messages : 1646 Inscrit le : 10/05/2009 Localisation : alger Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: le Sahel zone de non-droit Lun 11 Jan 2010 - 19:34
Rappel du premier message :
pour illustrer ce nouveau fil de discussion et lancer le debat je vous invite a lire cet article HALLUCINANT sur la realité des filieres d emigrations clandestines au Mali
Citation :
Trafic d’Etres humains au Nord du Mali
Le voyage de la peur
Depuis plusieurs mois, TTU tente de comprendre l’évolution dans la bande du Sahel et dans la région Touarègue. A Gao, capitale de la 7e Région du Mali (au nord du pays), le quartier Château abrite depuis plusieurs années une antenne de transit d’immigrants clandestins qui viennent en général de nombreux pays d’Afrique francophone ou anglophone mais également du Sri-Lanka (le plus souvent des Tamouls), du Pakistan, etc à destination de l'Europe via les pays les pays méditerranéens. Les listes des « passagers » sont établies par ordre d’arrivée. Les passeurs, bien connus des services, sont également inscrits dans cet ordre. Comme on dit dans le milieu, « chacun attend son tour ».
Mais il ne suffit pas d’être premier sur la liste pour trouver son strapontin dans la première caravane pour la Méditerranée. Des négociations sont d’abord menées entre les passeurs, les chefs des groupes d’immigrants et les chefs d’antennes sur « les frais de transport et les risques ». Selon nos informations locales, les discussions peuvent souvent durer plusieurs jours avant d’aboutir à une entente entre les parties (immigrants et chefs des groupes d’immigrants, passeurs et chefs des groupes d’immigrants, et enfin entre les passeurs et les chefs d’antenne…). Les chefs des groupes d’immigrants rendent compte à leurs camarades et ensuite procèdent à la collecte de l’argent qui constitue, comme dans tout groupe mafieux, le butin. Les chefs des groupes des immigrants (ceux qui sont adoubés par les immigrants pour les représenter dans les négociations) prélèvent un pourcentage avant la remise de l’argent aux responsables de l’antenne de transit. Les chefs d’antenne prélèvent aussi leur pourcentage avant la remise de l’argent aux passeurs. Quant aux passeurs, ils remettent un autre pourcentage aux chefs d’antenne pour garantir le prochain voyage. L’argent généré est ensuite blanchi selon différents circuits encore mal connus.
Le voyage démarre sous l’œil bienveillant des agents des services de sécurité maliens qui touchent au passage, de la part des passeurs et de l’antenne, « le prix d’un thé… ». La caravane des immigrants traverse le Sahara touareg malien pour entrer en Algérie, Libye, Maroc… Ils sont des milliers à tenter chaque année la « traversée » du Sahara. Cette rotation d’immigrants est permanente et selon une interminable chaîne où chacun, ou presque, trouve son compte sur le dos des immigrants.
Pour rejoindre, depuis Gao, la ville de Tamanrasset (Sud Algérien), le voyage harassant dure de 5 à 7 jours. Les clandestins (hommes et femmes) sont entassés dans les véhicules comme du bétail. Ils font en général partie d’une caravane de plusieurs véhicules (2 à 6 véhicules). Ils traversent le territoire des Touaregs de l’Adrar des Iforas dans le Nord du Mali (région de Kidal) pour atteindre l’Algérie. Des droits de passage sont possibles. Quand ils réussissent à rejoindre Tamanrasset, le plus grand nombre des immigrants est raflé par la police des frontières algérienne (PAF). Ils sont regroupés dans l’enceinte de la PAF, dans des conditions plus que difficiles. Après plusieurs jours de détention, ils sont mis dans des camions algériens qui les déposent à Tinzawaten, village frontière algérien, situé à quelques kilomètres de la frontière avec le Mali. Dans le cadre de Frontex, le dispositif surveillance de ses frontières extérieures de l’Union Européenne, l’Algérie touche des subventions pour toute reconduite de clandestins à ses frontières ; elle a donc tout intérêt à ce que cette situation perdure ; c’est donc devenu un cycle sans fin dans lequel l’Europe et les Etats Africains sont devenus les principaux piliers du système inhumain qui a cours dans le désert (et en mer).
Survivre et ne pas craindre l’échec
De Tinzawaten, certains immigrants tentent de revenir à Tamanrasset, d’autres cherchent des petits boulots sur place pour trouver l’argent pour rentrer au Mali. Les passeurs qui les suivent dans tous leurs déplacements leur font miroiter un avenir meilleur et leur promettent de réussir là où le premier voyage a échoué. Ceux qui réussissent à échapper à la police algérienne de Tinzawaten ou de Tamanrasset traversent le sud algérien en direction du Nord de l’Algérie, grâce à d’autres passeurs qui, à Tamanrasset, prennent le relais.
Un nombre important d’immigrants (ceux qui ne sont pas arrêtés en chemin) réussit à joindre les grandes Wilayas du Nord de l’Algérie et poursuivent leur route vers la frontière algéro-marocaine. Où ils seront pris en mains par d’autres passeurs, vers le Nord du Maroc, où d’autres passeurs tenteront de leur faire traverser la mer pour entrer en Europe. Le Maroc fera son maximum pour les arrêter, et toujours dans le cadre du dispositif Frontex, touchera des subsides pour les refouler vers l’Algérie.
Les immigrants qui tentent depuis l’Algérie d’aller vers la Libye seront accueillis par des passeurs libyens qui les attendent aux premiers postes frontaliers algéro-libyens (Ghat et Elbarkate). Les passeurs libyens entassent les immigrants les uns sur les autres dans des Peugeot 504 bâchées ou des Mazda et les couvrent d’une bâche pour les dissimuler aux contrôles de police libyens. Ces passeurs partent de Ghat et Elbarkate en passant par Oubari, Sabha (deux grandes régions du sud libyen (dont la majorité de la population est touareg) et arrivent avec leurs immigrants à Tripoli sans difficultés majeures. Sur la route qui mène à la capitale libyenne, chaque fois qu’ils tombent sur un contrôle de police, les passeurs disent « transporter des légumes et des fruits » et glissent quelques billets aux policiers, et cela marche toujours. Dès leur arrivée à Tripoli, certains immigrants cherchent et trouvent un travail journalier. D’autres campent près de la mer en attendant d’entrer en contact avec d’autres passeurs pour traverser la Méditerranée vers l’Europe. La police libyenne organise régulièrement des rafles et garde les immigrants en détention pendant souvent plusieurs mois dans des conditions inhumaines. Périodiquement, des immigrants d’originaire malienne sont expulsés par dizaines et mis dans un avion pour Bamako, capitale du Mali (où ils ne recevront aucun accueil et aucune aide de l’Etat malien pour leur réinsertion au pays et seront donc tentés de repartir à nouveau). D’autres sont rapatriés vers leur pays d’origine en fonction d’accords passés avec ces pays. D’autres immigrants sont relâchés, et tentent leur chance pour quitter la Libye et rejoindre l’Europe par la mer.
Des passeurs sans scrupule : quelques exemples vécus
Certains passeurs prennent en otages leurs passagers après avoir quitté Gao (Nord Mali). On se souvient que fin 2006, près de la frontière algérienne à Insabouk (en territoire Malien), des passeurs ont pris en otages leurs passagers, en majorité des Sri-Lankais (Tamouls), Pakistanais, Camerounais, Gambiens et quelques Maliens. Ils étaient 157 immigrants. Les passeurs avaient réclamé au chef d’antenne de Gao, le nommé Alassane Maiga, la somme de 187 millions de francs CFA (285.000 euros) et fait savoir que « le non paiement de cette somme entrainerait la mort de tous les immigrants…». Les passeurs avaient empêché les immigrants pris en otages de se nourrir et les avaient obligés à boire de l’eau bouillante. Le chef d’antenne de Gao, Alassane Maiga, était alors entré en contact avec les parents de certains immigrants pour leur expliquer la situation et leur demander de contribuer au paiement de la rançon. Des éléments de la rébellion touareg avaient constaté des remue-ménage suspects dans la zone et pensaient qu’il s’agissait de patrouilles de l’armée malienne. Après avoir pris les renseignements nécessaires, ils avaient finalement compris de quoi il retournait.
Dix jeunes combattants de la rébellion touareg avaient alors monté une opération de sauvetage des immigrants. L’assaut avait duré une demi-heure après des échanges des tirs nourris de part et d’autre. Les immigrants avaient été récupérés et les passeurs arrêtés par les Touaregs. L’un des passeurs avait fourni le nom et le numéro de téléphone du chef de l’antenne de Gao. Les combattants touaregs étaient entrés en contact avec ce chef d’antenne, Alassane Maiga, et son second Anara. Leur ayant expliqué le dénouement de la situation, ils leur avaient dit qu’ils étaient « responsables de ce commerce humain, que les passeurs allaient ramener les immigrants à Gao et que si un seul de leurs cheveux était touché », « ils sauraient où les joindre… ». Les Touaregs avaient récupéré les armes des passeurs et les avaient obligés à retourner à Gao avec l’ensemble des immigrants. Que s’est-il passé ensuite ? Ces immigrants sont-ils repartis de Gao pour une nouvelle traversée après ce qu’ils venaient de vivre ? Des centaines de situations comme celle-ci se sont produites et continuent de se produire.
Prenons un autre exemple : un véhicule bâché quitte Gao pour le Sud algérien, avec à bord 25 immigrants clandestins, hommes et femmes, tous entassés les uns sur les autres (véhicule généralement fait pour transporter au maximum 9 personnes). Il tombe en panne à 90 km du poste frontière algérien de Borj Baji Moctar (au Nord-Ouest de Tessalit, qui est le poste frontalier malien). Les provisions sont épuisées puisqu’il est prévu d’entrer en Algérie le même jour, jour de la panne. On est en pleine saison chaude, il fait près de 45° à l’ombre. Le chauffeur, c’est-à-dire le passeur, prend alors la décision de se rendre en Algérie pour chercher un mécanicien et la pièce qui manque. Il confie à son apprenti (d’origine touareg) qui assurait sa protection rapprochée, de veiller sur les immigrants et sur la voiture ; il prévoit d’être de retour dans une journée et de rapporter des provisions. Il part à pied vers Borj Baji Moctar, poste frontalier algérien, situé à 90 km de là. Deux jours passent, il n’est toujours pas de retour. Les immigrants croient qu’ils ont été abandonnés. Ils n’ont pas mangé depuis deux jours. Il ne leur reste plus qu’à se dévorer entre eux. Ils s’emparent de l’apprenti d’origine touareg et le tuent. Il sert de repas pour l’ensemble des immigrants.
Le troisième jour, le passeur n’est toujours pas de retour, ils s’emparent d’une femme qui fait partie du groupe et lui font subir le même sort. D’autres s’en vont, sans aucune orientation, l’essentiel étant de partir quelque part. C’est seulement le quatrième jour que le passeur revient dans une voiture avec un mécanicien, la pièce et des provisions. En s’approchant du lieu de la panne, il constate des vautours qui survolent la zone. De plus près, les immigrants courent à sa rencontre. Il comprend ce qui s’est passé après son départ. Il revient sur ses traces et retourne à Borj Baji Moctar (poste frontalier algérien). Il revient un jour plus tard et trouve sur place seulement deux immigrants qui sont encore vivants. Ils lui racontent la tragédie. Les deux survivants font savoir que les autres sont partis. Le passeur répare sa voiture et entre en Algérie. Que sont devenus ceux qui ne se sont pas dévorés entre eux ? Ils sont certainement morts et ensevelis quelque part dans les dunes de sable.
Bien évidemment, il n’y a aucun recours contre ces organisations criminelles dont les réseaux sont bien implantés et ne cessent de grandir et de se ramifier dans les pays du Sahel.
Quel impact pour les Touaregs qui peuplent le Sahara.
Les Touaregs qui peuplent le Sahara du Nord du Mali ne peuvent qu’assister impuissants à ce trafic d’être humains -qui traverse leurs territoires- dont l’issue pour ces immigrants est souvent la mort. Ils tentent quand ils le peuvent de porter secours à ces êtres humains en danger. Et restent stupéfait face à cette absence de réactions des autorités politiques des pays du Sahel et des pays africains. Ils observent la tragédie, le sacrifice de centaines, voire de milliers de jeunes, d’hommes, de femmes. On voit là l’échec des politiques des dirigeants africains. Car la responsabilité n’est pas seulement imputable aux pays qui organisent les reconduites des immigrants clandestins dans leurs pays d’origine. Malgré la situation de citoyens de seconde zone dans laquelle l’Etat malien maintient les Touaregs depuis l’indépendance du pays, on pourrait s’étonner que très peu d’entre eux cherchent à émigrer vers l’Europe et qu’on ne les retrouve pas dans ces cohortes d’immigrants clandestins.
http://www.ttu.fr/francais/Dossiers/index.html
Auteur
Message
jf16 General de Division
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 28 Sep 2018 - 17:37
Citation :
Le quartier général de la Force conjointe du G5 Sahel quitte Sévaré pour Bamako
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 28-09-2018
En juillet, l’Union européenne, par la voix de Federica Mogherini, la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a pris l’engagement de « soutenir » la reconstruction, à Sévaré [centre du Mali] du quartier général de la Force conjointe du G5 Sahel, attaqué quelques semaines plus tôt par des jihadistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans [GSIM].
Il est à espérer que le chantier n’ait pas encore commencé… En effet, le nouveau chef de cette force conjointe, le général mauritanien Hanena Ould Sidi, nommé justement après l’attaque de Sévaré, a décidé de transférer son quartier général à Bamako.
Cette information a subrepticement été glissée dans le dernier compte-rendu des opérations publié par l’État-major des armées [EMA], à Paris. Le général Ould Sidi « a décidé d’installer son PC à Bamako et a l’intention de reprendre les opérations dans les meilleurs délais. La force Barkhane continuera d’appuyer la force conjointe », y lit-on.
Selon une source citée par l’AFP, le général mauritanien s’est déjà installé dans la capitale malienne avec ses équipes. « En tant qu’organe de coordination, le siège de cette force doit se trouver là où les communications et les liaisons sont les meilleures », a-t-elle expliqué.
Cela étant, devant compter 7 bataillons (5.000 hommes) répartis selon trois fuseaux (Est, Centre, Ouest), la Force conjointe du G5 Sahel aurait dû être déclarée opérationnelle en mars dernier. Or, elle ne l’est toujours pas. Pour le moment, elle n’a réuni que 80% de ses effectifs et les financements qui lui ont été promis (420 millions d’euros) tardent à lui être versés.
À la tribune des Nations unies, le 27 septembre, le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, qui entame son second mandat, a réitéré son « appel en faveur de la mobilisation effective et rapide des ressources promises par nos partenaires en vue de nous aider à réaliser, dans les délais convenus, tous les engagements contenus dans la feuille de route. »
De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a de nouveau réclamé un « mandat fort et un financement pérenne » pour la Force conjointe du G5 Sahel et lancé, encore une fois, un appel à la communauté internationale pour soutenir le développement Sahel.
Les difficultés à obtenir les fonds promis ainsi que la réticence des États-Unis à mécanisme de financement qui passerait par les Nations unies trahit une certaine défiance à l’égard de la Force conjointe du G5 Sahel, qui souffrant de nombreuses lacunes capacitaires, peut sembler sous-dimensionnée pour intervenir dans un territoire aussi vaste que l’Europe.
« Le financement du G5 pose en outre la question de l’aptitude des pays membres à absorber des masses de liquidités, considérables à leur échelle, sans en subir les conséquences. Le budget initial du G5, s’il reste fixé à 423 millions d’euros pour la première année, correspond à environ une année du budget total des cinq armées réunies. Rien ne dit que cet afflux d’argent ne sera pas un accélérateur de la corruption qui a miné les armées des pays du G5 au cours des années passées, exacerbé les divisions au sein de celles-ci et entre les pays de la région, et attisé les manipulations parmi des élites politiques intéressées par la captation d’une partie de cette manne soudaine », avait ainsi souligné, en décembre 2017 un rapport de l’International Crisis Group.
En attendant, l’un des pays du G5 Sahel, le Burkina Faso en l’occurrence, voit l’activité jihadiste s’accentuer dans le nord de son territoire. Ce qui laisse craindre que d’autres pays puissent être à leur tour déstabilisés.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Sam 29 Sep 2018 - 17:46
Citation :
Mali : La force Barkhane a arrêté des membres d’un groupe touareg armé pour collusion avec les jihadistes
Posté dans Afrique, Forces terrestres, Opérations par Laurent Lagneau Le 29-09-2018
Le 27 septembre, la force française Barkhane a lancé une opération aéroportée mobilisant 120 légionnaires du 2e Régiment Étranger de Parachutistes (REP) dans la région de Ménaka. « On combine différentes capacités pour créer un effet de surprise chez les groupes armés terroristes et pour montrer à la population qu’on est capable de venir rapidement », avait alors expliqué le colonel Patrik Steiger, le porte-parole de l’État-major des armées [EMA].
A priori, cette opération a été décidée pour interpeller des combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad [CMA], une organisation qui regroupe plusieurs formations touarègues séparatistes, dont le Mouvement national pour la libération de l’Azawad [MNLA], le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad [HCUA], qui compte dans ses rangs d’anciens membres du groupe jihadiste Ansar Dine fondé par Iyad Ag Ghali, et un aile du Mouvement arabe de l’Azawad [MAA].
Pour rappel, la CMA est l’un des signataires des accords de paix d’Alger.
« Les parachutistes français ont arrêté jeudi à Ménaka, dans le quartier général de la Coordination des mouvements de l’Azawad, huit combattants soupçonnés d’être des infiltrés des jihadistes dans le mouvement », a ainsi indiqué, à l’AFP, une source sécuritaire malienne.
« On sait qu’il y a une aile jihadiste au sein de la CMA. Tout le monde le sait. Les huit personnes arrêtées sont soupçonnées de faire partie de cette aile », a expliqué un élu de la région. « Je crois que les Français avaient des informations précises sur le sujet. Des armes et des munitions ont été également saisies », a-t-il ajouté.
Porte-parole de la CMA et membre du HCUA, Almou Ag Mohamed a donné les noms, via sa page Facebook, des individus arrêtés par les militaires français. « L’aveu d’impuissance de la force Barkhane face aux GAT [groupes armés terroristes, ndlr] dans cette région s’est traduit hier 27 Septembre 2018 par le saccage du Bureau régional de la CMA suivi de l’arrestation d’ éléments de la CMA », a-t-il dénoncé.
Le rapport du groupe d’experts des Nations unies sur le Mali, publié en août [.pdf], a évoqué la collusion de certains membres des groupes signataires des accords d’Alger, appartenant en particulier de la CMA, avec des groupes jihadistes.
Et des noms ont même été cités, comme celui de Salah Ag Ahmed, « décrit par plusieurs sources indépendantes comme un membre influent du HCUA, proche d’Iyad Ag Ghali, et comme un officier de liaison avec Ansar Dine et l’EIGS [État islamique au Grand Sahara, ndlr] » encore comme celui de Mahamadou Ag Rhissa, « soupçonné d’avoir des liens avec des groupes terroristes » et d’être impliqué dans le trafic de migrants.
Le 30 août, au Conseil de sécurité de l’ONU, la France avait pointé des « responsables intermédiaires de groupes armés qui, sur le terrain, nuisent volontairement à la mise en oeuvre de l’accord par leurs liens avérés avec des activités criminelles ou terroristes ». Et de proposer de prendre des sanctions à leur égard.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 5 Oct 2018 - 18:27
Citation :
Barkhane : Deux Mirage 2000 ont frappé une colonne jihadiste au Burkina Faso repérée par un drone MQ-9 Reaper
Posté dans Afrique, Forces aériennes, Opérations par Laurent Lagneau Le 05-10-2018
Dans la soirée du 3 octobre, le poste de gendarmerie d’Inata, localité minière située dans le nord du Burkina Faso, a été attaqué par des hommes armés venus à bord de pickups et de motos. « Le bilan définitif fait état d’un mort [parmi les gendarmes, ndlr] et de dégâts matériels importants. […] Selon nos informations, le nombre d’assaillants a atteint la quarantaine », a indiqué une source sécuritaire burkinabè à Jeune Afrique.
Mais les assaillants n’ont apparemment pas pu aller bien loin. En effet, à la demande des autorités militaires burkinabè, la force Barkhane a fait décoller, à très court préavis, deux Mirage 2000D depuis la base aérienne de Niamey [Niger] pour tenter de les neutraliser. Un avion-ravitailleur C-135FR a également pris les airs.
Dans le même temps, un drone MQ-9 Reaper de l’escadron 1/33 « Belfort » a été redirigé vers le secteur d’Inata. Grâce à ce dernier, une colonne de plusieurs motos y a été repérée. « Après avoir observé le comportement du groupe et levé le doute sur la nature terroriste de celui-ci, une frappe aérienne a été réalisée dans la nuit par les deux Mirage 2000 », a indiqué l’État-major des armées [EMA]. « Le bilan de l’action est en cours d’évaluation », a-t-il ajouté.
L’activité jihadiste est importante dans le secteur d’Inata, où est exploitée une mine d’or. Le 23 septembre, trois employés de cette dernière ont été enlevés (dont un Indien et un Sud-Africain). Et, peu après, les gendarmes partis à leur recherche sont tombés dans une embuscade dans les environs de Tangomayel. Trois d’entre-eux y ont laissé la vie. Trois jours plus tard, toujours dans la province du Soum, 8 soldats burkinabè ont été tués par l’explosion d’une mine artisanale au passage de leur véhicule.
L’est du Burkina Faso est également menacé par les jihadistes. Depuis février 2018, 22 attaques y ont été constatés, dont celle ayant visé, le 4 octobre, un convoi militaire entre les localités de Fada N’Gourma et Foutouri, précisément à la hauteur de Gayéri. Le bilan est de six soldats tués.
Il n’y a aucune certitude sur l’identité des groupes jihadistes responsables de ces attaques. « La situation dans le Nord et l’Est du Burkina-Faso reste fragile. Il n’est pour le moment pas possible de caractériser qualitativement la dizaine d’attentats à l’engin explosif improvisé qui ont eu lieu dans cette zone depuis presque un an. Ces attaques n’ont pas été revendiquées », explique l’EMA.
messages : 6300 Inscrit le : 25/03/2009 Localisation : Royaume pour tous les Marocains Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Lun 12 Nov 2018 - 18:18
The Conversation a écrit:
What’s behind Mali livestock herders joining jihadist groups
In Mali, jihadist groups have taken control of more than half the country since 2012. How has such a fundamental change been possible in a country previously praised by international observers as a bulwark against radical Islam in Africa?
Several factors contributed to the current crisis in Mali. A key one is the fallout from the Nato bombing of Libya in 2011. The military action led to several thousand heavily armed Tuareg soldiers, who had been serving in the Libyan army, returning home to Mali. This added fuel to a Tuareg uprising that was already simmering in the north of the country.
Some of these Tuaregs –together with jihadists who had come from Algeria after the civil war there in the 1990s – succeeded in advancing south into the Mopti region, before being pushed back in a French counter-offensive in 2013.
But the insurgents have returned. And they now control not only rural areas in northern Mali, but also rural parts of the Mopti Region. They have gained control through a process of gradually establishing small groups in the region. These groups have attracted ever-increasing support from smallholders and, not least, nomadic herders. Meanwhile, Mali’s army and government have retreated to the cities.
Many explanations of this crisis have focused on global political developments and international jihadism. These have included discussions about a wide range of issues. These include the links between local jihadist groups and Al Qaeda and Islamic State in Iraq and the Levant (ISIL), drug trafficking and hijacking of hostages as sources of funding for armed groups, the dynamics, politics and history of the Tuareg rebellions, the weakening of the state, the French and later UN military intervention, the complex and changing Islamic national landscape, and the Malian crisis as a fallout from the Libya conflict.
These contributions give a rich background to the current political crisis in Mali. But an independent lawyer, Boubacar Ba, and I argue in a recent article that to fully explain the expansion of jihadism in the country, it is necessary to study the local political context. In particular, it’s important to understand who has access to environmental resources.
We found that local rural people have become increasingly disgruntled with a predatory and corrupt state. They are also fed up with an economic model imposed by the state and international donors that isn’t taking pastoral priorities into account. Rent-seeking by government officials has been especially intense in relation to conflicts over pastoral land, environmental management and the fight against desertification.
Development favours agriculture
Conflicts over land use help to explain why small-scale farmers, and in particular livestock-keepers, join armed groups. Many herders support the jihadist takeover because they are similarly anti-state, anti-elite and pro-pastoral.
Livestock herders throughout the Sahel are disgruntled by development policies and programmes that favour agriculture at the expense of pastures and livestock corridors. Herders and farmers are unhappy about the way a corrupt state exploits rural peasants. Herders also feel that the development model imposed by the state and international donors ignores their needs.
This model favours agricultural expansion at the cost of pastoralism. The result is that key pastures are lost and that livestock corridors are blocked by new agricultural fields. Herders need to pass with their livestock even if corridors are blocked. This often leads to conflicts.
Corrupt officials abuse rural people
Government officials have, for their own benefit, exploited conflicts over pastoral land, environmental management and the fight against desertification. For example, officials have allowed land use conflicts to go unresolved because they take payments from both parties to support their claims. Another example is the Forest Service randomly fining women collecting fuel wood and herders grazing livestock.
The Forest Service was established during colonial times as a paramilitary organisation. Its primary mandate was to enforce conservation of natural resources and stop desertification through a system of permits and fines. Influenced by the rise of sustainable development agendas in the 1980s and to impress donors of foreign aid, the colonial forest law was revised in 1986 and made even more severe. It introduced extremely high fines compared with the income level in Mali.
As a result, the Forest Service became a vehicle for rural plunder and the target of rural people’s anger. A number of examples illustrate this point.
For instance between 2012 and 2016, at least 10 state foresters were reportedly killed by jihadists or local people in the Mopti region. Anti-government sentiment grew among many young men in the region, and in particular Fulani pastoralists. Many joined various armed groups.
Pastoralists feel that the state, and more recently also the army, sides with farmers against their interests. The entry of jihadist groups has created an opportunity for resistance to the state.
Our research suggests that this resistance is caused by political marginalisation more than by a radical Islamist agenda. One example of this is that in rural areas under jihadist rule, herders wanting access to valuable dry season pasture for their livestock no longer pay bribes or fees to traditional leaders or government officials.
Wrong diagnosis, wrong solution
Despite the violence that jihadist groups represent, many rural people in Mali tend to see them as a lesser evil than a corrupt state. Efforts to solve the crisis in Mali by the government and the international community are bound to fail as long as attention remains on fighting global jihadist groups rather than addressing people’s grievances over access to land and natural resources.
#Source
_________________ Les peuples ne meurent jamais de faim mais de honte.
jf16 General de Division
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Lun 12 Nov 2018 - 20:26
Citation :
lundi 12 novembre 2018
Barkhane renforce encore ses moyens
Alors que les tensions ne se réduisent pas dans le Liptako et que la violence a très largement débordé sur le Bukina Faso voisin, la force Barkhane disposera dans quelques semaines d'un soutien de poids : une deuxième compagnie VBCI. Ces véhicules ont clairement montré leur apport en saison sèche, même s'ils sont inutiles -comme la plupart des véhicules d'ailleurs- en saison des pluies.
Les VBCI (du 92e RI) ont été déployés dès 2013 autour de Gao, avec des résultats bien réels, mais n'étaient revenus que très tardivement, avec une seule compagnie.
A Paris, on expliquait que le véhicule avait ses limites (l'optronique souffre, c'est vrai) et était trop déployé (!) en Europe de l'Est (pour des entraînements et du soutex) et aux Emirats (pour du soutex, et un peu d'entraînement), alors que pourtant, il était un des plus protégeant disponibles dans l'armée de terre. Il est en outre climatisé. On peut, à cet égard, estimer que le bilan de l'attaque suicide du 1er juillet (plus de 10 blessés) qui a ciblé la 13e DBLE aurait été bien plus grave si elle avait visé des VAB, bien moins protégés.
Un des arguments a sa moindre projection était aussi que tous les régiments d'infanterie n'étaient pas équipés de VBCI (ce qui est factuel) et projeter plus de VBCI revenait à déstabiliser les rythmes de projection de l'armée de terre. Un argument qui aura donc, on le voit, finit par tomber. A ce stade, on ignore si cette compagnie remplacera, ce qui est probable, un escadron AMX10 (peu climatisé, et qui tire peu, voire pas du tout), ou s'ajoutera au groupement tactique infanterie.
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Mar 13 Nov 2018 - 0:16
Barkhane c'est du vent, enfin ça a un seul but : protéger une certaine zone nécessaire au business de certaines entreprises françaises uranium en tête. Éradiquer al quaida ou daech c'est du pipo.
jf16 General de Division
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Mer 14 Nov 2018 - 20:17
Citation :
De violents combats ont été signalés dans la région du Tibesti, au Tchad
Posté dans Afrique par Laurent Lagneau Le 14-11-2018
Le jour du 58e anniversaire de l’indépendance du Tchad, le 11 août dernier, des rebelles tchadiens appartenant au « Conseil de commandement militaire pour le salut de la République » [CCMSR], une organisation installée en Libye, ont lancé une offensive en direction de la localité de Kouri Bougri qui, située dans le massif du Tibesti, à l’extrême-nord du pays, abrite des mines d’or.
Dans la foulée, N’Djamena y a lancé une opération militaire pour en chasser les « milliers d’orpailleurs » qui exploitent l’or de façon « illégale ». Depuis, la situation s’est visiblement enlisée, malgré l’engagement de moyens relativement importants, dont des avions d’attaque Su-25 et des hélicoptères de combat. En effet, les combats y sont de plus en plus fréquents, tout en gagnant en intensité.
« Les autorités tchadiennes ont justifié leur mobilisation en évoquant la lutte contre les orpailleurs. Lorsque nous avons constaté l’envoi de l’armée de l’air, on a compris qu’il s’agissait d’autre chose. N’Djamena veut en finir avec le CCMSR qui attire de plus en plus de monde dans ses rangs », a expliqué un « observateur des droits de l’homme » au quotidien La Croix, en septembre.
Fin octobre, à Miski, l’état-major tchadien a indiqué que des « forces de défense » ont été attaquées par un « groupuscule de terroristes ». Et d’assurer que la situation était « sous contrôle », sans pour autant donner de détails sur les pertes éventuellement subies et infligées à l’adversaire, dont l’identité n’a pas non plus été précisée.
Quelques jours plus tard, Mouli Sougui, le sous-préfet de Yebbi-Bou a remis sa démission, après avoir évoqué les évènements ayant eu lieu à Miski. Ainsi, et comme l’avait affirmé un député de la région ayant requis l’anonymat, les affrontements en question auraient opposé l’armée et des habitants qui contestaient le nouveau découpage administratif de la région.
« [Le président] Déby et son clan voudraient absolument mettre la main sur la richesse de Miski. J’ai dit cela en connaissance de cause. Sous mes responsabilités. C’est-à-dire pendant que j’étais sous-préfet. Déby et sa famille ont tenté à maintes reprises d’exploiter l’or de Miski, en dehors de tout cadre légal », a expliqué ce responsable démissionnaire, cité par RFI, après avoir dénoncé « des bombardements aériens, des pillages et des incendies de maisons ».
Le ministre tchadien de la Sécurité publique, Ahmat Mahamat Bachir, a rejeté ces allégations. Toutefois, il a admis que les ressources aurifères étaient bel et bien un sujet de préoccupation. « Il y a des mercenaires, des terroristes, des esclavagistes, qui ne veulent pas que le gouvernement, l’Etat, mette la main sur ces ressources-là! », a-t-il dit. Et de prévenir : « Le gouvernement ne lésinera sur aucun moyen! Nous allons tout engager pour nettoyer la zone! Nous allons engager tous les moyens pour défendre le territoire national! Tous les moyens, je dis bien! »
Seulement, les habitants de Miski, l’ex-sous-préfet en tête, se sont réunis en « comité d’auto-défense » afin de réagir aux « exactions » imputées à l’armée. Et, depuis le début du mois, de violents combats ont eu lieu, obligeant les Su-25 et les hélicoptères tchadiens à intervenir.
« Les affrontements se déroulent à l’intérieur et à l’entrée de Miski », a précisé, ce 14 novembre, M. Sougui, désormais porte-parole de ce « comité d’auto-défense ». Il s’agit, a-t-il expliqué, de protester contre « l’expédition punitive » de l’armée tchadienne. Évolution pouvant être inquiétante pour N’Djamena, l’ex-sous-préfet a évoqué la possibilité avec les rebelles du CCMSR qui, selon lui, auraient progressé depuis le coup de force à Kouri Bougri.
Quoi qu’il en soit, les autorités tchadiennes ne communiquent que très peu sur la situation dans le nord du Tibesti. L’on sait que les opérations y sont dirigées par le général Mahamat Kaka Déby, chef de la Direction générale des services de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE) et fils du président Déby, qui a dû d’ailleurs écourter un déplacement à Palerme [Italie].
La situation dans le nord du Tchad intéresse la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], dans le mesure où le quartier général de son fuseau « Est » doit y être installé, précisément à Zouar, ville située sur les contreforts ouest du Tibesti.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 16 Nov 2018 - 21:48
Citation :
Malgré les appels de la France et de l’ONU, la Force conjointe du G5 Sahel n’a toujours pas les moyens d’être opérationnelle
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 16-11-2018
Il y a peu plus d’un an, la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S] terminait sa première opération – appelée « Haw Bi » – dans la région dite des trois frontières, située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Cela permit de mesurer les progrès qu’elle avait encore à accomplir pour être pleinement opérationnelle, et donc efficace. Ainsi, des lacunes – attendues, cela dit – dans les domaines de la logistique et des transmissions furent constatées.
Pour y remédier, ainsi que pour permettre à 5.000 soldats de cette FC-G5S de se déployer comme prévu selon trois fuseaux (ouest, centre, est), il fallait trouver les financements nécessaires. Soit environ 420 millions d’euros. D’où la tenue de deux conférences (l’une à la Celle-Saint-Cloud en décembre 2017, l’autre à Bruxelles, en février 2018) pour réunir des promesses de dons. Au cours de ces dernières, des pays s’engagèrent à financièrement. Seulement, les fonds tardent toujours à être débloqués, malgré plusieurs appels des pays concernés [Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso] et des Nations unies.
Ainsi, en mai dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a salué la « détermination continue des pays du G Sahel à unir leurs efforts pour lutter contre l’impact du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée dans la région du Sahel », tout en appelant les bailleurs à honorer leurs promesses de dons en vue « d’accélérer l’opérationnalisation complète et effective de la Force sans plus tarder. » Un mois plus tard, le président Macron avait aussi pressé les donateurs à débloquer les fonds promis.
Depuis, et malgré les succès remportés sur le terrain par la force française Barkhane, le Burkina Faso risque d’être déstabilisé par les groupes terroristes, en particulier dans le nord et l’est. Ce qui laisse craindre une contagion à d’autres pays qui étaient jusque-là épargnés par le phénomène jihadiste. Le Niger connaît lui aussi des soucis, à la fois contre les organisations originaires du Mali et celles venues du Nigéria [Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest, ndlr]. Et les fonds promis n’ont toujours pas été totalement débloqués.
« Plus que jamais, la Force conjointe du G5 Sahel du soutien de la communauté internationale », a prévenu Jean-Pierre Lacroix, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies, le 15 novembre. « Malgré des progrès remarquables dans le domaine de la génération de troupes, la force n’a toujours pas atteint sa pleine capacité opérationnelle », a-t-il ajouté, avant d’exhorter les « donateurs à honorer leurs engagements et à fournir le soutien financier dont la force commune a tant besoin. »
Selon M. Lacroix, « les pénuries majeures d’équipements, l’insuffisance des infrastructures et le manque de bases opérationnelles sécurisées continuent de retarder la pleine opérationnalisation de la force ». Et, à ce jour, « près de 50% des contributions annoncées n’ont pas été réservées, et encore moins décaissées ». Et cela, a-t-il alerté, alors que « la situation sécuritaire au Sahel reste extrêmement préoccupante », avec des « tendances récentes inquiétantes », notamment au Niger et au Burkina.
La France, qui soutient la FC-G5S, a affirmé, par la voix de son ambassadeur aux Nations unies, François Delattre, qu’il est de la « responsabilité de la communauté internationale » d’apporter aux membres du G5 Sahel « un soutien efficace et à la hauteur des enjeux », ce qui passe « en premier lieu par la matérialisation sans délai des contributions annoncées. »
« Nombre d’entre elles ont déjà été engagées ou sont en cours de contractualisation, grâce au rôle central joué par l’Union européenne. Il est essentiel que les pays qui n’ont pas encore fléché leurs contributions le fassent urgemment. Il est également déterminant que des ressources additionnelles soient apportées pour financer l’accord technique qui permet à la MINUSMA [Mission des Nations unies au Mali, ndlr] d’apporter un soutien logistique et opérationnel sur le terrain, ce qui n’est pas le cas des contributions bilatérales », a ajouté M. Delattre.
Reste à voir pourquoi ces promesses de dons tardent à se concrétiser… Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer la réticence des pays donateurs.
Le concept de cette FC-G5S peut leur poser un problème, étant donné qu’il est inspiré de celui de la Force multinationale mixte (FMM), qui, mise en place dans la région du Lac Tchad pour contrer les factions issues du groupe nigérian Boko Haram, n’a pas su garder le bénéfice des gains qu’elle avait acquis, si l’on en juge par la recrudescence actuelles des attaques jihadistes.
En outre, il peut aussi y avoir des doutes sur les qualités opérationnelles des troupes engagées par le G5 Sahel, surtout après l’attaque contre le quartier général de la FC-G5S, à Sévaré, en juin dernier. Ce qui a d’ailleurs motivé le changement de son chef, le général malien Didier Dacko s’étant effacé devant le général mauritanien Hanena Ould Sidi.
Enfin, sans doute qu’il y a aussi des craintes de voir cette manne financière de 420 millions d’euros alimenter la corruption.
« Rien ne dit que cet afflux d’argent ne sera pas un accélérateur de la corruption qui a miné les armées des pays du G5 au cours des années passées, exacerbé les divisions au sein de celles-ci et entre les pays de la région, et attisé les manipulations parmi des élites politiques intéressées par la captation d’une partie de cette manne soudaine », avaient ainsi estimé l’International Crisis Group, dans une étude diffusée en décembre 2017.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 23 Nov 2018 - 20:20
Citation :
vendredi 23 novembre 2018
A N'Beket Laouach, face au Mali
C'est à N'Beket Laouach que s'installera le PC du fuseau ouest (Mauritanie-Mali) du G5 Sahel. Pour l'instant, une simple stèle sans inscription, et la présence du Mauribat (le bataillon mauritanien du G5S). Son chef, très aguerri ces dix dernières années, n'a pas été choisi au hasard. Et il a choisi aussi une partie de son encadrement pour que le bataillon soit rapidement opérationnel. Pour le chef de l'Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz, c'est même le Mauribat qui est le plus opérationnel des cinq du G5S. Il est vrai qu'historiquement, c'est la Mauritanie qui a été touchée la première par le terrorisme au début des années 2000 (à l'époque par le GSPC devenu AQMI) et a répondu en formant les GSI et en modernisant l'armée, notamment l'aviation. A N'Beket Laouach, le décor est lunaire, fait d'une succession de dunes.
De l'autre côté, c'est le foyer d'un des groupes armés terroristes qui met Tombouctou et sa région en coupe réglée. En cas d'attaque, le Mauribat peut poursuivre ses adversaires à 50 km au Mali, et une extension à 100 km serait même d'ores et déjà à l'étude. Dans une position avancée, face à la frontière, une compagnie d'infanterie s'est posée avec son armement et ses véhicules, les inévitables Land Cruiser. Les hommes arborent fièrement les dernières gilets pare-balles réglés par l'Union européenne (150 lots de protection individuels au total pour l'armée locale). A quelques kilomètres en arrière, à la base logistique on trouve un hôpital avec son unique médecin et ses 10 infirmiers. Le premier rempart médical en cas de coup dur, car ici, pas de piste d'atterrissage.
Le programme sécurité et développement (PSD) de l'UE en Mauritanie doit précisément en construire une dans les mois qui viennent. En fait, sans doute un terrain sommaire qui puisse accueillir les Casa attendus dans l'armée de l'air dans quelques semaines, ou le BT-67 actuellement exploité. Le PSD va aussi contribuer à réaliser des forages afin que l'afflux provoqué par les militaires du Mauribat ne créée pas un bouchon devant les puits de la ville. Au passage, l'économie locale devrait aussi profiter de la présence de ces militaires. Dans cette zone pourra aussi patrouiller le groupement nomade, sur les chameaux que le même PSD doit financer, une fois franchies les innombrables barrières réglementaires, européennes, et dans une moindre mesure, mauritaniennes.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Sam 1 Déc 2018 - 21:20
Citation :
Le Niger décrète l’état d’urgence dans des régions proches du Burkina Faso après des incursions jihadistes
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 01-12-2018
Début novembre, le ministre nigérien de l’Intérieur, Mohamed Bazoun, a indiqué que deux opérations antiterroristes venaient d’être lancées dans la région de Tillabéri, frontalière avec le Burkina Faso, pays en proie à des infiltrations et des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes.
La région de Tillabéri fait partie du Litpako Gourma, situé dans le secteur dit des trois frontières [Niger, Mali, Burkina Faso]. Lors d’une réunion du G5 Sahel, à Niamey, fin octobre, le chef d’état-major de l’armée nigérienne, le général Ahmed Mohamed, avait prévenu que ce dernier était en « passe de devenir un sanctuaire de groupes terroristes et criminels. »
Si la présence de groupes terroristes dans cette région est avérée depuis maintenant plusieurs années, le fait nouveau est que les jihadistes, « lourdement armés », rançonnent les civils au titre de la « zakat », c’est à dire une sorte d’impôt religieux qui constitue le troisième pilier de l’islam. « Si vous refusez de payer, ils vous tuent. […] Ces bandits obligent les villageois à écouter leurs prêches et vont brûler les écoles après « , avait témoigné un élu.
Selon M. Bazoun, les opérations menées par les forces de sécurité nigériennes avaient pour objectif de « nettoyer » les camps jihadistes implantés dans le Tillabéri. Pour autant, Niamey vient d’y décréter l’état d’urgence dans trois nouveaux départements de cette région.
« Le conseil des ministres a examiné et adopté le projet de décret portant proclamation de l’état d’urgence dans les départements de Say, de Torodi et de Téra dans la région de Tillabéri », a en effet annoncé le gouvernement nigérien, via une déclaration lue à l’antenne de la télévision d’État.
Les trois départements cités « font l’objet d’attaques organisées, perpétrées par des groupes terroristes, mettant en péril l’ordre public et la sécurité des personnes et des biens », a-t-il été expliqué dans le texte. Et il est donc « nécessaire et urgent » de prendre cette « mesure pour faire face à la situation », a encore fait valoir le gouvernement nigérien.
La décision d’y instaurer l’état d’urgence est la conséquence de la situation dans le nord et l’est du Burkina-Faso, où les attaques jihadistes se sont intensifiées ces derniers mois. Ce qui a d’ailleurs motivé l’intervention, en octobre, de la force française Barkhane.
Concrètement, l’état d’urgence donne des pouvoirs élargis aux autorités civiles et militaires en matière de police et de justice. Cela étant, il est déjà en vigueur depuis mars 2017 dans cinq autres départements de Tillabéri, en raison d’incursions de jihadistes venus du Mali. La région de Diffa, dans le sud-est, est également concernée par une telle mesure, à cause, cette fois, des attaques du groupe jihadiste nigérian Boko Haram.
messages : 8010 Inscrit le : 19/02/2012 Localisation : Kech Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Sam 8 Déc 2018 - 19:39
_________________
Citation :
"je veux pour le Maroc de dirigeants intelligeants , une jeunesse intelligente, apte a saisir les occasions a comprendre le siècle ou elle vie, a ne pas vivre a l'ombre du politisme, mais guidée par le perfectionnisme et surtout pas la réalisation et le réalisme " Hassan II 1996
jf16 General de Division
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Dim 30 Déc 2018 - 18:22
Citation :
La force française Barkhane frappe des positions jihadistes au Niger et neutralise une quinzaine de terroristes
Posté dans Afrique, Opérations par Laurent Lagneau Le 30-12-2018
Dans la nuit du 27 au 28 décembre, la force française Barkhane a mené une « opération d’opportunité » contre un groupe armé terroriste [GAT] au Niger, précisément dans les environs proches de Tongo Tongo, là où quatre militaires des forces spéciales américaines furent tués lors d’une embuscade revendiquée par l’État islamique dans le grand Sahara [EIGS], en octobre 2017.
Le mode opératoire de Barkhane a été identique à celui utilisé lors de précédentes opérations : un raid aérien combiné de Mirage 2000 et d’hélicoptères d’attaque Tigre a d’abord visé les points de regroupement des jihadistes, tous situés dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres.
Puis, dans la foulée, avec leurs homologues des forces armées nigériennes et avec l’appui des hélicoptères du tactique désert aérocombat [GTD-A], les commandos des GCP [Groupement de commandos parachutistes] et des GCM [Groupement de commandos de montagne] ont investi les positions jihadistes avant de mener une fouille approfondie des lieux. Ce qui a duré 48 heures. D’où le délai mis par l’État-major des armées [EMA] pour communiquer au sujet de cette opération.
Le bilan de cette dernière est d’une quinzaine de jihadistes mis hors de combat. En outre, une vingtaine de motos ont été saisie, de même que 26 armes individuelles et collectives, dont des mitrailleuses.
Ce raid est probablement à relier avec la frappe aérienne effectuée une semaine par une patrouille de Mirage 2000, près de la frontière avec le Niger. Selon le compte-rendu définitif de cette opération, 5 jihadistes circulant à motos avaient été neutralisés et des effets ayant appartenu aux militaires américains tombés à Tongo Tongo avaient été retrouvés par les commandos français.
Pour rappel, l’embuscade de Tongo Tongo avait été conduite par un certain Mohamed Ag Almouner, un chef de l’EIGS tué par une par une frappe française dans la région de Menaka, au Mali, en août dernier.
Cela étant, via Twitter, la ministre des Armées, Florence Parly, a salué la coopération franco-nigérienne lors du raid mené le 27 décembre, y voyant un « exemple d’opération conjointe réussie à l’Ouest du Niger. » Et d’ajouter : « La montée en puissance des armées du G5 Sahel continue. »
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Lun 31 Déc 2018 - 18:17
Citation :
Burkina : "état d'urgence" décrété dans "plusieurs provinces", annonce un ministre
AFP 31/12/2018
"L'état d'urgence" a été décrété lundi dans plusieurs provinces du Burkina Faso, en proie à des attaques jihadistes récurrentes, a annoncé le ministre burkinabè de la Communication Remis Fulgance Dandjinou.
"Le président du Faso a décidé de déclarer l'état d'urgence dans certaines provinces du Burkina Faso. Il a également donné des instructions pour des dispositions sécuritaires particulières sur toute l'étendue du territoire", a déclaré M. Dandjinou, à la sortie d'un conseil des ministres extraordinaire sur la "situation sécuritaire". Ces mesures font suite à une rencontre avec la hiérarchie militaire, convoquée au lendemain de la mort de dix gendarmes, tués jeudi dans une embuscade à Toeni, une localité située au nord-ouest de Ouagadougou.
Le Burkina Faso est confronté depuis trois ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières.
D'abord concentrées dans le nord du pays, ces attaques se sont ensuite étendues à d'autres régions dont celle de l'Est, frontalière du Togo et du Bénin, qui est désormais une deuxième grande zone d'insécurité. Pour le moment, les forces burkinabè semblent incapables d'enrayer le mouvement et les jihadistes étendent leur influence sur des étendues de plus en plus grandes. De nombreux observateurs craignent que d'autres régions suivent.
L'Etat d'urgence concerne "plusieurs provinces" à l'intérieur de sept régions (sur les 13 que compte le pays), a indiqué M. Dandjinou, citant les régions des Hauts Bassins, de la Boucle du Mouhoun, des Cascades, du Centre-est, de l'Est, du Nord et du Sahel. Les détails sur les provinces concernées seront précisés dans un décret présidentiel, a-t-il souligné.
"Ces dispositions (...) ont pour objectif d'assurer avec sérénité et efficacité la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso et de ramener la quiétude au sein des populations", a-t-il justifié.
L'état d'urgence accorde notamment des pouvoirs supplémentaires aux forces de défense et de sécurité dont celui d'ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit. Certaines libertés fondamentales peuvent être restreintes, comme la liberté de circulation.
"Le conseil a échangé sur les nouvelles mesures visant à accélérer la réorganisation opérationnelle des forces de défense et de sécurité, l'amélioration du maillage du territoire, le renforcement de la vigilance et la protection de la population et des infrastructures", a précisé le ministre.
Mercredi, un policier a été tué dans l'attaque du commissariat de district de police de Solan, dans le nord du pays, frontalier du Mali.
Les attaques attribuées aux groupes jihadistes Ansaroul Islam et Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et à d'autres groupuscules, ont fait plus de 270 morts depuis 2015.
Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises, avec un bilan total de près de 60 morts.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Jeu 3 Jan 2019 - 15:39
Citation :
03.01.2019
280 membres de Boko Haram auraient été "neutralisés" par les Nigériens
Un bilan à confirmer, tout comme une éventuelle aide des alliés du Niger (Tchad, France?):
Dans un communiqué de mercredi soir, le ministère de la Défense du Niger a annoncé que "plus de 200 terroristes (ont été) mis hors d'état de nuire, 87 neutralisés et une importante quantité de matériel récupéré par les FAN"
Selon ce communiqué, les opérations ont été lancées le 28 décembre "dans le cadre de la lutte contre le groupe terroriste Boko haram". Elles se sont déroulées le long de la rivière Komadougou et sur les iles du Lac Tchad.
Le ministère a communiqué un bilan qui fait état "d'actions combinées des troupes au sol et de l'aviation".
A la date du 2 janvier 2019 le bilan serait le suivant: "- Côté ennemi : • Plus de 200 terroristes mis hors d'état de nuire suite aux frappes aériennes ; • 87 terroristes neutralisés par les troupes au sol ; • 8 pirogues détruites ; • Une importante quantité de matériel et produits divers récupérés à savoir : - 3 véhicules dont celui de la société FORACO enlevé à Toumour le 22 novembre 2018 ; - 2 mitrailleuses, 2 lance-roquettes RPG7, plusieurs armes individuelles de type AK47; - plus de 2000 cartouches de tous calibres; - 8 téléphones portables; - Et des lots de produits pharmaceutiques dont des psychotropes ; - Côté amis : • aucune perte, ni en vie humaine ni en matériel n'est à déplorer".
Crash au Nigeria.
Les forces du Nigeria sont aussi engagées dans des combats contre Boko Haram dans la région de Baga, près du Lac Tchad. Cette ville a été capturée la semaine dernière par Boko Haram qui a aussi pris le contrôle de trois autres bourgades en début de semaine.
Selon des sources locales, les assaillants seraient des combattants du groupe de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP), une faction de Boko Haram.
Par ailleurs, on a appris que les forces armées du Nigeria ont perdu un hélicoptère dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu'il menait une opération de soutien au 145e bataillon déployé à Damasak dans
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Lun 28 Jan 2019 - 21:51
RIP
Citation :
Burkina Faso: 4 militaires tués dans une attaque à Nassoumbou
page d'accueil > Afrique 28.01.2019 Lassaad Ben Ahmed Burkina Faso
AA / Ouagadougou / Wendyam Valentin Compaoré
“Quatre militaires burkinabè ont été tués lundi matin et cinq autres blessés dans une attaque terroriste” à Nassoumbou, dans la région du Sahel au nord du Burkina Faso, a fait savoir l’armée dans un communiqué.
“Nombreux assaillants ont été neutralisés” ajoute le communiqué.
C’est un détachement du Groupement des forces pour la sécurisation de Nassoumbou qui a été la cible de cette attaque menée par des assaillants non encore identifiés précise le communiqué de l’Armée, sans ajouter plus de détails.
Selon les médias locaux, citant des témoins, les assaillants étaient lourdement armés. Ils utilisés des roquettes et de l'artillerie dans cette attaque.
Ce même détachement de l’armée avait été la cible d’une autre attaque le 16 décembre dernier causant la mort de 12 soldats.
L’attaque de ce lundi intervient au lendemain d’une autre attaque, dimanche, menée par des hommes armés non identifiés dans le marché de Sikiré, un village situé à vingt kilomètre de la commune d’Arbinda dans la province du Soum au nord, faisant dix morts parmi les civils.
Aussi, le jeudi 10 janvier, dans le village de Gasseliki situé à trente kilomètres de la commune d’Arbinda, douze autres personnes avaient été tuées par des hommes armés.
Aucune revendication n’a pour l'instant été faite.
Depuis avril 2015, le Burkina Faso fait face à des attaques terroristes dans plusieurs de ses régions notamment dans les régions du Nord, du Sahel, ou encore de l’Est.
Fin 2018, le président Burkinabè Roch Marc Kaboré avait déclaré la guerre aux terroristes.
Un état d'urgence a été décrété depuis le 31 décembre dans sept des treize régions du pays.
Par RFI Publié le 31-01-2019 • Modifié le 31-01-2019 à 14:02
La base militaire de Kompienbiga a été attaquée à la roquette et à l’arme lourde mercredi soir par des individus armés non encore identifiés selon une source sécuritaire. Kompienbiga est située à une quinzaine de kilomètres de la ville Pama dans la région de l’est. Le bilan de cette nouvelle attaque contre les forces de défense burkinabè a fait au moins un blessé grave. Depuis plusieurs mois maintenant cette région de l’est est devenue la cible des terroristes, en plus du nord du pays.
Selon des sources sécuritaires, c’est le camp de base des militaires qui été la cible des assaillants. Des individus armés ont attaqué ce détachement militaire de la région de l’est du Burkina avec des roquettes et des armes lourdes. L’attaque a lieu à la tombée de la nuit, autour de 18h heure locale. Les assaillants, une cinquantaine, selon une source, seraient venus à bord d’un véhicule 4x4 volée la veille à une société cotonnière et sur des motocyclettes.
Dans le milieu sécuritaire, le témoignage d’un officier donne quelques précisions sur les individus qui auraient mené cet assaut. Selon son récit, une dizaine d’hommes armés ont quitté la forêt de Diapaga en prévision de cette attaque. Sur leur chemin, ils auraient fait prisonniers des habitants de la zone auxquels ils auraient dévoilé leur intention. Cet officier explique que selon ses informateurs, ces individus armés avaient entre leur main un drapeau de couleur noire avec des inscriptions en arabe. La base militaire aurait été prévue de l’imminence de la menace, détails à l’appui, toujours selon cet officier.
La base a été incendiée et l’on évoque d’importants dégâts matériels. Certains soldats de cette base militaire se sont repliés à la brigade territoriale de gendarmerie et au commissariat de Pama pour se mettre à l’abri. Après leur forfait, des témoins affirment que les assaillants ont pris la direction de Pama, ville située à une quinzaine de kilomètres de la base militaire.
Des disparus
Un premier bilan fait état d’un blessé grave, mais « ce bilan reste encore provisoire, car beaucoup de militaires manquent encore à l’appel », précise une source administrative régionale. Et un officier souligne qu’il y a des « portés disparus ».
Depuis le mois d’août 2018, la région de l’est du Burkina Faso est devenue la cible des groupes armés ou terroristes, en plus du centre et du nord. Les forces armées burkinabè ont mené plusieurs opérations dans les forêts situées dans cette partie du pays pour empêcher l’implantation de bases terroristes.
Cette nouvelle attaque contre les forces armées burkinabè intervient à quelques heures du début d’une réunion des experts en prélude à la cinquième session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel prévue au Burkina Faso.
messages : 41820 Inscrit le : 20/10/2010 Localisation : france Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Lun 4 Fév 2019 - 18:47
Citation :
Tchad : Des Mirage 2000 français frappent une colonne de 40 véhicules d’un groupe armé venu de Libye
par Laurent Lagneau · 4 février 2019
Actuellement, l’Armée nationale libyenne [ANL], qui dépend du gouvernement implanté à al-Bayda [est du pays, non reconnu par la communauté internationale], mène une offensive contre les groupes armés tchadiens implantés dans le sud de la Libye, précisément à Oum El Araneb, à 100 kilomètres au sud de Sebha.
Relation de cause à effet? Toujours est-il que, le 3 février, et à la demande des autorités tchadiennes, deux patrouilles de Mirage 2000 engagés au titre de l’opération française Barkhane ont été sollicités pour empêcher la progression d’une colonne d’une quarantaine de pick-up d’un groupe armé venu en provenance de Libye.
Dans un premier temps, deux Mirage 2000 ont assuré un « show of force » au-dessus de cette colonne afin de la dissuader de continuer sa route. Malgré cet avertissement, cette dernière a poursuivi sa progression.
D’où l’intervention d’une seconde patrouille de Mirage 2000. Les avions français, en relation avec l’armée tchadienne, ont ainsi réalisé deux frappes contre les véhicules hostiles, qui s’étaient « infiltrés profondément en territoire tchadien », selon l’État-major des armées [EMA].
« Cette intervention en réponse à la demande des autorités tchadiennes a permis d’entraver cette progression hostile et de disperser la colonne », a précisé la même source.
À ce stade, l’EMA ne parle pas de « groupe armé terroriste » [GAT], ce qui désigne habituellement les organisations jihadistes. Aussi, la colonne visée appartenait probablement à l’un des mouvements rebelles tchadiens qui, installés dans le sud de la Libye, cherchent à déstabiliser le nord du Tchad.
En effet, en août 2018, l’un d’eux, appelé « Conseil de commandement militaire pour le salut de la République » [CCMSR], a lancé une offensive en direction de la localité de Kouri Bougri, située dans le massif du Tibesti. Depuis, la situation y demeure tendue. Le 12 janvier, des combats entre rebelles tchadiens et soudanais [proche de N’Djamena] auraient fait des dizaines de tués dans cette localité connue pour ses ressources aurifères.
Le CCMSR, qui revendique « plusieurs milliers de combattants », est issue d’une scission du « Front pour l’alternance et la concorde du Tchad » [FACT], lui-même issu de l’ex-Union des forces pour la démocratie et le développement [UFDD].
Les combattants du FACT, principalement présents dans la région de Sebhan, sont proches de la « Troisième force de Misrata » [ou 13e brigade], désormais affiliée gouvernement d’entente nationale [GNA] installé à Tripoli. Ils ont ainsi pris part aux combats contre la branche libyenne de l’État islamique à Syrte, ainsi que contre l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar à Juffrah.
Par RFI Publié le 05-02-2019 • Modifié le 05-02-2019 à 06:37
L'intervention des Mirages 2000 français dans le nord-est du Tchad, dimanche, contre une colonne de la rébellion tchadienne, précisément de l'Union des forces de la résistance, marque un tournant inédit depuis dix ans. Selon Paris, l'intervention française a permis «d’entraver la progression de cette colonne hostile», et «de disperser la colonne» composée de 40 pick-up qui évoluait dans le plateau de l'Ennedi, soit à quelque 400 km à l'intérieur du territoire tchadien, en provenance du sud libyen. Ce groupe armé, dirigé par Timan Erdemi, le neveu du président Idris Deby, vise toujours à renverser le régime tchadien par la force des armes.
Les avions de combat, des mirages 2000, de la force Barkhane, ont décollé de Ndjamena. Selon l'armée française l'opération a eu lieu en deux temps: d'abord une patrouille d'avertissement le matin, sans effet. Puis une seconde dans l'après-midi pour mener des frappes. Un bombardement qui, toujours selon Paris, a permis de « disperser la colonne » - de pick-up - repérée au moins 48h plus tôt et d'entraver «sa progression hostile».
Le ministre tchadien des armées qualifie les hommes de l'UFR de «mercernaires et de terroristes» et dénonce une «incursion» en provenance de Libye et dit avoir fait appel à la France au nom d'un accord de coopération entre les deux pays. « Vous employez le mot 'rebelle': je ne comprends pas ce que cela veut dire. Je sais que ce sont des mercenaires et des terroristes qui sont en Libye. Des terroristes qui cherchent à cherchent à déstabiliser notre pays. Donc la France nous a aidés à neutraliser cette colonne qui a été détruite .» Le ministre tchadien des armées assimile ces rebelles aux terroristes que la force Barkhane est en train de combattre dans le Sahel et le Sahara. Désormais, toute nouvelle incursion rebelle, nous assure le général Daoud Yaya (joint au téléphone), sera frappée conjointement avec l'aviation française.
Version toute autre du côté de l'UFR, l'Union des forces de la résistance tchadienne. Son porte-parole du groupe en Europe, Youssouf Hamid, assure que ses hommes sont partis de l'intérieur de Tchad, et dénonce une intervention française «inacceptable» dans une affaire interne au Tchad. Il affirme aussi qu'en dépit de 2 morts, quelques blessés et au moins deux véhicules détruits, ses hommes poursuivent leur progression. « La colonne n'a pas été dispersée comme cela a été dit par le communiqué du ministère français. La colonne est en progression malgré ces frappes que nous dénonçons énergiquement », nous explique t-il, joint au téléphone.
Il ne précise pas si leur objectif est d'atteindre la capitale comme en 2008, lorsque le mouvement avait failli renverser le président Deby. A l'époque la France n'était pas intervenue directement dans les combats mais avait joué un rôle décisif en protégeant l'aéroport de Ndjamena, et en permettant aux soldats tchadiens de se ravitailler en munitions.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Jeu 7 Fév 2019 - 18:36
Citation :
07.02.2019
La France est entrée en guerre au Tchad (actualisé)
Edouard Philippe, le Premier ministre, a informé le Parlement, mercredi soir, que les forces armées françaises conduisaient des opérations offensives au Tchad contre des groupes armés venus de Libye. Le Premier ministre a invoqué l’article 35 de la Constitution qui définit les conditions de mise en œuvre de la guerre et des interventions de forces armées à l’étranger.
L’aviation française a effectivement effectué plusieurs raids depuis le week-end dernier, dans le nord du Tchad. Ces raids ont eu lieu à l’est du massif du Tibesti, dans la région de l’Ennedi.
Dimanche, l’état-major des armées a annoncé que des Mirage 2000 avaient effectué, au matin, un show of force au-dessus d’une colonne d’un groupe armé en provenance de Libye. "La progression des pickups se poursuivant malgré cet avertissement, une seconde patrouille de Mirage 2000 a décollé dans l’après-midi pour procéder à deux frappes", précisait l’EMA.
Mercredi soir, l’EMA a annoncé que de nouvelles frappes avaient eu lieu les 5 et 6 février. "L’action des Mirage 2000, engagés depuis la base de N’Djamena, appuyés par un drone Reaper, a permis au total de mettre hors de combat une vingtaine de pickups". Les Mirage qui ont décollé de N’Djamena (sud-ouest du pays), ont largué une douzaine de bombes à guidage laser pour frapper les éléments de l’Union des forces de la résistance (UFR).
Cette annonce tardive mais visiblement importante pour le pouvoir politique, est intervenue à la veille du traditionnel point presse du ministère des Armées; elle avait de quoi surprendre. En outre, peu avant, le Premier ministre avait prévenu les parlementaires de l’intervention française.
Quel est le cadre juridique de cet engagement ?
Dans son courrier, Edouard Philippe fait référence à l’article 35 (alinéa 2) de la Constitution. Ce texte précise que si "la déclaration de guerre est autorisée par le Parlement", il suffit au Gouvernement d'informer le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. "Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote. Lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le Gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement. Il peut demander à l’Assemblée nationale de décider en dernier ressort", dit l'article.
Techniquement, ces opérations au Tchad ne s’inscriraient donc pas dans le cadre de la lutte anti-terroriste et dans le cadre de l’opération Barkhane. "Cette annonce nous amène à nous poser des questions", estime le député François Cornut-Gentille, l’un des meilleurs spécialistes de la Défense au Parlement. Quelle est la stratégie de Paris ? Quels renforts sont envisagés ?
"La sobriété du courrier du Premier ministre est préoccupante puisque, visiblement, on sort de Barkhane. Il y a des événements qui nous obligent à aller plus loin que Barkhane", poursuit l’élu LR.
Effectivement, nulle part n’apparaît dans les communiqués officiels français la mention d’une menace terroriste. Il s’agit donc bien d’une intervention française en soutien à un régime allié, dans le respect de règles du droit international humanitaire, comme l’a bien précisé le ministère des Armées. Mais dans le cadre de quels accords de défense?
Bien sûr, les critiques ont vite fusé. Ingérence, défense d'un régime corrompu estiment des opposants tchadiens et des élus français!
Qui est la cible des raids ?
" Le raid de cette colonne armée dans la profondeur du territoire tchadien était de nature à déstabiliser ce pays. Les forces armées tchadiennes sont un partenaire essentiel de la France dans la lutte contre le terrorisme, tant au Mali, au sein de la Minusma, qu’au sein de la force conjointe du G5 Sahel qu’au travers de son engagement contre Boko Haram", a précisé l’EMA, sans citer qui était la cible.
En réalité, ces colonnes de pick-up appartiennent à un mouvement rebelle, l’Union des forces de la résistance, emmenée par le neveu du président Déby, Timan Erdimi, et composée de combattants zaghawa, l’ethnie du Président.
Selon le porte-parole de l’UFR, l’entrée de ses combattants dans le nord du Tchad était une opération prévue de longue date. Il s’agissait d’établir une base arrière dans le nord-est du Tchad ou au Soudan. Toutefois, un autre facteur est à prendre en compte. Réfugié en Libye mais sous fortes tensions depuis quelques semaines du fait d’une offensive des forces de l’homme fort de l’est libyen, Khalifa Haftar, l’UFR a donc fait mouvement vers le sud et est entré au Tchad.
"On a cru que la France n’allait pas intervenir dans les affaires intérieures du Tchad. C’est extrêmement grave. La France n’a aucune solution à offrir aux Tchadiens à part maintenir M. Deby parce que c’est son chien de chasse pour ses opérations contre Boko Haram et les islamistes", a expliqué un représentant de l’UFR.
A noter qu'un autre groupe rebelle est localisé dans le nord du Tchad : le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République. Ce CCMSR est né en Libye en 2016 d’une scission de l’UFR.
Renforcement du dispositif français
Habituellement, six Mirage 2000 stationnent dans la Bande Sahélo-Saharienne : trois à Niamey (Niger) et trois à N’Djamena. Ils ont été renforcés, au hasard d’une relève.
La force de frappe tactique française est donc considérable. L'armée française peut compter sur les moyens ISR (renseignement aérien) déployés à partir de Niamey. Un des drones Reaper français a pris part aux actions, fournissant en temps réel des informations sur la localisation et les mouvements des colonnes rebelles. Plusieurs drones ont été mobilisés pour assurer la permanence de la veille ISR au-dessus du nord tchadien.
Les Américains ont-ils apporté un coup de main ? Possible mais il semble que les trois raids ont été totalement "tricolores".
50 ans après l'opération Limousin, la France vole toujours au secours du régime tchadien.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Jeu 7 Fév 2019 - 20:53
Citation :
Rebelles de l'UFR frappé par la France: «Pourquoi aucune force armée tchadienne ne les a arrêtés?»
Par Carine Frenk
Diffusion : jeudi 7 février 2019
«Mirage 2000» d'attaque au sol (image d'illustration). Photo: ministère de la Défense, source: Etat-major des armées
L'état-major français des armées a confirmé avoir mené une série de frappes aériennes du 3 au 6 février dans le nord-est du Tchad contre une colonne rebelle tchadienne en provenance de Libye. La colonne visée est celle de l’UFR, le groupe de Timan Erdimi, un neveu du président Déby. Selon Paris, l’intervention des chasseurs-bombardiers « Mirage 2000 » s’est faite à la demande des autorités tchadiennes. Alexandre Bish, chercheur au sein de « Global Initiative », un réseau d’experts qui travaillent sur les crimes transnationaux au Sahel, répond aux questions de Carine Frenk.
RFI : Que pouvait faire cette colonne rebelle à 400 kilomètres de la frontière libyenne ?
Alexandre Bish : Les contacts confirment que l’incursion de l’UFR [Union des forces de la résistance] dans le Sud s’est faite suite à l’avancée des troupes du maréchal [Khalifa] Haftar dans le Fezzan, dans le sud-libyen, et que les troupes de Haftar étaient appuyées par certains Toro-Boros, des milices qui sont issues de la rébellion soudanaise. Donc l’UFR fit face à un dilemme. Soit rester dans le sud-libyen et combattre les forces de Haftar, ce qui n’est pas en lien avec leur stratégie politique. L’objectif politique de l’UFR, c’est de renverser le gouvernement tchadien. Ce n’est pas de faire la guerre aux forces de Haftar dans le sud-libyen. Soit c’était de faire une avancée dans l’Ennedi, le nord-est du Tchad et d’essayer de commencer un mouvement, presque de guérilla, et de voir jusqu’où ils pourraient avancer. Et l’UFR, il semblerait a choisi cette seconde option.
Ils voulaient prendre une ville ?
Selon mes sources, l’objectif c’était surtout d’avancer le plus loin possible, pas d’occuper une ville ou un terrain particulier. C’était une avancée.
Pourquoi le président Idriss Déby demande à la France d’intervenir ?
Selon mes sources, les forces de l’UFR, qui étaient basées dans le désert libyen au sud de Mourzouq, qui ont voyagé pendant plus d’une semaine et parcouru des centaines de kilomètres dans les territoires tchadiens avant d’avoir été attaquées par les frappes aériennes françaises. Il n’y a aucune force armée tchadienne qui les a arrêtées. Un convoi de 40 véhicules, imaginez la poussière, le sable qui s’envole, une telle avancée se voit de loin. Donc la question, c’est pourquoi on ne les a pas arrêtés ? Ce qui est certain, c’est que cette incursion a été vue comme une menace d’importance, certainement pour avoir suscité l’intervention en direct des forces françaises. Il est aussi probablement question de faire passer un message aux autres rebelles et de montrer qu’une incursion d’un mouvement rebelle tchadien sera stoppée par les forces françaises.
Tout cela se passe à 800 kilomètres de la capitale. Que peut redouter vraiment Idriss Déby ?
Cela représente une menace.
Et dans ces conditions, pourquoi la France a-t-elle répondu favorablement à la demande du président Déby ?
Quelques contacts disent que Déby aurait menacé de retirer la contribution tchadienne auprès de la Minusma, la force de maintien de la paix au Mali. Mais ce qui est certain, c’est que l’incursion, qui a été un peu perçue peut-être comme incontrôlable, a été perçue comme une menace d’importance, et a suscité donc une intervention directe des forces françaises qu’on n’a pas vue depuis 2008-2009.
Il y a une volonté de faire passer un message aussi depuis Paris ?
Passer un message, je ne sais pas. Mais il est certain que, depuis la crise libyenne, le Tchad a été perçu comme un pilier de la stabilité au Sahel, et la chute du président Déby pourrait signifier une situation humanitaire aggravée et peut-être un débordement des conflits dans des pays voisins, comme le Niger. Donc ça, c’est une menace aux intérêts stratégiques de la France. Seulement, ce n’est un secret pour personne, plus d’insécurité, je pourrais dire plus de présence jihadiste, une augmentation des flux migratoires vers l’Europe. On l’a vu au Niger. L’application de la loi 2015-36, la criminalisation de la migration irrégulière dans le pays, a quand même dû réduire les flux migratoires de manière considérable. Donc, ça c’est sûr, plus d’insécurité, un débordement de l’instabilité vers le Niger pourrait signifier plus de flux.
Combien y a t-il de groupes rebelles tchadiens dans le sud de la Libye ? Quelle force représentent-ils ?
Il y a cinq ou six groupes. Quant au nombre de combattants, ils arrivent de 4 000 à 11 000. Il est très difficile de donner des chiffres quant au nombre de combattants parce que, depuis la découverte de l’or dans le Tibesti en 2012-2013, il y a beaucoup de combattants qui ont décidé de devenir orpailleurs. Donc on peut devenir orpailleur et puis redevenir, combattant si la situation s’y prête.
Et ce sont vraiment des combattants équipés, entraînés ?
En tout cas, selon les informations que j’ai, il semblerait que l’UFR a beaucoup plus d’expériences parce qu’ils ont des vétérans des anciennes rébellions. Le CCMSR [Conseil de commandement militaire pour le salut de la République] aussi, ils ont aussi plus de combattants qui sont plus jeunes et peut-être moins aguerris. Toutefois, tous ces groupes sont divisés. Il n’y a pas de commandement unifié et cela nuit à leur capacité d’action
Par RFI Publié le 11-02-2019 • Modifié le 11-02-2019 à 13:23
L’ancien chef rebelle Mahamat Tinaymi et ses hommes ont négocié leur reddition avec le gouvernement nigérien. Ils sont arrivés sous bonne escorte à Dirkou où doit se tenir ce lundi la cérémonie de désarmement et de restitution de leurs armements. Ces ex-combattants viennent du sud-libyen où les combats font rage entre des mouvements toubous et les hommes du général Haftar.
C’est le sauve-qui-peut devant les avancées militaires du général Haftar dans le sud-libyen. Des combats opposent ses hommes à des mouvements toubous armés qui pullulent dans la zone frontalière avec le Niger. Il y a une semaine, très exactement le 3 février dernier, 121 hommes armés se réclamant du Mouvement pour la justice et la réhabilitation du Niger, le MJRN, un mouvement non reconnu par Niamey, se sont rendus avec armes et bagages aux soldats nigériens basés à Madama, le premier poste avancé dans l’extrême nord-est.
Vérification faite, il s’agit de Mahamat Tinaymi et de ses hommes. Celui-là même qui, en 2017, menaçait de s’attaquer, à partir de la Libye, aux installations pétrolières dans sa région du Kaouar. « Ils n’ont pas le choix », confie une source sécuritaire à Niamey, car ils sont coincés de l’autre côté de la frontière, les mouvements toubous qui contrôlaient le sud-libyen ayant perdu le terrain.
Actuellement, les 121 ex-combattants et leurs cinq officiers sont arrivés dans la ville garnison de Dirkou, la plus grande base militaire dans le Djado. Leur impressionnant matériel de guerre doit être officiellement réceptionné ce lundi. Il s’agit entre autres de plusieurs dizaines de véhicules 4x4, des mitrailleuses 12,7 et 14,5 mm, des missiles de courtes portées, des mines, des canons antichars, sans compter des mortiers de 82 mm.
Par RFI Publié le 17-02-2019 • Modifié le 17-02-2019 à 09:19
Sept soldats et plusieurs dizaines d'éléments de Boko Haram ont été tués lors d’une attaque du groupe terroriste vendredi soir à Chétimari Wangou, dans la région de Diffa. Les poursuites engagées par les militaires nigériens ont permis de neutraliser plusieurs insurgés. L'armée a même ramené un butin de guerre.
La riposte rapide des forces nigériennes a été déterminante dans la suite des combats contre les éléments agresseurs de Boko Haram. Malgré la perte de plusieurs camarades, les soldats de la Garde nationale n’ont laissé aucun répit à l’ennemi - lourdement armé à bord de plusieurs véhicules dont un engin blindé -, qu’ils ont poursuivis jusque dans ses retranchements, à l’intérieur du territoire nigérian.
Le bilan de l'attaque par les insurgés est très lourd. Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, les forces nigériennes ont perdu sept hommes et six ont été blessés par balles. Dans le camp des assaillants, plusieurs dizaines de combattants ont été neutralisés et huit ont été fait prisonnier.
D’importants matériels de guerre ont aussi été saisis. C’est ainsi que trois véhicules de la Garde nationale emportés par Boko Haram lors des combats et trois autres véhicules appartenant cette fois-ci au groupe terroriste ont été récupérés après des combats acharnés, et ramenés à Diffa.
Décrue et recrudescence des attaques
De source sécuritaire, l’attaque de la position de la Garde nationale s’est soldée par un échec. C’est la seconde défaite que les forces armées nigériennes infligent aux insurgés, depuis leur montée en puissance dans cette région.
Il faut noter que la recrudescence des incursions de Boko Haram en territoire nigérien est due à la décrue du fleuve de la Komadougou Yobé. Depuis quelques semaines en effet, on peut traverser dans les deux sens à pied ou en voiture, ce bras du fleuve qui sépare la région de Diffa du Nigeria voisin.
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Sujet: Re: le Sahel zone de non-droit Ven 1 Mar 2019 - 16:42
Citation :
Doté de la nacelle RECO NG, le Rafale fait son retour au Sahel pour des missions de reconnaissance
par Laurent Lagneau · 1 mars 2019
En 2016, l’état-major de l’armée de l’Air [EMAA] avait décidé de réorganiser des « plots chasse » au Levant et au Sahel en ne déployant plus qu’un seul type d’appareil pour chacun de ces théâtres d’opérations.
La principale raison avancée pour explique cette mesure était qu’il fallait « rationaliser » le soutien logistique, ce dernier étant plus compliqué à mettre en oeuvre quand des avions différents se côtoient. En outre, s’agissant des Mirage 2000D alors déployés en Jordanie au titre de l’opération Chammal, il s’agissait d’économiser leur potentiel à un moment où les moyens aériens étaient fortement sollicités pour réduire le califat autoproclamé par l’État islamique [EI ou Daesh].
En effet, il avait été expliqué qu’un Mirage 2000 engagé au Levant générait « la consommation de potentiel de 5 appareils restés en métropole et un équipage » et qu’un problème de pertes de compétences était craindre au regard des difficultés à s’entraîner pour les équipages les moins expérimentés.
Une autre raison était que les Mirage 2000D, avec leurs deux missiles MAGIC d’auto-protection, n’avaient pas de capacités air-air suffisantes pour évoluer dans l’espace aérien syrien, moins « permissif » que les autres…
Ainsi, il fut décidé que les Rafale se concentreraient uniquement sur les opérations au Levant tandis que les Mirage 2000D, épaulés par des Mirage 2000C et N, resteraient engagés au Sahel.
Près de trois ans plus tard, et alors que les opérations aériennes au Levant [du moins pour l’armée de l’Air] semblent nettement se ralentir [24 sorties aériennes entre le 20 et le 26 février pour aucune frappe, comme la semaine passée], des Rafale sont de retour au Sahel.
En effet, le 24 février, trois Rafale [de l’EC 3/30 Lorraine] ont atterri à N’Djamena [Tchad] dans le cadre d’un « renfort temporaire planifié de capacités » de la force Barkhane, explique l’État-major des armées [EMA]. Plus précisément, a-t-il ajouté, il s’agit d’apporter une « capacité temporaire de renseignement d’origine image ‘champ large’ complémentaire d’autres capteurs déjà présents comme […] les drones ou l’imagerie satellitaire. »
En effet, et contrairement au Rafale, le Mirage 2000 n’est pas en mesure de mettre en oeuvre la nacelle de reconnaissance de nouvelle génération RECO NG, mis en service au sein de l’armée de l’Air en 2011.
Pour rappel, ce « pod » RECO NG permet de prendre des photos en haute comme à très basse altitude, de jour comme de nuit. Grâce à ses capteurs optique pouvant tourner à 180°, il peut pointer un objectif sous différents angles, voire plusieurs en seul passage.
« En superposant, pour un même site, une image en vision diurne et une autre prise en infrarouge, des éléments peuvent être découverts, comme la trace thermique d’un avion qui vient de décoller ou la présence d’hélicoptères dans des hangars », expliquait à l’époque un pilote de l’escadron 1/7 Provence.
S’agissant de ce retour du Rafale au Sahel et de la nacelle RECO NG, le Commandement de la composante air de la force interarmées – de l’Afrique centrale et de l’ouest [JFAC-AFCO, pour Joint Force Air Component Command] explique qu’il est « apparu nécessaire de rafraichir la connaissance de certains points d’intérêts de la zone. » Et d’ajouter : « À l’issue du déploiement, les forces militaires françaises pourront ainsi disposer d’une appréciation de situation de ce vaste espace géographique enrichie et actualisée. »
Par ailleurs, ce déploiement à N’Djamena permettra d’avoir une idée de la situation dans le nord du Tchad, voire dans le sud de la Libye, comme cela a été le cas dans le passé. En effet, en 2015, un dossier de presse publié par l’Élysée à l’occasion de la venue du président Hollande à bord du porte-avions Charles de Gaulle avait vendu la mèche en mentionnant des vols de reconnaissance effectués par des Rafale du groupe aérien embarqué [GAé] au-dessus du territoire libyen. Par la suite, et a priori, d’autres missions de ce type furent menées par la 30e Escadre de chasse, basée à Mont-de-Marsan.
Quoi qu’il en soit, ce déploiement de Rafale au Tchad est donc « temporaire ». Mais les prochains devraient s’inscrire dans la durée, en raison de la rénovation à mi-vie des Mirage 2000 D de 55 Mirage 2000D, confirmée par la Loi de finances 2019.