messages : 1646 Inscrit le : 10/05/2009 Localisation : alger Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: le Sahel zone de non-droit Lun 11 Jan 2010 - 19:34
Rappel du premier message :
pour illustrer ce nouveau fil de discussion et lancer le debat je vous invite a lire cet article HALLUCINANT sur la realité des filieres d emigrations clandestines au Mali
Citation :
Trafic d’Etres humains au Nord du Mali
Le voyage de la peur
Depuis plusieurs mois, TTU tente de comprendre l’évolution dans la bande du Sahel et dans la région Touarègue. A Gao, capitale de la 7e Région du Mali (au nord du pays), le quartier Château abrite depuis plusieurs années une antenne de transit d’immigrants clandestins qui viennent en général de nombreux pays d’Afrique francophone ou anglophone mais également du Sri-Lanka (le plus souvent des Tamouls), du Pakistan, etc à destination de l'Europe via les pays les pays méditerranéens. Les listes des « passagers » sont établies par ordre d’arrivée. Les passeurs, bien connus des services, sont également inscrits dans cet ordre. Comme on dit dans le milieu, « chacun attend son tour ».
Mais il ne suffit pas d’être premier sur la liste pour trouver son strapontin dans la première caravane pour la Méditerranée. Des négociations sont d’abord menées entre les passeurs, les chefs des groupes d’immigrants et les chefs d’antennes sur « les frais de transport et les risques ». Selon nos informations locales, les discussions peuvent souvent durer plusieurs jours avant d’aboutir à une entente entre les parties (immigrants et chefs des groupes d’immigrants, passeurs et chefs des groupes d’immigrants, et enfin entre les passeurs et les chefs d’antenne…). Les chefs des groupes d’immigrants rendent compte à leurs camarades et ensuite procèdent à la collecte de l’argent qui constitue, comme dans tout groupe mafieux, le butin. Les chefs des groupes des immigrants (ceux qui sont adoubés par les immigrants pour les représenter dans les négociations) prélèvent un pourcentage avant la remise de l’argent aux responsables de l’antenne de transit. Les chefs d’antenne prélèvent aussi leur pourcentage avant la remise de l’argent aux passeurs. Quant aux passeurs, ils remettent un autre pourcentage aux chefs d’antenne pour garantir le prochain voyage. L’argent généré est ensuite blanchi selon différents circuits encore mal connus.
Le voyage démarre sous l’œil bienveillant des agents des services de sécurité maliens qui touchent au passage, de la part des passeurs et de l’antenne, « le prix d’un thé… ». La caravane des immigrants traverse le Sahara touareg malien pour entrer en Algérie, Libye, Maroc… Ils sont des milliers à tenter chaque année la « traversée » du Sahara. Cette rotation d’immigrants est permanente et selon une interminable chaîne où chacun, ou presque, trouve son compte sur le dos des immigrants.
Pour rejoindre, depuis Gao, la ville de Tamanrasset (Sud Algérien), le voyage harassant dure de 5 à 7 jours. Les clandestins (hommes et femmes) sont entassés dans les véhicules comme du bétail. Ils font en général partie d’une caravane de plusieurs véhicules (2 à 6 véhicules). Ils traversent le territoire des Touaregs de l’Adrar des Iforas dans le Nord du Mali (région de Kidal) pour atteindre l’Algérie. Des droits de passage sont possibles. Quand ils réussissent à rejoindre Tamanrasset, le plus grand nombre des immigrants est raflé par la police des frontières algérienne (PAF). Ils sont regroupés dans l’enceinte de la PAF, dans des conditions plus que difficiles. Après plusieurs jours de détention, ils sont mis dans des camions algériens qui les déposent à Tinzawaten, village frontière algérien, situé à quelques kilomètres de la frontière avec le Mali. Dans le cadre de Frontex, le dispositif surveillance de ses frontières extérieures de l’Union Européenne, l’Algérie touche des subventions pour toute reconduite de clandestins à ses frontières ; elle a donc tout intérêt à ce que cette situation perdure ; c’est donc devenu un cycle sans fin dans lequel l’Europe et les Etats Africains sont devenus les principaux piliers du système inhumain qui a cours dans le désert (et en mer).
Survivre et ne pas craindre l’échec
De Tinzawaten, certains immigrants tentent de revenir à Tamanrasset, d’autres cherchent des petits boulots sur place pour trouver l’argent pour rentrer au Mali. Les passeurs qui les suivent dans tous leurs déplacements leur font miroiter un avenir meilleur et leur promettent de réussir là où le premier voyage a échoué. Ceux qui réussissent à échapper à la police algérienne de Tinzawaten ou de Tamanrasset traversent le sud algérien en direction du Nord de l’Algérie, grâce à d’autres passeurs qui, à Tamanrasset, prennent le relais.
Un nombre important d’immigrants (ceux qui ne sont pas arrêtés en chemin) réussit à joindre les grandes Wilayas du Nord de l’Algérie et poursuivent leur route vers la frontière algéro-marocaine. Où ils seront pris en mains par d’autres passeurs, vers le Nord du Maroc, où d’autres passeurs tenteront de leur faire traverser la mer pour entrer en Europe. Le Maroc fera son maximum pour les arrêter, et toujours dans le cadre du dispositif Frontex, touchera des subsides pour les refouler vers l’Algérie.
Les immigrants qui tentent depuis l’Algérie d’aller vers la Libye seront accueillis par des passeurs libyens qui les attendent aux premiers postes frontaliers algéro-libyens (Ghat et Elbarkate). Les passeurs libyens entassent les immigrants les uns sur les autres dans des Peugeot 504 bâchées ou des Mazda et les couvrent d’une bâche pour les dissimuler aux contrôles de police libyens. Ces passeurs partent de Ghat et Elbarkate en passant par Oubari, Sabha (deux grandes régions du sud libyen (dont la majorité de la population est touareg) et arrivent avec leurs immigrants à Tripoli sans difficultés majeures. Sur la route qui mène à la capitale libyenne, chaque fois qu’ils tombent sur un contrôle de police, les passeurs disent « transporter des légumes et des fruits » et glissent quelques billets aux policiers, et cela marche toujours. Dès leur arrivée à Tripoli, certains immigrants cherchent et trouvent un travail journalier. D’autres campent près de la mer en attendant d’entrer en contact avec d’autres passeurs pour traverser la Méditerranée vers l’Europe. La police libyenne organise régulièrement des rafles et garde les immigrants en détention pendant souvent plusieurs mois dans des conditions inhumaines. Périodiquement, des immigrants d’originaire malienne sont expulsés par dizaines et mis dans un avion pour Bamako, capitale du Mali (où ils ne recevront aucun accueil et aucune aide de l’Etat malien pour leur réinsertion au pays et seront donc tentés de repartir à nouveau). D’autres sont rapatriés vers leur pays d’origine en fonction d’accords passés avec ces pays. D’autres immigrants sont relâchés, et tentent leur chance pour quitter la Libye et rejoindre l’Europe par la mer.
Des passeurs sans scrupule : quelques exemples vécus
Certains passeurs prennent en otages leurs passagers après avoir quitté Gao (Nord Mali). On se souvient que fin 2006, près de la frontière algérienne à Insabouk (en territoire Malien), des passeurs ont pris en otages leurs passagers, en majorité des Sri-Lankais (Tamouls), Pakistanais, Camerounais, Gambiens et quelques Maliens. Ils étaient 157 immigrants. Les passeurs avaient réclamé au chef d’antenne de Gao, le nommé Alassane Maiga, la somme de 187 millions de francs CFA (285.000 euros) et fait savoir que « le non paiement de cette somme entrainerait la mort de tous les immigrants…». Les passeurs avaient empêché les immigrants pris en otages de se nourrir et les avaient obligés à boire de l’eau bouillante. Le chef d’antenne de Gao, Alassane Maiga, était alors entré en contact avec les parents de certains immigrants pour leur expliquer la situation et leur demander de contribuer au paiement de la rançon. Des éléments de la rébellion touareg avaient constaté des remue-ménage suspects dans la zone et pensaient qu’il s’agissait de patrouilles de l’armée malienne. Après avoir pris les renseignements nécessaires, ils avaient finalement compris de quoi il retournait.
Dix jeunes combattants de la rébellion touareg avaient alors monté une opération de sauvetage des immigrants. L’assaut avait duré une demi-heure après des échanges des tirs nourris de part et d’autre. Les immigrants avaient été récupérés et les passeurs arrêtés par les Touaregs. L’un des passeurs avait fourni le nom et le numéro de téléphone du chef de l’antenne de Gao. Les combattants touaregs étaient entrés en contact avec ce chef d’antenne, Alassane Maiga, et son second Anara. Leur ayant expliqué le dénouement de la situation, ils leur avaient dit qu’ils étaient « responsables de ce commerce humain, que les passeurs allaient ramener les immigrants à Gao et que si un seul de leurs cheveux était touché », « ils sauraient où les joindre… ». Les Touaregs avaient récupéré les armes des passeurs et les avaient obligés à retourner à Gao avec l’ensemble des immigrants. Que s’est-il passé ensuite ? Ces immigrants sont-ils repartis de Gao pour une nouvelle traversée après ce qu’ils venaient de vivre ? Des centaines de situations comme celle-ci se sont produites et continuent de se produire.
Prenons un autre exemple : un véhicule bâché quitte Gao pour le Sud algérien, avec à bord 25 immigrants clandestins, hommes et femmes, tous entassés les uns sur les autres (véhicule généralement fait pour transporter au maximum 9 personnes). Il tombe en panne à 90 km du poste frontière algérien de Borj Baji Moctar (au Nord-Ouest de Tessalit, qui est le poste frontalier malien). Les provisions sont épuisées puisqu’il est prévu d’entrer en Algérie le même jour, jour de la panne. On est en pleine saison chaude, il fait près de 45° à l’ombre. Le chauffeur, c’est-à-dire le passeur, prend alors la décision de se rendre en Algérie pour chercher un mécanicien et la pièce qui manque. Il confie à son apprenti (d’origine touareg) qui assurait sa protection rapprochée, de veiller sur les immigrants et sur la voiture ; il prévoit d’être de retour dans une journée et de rapporter des provisions. Il part à pied vers Borj Baji Moctar, poste frontalier algérien, situé à 90 km de là. Deux jours passent, il n’est toujours pas de retour. Les immigrants croient qu’ils ont été abandonnés. Ils n’ont pas mangé depuis deux jours. Il ne leur reste plus qu’à se dévorer entre eux. Ils s’emparent de l’apprenti d’origine touareg et le tuent. Il sert de repas pour l’ensemble des immigrants.
Le troisième jour, le passeur n’est toujours pas de retour, ils s’emparent d’une femme qui fait partie du groupe et lui font subir le même sort. D’autres s’en vont, sans aucune orientation, l’essentiel étant de partir quelque part. C’est seulement le quatrième jour que le passeur revient dans une voiture avec un mécanicien, la pièce et des provisions. En s’approchant du lieu de la panne, il constate des vautours qui survolent la zone. De plus près, les immigrants courent à sa rencontre. Il comprend ce qui s’est passé après son départ. Il revient sur ses traces et retourne à Borj Baji Moctar (poste frontalier algérien). Il revient un jour plus tard et trouve sur place seulement deux immigrants qui sont encore vivants. Ils lui racontent la tragédie. Les deux survivants font savoir que les autres sont partis. Le passeur répare sa voiture et entre en Algérie. Que sont devenus ceux qui ne se sont pas dévorés entre eux ? Ils sont certainement morts et ensevelis quelque part dans les dunes de sable.
Bien évidemment, il n’y a aucun recours contre ces organisations criminelles dont les réseaux sont bien implantés et ne cessent de grandir et de se ramifier dans les pays du Sahel.
Quel impact pour les Touaregs qui peuplent le Sahara.
Les Touaregs qui peuplent le Sahara du Nord du Mali ne peuvent qu’assister impuissants à ce trafic d’être humains -qui traverse leurs territoires- dont l’issue pour ces immigrants est souvent la mort. Ils tentent quand ils le peuvent de porter secours à ces êtres humains en danger. Et restent stupéfait face à cette absence de réactions des autorités politiques des pays du Sahel et des pays africains. Ils observent la tragédie, le sacrifice de centaines, voire de milliers de jeunes, d’hommes, de femmes. On voit là l’échec des politiques des dirigeants africains. Car la responsabilité n’est pas seulement imputable aux pays qui organisent les reconduites des immigrants clandestins dans leurs pays d’origine. Malgré la situation de citoyens de seconde zone dans laquelle l’Etat malien maintient les Touaregs depuis l’indépendance du pays, on pourrait s’étonner que très peu d’entre eux cherchent à émigrer vers l’Europe et qu’on ne les retrouve pas dans ces cohortes d’immigrants clandestins.
http://www.ttu.fr/francais/Dossiers/index.html
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jf16 General de Division
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 27 Avr 2018 - 22:03
Citation :
Le Burkina Faso interdit la vente d'articles militaires pour éviter la confusion
Par RFI Publié le 27-04-2018 • Modifié le 27-04-2018 à 21:41
Au Burkina Faso, le ministère de la Sécurité interdit la vente de matériel destiné aux forces de défense et de sécurité par des commerçants. Le matériel composé d'effets d'habillements et de paires de chaussures aux couleurs des forces armées burkinabè était vendu à tout le monde. Un équipement dont le port par les civils sème la confusion au sein des populations dans un contexte où le pays fait face à des attaques terroristes et à la montée du grand banditisme.
Jusqu'à maintenant, ceinturons, paires de chaussures rangers aux couleurs « Terre du Burkina » – la tenue officielle des forces armées burkinabè – et fourreaux de pistolet de guerre étaient vendus sur le marché ou au coin de la rue.
Tout le monde peut s'en procurer, avec tout le risque de confusion que cela pourrait entrainer, souligne un cadre du ministère de la Sécurité. Mais suite à une campagne de dénonciation sur les réseaux sociaux, le ministre de la Sécurité a publié une note pour interdire leur vente.
Selon le ministère de la Sécurité, ces commerçants ne prennent aucune précaution pour s'assurer que leurs clients appartiennent au personnel des forces de défense et sécurité.
Insécurité
Face aux menaces terroristes et à la recrudescence des actes du grand banditisme au Burkina Faso, le ministre prévient que la vente d'articles militaires au personnel civil est strictement interdite sur toute l'étendue du territoire national.
Suite à cette interdiction, certains commerçants concernés demandent un délai au ministère de la Sécurité afin d'écouler leur stock disponible. Même s'ils reconnaissent avoir déjà vendu plusieurs articles à n'importe quel client les commerçants promettent de ne plus les céder qu'aux personnels des forces de défense et sécurité.
« Nous exigerons maintenant les cartes professionnelles avant de vendre nos articles », lance un commerçant.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Mer 9 Mai 2018 - 16:58
Citation :
Le soutien de la communauté internationale à la Force conjointe du G5 Sahel tarde à se concrétiser
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 09-05-2018
Fin avril, la France a remis à l’armée nationale tchadienne 10 mortiers de 81 mm, 50 jumelles de vision nocturne, 200 gilets pare-balles et 200 casques composites, au titre d’une aide de 9 millions d’euros pour l’ensemble de la Force conjointe du G5 Sahel, dont les effectifs – 5.000 hommes – doivent être fournis par le Tchad, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie.
Normalement, cette force conjointe aurait dû être pleinement opérationnelle en mars dernier. Encore fallait-il, faute d’un financement via les Nations unies, trouver le budget nécessaire à son fonctionnement. D’où les deux réunions internationales organisées en décembre 2017 et en février dernier. Ces dernières ont permis de récolter 423 millions d’euros, grâce aux promesses faites par l’Union européenne, l’Arabie saoudite (100 millions), les Émirats arabes unis (30 millions) ou encore les États-Unis (49 millions).
Mais entre la théorie et la pratique, il y a toujours un fossé. Le 26 avril, le Niger est donc monté au créneau. « Nous exprimons notre gratitude à l’ensemble des États membres (de l’ONU), particulièrement à ceux qui ont fait des annonces de contribution lors de la conférence de Bruxelles [en février, ndlr] », a affirmé Abdallah Wafy, le représentant nigérien auprès des Nations unies. Mais « il s’agit maintenant de faire en sorte que les fonds promis soient déboursés car la situation sécuritaire au Sahel ne fait que se dégrader, d’où la nécessité pour la force de commencer ses opérations militaires », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Opérations de paix, le diplomate français Jean-Pierre Lacroix, a appuyé la demande du Niger, en appelant les États membres à concrétiser « leurs engagements pour mettre des ressources à la disposition de MINUSMA [Mission des Nations unies au Mali, ndlr] et de la Force du G5-Sahel aussitôt que possible ».
Plus tôt, le général Bruno Guibert, le chef de la force française Barkhane, avait déploré ces retards. « Tous les Occidentaux voudraient que ça aille vite, que la [FC-G5S] soit immédiatement efficace. Voilà huit mois que la décision a été prise, et il faudrait que ladite force soit opérationnelle. J’observe que la communauté internationale fait beaucoup de promesses, mais peine à les concrétiser. On parle de la nécessité de réunir 400 millions d’euros. Hormis ce qu’a donné la France sous forme d’équipements, il n’y a pas grand-chose qui a été fait », avait-il souligné dans les colonnes de l’Express.
Si le financement de cette force conjointe du G5 Sahel tarde à se concrétiser, le soutien logistique que les Nations unies doivent lui apporter, conformément à une résolution adoptée en décembre dernier, peine aussi à entrer dans les faits. D’où le rappel à l’ordre d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.
Cet accord technique entre la MINUSMA et la FC-G5S « doit se matérialiser de façon plus concrète et tangible », affirme M. Guterres, dans un rapport consulté par l’AFP. « J’exhorte les membres du Conseil de sécurité à être ambitieux et à donner à la Force conjointe un mandat fort qui lui confère la légitimité politique qu’elle mérite », souligne-t-il également.
Le souci est que la MINUSMA manque elle-même de financements pour apporter une aide logistique à la FC-G5S, dont la montée en puissance, estime M. Guterres, « ne progresse pas à la vitesse requise ». Aussi, il « exhorte les pays du G5-Sahel à déployer le reste de leurs troupes aussi vite que possible et de résoudre les problèmes de commandement et de contrôle » qui subsistent. »
Enfin, selon le secrétaire général de l’ONU, la « présence étatique dans le nord et le centre du Mali, ainsi que dans le nord du Burkina Faso, diminue. » Aussi, ajoute-t-il, « la communauté internationale doit prendre des mesures rapides pour renverser cette tendance » car sinon, ces régions seront de « plus en plus contrôlées par des groupes armés ».
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 11 Mai 2018 - 17:22
Citation :
Le manque de préparation et des négligences expliquent la mort de quatre commandos américains au Niger
Posté dans Afrique, Forces spéciales, Opérations par Laurent Lagneau Le 11-05-2018
Le 4 octobre 2017, une patrouille conjointe composée d’une dizaine de commandos des forces spéciales de l’US Army et soldats nigériens tombait dans une embuscade tendue par une centaine de combattants de l’État islamique au grand Sahara (EIGS) dans les environs immédiats du village de Tongo Tongo, près de la frontière séparant le Niger du Mali. Le bilan de cette attaque sera de 8 tués, dont 4 militaires américains.
Plus de six mois après les faits, le Pentagone a publié un résumé de 8 pages [.pdf] sur les 3.600 que compte le rapport d’enquête rédigé par le général Roger L. Cloutier Jr., le chef de l’état-major de l’US AFRICOM, le commandement américain pour l’Afrique.
Tout d’abord, l’officier a souligné que « de nombreux actes de bravoure se sont produits ce jour-là », comme ceux du sergent La David Johnson, tué « en engageant activement l’ennemi » et en se « battant jusqu’à la fin ». Son corps ne sera retrouvé que 48 heures après l’attaque.
Aucun des quatres commandos américains du 3rd Special Forces Group n’a été capturé : ils ont été « tués au combat », après avoir « subi des blessures immédiatement mortelles ou rapidement mortelles », indique le rapport.
En mars, l’EIGS avait diffusé une vidéo de l’embuscade de Tongo Tongo. Selon le résumé qui en fut fait, elle montrait trois militaires américains, isolés, tomber un à un sous les balles des terroristes. L’un d’eux, a priori sérieusement touché, fut « achevé » par un terroriste. À l’époque, le Pentagone s’était insurgé contre la diffusion de ce film qui mêlait les images des caméras installées sur les casques des soldats américains à des séquences filmées par les jihadistes.
Quoi qu’il en soit, les commandos américains n’auraient jamais dû se trouver dans une telle situation, étant donné qu’ils n’avaient pas été suffisamment préparés pour la mission qui leur fut assignée, qui plus est conduite dans une région où 46 attaques avaient été signalées par les Nations unies.
Cette Mission consistait à « trouver/surveiller et, si possible, capturer » un responsable de l’EIGS, en l’occurrence un certain Doundoun Cheffou, soupçonné d’être impliqué dans le rapt de Jeffrey Woodke, un travailleur humanitaire américain enlevé dans la région de Tahoua, en octobre 2016.
Or, les Bérets verts avaient été envoyés à Ouallam pour former des soldats nigériens et leur fournir une assistance en matière de contre-terrorisme. Mais seulement la moitié d’entre-eux avaient reçu « un entraînement collectif », affirme le rapport du Pentagone. En outre, aucun exercice n’avait été préalablement conduit avec les forces nigériennes.
Qui plus est, une telle mission n’aurait jamais dû être approuvée dans la mesure où sa description [concept des opérations, ou CONOPS] n’était qu’un copier-coller d’une autre menée précédemment. Ce qu’un « manque d’attention dans les détails » n’a pas permis de détecter, souligne le rapport. En outre, le niveau de commandement à qui elle a été adressée n’était pas approprié.
Aussi, insiste l’enquête du général Cloutier Jr, tous ces éléments « ont contribué à un manque général de prise de conscience de la situation et de supervision de la part du commandement à tous les échelons. » Il s’agit d’une combinaison « d’erreurs et de faiblesses individuelles, organisationnelles et institutionnelles », conclut le rapport.
Le bilan de l’embuscade de Tongo Tongo aurait pu être bien plus lourd sans l’intervention des forces françaises. Ces dernières ont reçu une demande d’appui aérien 53 minutes après le début des combats. Une patrouille de Mirage 2000 est arrivée 47 minutes plus tard. Ne pouvant pas intervenir directement étant donné la confusion sur le terrain, les pilotes français ont fait un « show of force » [démonstration de force], consistant à réaliser des passages à très basse altitude (au niveau de la cime des arbres), lesquels ont contraint les jihadistes à prendre la fuite.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 11 Mai 2018 - 17:37
Citation :
L’Estonie donne le détail de sa participation à l’opération Barkhane
Posté dans Afrique, Forces terrestres, Opérations par Laurent Lagneau Le 11-05-2018
Le 9 mai, le Parlement estonien a donné son accord à écrasante majorité (69 voix contre 2) à l’envoi d’un contingent de 50 militaires au Mali, au titre de l’opération Barkhane. La ministre française des Armées, Florence Parly, a salué cette décision, qui « promet de renforcer une coopération bilatérale déjà particulièrement étroite » et qui « témoigne d’une convergence de vues stratégiques importante, notamment sur les menaces qui pèsent sur la sécurité européenne. »
Dans le cadre de la présence avancée renforcée de l’Otan (eFP) dans les pays baltes et la Pologne, la France a déployé un sous-groupement tactique interarmes (S/GTIA) à Tapa, en Estonie, entre mars et décembre 2017. Et, depuis le 1er mai, quatre Mirage 2000-5 de l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes assurent la police du ciel dans l’espace aérien estonien depuis la base estonienne d’Amari, au titre de la mission « Enhanced Air Policing » (ex-Baltic Air Policing).
La décision prise par Tallinn fait que ce sera la première fois que des soldats étrangers participeront directement à l’opération Barkhane. Les contributions militaires d’autres pays européens ont, jusqu’à présent, concerné la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA] ainsi que la mission de l’Union européenne EUTM Mali, qui vise à former les soldats des forces armées maliennes (FAMa).
Après l’Estonie, le Royaume-Uni devrait suivre en mettant à la disposition de la force Barkhane trois hélicoptères lourds de transport CH-47 Chinook.
Dans le détail, le détachement estonien comptera 36 fantassins, des traducteurs et un échelon de soutien de 6 militaires. Doté de 5 véhicules blindés de transport de troupes Patria Pasi XA-188, il sera affecté à Gao. Sa mission sera de protéger cette base et de patrouiller dans ses environs.
Les militaires estoniens arriveront à Gao, « à l’invitation du Mali et en liaison avec la France » à compter de l’été prochain, pour une durée d’un an.
Pour rappel, en 2014, alors que la France menait l’opération Sangaris en Centrafrique, l’Estonie avait été l’un des rares pays européens à fournir des troupes à l’opération européenne EUFOR RCA, dont la « génération de forces » avait pu être bouclée grâce à une contribution importante de la Géorgie, pays n’appartenant pas à l’Union européenne.
Au Niger, une attaque dans le hameau de Aghay, dans la région de Tillabéry, à la frontière malienne, a eu lieu dans la nuit de vendredi à ce samedi 19 mai. 17 civils ont été tués. Il s’agirait de représailles de jeunes de la communauté Touareg sur leurs voisins Peuls.
L’attaque s’est produite hier soir, vendredi, au crépuscule. Les habitants du petit hameau de Aghay, dans la commune rurale de Inates et non loin de la frontière malienne, s’apprêtaient pour la prière de Maghrib.
Les premiers crépitements d’armes sèment la panique et la désolation au sein de la population composée essentiellement des Zarmas, Peuls et Touaregs.
Des hommes non identifiés, en moto, ont fait irruption et tiré sur tout ce qui bougeait dans le campement. Officiellement, on parle de 17 civils de l’ethnie peul tués et d'un blessé grave.
Cette tuerie, la première du genre dans cette zone d’insécurité, ressemble beaucoup plus à un conflit intercommunautaire entre les deux ethnies majoritaires nigériennes, sur la frontière malienne, les Peuls et les Touaregs.
Selon plusieurs sources sécuritaires, il s'agit de représailles de jeunes Touaregs nigériens installés au Mali, après une précédente attaque de Peuls sur leur campement le 18 avril dernier. Ce jour-là, 16 nomades touaregs, dont leur chef de village, avaient été massacrés par de jeunes Peuls, dans le village de Tchigin Bawel.
En un mois de tensions intercommunautaires dans cette zone, 33 personnes, toutes civiles, ont été tuées. En conflit intercommunautaire dans une zone à risque, ces deux communautés disposent chacune de sa propre milice armée, lesquelles milices armées sont également aux ordres des jihadistes du nord du Mali.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Mar 22 Mai 2018 - 20:30
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A la Une: l’insécurité chronique au Sahel
Par Frédéric Couteau Diffusion : mardi 22 mai 2018
Des soldats maliens patrouillent à Menaka pendant la visite du Premier ministre le 9 mai 2018. AFP/Sebastien Rieussec
Avec plusieurs incidents armés ces derniers jours. Tout d’abord, au Mali, au moins 12 personnes ont été tuées samedi à Boulikessi, localité située à la frontière avec le Burkina Faso. La presse malienne évoque une bavure de l’armée après la mort d’un soldat malien. Ses frères d’armes auraient répliqué en tirant sur des civils.
Non, affirment pour leur part les autorités maliennes, citées notamment par le site d’information Maliweb : « lors d’une patrouille de sécurisation de la foire hebdomadaire de Boulikessi, des soldats ont été accrochés par des terroristes. » Bilan : un soldat malien a été tué, douze terroristes neutralisés, et des motos et des vélos appartenant aux terroristes ont été détruits.
Qui dit vrai ? Bavure de l’armée ou véritable attaque terroriste ? Impossible à vérifier. C’est ce qui est sûr dans le Sahel, c’est que les populations ont parfois autant peur des terroristes ou des bandits que des soldats censés les protéger…
Peur des jihadistes et de… l’armée !
Exemple, au Burkina, avec ce rapport de Human Rights Watch intitulé Le jour, nous avons peur de l’armée, et la nuit des jihadistes.
« Un titre qui en dit long, s’exclame L’Observateur Paalga, sur la peur qui habite les populations de la partie septentrionale du pays. Une région prise depuis maintenant trois bonnes années entre les tentacules de la pieuvre djihadiste, coupable des pires abominations. En face, l’armée burkinabè ne serait pas non plus toute blanche. "Exécutions extrajudiciaires", "mauvais traitements", "arrestations arbitraires" de présumés terroristes sont en effet des griefs que retient Human Rights Watch contre nos Forces de défense et de sécurité, soupire le quotidien burkinabè, dans un document qui jette un pavé dans une mare déjà très ensanglantée : depuis 2016, le Burkina a subi 80 attaques qui ont fait plus de 130 morts. »
Et L’Observateur de prévenir : « le risque est qu’en voulant faire feu de tout bois, on fasse tomber des innocents sous les balles de leur propre armée et que cela entrave davantage la difficile collaboration entre les forces de l’ordre et les populations. Sans oublier que les victimes de ces bavures peuvent rejoindre les groupes terroristes par soif de vengeance. »
17 morts au Niger
Autre exaction, rapporté cette fois par Le Pays, toujours au Burkina : « la commune nigérienne d’Inatès a été endeuillée vendredi dernier, avec l’attaque massive et sans précédent d’un campement peul par des assaillants venus du Mali voisin. 17 personnes ont été tuées par des hommes lourdement armés et en mission commandée, puisque les victimes étaient, à ce qu’il paraît, exclusivement des Peuls. Selon les premiers témoignages recueillis sur place, cette attaque aurait été perpétrée par des Touaregs maliens, en guise de réponse du berger à la bergère, après l’exécution sommaire et de sang-froid, de dix-sept personnes issues de la communauté touarègue de la commune de Ménaka, par des combattants peuls qui se seraient par la suite évaporés dans la nature. »
Et Le Pays de déplorer qu’ « en plus des actions pernicieuses des groupes radicaux, on assiste de plus en plus à un cycle infernal de violence du fait du banditisme et surtout des vendettas, sur fond de conflits communautaires en latence depuis des décennies. Le pessimisme est d’autant plus grand, affirme le journal, que ces violences inter-ethniques ne sont pas seulement circonscrites aux régions de Ménaka au Mali et de Tillabéry au Niger. »
Enfin, pour en revenir à la situation spécifique du Mali, le journal Mali-Horizon pointe ce que d’aucuns considèrent comme une évidence : « trois ans après la signature de l’accord d’Alger, le document peine à s’appliquer, constate Mali-Horizon. Les attaques se multiplient et l’insécurité devient grandissante au Nord comme au Centre du pays. » Et ce, « même si on note certaines avancées, notamment l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination, à Gao et Kidal », avec la mise en place de patrouilles mixtes.
Par RFI Publié le 22-05-2018 • Modifié le 22-05-2018 à 18:40
Au Burkina Faso trois présumés terroristes ont été abattus par les forces spéciales de la gendarmerie dans la nuit de lundi à mardi. Ce groupe de terroristes, selon les autorités, est lié aux attaques du 2 mars dernier contre l'état-major général des armées et l'ambassade de France. Plusieurs armes, des explosifs et des tenues militaires ont été saisis au cours de l'opération qui s'est déroulée à Karapala, un quartier périphérique de la capitale Ouagadougou.
C’est très tôt ce mardi matin que les forces spéciales de la gendarmerie nationale ont lancé l'assaut contre le lieu qui servait d'habitation au groupe de présumés terroristes. Dès que les assaillants ont aperçu les éléments de l'unité d'intervention de la gendarmerie nationale, ils ont immédiatement ouvert le feu.
Malgré l'effet de surprise, les combats ont duré toute une partie de la nuit, pendant près de sept heures, explique un habitant du quartier. Après plusieurs heures d'échanges de tirs, le bilan de l'opération fait état de trois assaillants abattus, un autre assaillant capturé et un gendarme mort des suites de ses blessures.
Les forces spéciales ont retrouvé dans la maison habitée par les présumés terroristes plusieurs kalachnikovs AK47, un fusil mitrailleur PKMS, un obus transformé, des cordons détonants et des détonateurs, de nombreuses puces de téléphones mobiles, un cahier avec des écritures en arabe et des tenues militaires burkinabè et françaises.
Ce groupe de « terroristes » est en lien avec les attentats du 2 mars dernier, selon Clément Sawadogo le ministre de la Sécurité. Suite aux attaques du siège de l'état-major général des armées et de l'ambassade de France, les enquêtes de l'agence nationale du renseignement ont conduit à la détection des activités de ce groupe.
Ce groupe préparait une autre attaque selon le ministre, vu le matériel dont il disposait. Une trentaine de personnes ont été également interpellées pour les besoins de l'enquête.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Jeu 31 Mai 2018 - 17:05
Citation :
Pour l’ONU, la Force conjointe du G5 Sahel « tarde trop à devenir pleinement opérationnelle »
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 31-05-2018
Normalement, la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], dont les effectifs sont fournis par le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad, aurait dû être pleinement opérationnelle en mars 2018. Cette échéance passait alors pour ambitieuse. Et elle l’a finalement été, malgré les efforts des pays concernés et deux premières opérations menées en octobre (Haw Bi) et en janvier (Pagnali), avec l’appui de la force française Barkhane.
« La Force conjointe tarde trop à devenir pleinement opérationnelle. J’exhorte les États membres du G5 Sahel à déployer au plus vite le restant de leurs troupes et à régler les problèmes de commandement et de contrôle », a ainsi estimé Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, dans un rapport récemment rendu public.
Cela étant, les blocages ne viennent pas spécialement des pays du G5 Sahel. En premier lieu, les promesses d’aides financières pour boucler le budget de 423 millions d’euros nécessaire pour financer la phase de démarrage de la FC-G5S et sa première année d’opérations tardent à se concrétiser. « Certaines contributions annoncées n’ont pas été préaffectées et la majorité des contributions n’a pas encore été débloquée », relève le rapport de M. Guterres, pour qui le soutien de la communauté internationale « doit aujourd’hui prendre une forme plus concrète et tangible. »
Et cela vaut aussi pour la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA], qui ne dispose suffisamment de moyens pour apporter une aide technique et logistique à la FC-G5S, comme l’y autorise une résolution votée par le Conseil de sécurité en décembre 2017.
« Je suis profondément préoccupé par le fait que la MINUSMA ne dispose pas des ressources financières nécessaires pour apporter un appui technique aux fins du renforcement des fortifications des camps de la Force conjointe. Ce manque de ressources risquant de retarder la pleine mise en place opérationnelle de la Force conjointe, j’engage les donateurs et les partenaires à le combler de toute urgence afin que la Mission puisse effectivement apporter cet appui », a souligné M. Guterres.
S’il salue les efforts des membres du G5 Sahel, le secrétaire général de l’ONU leur demande de « déployer au plus vite le restant de leurs troupes et à régler les problèmes de commandement et de contrôle » car les « retards pris dans le transfert d’autorité ralentissent également l’opérationnalisation de la Force conjointe. »
Et M. Guterres d’insister : « Les États membres du G5 Sahel doivent de toute urgence commencer ce transfert, sans quoi les opérations continueront d’être menées au coup par coup et il sera difficile, voire impossible, de procéder à la planification à long terme, notamment en ce qui concerne l’objectif final de la Force conjointe. » En outre, il leur demande également de « préciser et d’arrêter définitivement le concept stratégique d’opérations ainsi que les critères et le calendrier selon lesquels la Force conjointe devra atteindre sa pleine capacité. »
Cependant, plusieurs raisons expliquent les retards de la FC-G5S. « Le rythme du déploiement a été ralenti par un manque criant de moyens, tant en matière de formation que de matériel, et par le fait que les forces nationales de défense et de sécurité des pays du G5 Sahel sont d’ores et déjà par trop sollicitées », admet le rapport de M. Guterres.
Et il y a beaucoup à faire au niveau capacitaire. Ce qui n’est pas vraiment surprenant. Ainsi, le rapport pointe un « besoin d’urgence de moyens aériens pour recueillir des renseignements et assurer le transport, ainsi que de matériel de communication », dont les différents systèmes utilisés par les pays du G5 Sahel « ne sont pas toujours compatibles ni chiffrés. »
« Le manque de compétences, de formation et de matériel afin de détecter les mines et de réduire la menace qu’elles représentent constitue également une source de préoccupation grave, compte tenu en particulier de la menace asymétrique qui est présente dans les zones où opère la Force conjointe », avance le rapport.
S’agissant des moyens aériens, il y aurait encore beaucoup à faire, même si plusieurs pays du G5 Sahel ont pu compter sur des aides américaines dans ce domaine, en particulier pour ce concerne les capacités ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance). Au total, 108 aéronefs (dont 30 hélicoptères) pourraient être mobilisés pour la FC-G5S. Mais ce chiffre est à relativiser en fonction de la disponibilité effective de ces appareils (ce n’est pas parce qu’ils figurent dans l’inventaire qu’ils peuvent voler).
En outre, comme le souligne Arnaud Delalande dans le DSI n°135 (mai-juin 2018), les « moyens aériens en matière d’appui aux troupes au sol sont dérisoires. Avec une dizaine d’appareils (si on inclut ceux endommagés par une tempête l’année dernière), le Tchad détient la moitié de la force de frappe », écrit-il. Et encore, le rayon d’action de ces aéronefs est limité, alors que la FC-G5S aura à intervenir sur une zone étendue.
Par RFI Publié le 05-06-2018 • Modifié le 05-06-2018 à 17:01
Une, deux puis trois explosions. Lundi 4 juin 2018 à Diffa, la capitale régionale du sud-est du Niger, à la frontière avec le Nigeria, a été frappée par une série d'attentats-suicides. Le bilan provisoire est d'au moins neuf morts et 37 blessés.
Les attentats sont survenus dans la soirée de lundi. Deux femmes et un homme ont déclenché leurs explosifs aux abords d'une école coranique, dans le vieux quartier de la ville de Diffa. On dénombre plusieurs élèves parmi les victimes.
Ce mardi matin, les écoles et le marché étaient fermés. Des sources sur place ont évoqué des patrouilles des forces de sécurité dans les rues. « C'est la première fois qu'une attaque de ce type a lieu à Diffa », confie à RFI un ancien préfet joint par téléphone.
Jusque-là, les terroristes s'attaquaient aux forces de sécurité, « cette fois, ils ont vraiment visé la population », explique-t-il. Le vieux quartier est en effet très fréquenté en soirée en cette période de ramadan.
Pourquoi les terroristes changent-ils de stratégie ?
La région de Diffa est la cible régulière d'attaques du groupe Boko Haram venu du Nigeria voisin. Les terroristes avaient jusque-là plutôt tendance à mener des opérations armes à la main contre des postes militaires. Sept soldats ont ainsi été abattus vers Toumour en janvier.
Depuis l'année dernière, l'usage de kamikazes s'est renforcé. En juin 2017 notamment, deux femmes s'étaient fait exploser dans un camp de réfugiés à Kabalewa.
Selon certains experts, ce changement de mode opératoire serait le signe d'un affaiblissement militaire de Boko Haram qui n'aurait plus les moyens d'affronter directement les armées du Niger ou du Nigeria
Par RFI Publié le 18-06-2018 • Modifié le 18-06-2018 à 00:36
Au Burkina Faso trois attaques ont ciblé une brigade de gendarmerie, un commissariat et un poste de police. A l'est du pays, un policier a été tué dans l'attaque d'un poste de l'office national de sécurité routière. Dans la même soirée de samedi 16 juin, le commissariat de police et la gendarmerie de Comin-Yanga, à 50 kilomètres de Fada N'Gourma dans le Koulpelogo, ont essuyé des tirs. Un assaillant a été abattu au cours de cette double attaque.
Selon la police nationale, ces attaques ont eu lieu entre 22h et minuit samedi 16 juin. C'est le poste de contrôle de l'office national de sécurité routière de Tindangou située dans la province de la Kompienga, à 120 kilomètres de la ville de Fada N'Gourma, qui a été la première cible des assaillants. Au cours de cette attaque, un policier a été tué.
Au même moment, le commissariat de police et la brigade de gendarmerie de Comin-Yanga, situés à 50 km de Fada N'Gourma, dans la province du Koulpelogo, subissaient également des attaques. Selon la police nationale, les forces de sécurité ont opposé une résistance aux assaillants, ce qui les a mis en déroute. Un assaillant a été abattu à l'intérieur du commissariat. Les autres ont réussi à prendre la fuite.
A la brigade de gendarmerie de Comin-Yanga, on ne déplore aucun blessé dans les rangs de forces de sécurité, mais un important lot de matériel a été emporté par les agresseurs, dont des armes, des motos et au moins un véhicule, selon une source sécuritaire.
Cette triple attaque intervient un mois après une opération conjointe des forces de sécurité du Bénin, du Togo, du Ghana et du Burkina Faso dans cette partie du pays.
Par RFI Publié le 24-06-2018 • Modifié le 24-06-2018 à 17:09
Au Mali, au moins 32 civils peuls ont été tués, samedi 23 juin, dans une attaque contre la localité de Koumaga, dans le cercle de Djenné (région de Mopti), où la tension restait vive ce dimanche 24 juin. Les assaillants portaient des habits de chasseurs traditionnels dozo. Les leaders de la communauté peule du Mali, citant des survivants de l'attaque, s'interrogeaient toutefois dans la matinée de ce dimanche sur l'identité réelle de ces assaillants.
Abdoul Aziz Diallo est le président de Tabital Pulaaku, la plus importante association des Peuls du Mali. A son domicile de Bamako, les informations sur les tragiques événements du terrain arrivent.
Koumaga, gros village du centre du Mali. C’est là, ce samedi, que les chasseurs traditionnels communément appelés "dozo", armés, arrivent.
« Ils ont encerclé tous les villages. Il y a les Peuls, il y a les Dogons, il y a les Soninkés, il y a les Malinkés et il y a d’autres personnes, mais ils ont ciblé les familles peules. Ils se sont mis à tuer. Ils ont tué. Ils ont tué… Ils ont tué des femmes, ils ont tué des enfants. Généralement, le matin, les gens sortent les animaux. Donc, tous les gens qu’ils ont trouvés dehors avec les animaux, même des petits enfants, ils les ont tués. Ils les ont froidement assassinés », précise Abdoul Aziz Diallo.
Deux élus du centre du Mali, interrogés séparément par RFI, confirment cette version des faits. Après l’intervention des assaillants, un bilan provisoire des victimes civiles a été établi.
« Actuellement, on a pu retrouver 32 corps et nous avons les noms. Il y a à peu près huit que l’on n’a pas retrouvés », rapporte Abdoul Aziz Diallo.
« Ce qui se passe est grave. Evitons les amalgames. Evitons de considérer tous les Peuls comme des terroristes jihadistes », a ajouté ce leader de la communauté peule du Mali.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Lun 2 Juil 2018 - 21:00
Citation :
Niger : 10 soldats tués et 4 disparus dans une attaque de Boko Haram
Dix soldats nigériens ont été tués et quatre portés disparus dans une attaque attribuée au groupe jihadiste Boko Haram contre une position militaire dans le sud-est du Niger, proche du Nigeria, a indiqué dimanche soir le ministère de la Défense.
“Nous avons un bilan provisoire de dix morts, quatre disparus et trois blessés”, a déclaré à l’AFP le colonel Abdoul-Aziz Touré, porte-parole du ministère nigérien de la Défense.
L’attaque menée par “Boko Haram” a visé “des positions de l’armée” nigérienne à Bla Brin, un village situé non loin du bassin du lac Tchad, à 40 km de la ville de N’Guigmi, a-t-il précisé.
L’attaque avait été rapportée dans un premier temps par un responsable de l’ONG Alternative espace citoyen, Kaka Touda Goni, sur sa page facebook, où il parlait de deux soldats tués dans la nuit de samedi à dimanche, ainsi que par une source sécuritaire.
La dernière attaque attribuée au groupe nigérian Boko Haram remontait à début juin. Trois kamikazes avaient fait exploser leur ceinture d’explosifs en différents endroits de la ville de Diffa, la capitale régionale, tuant 6 personnes.
La région de Diffa est le théâtre depuis février 2015 de nombreuses attaques de Boko Haram, groupe basé dans le nord-est du Nigeria voisin.
Fin avril, Niamey avait annoncé une opération militaire régionale d’envergure dans le bassin du lac Tchad (commun au Niger, au Tchad, au Nigeria et au Cameroun) pour débarrasser la zone des “résidus” de Boko Haram. Cette opération devait permettre “d’installer nos systèmes de sécurité” et de favoriser le retour de milliers de personnes ayant fui depuis 2015 les îles du lac Tchad, avait déclaré le ministre nigérien de la Défense, Kalla Moutari, en jugeant que, même “totalement affaibli”, Boko Haram continuait de représenter “une menace réelle”.
En plus des attaques de Boko Haram dans le sud-est, le Niger doit faire face aux attaques récurrentes des islamistes de groupes sahéliens dans le nord et dans l’ouest.
Terrorisme : Des preuves de connexion entre Nouakchott et AQMI
Nouveau Réveil
Ondoyante et diverse est la position de la Mauritanie, face au péril qui menace le Mali. Au fait, toutes les fois qu’elle a été appelée à se prononcer sur le sort qu’il faut réserver aux salafistes qui écument le territoire malien, le pays de Mohamed Ould Abdel Aziz a adopté une attitude alambiquée. Et cela depuis que ces fous d’Allah, connus sous le nom de GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) ont fui la Mauritanie pour élire domicile dans le septentrion malien en se rebaptisant AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique).
Que n’a pas fait le Mali, au temps fort de son histoire, pour associer la Mauritanie à la traque de ces narcotrafiquants qui agissent sous le couvert du Saint Coran ? C’est à se demander, comme on l’a souvent pensé, si le statu quo actuel au Mali n’est pas une véritable aubaine pour une Mauritanie qui craint le retour sur son sol de ces criminels de tout acabit quand ils seront boutés hors des frontières maliennes.
En tout cas, ce pays, par son comportement, renforce la position de ceux qui pensent ainsi. La République Islamique de la Mauritanie à envoyer un contingent militaire de 750 hommes vers la République centrafricaine. Un contingent qui s’est déployé là-bas sous commandement de la mission des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité dans ce pays déchiré par la guerre civile. Un sursaut s’il en est, loin, très loin, vers la Région des Grands Lacs. Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple ? Un adage que nous sommes tentés ici de paraphraser : Pourquoi on sert loin quand on est utile à côté ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la Mauritanie ne participe pas à la force internationale qui se déploie au Mali voisin sous la bannière des Nations Unies pour le maintien de la paix.
Pourtant le pays de Ould Aziz est lié au Mali à travers des liens séculaires de bon voisinage et récemment les accords du G5 Sahel, une organisation sous-régionale qui regroupe avec eux le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Quelles recettes pour la Mauritanie dans tout ça ? Bien que la menace jihadiste frappe à ses portes, elle est encore épargnée par les attentats terroristes depuis février 2011- et l’échec d’un attentat à la voiture piégée à Nouakchott dont l’un des commanditaires Cheikh Ould Salek condamné à mort s’est évadé dans la nuit du 31 décembre 2015 de la prison civile dans de circonstances non encore élucidées.
Tout se passe ou se joue comme s’il existait une sorte de trêve tacite, donnant-donnant, entre d’une part, les groupes terroristes et les autorités de Nouakchott ! L’une des clauses de ce pacte inavoué serait que les forces armées mauritaniennes ne s’affichent pas dans une guerre ouverte avec ces groupes terroristes même dans le cadre d’une force onusienne. Jusqu’où ira la trêve? Malgré tout le pays d’Aziz demeure une cible potentielle même si le pacte tient encore bon.
L’histoire récente nous a appris que Amadou Toumani Touré (ATT pour les intimes) qui a abandonné, non sans conséquences, le Nord du Mali au trafic trans-saharien a laissé son pays au bord de la déconfiture. Au Burkina voisin, les mêmes causes ont produit les mêmes effets.
Le départ forcé du président Blaise Compaoré, grand médiateur (entre les occidentaux et les groupes armées) dans la libération des otages, le pays des hommes intègres est devenu la cible des jihadistes. L’attaque de l’Hôtel Splendid, la première du genre, au cœur de la capitale Ouagadougou (20 morts) et l’attaque de L’État major en plein cœur de Ouaga en sont la preuve. À qui le tour ?
Deal entre Nouakchott et les terroristes ?
C’est cette question qui revient sur les lèvres depuis la déclaration expresse du groupe djihadiste d’Iyag Aghaly qui semble éviter d’ouvrir toute les hostilités avec Nouakchott tout en cherchant tacitement des accords pacifiques avec les unités mauritaniennes de surveillance des frontières.
Comme Aqmi qui a fini par évacuer ses bases près de la frontière avec la Mauritanie, Iyad, voudrait compter au moins sur « un allié » de la sous-région qui a préféré prendre ses distances vis-à-vis de toute ingérence militaire dans une guerre qui n’est plus la sienne. Même si la Mauritanie est un devant de toute initiative de lutte contre le terrorisme dans la sous-région, elle n’a pas accepté de participer à l’opération Serval au Mali encore moins à la force G5 Sahel.
Expliquant le drame de Nara, des sources soutiennent que les assaillants étaient venus de la forêt du Wagadou, vers la frontière Mauritanienne. Tout comme Nampala en janvier 2015, plusieurs sources confirment que les terroristes qui ont attaqué la ville de Nara sont venus de la République islamique de la Mauritanie.
Auparavant, des membres des groupes armés blessés, lors des combats à Léré, ont été internés à l’hôpital régional de Néma dans la wilaya du Hodh Charghi à l’Est de la Mauritanie et au niveau de l’hôpital militaire de Nouakchott, afin de bénéficier de soins nécessaires.
Si l’attaque de Léré qui a été revendiqué par la CMA a coûté la vie à 9 militaires maliens, il reste des zones d’ombres sur la provenance du soutien des assaillants et de leur provenance qui selon des sources locales sont venus de la Mauritanie.
En tout état de cause, quelle république est-elle la Mauritanie? Quel rôle joue-t-elle dans la crise au Nord du Mali? Des questions que se posent de plus en plus les maliens sur le pays d’Ould Aziz.
Discrète et apparemment en retrait de la politique intérieure du Mali, la présence de la Mauritanie est facilement reconnaissable à travers ses prises de positions qui ne laissent pas indifférentes dans le feu de la lutte contre le terrorisme au Sahel. À la Mauritanie de cesser ses contorsions diplomatiques pour jouer le rôle qui est le tien dans la chasse aux groupes armés, dont elle a toujours fait son sacro-saint principe.
Aujourd’hui, tous les maliens ont la certitude qu’avec le refus des terroriste de brûler le drapeau mauritanien et la libération de Sanda Ould Boumama, un leader du groupe jihadiste Ansar Eddine par la Mauritanie, il existe un deal entre la nébuleuse et le président Ould Aziz.
En bloc, il existe un véritable pacte entre la Mauritanie et les groupes armés au Mali qui utilisent toutes les astuces pour recruter et exécuter leurs sales besognes.
En attendant, la position de la Mauritanie face au péril qui menace le Mali est ondoyante et diverse. Au fait, toutes les fois qu’elle a été appelée à se prononcer sur le sort qu’il faut réserver aux groupes armés du Nord, le pays d’Aziz a adopté une attitude confuse.
Jean Pierre James
jf16 General de Division
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Sam 14 Juil 2018 - 19:23
Citation :
G5 Sahel : Le tchadien Oumar Bikimo nommé adjoint à l'Etat major de la Force
page d'accueil > Afrique 14.07.2018 Esma Ben Said
AA/Pascal Mulegwa
Le général tchadien Oumar Bikimo a été nommé samedi adjoint à l'Etat-major de la force antiterroriste du G5 Sahel engagé contre les groupes armés dans le Sahel, a annoncé la radio publique tchadienne.
Détenteur de plusieurs médailles de mérite et chevalier de l’Ordre National du Tchad, Bikimo a dirigé entre 2006 et 2013 le contingent tchadien en Centrafrique dans le cadre de l'intervention militaire régionale.
Né en 1960 à Faya Largeau, dans le nord du Tchad, Bikimo a embrassé très tôt la carrière militaire, pour laquelle il semblait être destiné. Stratégie de la défense, il a été commandant intérimaire de la mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) de décembre 2014 à Avril 2015.
Dans son Mali natal, il a occupé plusieurs fonctions à la présidence de la République et au ministère de la défense.
Oumar Bikimo remplace à ce poste le burkinabé Yaya Séré qui a été relevé de ses fonctions avec le général malien Didier Dacko qui commandait la force du G5 Sahel.
Le ministre nigérien de la défense Kalla Moutari a affirmé jeudi que le général malien limogé après l’attaque terroriste qui a frappé le quartier général du G5 Sahel, le vendredi 29 juin dernier, coûtant la vie à au moins deux militaires et un civil, devrait être remplacé par un Mauritanien.
Constituée du Burkina Faso, du Mali, de le Mauritanie, du Niger et du Tchad, le G5 Sahel est une organisation créée en 2014 pour faire face aux problèmes sécuritaires que rencontrent les différents pays membres, notamment le terrorisme.
Soutenue par l’ONU et l’Union Africaine, cette force conjointe doit disposer de 5000 hommes pour remplir sa mission
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Dim 15 Juil 2018 - 16:55
Citation :
Un général mauritanien nommé à la tête de la Force conjointe du G5 Sahel
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 15-07-2018
Le général malien Didier Dacko n’aura pas fait long feu à la tête de la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5], qui doit réunir 5.000 soldats fournis par le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie pour lutter à la fois contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic d’êtres humains. En effet, il sera remplacé par le général mauritanien Hanena Ould Sidi, lequel sera secondé par le général tchadien Oumar Bikimo.
Cette décision de remercier le général Dacko et son adjoint, le colonel burkinabè Yaya Séré, a été prise lors de la réunion du G5 Sahel, organisée à l’occasion du sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Nouakchott [Mauritanie], le 2 juillet dernier. Mais elle n’avait pas encore été officiellement annoncée. Il faut dire que, trois jours plus tôt, le quartier général de la Force conjointe, à Sévaré [Mali] avait été l’objet d’une « attaque complexe » revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM]. Sans doute qu’il a été estimé que le moment n’était pas opportun…
Le remplacement du général Dacko à la tête de la FC-G5S traduit probablement une certain impatience à l’égard des autorités maliennes, à qui il est reproché, comme l’a dit Jean-Jacques Bridey, le président de la commission « Défense » à l’Assemblée nationale, de « ne pas être à la hauteur des enjeux et de la gravité de la situation. »
En outre, le général malien paie sans doute aussi pour la mort de 12 civils lors d’un opération menée en représailles de l’assassinat d’un soldat de la FC-G5S dans la région de Mopti, le 19 mai. Or, la force africaine est attendue sur le terrain des droits de l’Homme. C’est d’ailleurs à cause de doutes exprimés par les États-Unis à ce sujet qu’elle n’a pas pu bénéficier d’un financement des Nations unies.
Le général Ould Sidi a notamment dirigé le renseignement militaire mauritanien. Un domaine où, justement, la FC-G5S présente des carences. « Si l’état-major a été attaqué, c’est qu’il y a énormément de failles que nous nous devons de corriger si nous voulons stabiliser la région du Sahel », avait d’ailleurs commenté Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, après l’attaque du quartier général de Sévaré.
Quant au général Bikimo, il connaît très bien le Mali pour y avoir commandé les forces tchadiennes ayant participé à l’opération française Serval en 2013. Il a ensuite occupé les fonctions de chef adjoint de la force militaire de la Mission des Nations unies (MINUSMA) entre 2015 et 2016.
Cela étant, il reste à voir comment les forces maliennes, nigériennes et burkinabè prendront cette décision. Ces dernières ont été les seules à prendre part aux trois premières opérations menées par la FC-G5S sur le fuseau « centre », c’est à dire celui de la région dite des trois frontières (aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso).
En outre, ce changement ne réglera pas les problèmes qui se posent actuellement à cette force conjointe. L’argent promis pour son financement tarde à être débloqué, de même que les bataillons devant être mis à sa disposition n’ont pas tous été déployés. Et l’on ne parle pas du rythme (jugé trop lent) de son équipement, en particulier au niveau des transmissions. Initialement, la FC-G5S aurait dû atteindre sa pleine capacité opérationnelle en mars 2018…
« S’agissant de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel, l’équipe [de l’ONU] chargée de l’examen a estimé que ses résultats seraient limités, au moins dans un premier temps, si le problème de ses ressources limitées n’était pas rapidement réglé », a ainsi averti le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans son dernier rapport relatif à la situation au Mali.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 20 Juil 2018 - 23:29
Citation :
Présidence du Faso
Lutte anti-terroriste au Sahel : la ministre des Armées française échange avec le Président du Faso
(Ouagadougou, 20 juillet 2018) – Le Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a reçu en audience dans la matinée de ce vendredi, la ministre des Armées française, Madame Florence Parly. Cette visite de courtoisie au Président du Faso s’inscrit dans le cadre d’une tournée que la ministre française a entreprise dans les pays membres du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad). Cette tournée, a expliqué Madame Parly, fait suite aux décisions issues de la rencontre entre les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République française, Emmanuel Macron, le 2 juillet dernier à Nouakchott en Mauritanie, en marge du Sommet de l’Union africaine. Au cours de cette rencontre, en effet, il avait été convenu de poursuivre la lutte contre les groupes terroristes qui écument la région, tant par la Force conjointe du G5 Sahel, que par la Force Barkhane. Mme Parly a affirmé être venue s’assurer de la poursuite de ces opérations et des travaux de planification. « Nous-nous sommes mis d’accord avec le Président du Faso pour poursuivre la coordination et l’approfondissement des opérations qui sont menées, d’une part par les Forces armées burkinabè, et d’autre part par la force conjointe du G5 Sahel et d’autres forces alliées, qui peuvent venir en appui», a-t-elle précisé. L’objectif est qu’il n’y ait pas de sanctuaires pour les terroristes, a ajouté la ministre des Armées française. La Direction de la Communication de la Présidence du Faso
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 10 Aoû 2018 - 15:19
Citation :
La malédiction Boko Haram continue de frapper la pêche, principale richesse du lac Tchad
Maiduguri (Nigeria), 10 août 2018 (AFP) -
Le répit a été de courte durée pour Aminu Mohammed. Avec le retour d'un semblant de stabilité dans le nord-est du Nigeria, où sévit le groupe jihadiste Boko Haram, le commerce reprenait doucement et ce pêcheur de 45 ans naviguait à nouveau sur le Lac Tchad.
Mais il y a trois mois, l'activité s'est une fois de plus arrêtée brutalement.
L'armée, qui a lancé en mai une énième opération militaire dans la région, a instauré de nouvelles restrictions le temps de "nettoyer" les îles du lac infestées de combattants jihadistes, au carrefour de quatre pays (Cameroun, Nigeria, Niger, Tchad).
"Interdiction de pêcher, interdiction de vendre le poisson" jusqu'à fin août, date à laquelle l'opération Last Hold est censée s'achever, résume avec colère ce père de 6 enfants qui, comme de nombreux pêcheurs, brave les interdits pour survivre.
Les risques sont immenses. "Boko Haram rôde sur le lac et quand ils ne nous tuent pas, ils prélèvent 10.000 nairas (23 euros) pour nous autoriser à pêcher", témoigne Aminu Mohamed auprès de l'AFP.
Autrefois grouillant d'activité, le marché aux poissons de Maiduguri, la capitale de l'Etat du Borno et plaque tournante de ce commerce, a piteuse allure après neuf années de conflit.
La plupart des étals, vides, sont recouverts de bâches en plastiques et leurs propriétaires, les commerçants haoussa et kanouri qui y ont fait fortune durant des siècles, sont partis vers le sud-est. Ils achètent désormais leur poisson à la frontière camerounaise.
Yakubu Dangombe est l'un des rares à être resté: il a deux millions de nairas (environ 4.700 euros) de marchandises bloquées depuis des semaines à 200 km de là, à Baga, principal port de pêche sur le versant nigérian du lac, les soldats interdisant aux convois commerciaux de prendre la route.
"J'ai 35 enfants, je ne peux plus les nourrir ni payer leurs frais de scolarité, c'est un désastre", affirme ce négociant jadis prospère.
- "Pénurie et inflation" -
De maigres stocks de poissons destinés à la consommation locale parviennent tout de même à Maiduguri, officiellement en provenance de Yola, dans l'Etat voisin d'Adamawa. En fait, c'est de la contrebande venue du lac, par ballots de 10 ou 30 kg "cachés dans les coffres des voitures sous les valises de voyageurs", raconte un vendeur sous couvert d'anonymat.
Résultat, la pénurie a fait explosé les prix du poisson: le tas (7 à 8 poissons) est passé en trois mois de 4.000 à 10.000 nairas.
Les clients se rabattent parfois sur d'autres sources de protéine. Dans les grands bidons en ferraille où l'on séchait et fumait des quantités industrielles de tilapias et de perches, on trouve désormais du varan et du chat fumés.
Avant le conflit, l'industrie de la pêche était la première source de revenus et d'emploi de la région, avec une production de 80.000 à 100.000 tonnes par an, d'une valeur estimée entre 54 et 220 millions de dollars (FAO, mars 2014).
Plus de 200 camions quittaient Baga chaque semaine pour alimenter les marchés de tout le pays, jusqu'aux mégapoles surpeuplées du sud, comme Lagos ou Port-Harcourt.
Mais les malheurs se sont abattus les uns après les autres sur les acteurs de la filière. Selon le principal syndicat de pêche du Borno, plus de 200 communautés de pêcheurs ont été rasées par les jihadistes, qui ont aussi volé ou détruit leurs bateaux et leurs filets.
Au total, plus de deux millions de personnes ont été déplacées et plus de 11 millions dépendent de l'aide humanitaire, souvent insuffisante, pour se nourrir dans les quatre pays riverains du Lac.
Au pic de l'insurrection (2013-2014), alors que Boko Haram régnait en maître sur les pourtours du lac, les autorités nigérianes, tchadiennes et nigériennes ont totalement interdit la pêche pour couper ce qui était devenu une importante source d'approvisionnement pour les jihadistes.
- "Racket généralisé" -
De nombreux pêcheurs ont été arrêtés par l'armée, accusés de financer les insurgés qui prélevaient - de force - des "taxes" et une partie des stocks de poissons.
Les armées de la région ont finalement repris le contrôle de la plupart des territoires, poussant les jihadistes à se retrancher davantage vers l'intérieur du lac, très difficile d'accès.
Grâce à la reprise de la circulation sur l'axe Baga-Maiduguri, suivie quelques mois plus tard de la réouverture officielle du grand marché de Baga, l'activité reprenait progressivement fin 2016.
Mais là encore, les commerçants se plaignaient du racket généralisé, non plus par Boko Haram, mais par les militaires nigérians, avec la complicité d'autorités locales, faisant tripler le coût du transport depuis Baga, selon Assa Yuni, un commerçant de Maiduguri.
Le secrétaire du syndicat des producteurs et vendeurs de poissons du Borno, Mallam Baba Musa, estime que la forte hausse des prix est justifiée.
"Les gens voudraient que tout redevienne comme avant mais ce n'est pas si simple, il faut payer les escortes armées sur la route, car la situation reste volatile", explique-t-il.
"Faux prétexte", rétorque Yakubu Dangombe, dont les poissons sont toujours bloqués à Baga. "Que ce soit avec les militaires ou Boko Haram, nous sommes coincés entre le marteau et l'enclume".
Par RFI Publié le 26-08-2018 • Modifié le 26-08-2018 à 02:06
Le Niger a renforcé depuis deux mois ses patrouilles à sa frontière sud avec le Nigéria, dans la région de Maradi. Les autorités de Niamey entendent faire face la montée à l'accroissement des enlèvements, dus à des criminels qui se mêlent aux réfugiés du Nigéria voisin, qui fuient des opérations militaires engagées contre les actes de banditisme dans l'Etat de Zamfara.
A en croire le gouverneur de la région de Maradi, depuis quelques mois des familles entières traversent la frontière du Nigéria vers le Niger. Parmi eux des retournés, c’est-à-dire des Nigériens qui rentrent au pays, mais aussi des Nigérians, souvent de proche parenté et qui sont très bien accueillis de ce côté-ci de la frontière.
Mais parmi ces populations se sont infiltrés des bandits qui « viennent à moto et enlèvent des personnes un peu aisées », dont les familles sont susceptibles de collecter une rançon, explique Zakari Oumarou, le gouverneur de Maradi. Des criminels auxquels « s’associent » des Nigériens qui « facilitent ces enlèvements ».
En conséquence, les autorités nigériennes ont renforcé les patrouilles dans ce secteur frontalier, pour filtrer les réfugiés et stopper cette montée d'insécurité. Pour plus d’efficacité, elles font appel à la vigilance de la population locale. Une « collaboration » dont se réjouit Zakari Oumarou. D’autant que les informations ainsi récoltées sont échangées « avec les Etats fédérés du Nigéria, pour prendre des mesures communes ».
A noter que ces actes délictueux sont le fait de bandits et non de groupes en lien avec Boko Haram.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Mer 29 Aoû 2018 - 15:26
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Le PC du fuseau « Est » de la Force du G5 Sahel bientôt transféré dans la région tchadienne du Tibesti
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 29-08-2018
La Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], dont la création a été vivement encouragée et soutenue par la France, est organisée selon trois fuseaux : Ouest pour la frontière entre le Mali et la Mauritanie, Est pour la frontière entre le Tchad et le Niger et Centre, pour la région dite des trois frontières.
Devant compter jusqu’à 7 bataillons (soit 5.000 hommes) fournis par le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Niger, cette force conjointe a mené plusieurs opérations au cours de cet été : « Gourma » pour le fuseau centre, « Odossou » (vigilance) pour celui de l’Est et El Emel (espoir) pour celui de l’Ouest. Les deux dernières ont été conduites simultanément du 1er au 12 juillet.
« Premières du genre dans les Fuseaux EST et OUEST,ces opérations ont permis d’activer les Postes de Commandement de ces Fuseaux confirmant ainsi leur opérationnalisation. Elles ont porté l’effort sur des actions de contrôle de zone en vue d’y empêcher la libre circulation des terroristes et des Groupes Criminels Organisés transfrontaliers », a expliqué le secrétariat permanent du G5 Sahel.
Actuellement, les opérations conduites dans le fuseau Est dépendent d’un poste de commandement (PC) installé à N’Djamena. Mais cela ne devrait plus être le cas prochainement étant donné qu’il est désormais question de le redéployer à Wour, localité située dans la région du Tibesti, à l’extrême nord-est du Tchad.
Mais avant d’effectuer ce transfert, les expert du 25e Régiment du Génie de l’Air (RGA) ont vérifié l’état de la piste (sommaire) d’aviation de la petite ville de Zouar, située sur les contreforts ouest du Tibesti. Et, le 15 août, un avion de transport Transall C-160 de l’armée de l’Air s’y est posé, avec, à son bord, une délégation de la FC-G5S et de la force Barkhane, venue rencontrer les autorités locales.
« Pour la force conjointe, cette piste à peine rouverte est un point de départ. L’objectif final est quelques kilomètres plus au nord : à Wour, toujours en lisière ouest du Tibesti, à 200 km de la frontière libyenne à vol d’oiseau », explique l’État-major des armées (EMA).
Actuellement, deux bataillons de la FC-G5S sont déployés dans ce secteur afin de surveiller la frontière libyenne et bloquer la circulation et la logistique des groupes jihadistes. L’un, nigérien, a pris ses quartiers à Madama, une base avancée française, l’autre, tchadien, opère depuis Wour. Aussi, le transfert du PC pour le fuseau Est est censé « faciliter » leur commandement.
Pour cela, un bâtiment doit être construit pour abriter ce PC, avec le soutien financier de l’Union européenne. « Le projet a été validé […] et le dossier est maintenant dans les mains d’Expertise France’, son opérateur d’assistance à maîtrise d’ouvrage, qui contractualisera et initiera le chantier », a précisé l’officier français représentant la force Barkhane auprès de son homologue du G5 Sahel.
À noter que la région du Tibesti, riche en ressources aurifères, a récemment été le théâtre d’une offensive contre la localité de Kouri Bougri, menée le 11 août depuis la Libye par le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République, une organisation rebelle créée en juillet 2016. Suite à cela, N’Djamena a lancé une opération militaire dans cette zone afin d’en chasser les « milliers d’orpailleurs » qui y exploitent l’or de façon « illégale », selon Ahmat Mahamat Bachir, le ministre tchadien de la Sécurité.
Quoi qu’il en soit, du point de vue français, comme l’a souligné le président Macron lors de son discours prononcé lors de la Conférence des ambassadeurs, le 27 août, le G5 Sahel est la « seule organisation « qui, dans la durée, permettra la stabilité parce qu’elle implique pleinement les cinq pays du Sahel concernés à leur propre sécurité. » Et d’ajouter : « Il nous faut veiller à sa mise en œuvre et dans les prochaines semaines et les prochains mois, nous aurons à conduire de nouvelles opérations conjointes avec ces forces du G5. Il nous faut aussi renforcer la coopération avec l’Algérie, exposée au même risque terroriste, ainsi qu’avec le Nigéria et le Cameroun, engagés contre Boko Haram. »
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Lun 3 Sep 2018 - 17:36
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L’armée nigériane ne cesse de subir de lourdes pertes face aux jihadistes de Boko Haram
Posté dans Afrique, Opérations, Terrorisme par Laurent Lagneau Le 03-09-2018
Non, contrairement à ce qu’a affirmé son président, Muhammadu Buhari, lors de ses voeux pour 2018, le Nigeria n’en a pas fini avec le groupe jihadiste Boko Haram. Ou du moins avec l’une de ses deux factions.
Depuis 2015, et grâce à l’action d’une Force multinationale mixte (FMM) dont les effectifs étaient fournis par le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger, le groupe jihadiste, lié à l’État islamique, a été mis sur la défensive, perdant l’essentiel des territoires qu’il prétendait contrôler.
Pour autant, même divisé en deux factions – l’une dirigée par son chef « historique », Abubakar Shekau, l’autre, reconnue par l’EI avec Abou Mosab al-Barnaoui à sa tête – Boko Haram continue de faire régner la terreur dans la région du Lac Tchad. Et, au cours de l’année 2017, il fut constaté une recrudescence des attaques menées par l’une ou l’autre branche de l’organisation jihadiste.
Et, dans un récent rapport remis au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a décrit le groupe « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » [ISWAP], c’est à dire la faction de Boko Haram dirigée par al-Barnaoui, comme étant une organisation semblant « représenter la principale menace de l’EI en Afrique de l’Ouest », compte tenu de « sa taille et des ressources financières dont il dispose à présent ».
Visiblement, les forces armées nigérianes éprouvent de grandes difficultés pour combattre l’ISWAP, qui leur a infligé de lourdes pertes au cours de cet été.
Ainsi, le 14 juillet, les jihadistes, vêtus d’uniformes et circulant à bord de véhicules aux couleurs de l’armée nigériane ont attaqué la base de Jilli, située à une soixantaine de kilomètres de la ville de Geidam, dans l’État de Yobe.
Depuis, les autorités nigérianes n’ont pas publié de bilan officiel des combats. « Nous avons perdu pas mal de soldats et de matériel à Yobe », a simplement commenté un haut responsable militaire nigérian. L’on sait seulement qu’il a été officieusement fait état d’au moins 31 tués et de 24 blessés parmi les 700 soldats de la 81e division qui défendaient cette base, contrôlées brièvement par l’ISWAP. En outre, 63 autres, avec leur commandant, ont réussi à fuir vers Geidam. Quant aux autres, l’on suppose qu’ils ont aussi pris la fuite avant de revenir dans leur caserne après le départ des jihadistes.
Un peu plus d’une semaine plus tard, des jihadistes, appartenant vraisemblablement à l’ISWAP, ont brièvement pris le contrôle de la base de Jakana, implantée près de Maiduguri, dans l’État de Borno, avec une trentaine de véhicules lourdement armés. Là encore, aucun bilan officiel de l’attaque n’a été communiqué. Si ce n’est qu’il a été annoncé que 23 soldats avaient été portés disparus, la veille, après une embuscade sans doute tendue par les hommes d’Abubakar Shekau, dans la région de Bama.
Ces attaques ont conduit l’état-major nigérian à nommer un nouveau chef à la tête des opérations contre Boko Haram, en la personne du général A.M Dikko. Le quatrième en 14 mois… Pour autant, ce jeu de chaises musicales n’a eu, comme l’on peut s’en douter, aucun effet.
Car le 8 août, l’ISWAP a lancé une nouvel assaut contre une base militaire, en l’occurrence celle de Garunda, dans la région du lac Tchad. L’organisation jihadiste a, par la suite, diffusé des images de cette attaque, qui aurait fait au moins 17 tués dans les rangs de l’armée nigériane. Sur ces dernières, l’on voit que les assaillants ont récupéré beaucoup d’armes et l’on remarque la présence d’un drone de loisir, sans doute utilisé au cours de l’assaut.
La liste des bases de l’armée nigériane attaquées ne s’arrête pas là. Le 30 août celle de Zari, située entre la frontière du Niger et le bassin du lac Tchad, qui sert de zone de repli pour l’ISWAP, a été prise d’assaut par les jihadistes. Ce qui a donné lieu à un nouveau massacre.
Dans un premier temps, il a été fait été de 31 soldats tués et de 17 autres blessés. Mais un nouveau bilan officieux, communiqué ce 3 septembre par un officier à l’AFP, évoque la mort de 48 soldats. Ce qui a été confirmé par une autre source militaire.
Les assaillants « sont arrivés en grand nombre dans des camions et transportaient des armes lourdes. Ils ont engagé des soldats dans une bataille qui a duré une heure », a témoigné l’officier nigérian. « Leur force de frappe a été si puissante que les troupes ont été contraintes de se replier temporairement avant l’arrivée des renforts » terrestres et aériens, a-t-il ajouté.
L’ISWAP a revendiqué cet assaut via un court communiqué, de même qu’une autre attaque « au mortier », la veille, contre la base de d’Arge, dans la région du Lac Tchad. Cette dernière n’a pas pu être confirmée.
S’agissant des événements à Zari, les autorités nigérianes n’ont officiellement reconnu qu’un « combat important » au cours duquel « plusieurs insurgés » ont été tués. Quant aux pertes militaires, c’est le silence radio… Il faut dire que ces attaques meurtrières, commises régulièrement par l’ISWAP, jouent évidemment sur le moral des troupes. Le mois dernier, des centaines de soldats nigérians ont manifesté leur refus d’être déployés sur une base dans la région du lac Tchad.
Cette situation n’est pas une surprise. Un rapport du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, publié à la fin de l’année 2017, déplorait le retrait des soldats tchadiens de la Force multinationale mixte ainsi que les « allégations de de violations des droits de l’homme par le personnel de sécurité », lesquelles compromirent « la coopération avec les communautés touchées et la collecte de renseignements. » En outre, le document soulignait « la nécessité d’une stratégie globale de lutte contre Boko Haram. »
Le problème est que l’ISWAP, qui dispose maintenant d’un arsenal important tout en mettant en oeuvre des tactiques nouvelles que les forces nigérianes peinent à contrer, étendrait son influence au-delà la région du lac Tchad, des cellules lui étant affiliées ayant été démantelées au Sénégal. Les individus arrêtés et jugés (une trentaine) ont indiqué avoir été entraînés par Boko Haram au Nigéria. En outre, des éléments de cette organisation jihadistes seraient également présents en Libye.
Photo : attaque de la base de Garunda – capture d’écran via Long War Journal
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Mar 4 Sep 2018 - 20:46
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mardi 4 septembre 2018
Les Italiens débarquent à Niamey
Quelques mois après les annonces politiques, les Italiens viennent d'envoyer leurs 25 premiers formateurs à Niamey (Niger), portant le contingent à environ 80 personnels. Ces formateurs (militaires et carabiniers) sont essentiellement spécialisés dans la protection défense et la gestion des foules.
Le parlement italien avait annoncé le déploiement de 470 militaires, mais il n'est pas sûr que ce niveau soit en fait atteint, dans les faits. Ces 80 personnels bénéficient actuellement du soutien des Français et des Américains, notamment pour leur logement.
Rappelons qu'outre ces trois pays, les Allemands alignent pour leur part une centaine de militaires en charge du soutien médical de la Minusma, avec deux Transall.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Mer 5 Sep 2018 - 20:31
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mercredi 5 septembre 2018
Comment la France investit au Niger
Arrivée massivement avec Serval en 2013, la France accentue son effort d'investissement dans l'infrastructure de sa base de Niamey. D'ici la fin de la décennie, Paris va doubler son parking avions, son dépôt de carburant (en vue de l'arrivée du Phénix), et améliorer les capacités d'accueil des transitaires.
Parmi les améliorations en vue pour ces derniers, un camp de toile neuf, des sanitaires en dur, une chaîne d'accueil in et out climatisée. Le nouveau parking permettra l'accueil des Phénix servant aux relèves et au ravitaillement en vol. Dans la première mission, la gestion des relèves sera donc grandement facilitée.
Certes, vu de Paris, tout cela peut sembler minime, mais pas sur place, d'autant plus que l'essentiel de ces travaux à réaliser profite à l'économie locale.
Des mutualisations sont aussi visées entre les occupants étrangers de la base de Niamey, notamment dans le soutien médical, la lutte anti-incendie, la protection-défense et la gestion de l'eau 40.000 transitaires en in et en out fréquentent chaque année la base française qui assure 80% de l'accueil des relèves de Barkhane.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 7 Sep 2018 - 15:31
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Sahel : les États-Unis placent le GSIM d’Iyag Ag Ghali sur leur liste noire des « organisations terroristes »
07 septembre 2018 à 13h14 | Par Benjamin Roger
Le principal groupe jihadiste actif au Sahel a été placé sur la liste américaine des « organisations terroristes ». Son fondateur, le Malien Iyad Ag Ghali, y figure depuis 2013.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) figure désormais sur la liste noire des organisations considérées comme « terroristes » par les États-Unis. Un communiqué diffusé mercredi 5 septembre par le département d’État américain précise que cette décision « vise à l’empêcher d’avoir accès aux ressources nécessaires pour planifier et perpétrer des attaques terroristes ». En clair, les éventuels avoirs de ses responsables aux États-Unis sont gelés et les ressortissants américains sont interdits de tout échange matériel ou financier avec lui.
Selon Nathan Sales, coordinateur de la lutte contre le terrorisme au département d’État, interrogé par Reuters, « Al Qaïda et ses affiliés, comme le GSIM, demeurent des menaces mortelles pour les États-Unis et nos alliés. Leur inscription fait partie de nos efforts continus pour assécher les finances d’Al Qaïda. »
Nombreuses attaques au Sahel
Alliance de katibas liées à Ansar Eddine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou encore Al-Mourabitoune, le GSIM a été fondé en mars 2017 par le Malien Iyad Ag Ghali, qui fait aujourd’hui figure d’ennemi public numéro un dans les pays sahéliens. La plupart de ces groupes, comme Ag Ghali, figuraient déjà séparément sur la liste américaine des « organisations terroristes ». En février, Ansarul islam, un groupe jihadiste burkinabè actif dans le nord du Burkina Faso, avait aussi été placé sur cette liste noire.
Depuis sa création, le GSIM a multiplié les attaques au Mali, mais aussi au Burkina Faso et au Niger voisins. Il a notamment revendiqué le double attentat du 2 mars contre l’état-major et l’ambassade de France à Ouagadougou, qui avait fait 8 morts. Considérée comme la principale organisation jihadiste du Sahel, le GSIM détient par ailleurs la Française Sophie Pétronin, enlevée fin 2016 à Gao, dans le nord du Mali.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Jeu 27 Sep 2018 - 20:19
Citation :
Le Burkina Faso, maillon faible du combat contre les groupes jihadistes au Sahel?
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 27-09-2018
Au printemps 2017, la force française Barkhane mena les opérations Bayard et Dague au Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso. L’objectif était alors de détruire des camps tenus par le groupe jihadiste burkinabè « Ansarul Islam », alors responsable de plusieurs attaques dans la région du Soum. Plusieurs dizaines de combattants furent tués ou capturés et le fondateur de cette organisation, Malam Dicko, y laissa probablement la vie [il aurait été depuis remplacé par Jafar Dicko, ndlr].
Pour autant, le succès de ces opérations ne mit pas un terme aux activités jihadistes dans le nord et l’est du Burkina Faso. Et, au delà des attentats de Ouagadougou (2 mars), le nombre d’attaque semble s’être amplifié au cours de ces dernières semaines. Ainsi, fin juillet, cinq militaires burkinabè furent tués par l’explosion d’un engin explosif improvisé, de même que, quelques jours plus tard, cinq gendarmes.
Plus récemment, les villages de Diabiga et de Kompienbiga, dans l’est, ont été attaqués au cours de la nuit du 14 au 15 septembre. Bilan : 8 civils tués. Deux jours après, un missionnaire italien, Pier Luigi Maccolli, a été enlevé à Bamangoa, au Niger, par des hommes armés venus du Burkina Faso voisin. Ce rapt a été suivi, le 23 septembre, par celui de trois employés (dont un Indien et un Sud-Africain) de la mine d’or d’Inata. Dans la foulée, 3 des 10 gendarmes partis à leur recherche ont perdu la vie dans une embuscade qui leur avait été tendue dans les environs de Tangomayel.
Puis, le 26 septembre, 8 soldats burkinabés ont été tués après que leur véhicule, en tête de convoi, a sauté sur une mine artisanale après avoir franchi un pont dans les environs de Baraboulé, lors d’un déplacement vers Djibo, le chef-lieu de la province du Soum.
« [Ces] attaques lâches et horribles n’entameront jamais notre commune détermination à défendre l’intégrité du territoire national, à rétablir la paix et la sécurité pour le bonheur et la prospérité du peuple burkinabè », a commenté Roch Marc Christian Kaboré, le président du Burkina Faso.
Une semaine plus tôt, son Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, avait évoqué une situation sécuritaire « considérablement dégradée depuis le début de cette année 2018. » Et d’ajouter, lors d’une intervention au Parlement : « Il s’agit sans doute d’une guerre. Une guerre injuste et imposée à notre peuple. Nous allons la mener pour défendre chaque pouce de notre territoire. Nous allons la mener pour assurer la sécurité des Burkinabè et de leurs biens. »
Alors que la Force conjointe du G5 Sahel se met en place avec le soutien de Barkhane, la situation, le Burkina Faso suscite beaucoup d’inquiétudes. Au moins deux raisons peuvent expliquer la dégradation sécuritaire constatée. La première est que la population du Soum, relativement délaissée par Ouagadougou, a été « travaillée » par Malam Dicko, ce dernier lui ayant tenu un discours « social » en prônant l’égalité entre les classes sociales et la remise en cause des chefferies coutumières.
« Cette rhétorique lui vaut un écho considérable, surtout parmi les jeunes et les cadets sociaux. Même s’il perd une grande partie de ses adeptes lorsqu’il bascule dans la lutte armée, il parvient à en conserver suffisamment pour mener une guerre de basse intensité contre les autorités locales et nationales », notait, en 2017, un rapport de l’International Crisis Group.
La seconde raison est que les forces de sécurité ont été considérablement affaiblies de le départ du président Blaise Compaoré, en octobre 2014. Les armées ont été désorganisées et les unités classiques et/ou dites « d’élite », comme le 25e régiment de parachutistes commandos, n’ont nullement bénéficié de la dissolution, en 2015, du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), lequel « vampirisait » en quelque sorte leurs moyens. En outre, les capacités en matière de renseignement sont bien trop faibles pour avoir une quelconque efficacité.
Un point qu’a soulevé l’opposition burkinabè. « L’insécurité prend des proportions inquiétantes dans notre pays. Dans la région de l’Est en plus des attaques par mines piégées contre les forces de défense et de sécurité, les assaillants s’en prennent à des édifices publics et assassinent froidement des civils […] Les attaques auraient pu être circonscrites voire stoppées si nos autorités avaient équipé de manière adéquate nos forces de défense et de sécurité. Si elles avaient suffisamment réorganisé et outillé les services de renseignements tout en veillant à ce que le moral de nos valeureux soldats demeure haut. Mais tel n’est pas le cas », a ainsi déploré Jean Nacoulma de l’Union pour le progrès et le changement [UPC].
Cela étant, si le groupe Ansarul Islam a beaucoup fait parler de lui entre 2016 (année de sa création) et 2017, il n’est pas certain qu’il soit derrière les dernières attaques commises au Burkina Faso, faute de revendication [seules les attaques de Ouagadoudougou, en mars, ainsi que le rapt d’un enseignant et le meutre d’un élu, en avril, ont respectivement été revendiqués par le Groupe de soutien à l’islam et au musulmans et l’État islamique au Grand Sahara, ndlr].
« La situation dans le Nord et l’Est du Burkina-Faso reste fragile. Il n’est pour le moment pas possible de caractériser qualitativement la dizaine d’attentats à l’engin explosif improvisé qui ont eu lieu dans cette zone depuis presque un an. Ces attaques n’ont pas été revendiquées », a ainsi expliqué l’État-major des armées, à Paris, dans son compte-rendu de l’opération Barkhane, la semaine passée.
Pour le chercheur Mahamoudou Savadogo, les auteurs de ces attaques pourraient être des membres de l’État islamique au Grand Sahara [EIGS], une organisation durement frappée par Barkhane ces derniers temps. Ils « repliés dans l’est du Burkina, le maillon faible de la sous-région », a-t-il dit, dans les colonnes du quotidien Le Monde.
« On voit que la cellule utilise la même stratégie que les jihadistes des pays voisins : elle s’est formée en s’appuyant sur des chefs influents des communautés locales. Ses leaders seraient des fils de dignitaires de la région, radicalisés après un séjour au Mali pour étudier le Coran. Le mode opératoire prouve qu’il s’agit d’individus maîtrisant parfaitement le terrain et la forêt, donc natifs de la région et expérimentés dans l’art de la guerre », a expliqué M. Savadogo.
En outre, s’installer dans les régions de l’est du Burkina Faso présenterait plusieurs avantages pour ces jihadistes. Cela « permet de mettre la main sur les couloirs des trafics : braconnage, armes, ivoire et drogue » et « en ouvrant un nouveau front dans l’Est, ces éléments viseraient à mettre en difficulté la stratégie de la force conjointe du G5 Sahel », estime le chercheur burkinabè.
Pour Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, alors il y aura un risque de contagion à des pays jusque-là relativement épargnés par le phénomène jihadistes. « Si l’Est est pris, il y a le risque de débordement vers des pays qui étaient très éloignés de l’épicentre du jihadisme, comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire », estime-t-il.