paire de frégates et d'un sous - marin nucléaire d'attaque. En 1982, les négociations diplomatiques de transfert conditionnel de souveraineté initiées en 1965 par pression de l'ONU traînent toujours. La minuscule population de 1800 âmes, presque entièrement d'origine britannique s'étant démocratiquement prononcée pour un maintien sous tutelle britannique, le Foreign Office, après avoir envisagé un transfert de souveraineté nominale à l'Argentine à condition de la plus large autonomie de l'archipel, rompt brusquement les pourparlers au début de 1982 en ajournant l'établissement d'un nouveau calendrier de négociations. Dès lors, le chef de la junte militaire argentine au pouvoir, le général Leopoldo Galtieri, entreprend de brusquer les choses par une opération d'occupation militaire unilatérale. Une telle prise de risque, défiant tout à la fois la communauté internationale et un des piliers de l'OTAN, ne se conçoit que par la conjonction d'une présence militaire britannique locale symbolique et une confiance absolue de l'Argentine en l'incapacité de Londres à réagir efficacement à plus 12.000 km de la métropole. Dès le 18 mars, le drapeau argentin avait été hissé en Géorgie du Sud, dépendance des Malouines située à 1.200 km, par des commandos déguisés en civil. Le 2 avril à 4 heures 30, une force d'invasion de quelques milliers hommes débarque près de la "capitale" Port - Stanley. Après une résistance réelle mais qui ne peut être que symbolique, les 79 Royal Marines dont dispose le gouverneur Rex Hunt reçoivent l'ordre de se rendre à 9 heures 25. Sans opposition sur mer , la marine argentine, loin d'être une force anecdotique, semble tout à fait en mesure de garantir l'intégrité le ravitaillement de la nouvelle conquête. Dès lors, la logique et le contexte international auraient dû amener la Grande Bretagne à rechercher une solution négociée, en admettant le fait accompli tout en sauvant la face. C'était de fait le calcul de la junte militaire argentine. Tout au contraire, l'humiliation subie déclencha en Angleterre un sursaut national de grande ampleur. Dès avant l'investissement effectif des Malouines, la Royal Navy avait envoyé le sous - marin Spartan et une unité commando pour réoccuper la Géorgie du Sud. Devant l'audace argentine, le gouvernement Thatcher n'hésite pas une journée. Londres rompant immédiatement ses relations diplomatiques entreprend de mettre la Royal Navy sur le pied de guerre et demande le vote devant l'ONU d'une résolution condamnant l'invasion. Le 3 avril, le vote devant le conseil de Sécurité de la résolution 502 clarifie les équilibres et donne droit au gouvernement anglais, seul Panama se prononçant contre la condamnation de l'Argentine. L'URSS et la Chine n'usant pas de leur droit de veto s'abstiennent tout comme l'Espagne et la Pologne. Les Etats-Unis, dont un certain malaise est perceptible compte tenu de leurs engagements contradictoires envers l'OTAN et l'OEA finissent par justifier leur soutien à Londres par le caractère unilatéral de l'agression de Buenos-Aires mais refusent toute aide militaire directe. Tandis que le ministre Carrington, démissionnaire attendu du Foreign Office est remplacé par Francis Pym, la mission de médiation du général Haig envoyé par Washington à Londres puis à Buenos Aires entre le 8 et le 19 avril se solde par un échec complet. Refusant de transiger sur les conditions préalables à un règlement pacifique comprenant une évacuation immédiate des Malouines et sachant l'Argentine de plus en plus isolée diplomatiquement, Londres se prend à voir dans cette crise la revanche de l'humiliation de Suez en 1956. En quelques jours, le gouvernement Thatcher obtient l'embargo total sur les équipements militaires à l'Argentine de la part de la CEE puis des Etats-Unis. Pendant toute la durée du conflit toutefois, Londres prendra bien garde, malgré les inconvénients inhérents à une telle retenue, de ne pas frapper les bases argentines continentales, afin de ne pas mettre en péril le fragile quasi-consensus diplomatique en sa faveur. Pendant tout le mois d'avril, tandis que la diplomatie échoue à trouver un règlement satisfaisant, la machine militaire britannique s'ébranle en vue d'une opération de reconquête d'une ampleur inattendue.
De la démonstration à l'épreuve de force Loin d'attendre en effet les résultats de tergiversations diplomatiques incertaines, Londres s'engage sur la voie de la réponse militaire dès le 1er avril. 72 heures à peine après l'occupation de Port Stanley, une forte escadre de la Royal Navy comprenant deux porte aéronefs, une douzaine de bâtiments d'escorte et trois sous-marins sont déjà en route vers l'île d'Ascension, dernier relais britannique dans l'Atlantique avant les Malouines. Le 7 avril, une zone d'exclusion maritime de 200 milles nautiques autour de l'archipel prenant effet le 12 à l'aube est décrétée par le ministre britannique de la défense, John Nott. Le 30 avril, cette zone d'exclusion prend un caractère absolu . Rassemblée dans le périmètre d'Ascension sous protection aérienne, la flotte britannique est placée officiellement le 23 en position de défense tandis les forces argentines sont mises dans le même temps en état d'alerte maximale. Les 25 et 26 enfin, les forces britanniques réoccupent facilement la Géorgie du Sud, faisant 200 prisonniers argentins et coulant le sous - marin Santa Fe. Les Argentins renforcent dans le même temps autant que faire se peut leurs positions des Malouines. A la fin du mois d'avril le bras de fer est sur le point de se transformer en affrontement direct. Le 1er mai, les forces britanniques engagent les opérations contre les positions argentines des Malouines. Les premiers raids de bombardiers Vulcan venus de la lointaine île d'Ascension et surtout des Sea Harrier embarqués sur l'Hermes et l'Invincible prennent pour cible les bases de port Stanley et de Goose Green. Cette intervention des Vulcan d'Ascension revêt à cet égard un caractère éminemment symbolique mais reste durant toute la cris e limitée. De fait, l'éloignement de cette position britannique à 3500 nautiques des Malouines rend très aléatoire un soutien aérien important, les Vulcan devant voler 18 heures et se ravitailler en vol à sept reprises pour assurer la moindre mission de bombardement. L'essentiel des moyens aériens britanniques est ainsi assuré dans un premier temps par les quelques Sea Harrier des porte-aéronefs. Le 2 mai survient un événement dont la portée est toujours vivace, vingt ans après, dans les consciences argentines . Le vieux croiseur Général Belgrano , fierté de la flotte est torpillé par le sous - marin Conqueror à l'extérieur de la zone d'exclusion des 200 milles et coule avec plus de 300 marins en quelques minutes Le même jour, le chalutier Narval est arraisonné et trois patrouilleurs endommagés par les hélicoptères embarqués. Le Rio Iguazu coule dans la journée. La réponse argentine ne se fait pas attendre. Le 4, un Super-Etendard met au but un missile Exocet AM39 tuant 30 marins et incendiant le destroyer Sheffield. Mais la présence des sous-marins britanniques face aux principaux ports de guerre argentins a dès lors porté ses fruits. Violemment secouée par la perte de son navire, la marine argentine reste dès lors confinée dans ses bases laissant la maîtrise totale de la mer à la Royal Navy. Plus encore, la junte militaire, perdant confiance devant l'ampleur inattendue de la réaction britannique et l'évidence du quasi-isolement de la garnison des Malvinas accepte cette fois l'idée d'un cessez le feu sous l'égide de l'ONU afin de parvenir à un règlement pacifique. La préparation de la reconquête Mais malgré la perte du Sheffield, dont le choc est accentué par l'origine française des moyens employés, le gouvernement de Sa Majesté reste désormais sourd aux propositions de médiation. Sûr de sa victoire, ayant engagé 114 bâtiments soit l'essentiel de la Royal Navy, le commandement britannique entreprend d'isoler totalement les Malouines. Conséquence du blocus, seuls quelques avions C-130, Learjet ou Skyran et de rares navires argentins tentent en mai et juin de ravitailler les îles. Malgré l'infériorité quantitative de l'aviation britannique, cette dernière bénéficie de plusieurs facteurs favorables. D'une part, les Mirages argentins, seuls appareils de chasse pouvant rivaliser avec les Harrier ne sont pas ravitaillables en vol et ne peuvent être stationnés dans les îles compte tenu de la faible importance des terrains de Port Stanley, Goose Green et de l'île Peeble. Seuls les légers Pucara, aux performances médiocres peuvent ainsi assurer une relative couverture de chasse. Sur les douze Mirages et Dagger perdus par l'Argentine, sept tombent à la mer à court de pétrole durant les opérations. Jusqu'au 20 mai, le dispositif britannique se renforce. Ne disposant pas des moyens militaires adéquats pour assurer le transport d'une force d'invasion suffisante, la Royal Navy réquisitionne les paquebots Queen Elizabeth II, Camberra et le porte-conteneurs Atlantic Conveyor. Ces bâtiments emportent de Grande Bretagne plus de 5000 hommes d'élite ainsi que des hélicoptères et des Harrier de renfort. Sans possibilité de secours, le général Ménendez opte quant à lui pour le principe de la concentration des forces et groupe l'essentiel de ses 10000 hommes, en majorité des conscrits, sur la position de défense principale de Port-Stanley, laissant le reste de l'archipel quasiment sans défense. Seule opération terrestre notable pendant cette phase préparatoire, le 14 mai, un raid des SAS sur le terrain d'aviation de la minuscule île Peeble détruit au sol 9 Pucara. Au 20 mai, les affrontements encore limités et circonscrits à la zone des Malouines, si on excepte le torpillage du Belgrano, ont fait une soixantaine de tués dans les rangs argentins. |
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