Moroccan Military Forum alias FAR-MAROC Royal Moroccan Armed Forces Royal Moroccan Navy Royal Moroccan Air Forces Forces Armées Royales Forces Royales Air Marine Royale Marocaine |
| | Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale | |
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+6Fremo Viper klan Fahed64 colonelrachid PGM 10 participants | |
Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Dim 29 Mai 2011 - 7:17 | |
| Bonjour , Je suis nouvelle sur ce forum et j'effectue des recherches sur le rôle de l'armée marocaine en 1914 en France précisément. Pourriez vous me communiquer vos infos, titres d'ouvrages à lire, personne à contacter , photos, etc, bref tout élément concernant cette période. N'hésitez pas à me poser des questions si vous avez besoin de plus d eprécisions. Merci d'avance Bien cordialement Noria |
| | | PGM Administrateur
messages : 11670 Inscrit le : 12/12/2008 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Dim 29 Mai 2011 - 10:06 | |
| Bonjour Noria,
La coutume veut que les nouveaux membres se présente : espace membre - présentation
Bienvenue parmis nous. Une rubrique relative a l'histoire des FAR est susceptible de vous alimenter en infos. Les vôtres seront également les bienvenues.
Pgm | |
| | | PGM Administrateur
messages : 11670 Inscrit le : 12/12/2008 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Dim 29 Mai 2011 - 10:27 | |
| - Spoiler:
- Citation :
- LE MAROC S'ENGAGE DANS LA GUERRE AUX COTES DE LA FRANCE
Début août 1914, la Première Guerre mondiale éclate : deux camps s'opposent, d'un côté l'Empire allemand et l'Empire austro-hongrois, de l'autre la France, l'Angleterre et l'Empire russe. La France entend mobiliser rapidement les ressources humaines et matérielles de son Empire colonial afin de compenser la supériorité démographique de l'Allemagne (69 millions d'habitants contre 39 pour la France).
La contribution coloniale à l'effort de guerre de la France est loin d'être négligeable puisque tout au long du conflit, ce sont plus de 600 000 hommes qui seront fournis, dont un peu plus du tiers venant d'Afrique du Nord.
Le Maroc, sous Protectorat français depuis seulement 1912, doit être lui aussi mis à contribution. Pourtant l'Empire chérifien est loin d'être totalement soumis à la France, une bonne partie du territoire est encore en lutte contre l'occupant et la présence française est bien mal assurée. Le Ministère de la Guerre demande au Résident général Lyautey d'envoyer en France la totalité des troupes d'active et de replier ses forces sur les ports atlantiques, tout en gardant le contact avec l'Algérie, par l'axe de communication Kenitra-Meknès-Fès-Oujda. Tous les postes avancés doivent donc être abandonnés. Mais Lyautey s'inquiète : « [...] Si nous commençons à évacuer, nous sommes fichus, si nous lâchons la moindre partie du front ce sera la boule de neige [...] ».
C'est dans un télégramme daté du 27 juillet 1914 et adressé au Résident général que le Ministère des Affaires Etrangères précise ses vues : « [...] En cas de guerre continentale, tous vos efforts doivent tendre à ne maintenir au Maroc que le minimum de forces indispensables. Le sort du Maroc se réglera en Lorraine [...] ». Lyautey impose alors à Paris une décision originale et pleine d'audace : « [...] Je donnerai tout ce que l'on me demandera et je garderai ici tout le Maroc conquis [...] comme un réservoir où je puiserai pour alimenter sans cesse nos forces en Europe [...] ».
Ainsi, il envoie en France 50 000 hommes sur les 85 000 soldats issus des troupes coloniales stationnées au Maroc, composées de Français, d'Algériens et de Tunisiens. Face à une situation très difficile sur le terrain, Lyautey dispose d'à peine 20 bataillons pour tenir l'ensemble des conquêtes. Ces derniers sont en partie composés de légionnaires allemands, que l'on évite bien sûr d'employer en Europe, et dont les meilleurs éléments sont rassemblés dans les unités d'élite de la Légion, les compagnies montées. Après un creux très inquiétant, au deuxième semestre 1914, les effectifs remontent pour atteindre 80 000 hommes, soit à peu près les effectifs déployés au Maroc en 1914. Il s'agit là d'un véritable exploit du Résident général qui, tout en fournissant à la métropole 58 bataillons et 22 escadrons, mobilise sur place 4 000 colons, obtient des tirailleurs sénégalais et recrute des troupes supplétives composées en majorité de goums marocains. Le nombre de ces derniers passe de 14 goums au début de la guerre à environ 25 en novembre 1918.
L'état-major français ne prévoit l'envoi que des troupes d'élite ; il n'est pas question pour lui d'expédier en France des soldats marocains qui paraissent bien peu sûrs et ne jouissent pas, auprès des bureaux de Paris, d'une excellente réputation ! « [...] Il y a surtout lieu de ne les laisser livrés à eux-mêmes ni en marche, ni en station, même en pays ami, en raison de leurs instincts de piraterie. Au Maroc, ces hommes sont sujets, par tradition, à se livrer à des hécatombes de gens paisibles, au viol, au pillage, même parmi les tribus alliées [...] ». Ou bien encore : « [...] Les rôles de patrouilleurs, de pourchasseurs et de razzieurs qu'ils jouent continuellement au Maroc, leur ont donné, avec beaucoup d'audace, des habitudes de pillage qui cadreraient mal avec les habitudes de la guerre en Europe [...] ».
Par ailleurs, des souvenirs récents et douloureux montrent que ces troupes se retournent facilement et peuvent se révéler extrêmement dangereuses. En avril 1912, à la suite de la signature du traité de Fès, les tabors marocains se sont révoltés et ont massacré, dans la capitale de l'empire chérifien, leurs instructeurs français ainsi qu'une cinquantaine d'Européens... Mangin est alors chargé par Lyautey d'organiser une nouvelle armée marocaine, plus disciplinée et d'une fidélité exemplaire envers le Sultan et la France. Les troupes auxiliaires marocaines (TAM) voient le jour en juillet 1912.
Lyautey, profondément convaincu des qualités guerrières de ces hommes, propose de les envoyer en France ; il insiste, argumente, finit par " forcer la main " et imposer son point de vue à Paris. Ces unités, solides et entraînées, sont aguerries par de longs mois de combats difficiles dans le bled marocain. Elles sont très fortement encadrées par des officiers et hommes de troupe français et algériens, afin d'éviter toute nouvelle mauvaise surprise. La plupart des recrues sont originaires du Sud : Souss, Haut Atlas, environs de Marrakech, régions qui sont encore en grande partie insoumises.
TOUJOURS " PACIFIER " MALGRE LA GUERRE EN EUROPE
Alors que la guerre commence à embraser le vieux continent, les autorités françaises redoutent particulièrement les réseaux d'espionnage et les trafics d'armes organisés par les Allemands en Afrique du Nord française. D'autant plus que le Maroc n'est qu'une conquête récente et totalement inachevée, puisque la " pacification " ne fait que débuter et qu'elle va se poursuivre encore longtemps, jusqu'en 1934.
En 1914, la France doit y affronter une guerre sainte islamique autoproclamée par les tribus berbères insoumises des montagnes qui voient d'un très mauvais œil l'arrivée de ces Français, chargés de rétablir l'ordre au nom du Sultan. Les intrus viennent menacer de très anciennes habitudes d'indépendance par rapport à un pouvoir central qui s'est affaibli, celui du Makhzen. En effet, tout en cherchant à assurer les intérêts de la France, Lyautey souhaite aussi sincèrement consolider le trône chérifien, en ramenant à l'obéissance des tribus soulevées qui, pour la plupart, étaient déjà rebelles au pouvoir du Makhzen avant l'arrivée des Français et constituaient le bled siba (le Maroc dissident, celui qui ne paye pas l'impôt au Sultan).
Quoi qu'il en soit, les Chleuhs du Souss, les Rifains du Nord et les redoutables guerriers zaïans du Moyen Atlas, sensibles à la propagande de Constantinople (l'Empire ottoman, allié de l'Allemagne, proclame la Guerre sainte contre les Alliés, en novembre 1914), sont armés par les Allemands avec des complicités espagnoles, à partir du port franc de Tanger.
Lyautey, avec des troupes d'une valeur très inégale, doit assurer, rappelons-le, la liaison Maroc-Algérie via le couloir de Taza et contenir les assauts des tribus insoumises. Le désastre français d'El Herri, le 13 novembre 1914, montre à quel point la tâche est difficile. Ce jour-là, le commandant Laverdure engage imprudemment sa colonne composée de 1 273 hommes à l'assaut du campement du grand chef zaïan Moha (Mohammed) Ou Hamou, le désastre est total : sur 43 officiers, 33 sont tués et 590 hommes de troupe perdent la vie. Cette victoire prend l'allure d'une revanche des musulmans sur les occupants chrétiens. Elle permet aux Zaïans de mener, avec argent et armes allemandes, la guérilla jusqu'en 1917, sans pourtant se montrer capables d'exploiter efficacement une victoire aussi nette que spectaculaire.
A cette date, Lyautey dégage Taza de la menace rifaine et contre-attaque dans le Moyen Atlas. En attisant les querelles tribales, en profitant des divisions et rivalités séculaires et en s'appuyant sur de grands caïds, il regagne peu à peu tout le terrain perdu. Moha Ou Hamou est presque seul, lorsqu'il meurt les armes à la main, dans un combat mené dans le Moyen Atlas en 1921.
PREMIERS PAS DES REGIMENTS DE CHASSEURS INDIGENES A PIED SUR LE SOL DE FRANCE : AOUT 1914
Quel parcours que celui de ces bataillons auxiliaires issus des anciens tabors ! Ces hommes, éparpillés sur tout le front marocain et au combat depuis des mois contre les tribus de Khenifra et de Taza, sont hâtivement rassemblés au moment de la déclaration de guerre. Aucun répit ne leur est accordé ! Le 15 août 1914, deux régiments de chasseurs indigènes à pied quittent ainsi l'Afrique du Nord.
Cette dénomination, vague et étonnante, leur est donnée puisqu'il ne faut faire aucune allusion au Maroc, le Sultan Moulay Youssef n'étant pas encore officiellement en guerre contre l'Allemagne. Dès janvier 1915, ces troupes recevront un nom, amené à s'illustrer sur tant de champs de bataille : régiment de marche de tirailleurs marocains (RMTM).
Le 1er régiment de chasseurs indigènes à pied, formé de trois bataillons, comprend près de 2 700 hommes. Il s'embarque à Rabat et Mehdia (aujourd'hui Kenitra) à destination de Bordeaux. Le 2e régiment qui compte deux bataillons (1 600 hommes) est dirigé par le commandant Poeymirau, futur général, grand habitué des combats dans le bled. Lyautey a toute confiance en cet homme qu'il connaît bien et depuis longtemps. Le 2e régiment embarque à Oran pour rejoindre Sète puis Bordeaux ; dans ses rangs se trouve le jeune sous-lieutenant Alphonse Juin, futur maréchal de France. Ces deux régiments sont sous les ordres du général Ditte, un des adjoints de Lyautey au Maroc, d'où le nom fameux de " brigade Ditte ".
Le 17 août, les habitants de Bordeaux viennent observer un étrange campement installé sur la place des Chartrons, il s'agit des premiers éléments marocains qui, fraîchement débarqués, ont dressé leurs petites tentes. On imagine aisément l'intérêt et la curiosité mutuelle à se découvrir. A leur arrivée, les hommes n'ont pas de vêtements de drap ; des vestes de chasseurs alpins sont alors distribuées dans l'urgence, tenue bien mal adaptée au cœur d'un été particulièrement chaud. Cependant, ils conserveront tout au long de la guerre leur djellaba traditionnelle. La légende veut que ce soit les pans de ce vêtement, volant au vent lors des charges comme des ailes d'oiseau, qui aient donné l'idée aux Allemands de surnommer les hommes du RMTM : les " Hirondelles de la mort " ! La djellaba deviendra vite un symbole, les Marocains s'appelant parfois entre eux des " jellabas ".
Le 25 août, ces hommes sont transportés par train au camp de Châlons, en Champagne, sans autre incident que la perte de deux soldats tombés du train ! Le 26, ils montent en ligne dans la région d'Amiens.
LA " BRIGADE DITTE " SE DISTINGUE AU COURS DES BATAILLES DE L'OURCQ ET DE LA MARNE : SEPTEMBRE 1914
Au début du mois d'août 1914, les Allemands déferlent sur la Belgique ; bientôt la bataille des frontières est perdue, la France connaît une nouvelle fois l'invasion. Les armées françaises bousculées refluent vers le sud mais en bon ordre, dans la chaleur étouffante de cet été 1914. Rien ne semble plus pouvoir arrêter la progression ennemie, le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux. C'est l'encerclement et la destruction rapide des troupes françaises que visent désormais des généraux allemands grisés par leurs succès initiaux.
C'est dans ce contexte que, le 30 août 1914, la brigade compte ses premiers morts, puis redescend pour gagner les abords du camp retranché de Paris. Là, elle est intégrée à la nouvelle 6e armée du général Maunoury, qui va créer la surprise dans les rangs allemands.
Le 5 septembre, les Marocains sont lancés dans la bataille de l'Ourcq qui s'engage à moins de 30 kilomètres de Paris ! C'est le premier acte de la bataille de la Marne. Ils attaquent furieusement, venant de Villeroy, les villages de Chauconin-Neufmontiers et Penchard (à environ 3 kilomètres au nord-ouest de Meaux). Les combats sont brefs (de 13 à 16 heures), héroïques, violents et extrêmement meurtriers ; le capitaine Hugot-Derville, désarçonné, est tué le revolver à la main. Le soir, on dénombre au régiment la perte de 19 officiers et 1150 sous-officiers et soldats soit près de 30 % des effectifs ! Un chiffre considérable témoignant de l'âpreté des affrontements et de l'enjeu décisif de la bataille qui s'engage. Ce jour-là, le lieutenant Charles Péguy du 276e régiment d'infanterie trouve la mort en couvrant la retraite de la " brigade Ditte ".
Du 6 au 10 septembre, les Marocains engagés dans la bataille de la Marne progressent peu, mais subissent des pertes dues à l'artillerie ennemie. Le 11, ils se lancent à la poursuite des Allemands et s'emparent du village de Chaudun (au sud de Soissons) après de violents combats de rues. Le 14, les hommes arrivent à Crouy (2 kilomètres au nord-est de Soissons) et reçoivent pour mission de s'emparer des hauteurs qui dominent le village, premiers contreforts du tristement célèbre plateau sur lequel se trouve le Chemin des Dames, une mission extrêmement difficile.
Le 16 septembre, c'est l'attaque, les lignes allemandes sont enfoncées lors d'une charge héroïque à la baïonnette, la crête est atteinte au prix de pertes énormes ! Le matin, le 1er régiment comptait encore 1 280 hommes ; à 18 heures, ils ne sont plus que 620 ! Un succès payé au prix fort mais la victoire est là, Soissons est dégagée.
Ce comportement brillant sur l'Ourcq et l'Aisne vaut un rapport spécial du général Maunoury, transmis au général Lyautey : « Disciplinés au feu comme à la manœuvre, ardents dans l'attaque, tenaces dans la défense de leurs positions jusqu'au sacrifice, supportant au-delà de toute prévision les rigueurs du climat du Nord, ils donnent la preuve indiscutable de leur valeur guerrière [...] ».
Décimée, la brigade des chasseurs " indigènes " est dissoute le 22 septembre. Les 700 rescapés des deux régiments (sur un effectif initial de 4 300 hommes) sont versés dans un nouveau régiment, bientôt complété de troupes fraîches venues du Maroc. C'est ce groupe qui devient le régiment de marche de tirailleurs marocains (RMTM), en date du 1er janvier 1915. Le 23 novembre 1914, le Sultan Moulay Youssef adresse un message à ces soldats marocains qui se battent en France afin de leur rendre un hommage mérité : « Les généraux et les chefs français ont conçu pour vous une telle estime que vos frères restés ici sont jaloux de ces lauriers réservés aux braves que vous avez cueillis sur les champs de bataille. »
LES " HIRONDELLES DE LA MORT " A L'ASSAUT DES TRANCHEES : 1915 – 1917
Après les premiers affrontements de septembre 1914, les Marocains sont dans l'obligation de s'adapter, comme leurs autres frères d'armes, à un nouveau type de combat, la guerre de position ou guerre de tranchées. L'échec des plans d'offensive des armées françaises et allemandes met un terme à la grande guerre de mouvement. Les deux armées se retrouvent face à face sur un front immense allant de la Suisse à la mer du Nord. Les hommes doivent s'enterrer dans ces tranchées de France qui, pendant quatre longues années, vont devenir le quotidien du soldat. Dans la boue et le froid, les hommes attendent, la plupart du temps dans l'ennui, l'ordre tant redouté de sortir de la tranchée pour monter à l'assaut. Ces tentatives pour rompre le front se révèlent rapidement aussi vaines que meurtrières. C'est à ce nouveau type de combat que nos soldats venus du soleil et des montagnes de l'Atlas se préparent.
En 1915, le RMTM est partie prenante de toutes les plus grandes offensives. En janvier, bataille de Soissons ; en mars, il est engagé en Champagne entre Reims et Verdun ; là, 1 200 hommes sont perdus après neuf jours d'une lutte stérile et inégale contre les formidables retranchements de la Butte du Mesnil ! Il combat ensuite brillamment dans le secteur de la tranchée de Galonné, tout près des Eparges où, depuis trois mois, Français et Allemands s'entretuent pour le gain d'une colline transformée en océan de boue. Le 20 avril, le bataillon Portman est engagé sans grand succès et au prix de lourdes pertes. Le 4 mai, alors que des Allemands progressent dans les lignes françaises, le régiment, tenu jusque-là en réserve, reçoit l'ordre de contre-attaquer dans le bois des Trois-Jurés ; la charge est si vigoureuse que l'ennemi bousculé doit regagner, au pas de course, sa tranchée de départ. Le lieutenant-colonel Poeymirau, chef du RMTM, est grièvement blessé alors qu'il conduit ses hommes à la bataille ; il doit céder son commandement au lieutenant-colonel Auroux. Le régiment s'illustre encore lors de combats en Artois, en mai-juin 1915, qui voient alterner les échecs et les succès les plus brillants. Le 20 août, le Président de la République, accompagné par le Roi des Belges et par les généraux Joffre et Foch, vient féliciter les Marocains ; il leur remet un drapeau, emblème du régiment. Cette récompense a un prix : les 29 et 30 mai ce sont 256 tirailleurs qui sont mis hors de combat ; on déplore entre autres la mort du chef de bataillon, Portman.
En septembre-octobre 1915, les combats les ramènent en Champagne où le régiment est décimé lors de l'attaque de Somme-Py (aujourd'hui Sommepy-Tahure qui se trouve à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Reims) ; le 6 octobre, 33 officiers et 1 400 hommes y trouvent la mort ! Trop en pointe, les Marocains seuls ont percé, ils massacrent de nombreux Allemands, mais doivent lâcher prise après une lutte acharnée. Le régiment obtient alors sa première citation à l'ordre de l'armée : « [...] a enlevé, le 6 octobre 1915, au petit jour, sur un front de plusieurs centaines de mètres la deuxième position allemande, s'est porté d'un seul bond à plus d'un kilomètre au-delà, a foncé sur l'ennemi, surpris dans ses bivouacs, lui faisant subir, à la baïonnette, des pertes considérables ».
Le 25 octobre, de nombreux officiers et hommes de troupe sont cités à l'ordre de l'armée, à titre individuel, pour leur participation héroïque au combat de Somme-Py. Plusieurs de ces citations mettent en avant le courage des Marocains, comme celle qui honore le sergent Beguelal Hamed : « Alors que sa section fléchissait sous un feu très intense de mitrailleuses et de l'artillerie, a rallié sa demi-section, lui a fait traverser un glacis très meurtrier et a atteint la tranchée ennemie. Grièvement blessé par un éclat d'obus, a assuré son commandement jusqu'au moment où ses forces l'ont abandonné ». Le soldat Mohamed ben Achemi est aussi honoré par une citation qui met en avant sa ténacité et des qualités certaines d'entraîneur d'hommes : «A deux reprises, au combat du 6 octobre, a par son autorité ramené au combat des groupes d'hommes de plusieurs compagnies privés de leurs chefs. Quelques instants après, a été grièvement blessé d'un éclat d'obus à la cuisse gauche, n'en a pas moins continué à se battre avec acharnement, jusqu'au moment où, trop affaibli par la perte de sang, il a dû être emmené ».
Grâce à la campagne de recrutement, qui permet la création au Maroc de bataillons neufs, la relève est assurée à partir du printemps 1916. Plusieurs bataillons, dont celui du bien nommé lieutenant-colonel Cimetière, viennent renouveler un régiment durement éprouvé.
Le 24 avril 1916, le RMTM participe à la bataille de Verdun, engagé par fractions dans l'enfer de la rive droite. Du 22 au 24 mai, lors de la première tentative de reprise du fort de Douaumont, le 4e bataillon du régiment de tirailleurs marocains s'illustre sous les ordres du commandant Poulet. Le fort est atteint, mais les Allemands tiennent bon ; on se bat au corps à corps lors de combats épiques et monstrueux, sous un déluge de feu et d'acier ! Après trois jours d'une lutte titanesque, les troupes sont retirées. L'affaire s'achève sur un échec sanglant, la division Mangin perd 130 officiers et 5 500 hommes ! Le Journal de Marche du RMTM donne une idée de l'importance des pertes infligées au 4e bataillon, 211 hommes sont tués ou portés disparus et 164 sont blessés. Les survivants du 4e bataillon seront rapatriés au Maroc.
Ce fait d'armes à la fois glorieux, sanglant et... inutile ne trouve guère d'échos dans la presse nationale et locale, puisque des instructions très fermes sont données aux censeurs afin de supprimer les passages qui font trop état de l'héroïsme des troupes coloniales. Les censeurs doivent en effet veiller, depuis l'instruction reçue en novembre 1914, au respect par les journalistes d'une juste mesure dans l'éloge qu'ils font des troupes coloniales ; ils ne doivent pas exalter leur valeur au détriment des autres troupes... Citons, par exemple, l'extrait de ce passage devant être publié, fin 1916, dans « La Presse » : « L'opération fait le plus grand honneur au général Nivelle qui l'a organisée, aux vaillantes troupes d'Afrique de la division M., qui l'ont exécutée [...]. Hier, nos troupes, zouaves, turcos et coloniaux partirent à l'assaut avec un entrain endiablé ». Toute la partie relative à l'engagement des troupes coloniales y est supprimée par la censure !
Il faut, par ailleurs, encore de longues semaines avant que le fort de Douaumont ne retombe définitivement aux mains des Français, le 24 octobre 1916. L'un des plus grands symboles de la bataille de Verdun est enfin conquis par les marsouins du régiment d'infanterie coloniale du Maroc, qui ne comporte pourtant aucun soldat marocain, comme son nom pourrait le faire croire. Il en est de même de la 1ere division marocaine, qui comprend des soldats français, algériens, tunisiens, sénégalais et des légionnaires, mais aucun soldat d'origine marocaine. Cette dénomination s'explique, en fait, par le lieu de garnison initial (au Maroc) des unités appartenant à cette division, qui sera l'une des plus décorées de la Grande Guerre...
A l'aube du 16 avril 1917, les Marocains, sous les ordres de Cimetière, s'élancent hors des tranchées lors de la tristement célèbre offensive du Chemin des Dames. D'un élan, ils enlèvent trois lignes de tranchées de la première position allemande, puis franchissent successivement deux ravins sous un feu violent de mitrailleuses, dans le bois de Paradis. Tous les défenseurs sont massacrés, le Chemin des Dames est atteint. A midi, plusieurs lignes de tranchées de la deuxième position allemande sont prises, malgré les pertes subies. Lorsqu'ils arrivent sur le bord du plateau, l'ordre de s'arrêter leur parvient, ils sont trop avancés, les autres ne suivent pas ! Le 16 au soir, ils sont à la pointe de l'armée de Mangin. Ce fait d'armes leur vaut une deuxième citation.
Dans la nuit du 4 au 5 juin, le 7e bataillon du RMTM tenu en grande partie en réserve, lors des combats d'avril, s'illustre dans le même secteur, reprenant le terrain perdu, la veille, par d'autres unités. La citation à l'ordre de l'armée qu'il reçoit à cette occasion ne laisse aucun doute sur la difficulté de la tâche accomplie : « Amené, dans la nuit du 4 au 5 juin 1917, sur un terrain inconnu, violemment battu par l'artillerie et les mitrailleuses ennemies, s'est porté en avant, d'un élan magnifique et irrésistible. Grâce aux ordres précis et à l'énergique impulsion de son chef, le Commandant Bertrand, et malgré ses pertes cruelles en cadres, a reconquis presque intégralement, en quelques minutes, le terrain pris la veille par l'ennemi et défendu par de nombreuses mitrailleuses. »
LES TIRAILLEURS MAROCAINS ENGAGES DANS LA CONTRE-OFFENSIVE VICTORIEUSE DES ALLIES : JUIN-NOVEMBRE 1918
En février 1918, un nouveau régiment de tirailleurs marocains est formé ; il s'agit du 2e régiment de marche des tirailleurs marocains (2e RMTM), intégré à la 2e division marocaine : il y a enfin des Marocains dans une des deux divisions, dites marocaines ! L'ancien RMTM devient, quant à lui, le 1er régiment de marche des tirailleurs marocains (1er RMTM).
Avec les révolutions russes de février et octobre 1917, la Russie sort progressivement de la guerre, ce qui confère aux Allemands un avantage numérique certain. Ces derniers peuvent désormais engager la totalité de leurs divisions sur le front de l'Ouest. Ils espèrent à nouveau accomplir la percée décisive qui a bien failli réussir en 1914. Pour cela, ils doivent faire vite et gagner la guerre avant l'arrivée en masse des Américains (entrés en guerre en avril 1917). La grande guerre de mouvement va reprendre à l'Ouest.
Lors des attaques allemandes du printemps et de l'été 1918, menées par Ludendorff, le 1er RMTM est dans un premier temps maintenu à l'arrière sans être engagé dans la gigantesque bataille défensive. Il se déplace en arrière du front menacé, prêt à intervenir en soutien d'unités en difficulté. Le haut commandement français le garde en réserve pour utiliser à bon escient ses extraordinaires qualités offensives.
Le 28 juin, lors de l'attaque périlleuse des hauteurs qui surplombent le Ru de Retz, il fait 500 prisonniers et obtient sa troisième citation à l'ordre de l'armée. Là encore, entraînement, vigueur et discipline sont mis à l'honneur. Le 15 juillet, les Allemands passent la Marne ; partout les Français sont bousculés. Le 18, Foch, commandant en chef des forces alliées, contre-attaque sur Fère-en-Tardenois entre Soissons et Reims ; le 1er RMTM attaque à nouveau, s'empare du village de Breuil et atteint la route Paris-Soissons, après une progression spectaculaire de neuf kilomètres. Un comportement exemplaire qui vaut au régiment et à l'infatigable Cimetière une quatrième citation, au prix de la perte des deux-tiers des effectifs ! Réorganisé, il combat encore début août et gagne sa cinquième citation : « [...] progresse, en trois jours, de 20 kilomètres, jalonnant de ses morts les lignes de résistance de l'ennemi qui ne peut arrêter son élan, s'empare de deux villages, de 400 prisonniers et d'un nombreux matériel, contribuant ainsi, dans la plus large mesure, à une grande victoire. »
Après un mois et demi de répit, le 1er RMTM, qui n'est plus composé que de deux bataillons, est à nouveau engagé sur l'Aisne. Dans la seule journée du 30 septembre, 600 hommes sur 1100 et 22 officiers sont tués ! En octobre, deux bataillons squelettiques combattent sur l'Oise. Le 11 novembre, l'armistice les surprend à Chauny, à une trentaine de kilomètres au nord de Soissons, une région que les hommes connaissent bien pour y avoir tant combattu. .
De son côté, le 2e RMTM a également participé aux combats sur l'Aisne, à partir du 20 août, puis en Argonne, en octobre. Lui aussi paye un lourd tribut à la victoire : en deux mois, il a perdu 18 officiers, 876 hommes et compte 1 823 blessés !
Rappelons enfin les souvenirs du sous-lieutenant Juin, lors de son premier contact avec les chasseurs " indigènes ", fin avril 1914 : « C'était [...] une espèce d'hommes hors des lois communes, aimant la fête entre les dangers et mus par un vague mysticisme [...] En les voyant passer dans leurs uniformes d'été de toile kaki, les Chleuhs portant de longs cheveux, signe de courage, chacun se demandait ce qu'ils représentaient et, surtout, ce que signifiaient les syllabes gutturales du chant étrange qu'ils entonnaient dans leur marche : Men Moulay Idriss djina, ya Rebbi taafou alina (Nous venons de Moulay Idriss, que Dieu efface nos péchés !) »
Les deux régiments de marche laisseront ainsi un souvenir ineffaçable dans le cœur des chefs et camarades de l'armée française qui ont su apprécier le courage et le dévouement de ces combattants marocains, jusque dans l'enfer des tranchées. En 1919, ils sont de retour au Maroc pour y être, en partie, démobilisés.
RETOUR SUR L’ENGAGEMENT DES TIRAILLEURS MAROCAINS DANS LA FOURNAISE DE VERDUN (MAI 1916) ET L’ASSAUT DU CHEMIN DES DAMES (AVRIL 1917)
LE 4e BATAILLON DU RMTM S'ILLUSTRE LORS DE LA TENTATIVE DE REPRISE DU FORT DE DOUAUMONT LES 22, 23 ET 24 MAI 1916
Les préparatifs de l'assaut
A partir du 24 avril 1916, le RMTM participe à la bataille de Verdun, il est engagé par fractions sur la rive droite de la Meuse. Du 22 au 24 mai, lors de la première tentative de reprise du fort de Douaumont, le 4e bataillon du régiment de tirailleurs marocains va s'illustrer sous les ordres du commandant Poulet.
C'est le 19 mai 1916 que le 4e bataillon est laissé à la disposition du général Mangin pour une opération spéciale qui n'est autre que la reprise du fort de Douaumont. Mangin connaît bien les qualités de ces soldats puisqu'il a lui-même servi au Maroc sous les ordres de Lyautey, aux premières heures de la conquête.
Ce fort, tombé bêtement entre les mains adverses dès les premiers jours de l'attaque allemande sur Verdun, fin février 19l 6, revêt une double importance stratégique mais aussi et surtout symbolique. Sa reconquête par les Français serait non seulement bienvenue pour les opérations sur le terrain, mais devrait être aussi un formidable encouragement pour les " poilus "qui se battent à Verdun et sur les autres parties du front, ainsi que pour l'ensemble de la nation.
Dans la nuit du 27 au 28 avril, le colonel Poulet, chef du bataillon, accompagné d'un officier par compagnie, effectue une première reconnaissance dans le ravin du Bazil.
Le 5 mai, la 13e compagnie détachée au nord de Fleury, devant Douaumont, est assez éprouvée au cours d'une attaque de nuit qui permet de prendre pied à la lisière sud du réduit Vigouroux et de rectifier le front de la tranchée Couderc.
Toujours le 5 mai, Poulet est convoqué au fort St Michel (au sud-ouest de Douaumont), PC du général Peillard qui commande la 28e division d'infanterie. Les trois compagnies restantes du bataillon sont mises à sa disposition, afin de participer à l'attaque par la 55e brigade des tranchées Dixmude, Derrien et Rivalain tenues par les Allemands. Dans cette affaire, le rôle des Marocains est de couvrir l'aile droite attaquante, en s'emparant des ouvrages de flanquement allemands dans la tranchée Morchée et le réduit Vigouroux.
Dans la nuit du 6 au 7 mai, le chef de bataillon et les commandants de compagnie exécutent une mission de reconnaissance des positions au nord de Fleury, en préparation de l'attaque. Le 7, le commandant Poulet rend compte des résultats de cette mission au général Peillard enfermé dans un fort St Michel qui subit un bombardement intense des Allemands. En effet, ces derniers ont déclenché une très violente attaque sur les positions au nord et à l'ouest de Thiaumont. Dans ces conditions nouvelles, l'attaque prévue du bataillon marocain et de la 55e brigade est remise à une date ultérieure. Le bataillon reste alors en cantonnement d'alerte à la caserne d'Authouard.
Le 17 mai, Poulet est informé qu'il doit placer les trois compagnies du 4e bataillon à la disposition du général Mangin, qu'il rencontre le 18, à 10 heures du matin, pour recevoir des instructions verbales concernant l'offensive envisagée sur le fort de Douaumont.
Le 21 mai, le bataillon quitte le casernement à 18 heures 45 pour rejoindre la Fourche (intersection des chemins Verdun-Souville et Verdun-Fleury) à 20 heures. Les compagnies marchent à cinq minutes d'intervalle et les sections à trente pas, en file indienne. A la Fourche, un obus de gros calibre occasionne des pertes dans l'une des compagnies. C'est au milieu de nappes de gaz lacrymogènes qui contraignent les Marocains à mettre leur masque, et sous un violent bombardement, que les soldats arrivent à 23 heures 25 au ravin du Bazil ? Là, le fameux lieutenant colonel Brenot, qui s'est illustré avec ses hommes du 74e régiment d'infanterie début avril en contre-attaquant victorieusement dans les ravins de La Caillette et du Bazil, demande au commandant Poulet de se tenir en réserve sur ce qui reste de la voie ferrée (pente nord du ravin), en attendant de connaître les emplacements à occuper. Les rares abris sont tous peuplés de compagnies du 74e et de territoriaux venus là pour exécuter des travaux de terrassement, et qui se retrouvent bloqués sous le bombardement.
L'attaque
Vers 2 heures du matin, le 22 mai, la relève s'effectue et les tirailleurs marocains rejoignent leurs positions. Deux sections occupent le petit ouvrage de l'éperon de Vaux avec leurs mitrailleuses prêtes à entrer en action pour tenir en respect le débouché venant de l'étang de Vaux et du ravin des fontaines. Une autre section de mitrailleuses va prendre position à l'intersection du ravin du Bazil et de la Caillette, surveillant l'entrée de ce dernier. Le ravin de la Caillette est tout proche du fort de Douaumont, il est pratiquement perpendiculaire à la porte principale de l'ouvrage. En l'empruntant, on peut s'approcher au plus près du fort mais on risque aussi à tout moment d'y voir déferler les Allemands. Les deux dernières sections de mitrailleuses restent à la disposition du commandant, sur ce qui était la voie ferrée, prêtes à venir renforcer, en cas de besoin, la section qui surveille le ravin de la Caillette. Le reste du bataillon s'installe dans les abris de la voie ferrée dévastée.
Les premières lignes françaises sont à moins de 500 mètres du fort, c'est cet espace que les troupes vont devoir franchir sous le feu conjugué des mitrailleuses et de l'artillerie allemande.
Les hommes sont désormais en ordre de bataille, alors que le bombardement se poursuit pendant toute la nuit occasionnant des pertes. Le 22, à 5 heures 30, le capitaine Montagne qui inspecte les positions est grièvement blessé par un éclat d'obus. A 10 heures du matin, le commandant Poulet est informé de l'heure de l'attaque : 11 heures 50.
A 13 heures, le commandant reçoit l'ordre de pousser deux compagnies (les 15e et 16e) dans les parallèles de départ. Il ne reste plus à cette heure que trois sections sous les ordres directs du commandant Poulet.
A 19 heures, c'est le groupe des grenadiers du bataillon qui est demandé et qui doit rejoindre une unité du 74e RI.
A 21 heures 50, une autre section est envoyée pour combler un espace d'une cinquantaine de mètres qui se retrouve vide de défenseurs, entre le 274e et le 74e RI. A cet instant, il ne reste plus qu'un peloton de tirailleurs marocains au ravin du Bazil, l'ensemble du bataillon est engagé dans les opérations. ,
Le bilan de la journée est mitigé, les troupes parviennent aux fossés de gorge de l'ouvrage d'où elles s'infiltrent dans les superstructures. Sur la droite, la forte résistance allemande empêche toute progression. Les superstructures ouest du fort sont conquises. Les Allemands, retranchés dans les parties souterraines de l'ouvrage, demandent un appui à leur artillerie et les positions au-dessus du fort deviennent vite intenables, malgré l'arrivée de renforts qui ne parviennent pas à investir le reste de l'ouvrage.
Le 23, des tirailleurs marocains doivent monter à la tranchée de Hauteville alors qu'un autre groupe est parti à 7 heures 40 porter secours à un poste de commandement qui vient de s'effondrer sur ses occupants. A peine arrivés à la tranchée de Hauteville, les tirailleurs tentent de la remettre en état, comme ils le peuvent ; cette tranchée est totalement bouleversée par les bombardements incessants.
A 13 heures 30, le même jour, c'est l'alerte pour les hommes du ravin du Bazil ; les Allemands se préparent à attaquer, des guetteurs sont placés sur la crête nord du ravin et ordre est donné aux postes avancés de l'éperon de Vaux et du ravin de la Caillette de tenir jusqu'à la mort, les Marocains se retrouvent en première ligne. A 13 heures 50, l'ennemi attaque et des sections de mitrailleuses sont placées sur la voie ferrée afin de barrer le ravin de la Caillette qui est sur l'axe d'attaque.
Pendant cette journée, les hommes qui sont arrivés sur les superstructures du fort perdent progressivement le contact avec leurs lignes, leur encerclement se précise.
Le 24, on est sans nouvelle de la 16e compagnie de tirailleurs marocains poussée le 22 dans les parallèles de départ.
Toujours le 24, trois sections de tirailleurs marocains réduites à 65 hommes, et regroupées la veille, sont lancées dans une contre-attaque visant à reconquérir le terrain perdu.
Elles occupent le boyau Hamus vers 4 heures du matin et s'intercalent entre le 74e et le 34e ; les Marocains sont face au boyau du Métro et une section de mitrailleuses surveille le boyau Charles, à leur droite, et la tranchée Otto qui se trouve en face.
L'attaque, fixée pour 7 heures 30, doit se dérouler de la façon suivante : 30 hommes dans la première vague d'attaque doivent sauter dans le boyau du Métro et avancer le plus loin possible ; précédés par les grenadiers, ils doivent atteindre un point coté 132 sur la carte et marqué sur le terrain par un arbre déchiqueté. Une deuxième vague d'assaut doit suivre à 50 mètres. Des grenadiers progresseront dans le boyau pour établir un barrage le plus loin possible, afin d'empêcher les Allemands de reprendre à la grenade le terrain gagné.
La première vague débouche à l'heure dite, mais elle ne peut avancer très loin et subit de lourdes pertes ; la deuxième vague n'arrive pas à sortir et se contente d'installer un barrage de sacs de terre à environ 110 pas du point de départ. Par la suite, tout mouvement vers l'avant est rendu impossible par l'intensité du bombardement.
8 heures 30, une nouvelle attaque doit être tentée sur un autre axe mais toujours en direction de la tranchée Otto ; cette action ne sera pas exécutée en raison du bombardement et du faible effectif des survivants.
II est 13 heures lorsque les Allemands tentent une sortie, mais ils doivent rapidement regagner leur tranchée, victimes eux aussi de la puissance du bombardement.
A cette heure, il ne reste plus que 17 hommes sur les 65 engagés et la section de mitrailleuses est presque entièrement détruite. Pourtant, l'hécatombe n'est pas terminée ; à 17 heures 20, il n'y a plus que 10 hommes pour tenir la position ! Les survivants opèrent alors un mouvement vers la droite pour se joindre au 74e, au prix de deux nouvelles vies. La barricade continue à tenir bon, gardée par 30 hommes du 74e et par les 8 tirailleurs rescapés. Dans la nuit, un détachement de pionniers arrive pour refaire la tranchée, presque entièrement comblée.
Le 24, à 22 heures 55, le commandant du 4e bataillon de tirailleurs marocains toujours au ravin du Bazil, reçoit l'ordre de relève de ses hommes. Les mitrailleuses ne seront relevées que dans la nuit du 25 au 26.
Conformément à cet ordre, toutes les fractions du 4e bataillon disséminées sur le champ de bataille doivent rejoindre le PC du ravin du Bazil. Les survivants, épuisés par des nuits de veille et de combats passées en première ligne, font leur entrée dans la caserne d'Authouard le 25 à 6 heures du matin.
L'attaque de la 51e division, entamée le 22 mai sous les ordres de Mangin et à laquelle participe le 4e bataillon du RMTM, est donc finalement un nouvel échec sanglant. Seule l'attaque centrale réussit ; le 74e RI auprès duquel combattent les Marocains ne parvient pas à atteindre ses objectifs et l'ennemi résiste à l'intérieur du fort.
Le 24 mai, alors que les tirailleurs marocains survivants continuaient à attaquer vers la tranchée Otto, le redoutable corps bavarois de l'armée allemande parvenait à déloger, au petit matin, les assaillants qui avaient pris position sur les superstructures du fort et qui combattaient encore.
Après trois jours de lutte acharnée — on s'est battu au corps à corps lors de combats d'une violence inouïe sous un bombardement infernal et permanent — les compagnies survivantes aux effectifs squelettiques sont ramenées vers l'arrière. L'attaque se solde par un échec qui, une fois de plus, est très coûteux en vies humaines. La division Mangin perd 130 officiers et 5 500 hommes ! Pour le bataillon de tirailleurs marocains, les pertes au cours des différents combats sont particulièrement lourdes, 4 officiers sont tués et 4 sont blessés, 94 hommes de troupe sont morts, 113 sont disparus et 160 sont blessés. Pour faire face à ces pertes, le régiment est réorganisé à l'arrière au mois de juin et les survivants du 4e bataillon sont autorisés à regagner le Maroc.
LA PERCEE HEROÏQUE DU RMTM LORS DE L'OFFENSIVE DU CHEMIN DES DAMES, LE 16 AVRIL 1917
Le général Robert Nivelle, tout auréolé de ses récents exploits sur le front de Verdun (reprises des forts de Douaumont et de Vaux, de la côte 304) et partisan résolu de l'offensive, remplace Joffre à la tête des armées françaises depuis décembre 1916. Le nouveau généralissime prépare avec minutie une offensive qu'il veut décisive et qui doit permettre de rompre le front allemand, de reprendre la guerre de mouvement et de trouver une issue rapide et victorieuse à un conflit qui n'a que trop duré.
Cette bataille pour percer, c'est celle du Chemin des Dames, route de crêtes située sur un éperon rocheux et bordée au nord par la rivière l'Ailette et au sud par l'Aisne. Le terrain est particulièrement accidenté, les pentes que vont devoir gravir les soldats sont très boisées et le dénivelé important peut atteindre de 150 à 200 mètres selon les endroits. Par ailleurs, le terrain est troué comme un gruyère d'innombrables cavernes, les creutes, dans lesquelles les Allemands peuvent facilement s'abriter pour laisser passer le déluge d'obus précédant toute attaque.
C'est à cette bataille que les hommes du RMTM vont participer. Le jour est fixé au 16 avril 1917, les troupes doivent s'élancer hors des tranchées à 6 heures du matin.
Les préparatifs de l'assaut
La veille de l'attaque, le 15 avril dans la soirée, le régiment marocain, commandé par le lieutenant-colonel Cimetière; encadré à droite par le 1er régiment mixte (306e brigade), à gauche par le 146e régiment d'infanterie (39e DI), occupe son secteur au nord-ouest de Vendresse.
Deux bataillons sont accolés en première ligne : à droite, le 5e bataillon (commandant Devès), à gauche le 6e bataillon (commandant Maillet). Chacun de ces deux bataillons a une compagnie dans la tranchée de première ligne. Les autres compagnies, les compagnies de mitrailleuses et le canon de 37mm, particulièrement utile pour détruire les casemates et les nids de mitrailleuses, sont dans les tranchées, de soutien et de deuxième ligne. Le 7e bataillon (commandant Dupas), arrivé dans la soirée même de la ferme Lécuyer, vient occuper les places d'armes créées en arrière et contre les pentes sud de la falaise. Le lieutenant-colonel Cimetière est installé dans le PC Maurice qu'il occupe depuis le 11 avril.
Depuis plusieurs jours, l'artillerie est entrée en action afin de détruire les organisations de la première ligne ennemie, conformément au plan d'attaque élaboré par le généralissime Robert Nivelle.
D'après Cimetière, la veille de l'attaque, les redoutables réseaux de fil de fer qui protègent les abords de la tranchée de première ligne allemande ont presque entièrement disparu.
Sur le front du 5e bataillon, les réseaux de barbelés qui protègent les tranchées françaises sont réduits par les tirs de l'artillerie de tranchée à un obstacle insignifiant ; en revanche, les barbelés qui se trouvent sur le front du 6e bataillon sont encore très denses et il faut organiser une sortie pendant la nuit du 15 avril, afin de cisailler les fils et ainsi ménager des couloirs pour l'attaque prévue le lendemain.
Dans les tranchées de première ligne, des échelles de franchissement sont disposées sur tout le front du régiment. A l'intérieur des lignes françaises, des corvées détruisent les réseaux de barbelés existant entre les tranchées et aucun obstacle matériel ne s'oppose plus à la sortie des premières vagues d'assaut à l'aube du 16 avril. Pour le franchissement de l'Ailette, cours d'eau qui est l'un des objectifs de la journée, un peloton apporte dans la soirée douze passerelles fabriquées par le Génie.
Dispositif du régiment pour l'assaut
Le bataillon marocain doit se porter à l'attaque dans la formation suivante :
- Deux bataillons accolés en première ligne, à droite, le 5e (Devès), à gauche le 6e (Maillet). Chacun de ces bataillons a une compagnie en première ligne (17e et 21e) répartie en trois sections d'assaut et une de soutien.
- En arrière, à environ 50 mètres des sections de renfort, doit marcher une vague de nettoyeurs constituée dans chaque bataillon par deux sections fournies par les 18e et 23e compagnies.
- A 250 mètres en arrière, les compagnies de soutien (19e et 22e) doivent s'avancer en colonne par un. Enfin, 200 mètres plus loin, s'avanceront les deux compagnies restantes des sections de nettoyage.
- Les compagnies de mitrailleuses des bataillons de première ligne doivent accompagner le mouvement, deux sections avec la première vague de nettoyage et deux sections en arrière de la compagnie de soutien sont laissées à la disposition du chef de bataillon. Ce dernier marche en tête de la compagnie de soutien en veillant à ne pas la laisser s'engager prématurément.
- A 500 mètres environ des derniers éléments des bataillons de première ligne s'avance le 7e bataillon tenu en réserve (commandant Dupas) avec ses trois compagnies d'infanterie (25, 26, 27es) disposées en échiquier sur deux lignes, une compagnie en avant au centre, les deux autres légèrement en arrière de chaque côté.
- Le lieutenant-colonel commandant le régiment se tient en principe à l'arrière à environ 200 mètres du bataillon de première ligne.
- Enfin de part et d'autre des troupes engagées, deux détachements sont chargés d'assurer la liaison avec les corps voisins. La profondeur totale du dispositif est de 1 850 mètres, la largeur de 750 mètres.
L'assaut
Journée du 16 avril
5 heures 50 :
Cimetière quitte son PC et se porte sur un point dominant le terrain entre la carrière Ardusset et la carrière Magnon, à une cinquantaine de mètres de la première ligne.
6 heures :
Conformément au plan d'attaque, les Marocains se mettent en route et se portent en avant en un seul bloc ; la distance en profondeur est cependant réduite pour passer, le plus vite possible, le tir de barrage que l'artillerie allemande va déclencher afin de tenter d'enrayer, l'assaut. Le terrain qui se trouve en avant de la première ligne française est désormais très praticable après la destruction des réseaux de barbelés par l'artillerie et l'ouverture à la cisaille, au cours de la nuit, de plusieurs passages dans les barbelés restés intacts.
Le spectacle de la montée à l'assaut des Marocains est particulièrement saisissant ; le chef de corps, le lieutenant-colonel Cimetière, qui pourtant connaît bien les qualités exceptionnelles de ses hommes, ne peut masquer son admiration : « [...] Les vagues d'assaut se suivent avec une précision de métronome, un ordre parfait, comme à la manœuvre, leur régularité fait présager de grandes choses de la part d'une pareille troupe et leur chef se sent fier et heureux de mener au combat de si braves gens [...] ».
On sait que l'effet de surprise sur lequel comptait Nivelle, et qui était un facteur de réussite de son plan, n'a pas joué le 16 avril, les Allemands étaient en fait très renseignés sur l'offensive prévue et s'y étaient fort bien préparés.
Pourtant, la rapidité et le silence avec lesquels les tirailleurs marocains sortent des tranchées permettent aux deux compagnies de tête de parcourir environ 200 mètres avant que les Allemands ne s'en aperçoivent et tirent des fusées pour demander aux artilleurs de, déclencher le tir de barrage.
Le bombardement aussitôt déchaîné semble partiellement manquer son objectif. Il n'est pas très nourri sur la première ligne d'assaut mais, en revanche, il s'acharne sur le ravin de Vendresse, point de départ de l'attaque.
Dès le départ, Devès qui commande le 5e bataillon s'effondre, très grièvement blessé au moment où, monté sur le parapet de la tranchée de départ, il exhorte d'un « en avant ! » ses hommes à partir à l'attaque en indiquant d'un geste la direction à suivre. C'est le capitaine Simonnet qui prend immédiatement le commandement, alors que les hommes finissent de s'extraire de la tranchée.
6 heures 15 :
Les deux bataillons de tête avancent et disparaissent dans le ravin de Chivy. Le bataillon de réserve (7e) vient occuper, dans la tranchée de départ, les positions laissées vides par l'avance des 5e et 6e bataillons. Le lieutenant-colonel Cimetière transporte son PC dans la tranchée de soutien ennemie.
6 heures 20 :
Du PC, des mouvements sont observés sur la crête du Chemin de Dames, des détachements ennemis remontent en désordre vers le sommet. Mais les tirailleurs engagés vers l'avant se retrouvent sous le feu des mitrailleuses allemandes. Des rafales très nourries partent de la crête nord du ravin de Chivy (tranchée de Fuleta), d'autres balayent le fond du ravin où les hommes tentent de s'abriter comme ils le peuvent. Les tirs les plus meurtriers proviennent de l'entrée d'un abri souterrain situé à la naissance du ravin. Les Marocains se retrouvent dans un piège " classique " du Chemin des Dames. Au passage des assaillants, les Allemands rentrent dans des abris souterrains, des grottes, les fameuses creutes de la région, puis ressortent, mettant en batterie une ou plusieurs mitrailleuses ; les assaillants se retrouvent alors pris entre deux feux : c'est ce qui arrive aux tirailleurs coincés au fond du ravin de Chivy. Les pertes sont sérieuses, surtout à la gauche de la ligne, là où opère le 6e bataillon ; de plus, l'artillerie lourde ennemie écrase le fond du ravin par un très violent tir de barrage. Le chef du 6e bataillon, Maillet, qui se trouve à la tête de son groupe, est mis hors de combat par un éclat d'obus dans l'abdomen. Le capitaine Launay, commandant la 6e compagnie, se trouve près de Maillet ; il reçoit une balle de mitrailleuse qui le tue. Presque au même moment, un autre officier est lui aussi grièvement blessé par un tir de mitrailleuse. Le capitaine Delgrange, qui commande la 22e compagnie, remplace Maillet à la tête du 6e bataillon. En moins d'une demi-heure, les deux chefs de bataillon sont hors de combat ! Chez les tirailleurs marocains, certes, les officiers sont français, mais ils sont appréciés, suivis et respectés par leurs hommes car tous partagent à égalité l'épreuve du feu devant les balles allemandes.
Malgré les pertes, les vagues d'assaut continuent à progresser et leur élan n'est nullement arrêté. C'est en entonnant leur cri de guerre que les Marocains gravissent, dans l'ordre, la pente nord du ravin de Chivy pourtant excessivement difficile.
En effet, à l'arrière de la première vague, les nettoyeurs sont entrés en action en attaquant les abris qui n'étaient pas détruits ; en particulier le gros abri souterrain à l'entrée du ravin d'où l'on tirait dans le dos des Marocains. Ce dernier est d'abord attaqué aux lance-flammes mais leur emploi est rendu dangereux par les retours de flammes, les nettoyeurs du RMTM viennent donc à bout de l'abri à coups de grenades incendiaires. Ce sont 200 à 250 Allemands qui en sortent et sont faits prisonniers puis envoyés à l'arrière. Un grand nombre des occupants de l'abri est tué sur place ; quelques-uns connaissent une mort atroce, ils brûlent comme de véritables torches vivantes.
6 heures 45 :
Les compagnies de première ligne abordent le rebord nord du ravin de Chivy et franchissent la tranchée de Fuleta ; là, elles marquent un temps d'arrêt pour se réorganiser et remettre de l'ordre dans les vagues d'assaut. La 21e compagnie, très éprouvée dans le ravin de Chivy, n'est plus constituée que de petits groupes clairsemés. Pour compléter les effectifs, deux sections d'une compagnie de soutien (22e) rejoignent les troupes de première ligne.
6 heures 50 :
La marche reprend calme et régulière ; les troupes avancent précédées par le barrage de l'artillerie française censé ouvrir la route, mais les chefs de bataillon estiment ces tirs insuffisants, peu nourris, clairsemés et incertains. Les Marocains pensent même qu'il s'agit d'un mauvais tir de barrage ennemi, ils ont tendance à le pénétrer peu à peu et même à le franchir, emportés qu'ils sont par leur ardeur ! Les chefs de bataillon doivent intervenir et freiner l'allure afin de respecter la progression.
Les bataillons de tête, qui franchissent la tranchée de Fuleta et traversent le petit plateau séparant le ravin de Chivy du bois de Paradis, se retrouvent très exposés au feu nourri des très nombreux nids de mitrailleuses. Pour en venir à bout, le canon de 37 mm du 5e bataillon est rapidement mis en batterie et parvient à faire taire plusieurs mitrailleuses, mais c'est surtout la progression très rapide de l'infanterie qui les réduit au silence. Rien ne semble pouvoir freiner l'avance des Marocains qui enlèvent à la baïonnette la lisière sud du bois du Paradis, les mitrailleurs ennemis tirent jusqu'à leur dernier souffle avant d'être cloués sur place par les baïonnettes des tirailleurs. Le ravin de Paradis est traversé en coup de vent par les vagues de tête.
7 heures :
Alors que le lieutenant-colonel Cimetière arrive à la tranchée de Fuleta, c'est une lutte sans merci qui s'engage dans le bois du Paradis. Contrairement à ce que prévoyait l'état-major, la préparation d'artillerie française n'a nullement entamé les abris souterrains allemands qui sont intacts et regorgent de monde. Les nettoyeurs doivent utiliser des grenades explosives et incendiaires et parviennent à faire environ 200 prisonniers ; au cours de l'assaut, un capitaine allemand est tué dans son abri. Mais à nouveau, le piège du Chemin des Dames se met en place ; les Allemands, voyant leurs lignes franchies, tournent les mitrailleuses embusquées dans les creutes et tirent dans le dos des premières vagues d'assaut ; là encore, les nettoyeurs interviennent et font cesser le carnage.
Un temps d'arrêt est marqué à la lisière nord du bois du Paradis pour laisser souffler les hommes épuisés par l'effort qu'ils viennent de fournir. On en profite pour reconstituer l'effectif, en faisant rejoindre la première ligne par les troupes de réserve.
7 heures 20 :
Cimetière s'aperçoit qu'aucune troupe ne semble progresser à sa gauche ; un officier envoyé en reconnaissance rend compte que, effectivement, la gauche du régiment est entièrement découverte. La progression des Marocains a été telle que les autres troupes n'ont pu les suivre ; ils se retrouvent ainsi presque isolés à la pointe du dispositif d'assaut ! Pour remédier à cela, une compagnie du bataillon de réserve est désignée afin de s'opposer à toute incursion de l'ennemi sur le flanc gauche du bataillon.
A l'avant, les effectifs fondent et les troupes de réserve se font rares : ordre est donné de n'employer la réserve qu'en cas d'urgence absolue.
8 heures 40 :
Le lieutenant-colonel Cimetière suit la marche en avant de ses hommes et vient établir son PC à la lisière nord du bois du Paradis. Au même moment, un avion allemand de reconnaissance volant à très faible altitude est abattu par le tir des fusils du régiment, il s'écrase à environ 200 mètres.
9 heures 12 :
Le 5e bataillon reprend sa marche en avant, il colle au barrage d'artillerie et progresse lentement en gardant le contact avec l'autre bataillon marocain qui progresse à la même vitesse.
9 heures 30 :
Les hommes arrêtent leur progression, le tir de barrage français est trop court, le 5e bataillon a dépassé le Chemin de Dames et se trouve à cheval sur la tranchée Kruger ! Le 6e, lui, est légèrement en arrière dans la tranchée du Mat. Cimetière quitte la tranchée du Paradis et s'avance pour se rendre compte de la situation, l'allongement du tir est demandé pour permettre la reprise du mouvement en avant, mais l'ajustement tarde à se faire.
10 heures 25 :
La demande d'allongement du tir est réitérée, toujours sans résultat. Cimetière apprend alors qu'à la gauche du régiment, le village de Chivy, très en arrière, n'a pas été enlevé à l'ennemi. Il existe ainsi, à gauche, un grand espace que les Allemands peuvent utiliser pour une contre attaque et les premières lignes risqueraient alors d'être coupées de leur base arrière. Pourtant, il n'est pas question de se replier et les bataillons de tête doivent se maintenir sur place en organisant les positions conquises.
Le bataillon Lagarde du 9e Zouaves arrive en renfort du RMTM ; une compagnie et une section de mitrailleuses sont immédiatement chargées de surveiller le flanc gauche particulièrement exposé. Les premières lignes doivent se maintenir, coûte que coûte, sur leurs positions.
11 heures 40 :
En face des lignes avancées conquises de haute lutte par les Marocains, les Allemands renforcent leurs positions en hommes et mitrailleuses dans les tranchées du Pirate et de l'Artimon, laissant présager une contre-offensive. Des hommes en provenance de la 27e compagnie (réserve) sont immédiatement envoyés pour renforcer le dispositif. Le bataillon Lagarde du 9e Zouaves est placé légèrement en arrière des premières lignes (pente nord du ravin du Paradis) pour parer à toute mauvaise surprise.
13 heures 55 :
Cimetière donne l'ordre suivant au commandant Lagarde du 9e Zouaves : « Pénétrez dans le bois des Prés Moreaux, cernez Chivy et emparez-vous de ce village par le Nord [...] ». Inutile ! Peu après, Cimetière apprend que Chivy est tombé et que le 146e RI qui s'en est emparé progresse sur sa gauche. Le 5e bataillon doit désormais assurer la liaison avec le 146e RI lorsque celui-ci arrivera à sa hauteur.
16 heures 25 :
L'ordre de relève du régiment marocain arrive : ce dernier doit se faire dépasser par le 9e Zouaves qui monte en première ligne et doit continuer la progression ; les Marocains, déjà durement éprouvés, devront pourtant continuer à occuper les mêmes positions (tranchées du Mat et de Kruger) et deviennent la réserve du 9e. Mais cette relève prévue pour le 16 ne peut être effectuée que le 17 à la tombée de la nuit. En attendant il faut tenir, encore.
La nuit du 16 au 17 se passe sans trop d'incidents, chacun fait bonne garde pour ne pas se laisser surprendre. L'ennemi utilise les casemates et abris plus ou moins détruits pour y installer des mitrailleuses et se renforcer, il lance des grenades et de nombreuses fusées éclairantes. Les Allemands sont inquiets, toujours sous le coup de la très brutale attaque des Marocains, la veille, qui leur a occasionné de lourdes pertes. Ils ne tentent pour l'instant aucun retour offensif.
En première ligne, la fatigue est grande, la nuit est glaciale et il neige ; les gradés multiplient leurs efforts pour réconforter leurs hommes et les aider à lutter contre l'engourdissement qui gagne même les plus énergiques.
Le 17 avril
La journée froide et pluvieuse n'apporte aucun changement significatif de la situation. L'ennemi terrorisé la veille, prêt à se rendre, s'est ressaisi. Il s'organise, travaille et renforce ses positions, bien qu'il ne soit pas très nombreux. Des pertes sont encore occasionnées par les mitrailleuses, les hommes sont obligés de se terrer, les moindres mouvements sont guettés par les mitrailleurs d'en face.
Après une journée d'attente, c'est à 20 heures que le 9e Zouaves se présente enfin pour effectuer la relève. Les Marocains partent bivouaquer sur la pente Nord du ravin de Chivy. Pendant qu'ils rétrogradent, ils sont soumis à un tir de barrage qui cause encore des pertes.
Le 18 avril
Pendant toute cette journée, les bataillons stationnés dans le ravin de Chivy sont soumis à un bombardement systématique qui fait de nombreuses victimes. A partir de 20 heures, les bataillons très durement éprouvés quittent le champ de bataille et s'en vont bivouaquer à l'arrière sans pertes sensibles.
Le 19 avril
Tous les survivants valides de ces terribles combats sont rentrés peu à peu au cantonnement, et de nombreux tirailleurs qui s'étaient égarés pendant la nuit arrivent au cours de la journée. Un appel sérieux est fait en fin d'après-midi afin de confirmer les pertes et préciser l'état du régiment.
Le succès local des Marocains dans cette offensive du Chemin de Dames s'est payé très cher, les pertes sont sévères : 10 officiers dont 3 capitaines sont tués, un sous-lieutenant est porté disparu ; les hommes affirment avoir vu son cadavre mais malgré les recherches on n'a pu le retrouver. Les trois chefs de bataillon sont blessés dont deux très grièvement, au total ce sont 21 officiers qui sont blessés. Chez les hommes de troupe, les pertes avoisinent les 50 %, chiffre énorme qui témoigne de la violence des combats et de l'engagement courageux et sans limite des Marocains dans la bataille. Sur 2 021 hommes, 606 sont blessés, 192 tués et 202 portés disparus, ce qui, bien sûr, ne laisse guère d'espoir de les retrouver.
Pourtant, malgré ces pertes impressionnantes et d'après leur chef : « [...] L'esprit des tirailleurs reste excellent, ils n'ont pas été impressionnés par la disparition de leurs camarades [...] ». Même si l'on peut s'interroger sur le niveau réel du moral des Marocains après la disparition de tant de camarades, il faut noter que le RMTM n'est pas atteint par l'impressionnante vague de mutineries qui touche l'armée française et tout particulièrement les unités engagées au Chemin des Dames au cours du printemps 1917. En effet, on a promis aux soldats une percée décisive et la reprise de la guerre de mouvement permettant une issue rapide du conflit. Or, les soldats comprennent dès le premier jour, voire dès les premières heures de l'attaque, qu'ils n'ont aucune chance de percer des défenses allemandes inexpugnables. Le mécontentement et la désillusion ne font que s'accroître devant tant de camarades morts en si peu de temps et une fois de plus pour... rien ou presque (100 000 hommes sont mis hors de combat en dix jours et l'on compte en outre 30 000 morts).
Le 4 mai, le régiment reçoit une nouvelle citation à l'ordre de l'armée pour les journées des 16 et 17 avril : « Le régiment de tirailleurs marocains sous l'énergique impulsion de son chef, le lieutenant-colonel Cimetière, a emporté d'un élan, les trois lignes de tranchées de la première position allemande puis a franchi successivement deux ravins profonds, le premier battu par un feu violent de mitrailleuses, le second, abrupt, boisé, énergiquement défendu par un ennemi disposant d'abris profonds, auquel il a fait plus de 500 prisonniers. Malgré les pertes subies a abordé sans désemparer la deuxième position allemande, enlevant plusieurs lignes de tranchées et ne s'arrêtant que par ordre, pour permettre l'arrivée à sa hauteur des troupes voisines qu'il avait dépassées dans son élan. »
Plusieurs soldats sont distingués par des Légions d'honneur, médailles militaires et citations à titre individuel comme Abderahman ben Rahel : « Dans un terrain accidenté et boisé a tué un adversaire qui mettait en joue son capitaine à moins de 20 mètres, le sauvant d'une mort certaine. Type de vieux soldat marocain d'un dévouement et d'un courage à toute épreuve. »
Miloudi ben Ahmed est lui aussi distingué : « A fait preuve, le 16 avril 1917 au Chemin des Dames, de beaucoup d'allant et de bravoure, en montant à l'assaut des positions ennemies fortement organisées. A été blessé grièvement au cours de l'action. » Ou bien encore, Allal ben Moussa : « Brave tirailleur, a été grièvement blessé au Chemin des Dames, en se portant courageusement à l'assaut des tranchées ennemies. Enucléation de l'œil gauche. »
La percée héroïque des Marocains le 16 avril 1917 ne peut cacher l'échec global et cuisant de l'offensive préparée par Nivelle. La surprise n'était pas au rendez-vous, la préparation d'artillerie insuffisante n'a pu venir à bout des défenses ennemies et des redoutables créâtes parfaitement utilisées par les Allemands. Le désastre est total, l'armée française déjà saignée à blanc à Verdun a engagé là ses meilleures unités qui ont fondu sur les pentes escarpées du Chemin des Dames. Le front n'est pas rompu, la guerre va durer, encore.
Jean-Pierre RIERA,
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| | | PGM Administrateur
messages : 11670 Inscrit le : 12/12/2008 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Dim 29 Mai 2011 - 10:48 | |
| Edward L. Bimberg - The Moroccan Goums: Tribal Warriors in a Modern War Edward L. Bimberg - Les Goums marocains: guerriers tribaux dans une guerre moderne Publisher: Greenwood Press PGM | |
| | | PGM Administrateur
messages : 11670 Inscrit le : 12/12/2008 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Dim 29 Mai 2011 - 11:07 | |
| PGM | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Sam 11 Juin 2011 - 17:18 | |
| "l'armée marocaine a travers l'histoire" de abdelhak el merini. |
| | | colonelrachid 2eme classe
messages : 3 Inscrit le : 17/05/2011 Localisation : RABAT Nationalité :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Jeu 23 Juin 2011 - 17:37 | |
| 1908 24 janvier Jean Jaurès demande à la Chambre le retrait des troupes françaises du Maroc.
1908 1 septembre L'Allemagne demande aux signataires de l'Algésias la reconnaissance du nouveau sultan du Maroc. 1908 25 septembre Incident franco-allemand des déserteurs de Casablanca. 1909 9 février Accord franco-allemand sur le Maroc. 1911 1 juillet Coup d'Agadir des Allemands contre les Français. 1911 4 novembre L'Allemagne reconnaît le protectorat français sur le Maroc en contrepartie du bassin de la Sangha (Congo). 1912 30 mars Traité de Fès instaurant un protectorat français sur le Maroc. 1912 15 juillet Protocole militaire franco-russe. 1913 3 avril Incidents franco-allemands à Lunéville. 1913 13 avril Incidents franco-allemands à Nancy. 11 mai Les Français s'emparent de Taza (Maroc)
http://storage.canalblog.com/69/97/113362/12216680_p.jpg
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| | | colonelrachid 2eme classe
messages : 3 Inscrit le : 17/05/2011 Localisation : RABAT Nationalité :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Jeu 23 Juin 2011 - 17:42 | |
| Goumier, soldat berbère marocain de l'armée française
Peu savent que ce sont les tirailleurs Marocains qui ont libérés la Corse , que ce sont les Algériens aidés par les FFI qui ont libéré Marseille, Toulon, Lyon et Mulhouse et qu'une grande part de la fameuse 2eme DB du générale Leclerc a libéré Paris. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale le Indigènes subissent des discriminations comme le fait de ne pas pouvoir dépasser le grade de capitaine alors que deux ans suffisent pour un Européen de passer de sous-lieutenant à lieutenant, il fallait jusqu'à six ans pour un soldat indigène. Toutes ces inégalités pour ces soldats issus des colonies qui ont tout de même délivré la France de l'occupation Allemande étaient injustifiées. Ces oubliés de l'histoire ne demandent pas seulement une amélioration de leurs pensions ils demandent seulement a être reconnus et non pas oubliés comme ce fut le cas jusqu'au film du Français, Rachid Bouchareb.
:balkom:
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| | | Fahed64 Administrateur
messages : 25260 Inscrit le : 31/03/2008 Localisation : Pau-Marrakech Nationalité : Médailles de mérite :
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Mer 29 Juin 2011 - 18:38 | |
| Des troupes maghrébines et sénégalaises ont participer à la bataille des Dardanelles au nom de la France contre l'Empire Ottoman.
Mais je sais pas si ce sont des tirailleurs algériens ou marocains. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Jeu 30 Juin 2011 - 22:29 | |
| - Citation :
- Les troupes coloniales dans la Grande Guerre
LA GRANDE GUERRE ET L’AFRIQUE FRANÇAISE DU NORD
Jean-Charles Jauffret
A la mémoire de Gérard Canini, mon ami, l’historien de la bataille de Verdun trop tôt disparu.
L’Empire colonial en 1914-1918 devient un enjeu. L’envoi de matières premières et d’hommes en métropole, fait de l’Afrique française du Nord (AFN), comprenant deux protectorats (Tunisie et Maroc) et une colonie (l’Algérie), une composante de la lutte des alliés contre les Empires centraux. Ces derniers, afin de tourner un blocus maritime et colonial fort gênant, tentent d’allumer des contre-feux en se servant de l’étendard de la foi levé par le sultan-calife de Constantinople. On conçoit, dès lors, combien il est vital pour la France de tenir solidement ses « réservoirs d’hommes » nord-africains afin de continuer le combat sur le front métropolitain, tout en « veillant au salut de l’empire ».
Tenir
Pour les élus Français d’Algérie, piliers du « parti colonial » au Parlement, la Méditerranée traverse la France comme la Seine traverse Paris. Cette conception de « la plus grande France » correspond à des impératifs stratégiques. De plus, en raison des moyens employés afin de conserver le domaine colonial hors de toute atteinte, le premier conflit mondial met en relief l’impérieuse nécessité pour une nation en guerre d’y affirmer sa souveraineté.
Protéger les axes vitaux
Dans les premières heures de la guerre, le commandement français vit quelques moments d’angoisse. Le pire des scénarios, atténué cependant par la neutralité italienne, semble se réaliser lorsque le croiseur de bataille Goeben et le croiseur léger Breslau, le 4 août 1914, ouvrent le feu sur les ports de Philippeville et de Bône. Certes, la poursuite de ces audacieux s’engage aussitôt, mais ce bombardement naval rappelle la vulnérabilité des communications des routes alliées en Méditerranée. La première concerne l’axe vital Suez-Gibraltar, artère jugulaire coloniale qu’il faut coûte que coûte tenir. La seconde concerne l’axe Alger-Marseille qui assure à la métropole un flux continu de matières premières (phosphates, métaux...), et de vivres (mouton, blé, vin, huile...) dont l’effort de guerre a le plus grand besoin. Cette route franco-française est également importante pour amener le plus vite possible l’armée d’Afrique, c’est-à-dire essentiellement les forces du 19e Corps d’armée (Algérie), à pied d’œuvre en métropole. A la mobilisation, le 19e Corps doit être engagé comme soutien des forces de couverture en troisième échelon, après la montée en ligne des corps d’armée frontaliers puis du corps colonial stationné en France 1. En effet, après la conclusion de la Triplice, en 1882, le haut-commandement envisage, dans un premier temps, de placer le 19e Corps mobilisé sur les Alpes pour parer une attaque germano-italienne. Puis la crainte d’une attaque brusquée allemande se faisant plus pressante à la faveur des deux crises marocaines de 1905 et de 1911, le 19e Corps reçoit pour objectif le soutien des forces engagées au Nord-Est. Pour remplir cette mission, la mer doit être impérativement libre. En conséquence, on comprend mieux les efforts du Quai d’Orsay pour tenir l’Espagne loin de l’alliance allemande et éloigner l’Italie des puissances centrales avec lesquelles elle a signé la Triplice en 1882.
Après les premières batailles et la déconvenue d’une guerre longue, l’Allemagne entreprend, avant la lettre, de mettre en pratique La discorde chez l’ennemi. Le Reich se sert du levier ottoman pour menacer le garde-manger et le « réservoir d’hommes » de l’AFN, pour ne rien dire de ses ambitions en Égypte (la saisie du canal de Suez restant l’objectif prioritaire au moins jusqu’à l’offensive du général Kressenstein en août 1915). En ce qui concerne l’AFN, la menace, indirecte, reste essentiellement religieuse. Le sultan-calife de Constantinople, Mehemet V, mène une guerre sainte contre la France, l’Italie, la Russie et la Grande-Bretagne depuis la conclusion de l’alliance de l’Empire ottoman et des puissances centrales. Cette djihad risque d’embraser l’ensemble du monde musulman sunnite. En Algérie, la proclamation de la guerre sainte est accueillie avec ferveur là où la foi est vive, et les chansons citadines espèrent la victoire des Turcs, précise Benjamin Stora 2. Sur le plan militaire, l’AFN est concernée seulement d’août 1915 à juin 1916, lorsque les insurgés tripolitains, vainqueurs des faibles forces italiennes enfermées dans Homs et Tripoli, mettent en péril le Sud-tunisien. Pour contenir cet embrasement, dont le Sahara devient bientôt l’épicentre, comme le souligne Jacques Frémeaux dans sa thèse d’État 3, le commandement est obligé de dépêcher 15 000 hommes pour tenir le golfe de Gabès. Il s’agit bien d’une tentative de pénétration turco-tripolitaine, sur fond d’espoir de reconquête ottomane. Cet axe d’effort doit peu à l’appel à la guerre sainte lancée par la confrérie de la Sanûssiya, souligne André Martel 4. En tout, 7 000 Tunisiens passent la frontière pour rejoindre les partisans du sultan-calife. Les troupes françaises s’arcqueboutent sur la ligne Dehibat-Remada. En utilisant avions de bombardement et artillerie, elles contiennent toutes les tentatives turco-tripolitaines 5.
Depuis son voyage à Istanbul en 1889 et ses engagements spectaculaires en faveur du Maroc en 1905 et en 1911, le Kaiser Guillaume II est, pour les Maghrébins, Hajd Guillaume. Derrière chaque action de la Sublime Porte, l’ombre de la Wilhelmstrasse se profile. Les communiqués des agences de presse allemande célèbrent la proclamation de la guerre sainte par Mehemet V. Des journaux en arabe comme Al Dschihad, à destination du Maghreb, sont imprimés en Allemagne tout au long de la guerre. La propagande allemande cherche également à recruter des prisonniers musulmans pour les enrôler sous la bannière du calife. Gilbert Meynier décrit, dans sa thèse d’État 6, ce camp du Croissant, près de Berlin, où l’on tente de susciter des vocations parmi les tirailleurs algériens faits prisonniers. Sur le front même, par haut-parleurs, des officiers allemands essayent de favoriser les désertions parmi les soldats musulmans, mais en vain dans la plupart des cas. En juillet 1918, le peintre Jean-Pierre Laurens fait paraître une série de lithographies de grande qualité intitulée Prisonniers de guerre 7 et dédicacée aux poilus en détention en Allemagne. L’une d’elles montre des officiers allemands qui tentent de convaincre le sergent M., du 2e régiment de tirailleurs algériens, de rallier l’armée de Mehemet V. Il leur répond : « Je me le fous, le Sultan... le connais pas... Moi suis Français, Monsieur... ». Au-delà de la simple contre-propagande, cet hommage a valeur de symbole de reconnaissance d’une fidélité ne faisant pas de doute.
Contenir les révoltes
Plus que la propagande, les autorités françaises redoutent les réseaux d’espionnage et le trafic d’armes du Reich en AFN. En effet, la situation interne du Maroc et des confins orientaux de l’Algérie donne quelques inquiétudes. En revanche, après les troubles nationalistes de 1912, le calme règne en Tunisie en dehors de la frontière avec la Tripolitaine.
Conquête récente et inachevée de la IIIe République, le Maroc constitue un des fronts oubliés de la Grande Guerre. La France y affronte seule une guerre sainte islamique auto-proclamée par les tribus berbères insoumises de la montagne. Elles sont sensibles à la propagande de Constantinople, depuis que le souverain chérifien, « empêché », pourtant commandeur des croyants, est aux ordres de la puissance française. En se servant du port franc de Tanger et de complicités espagnoles, les Allemands arment en grande partie les Chleuhs, les Berabers, les Rifains et les Zaïans.
Le 27 juillet 1914, comme l’ont rappelé dans leurs thèses d’État Daniel Rivet et Mohamed Bekraoui 8, Lyautey, résident général, reçoit l’ordre de replier ses forces sur les ports et de tenir ouverte la liaison terrestre avec l’Algérie, via Fès et Oujda. Pour le haut-commandement, le sort du Maroc doit se régler en Lorraine 9, mais Lyautey estime que toute retraite vers les plaines entraînerait une insurrection générale. Il ne peut se contenter d’un simple blocus de la montagne. Dans un premier temps, il décide de tenir l’ensemble des conquêtes avec seulement vingt maigres bataillons. Ces derniers sont en partie composés de légionnaires allemands, que l’on évite d’employer en Europe, et dont les meilleurs éléments sont rassemblés dans les unités d’élite de la Légion, les compagnies montées 10. Toutefois, après un « creux » sensible au deuxième semestre de 1914, les effectifs présents au Maroc sont d’environ 80 000 hommes, soit presque l’effectif du corps d’occupation en mai 1914. Hors de toute considération hagiographique, il s’agit là d’un véritable tour de force du résident général, qui illustre à ce propos la plus rare des vertus militaires : l’esprit d’initiative. Entre août 1914 et novembre 1918, tout en envoyant en France 58 bataillons et 22 escadrons, Lyautey fait flèche de tout bois : il mobilise sur place 4 000 colons installés au Maroc, demande des tirailleurs sénégalais, et recrute des troupes supplétives composées en majorité de goums marocains. Le nombre de ces derniers passe de 14, à la déclaration de guerre de l’Allemagne, à 25 au jour de l’armistice de 1918 11.
Ces troupes de valeur inégale doivent assurer, rappelons-le, les liaisons Maroc-Algérie, notamment via le couloir de Taza, et contenir les assauts de tribus insoumises. Comme l’a montré Mohammed ben Lahcen dans sa thèse nouveau régime 12, les Berbères du Moyen-Atlas en profitent aussi pour éliminer de la montagne les Français après la retentissante victoire des Zaïans à El Herri, le 13 novembre 1914. Ce désastre (33 officiers et 590 hommes tués), qui prend les allures d’une revanche des musulmans sur les occupants chrétiens, permet aux Zaïans de mener, avec argent et armes allemandes, une guerre d’usure, à dominante nationaliste, jusqu’en 1917. A cette date, tout en dégageant Taza de la menace rifaine, Lyautey passe à la contre-offensive dans le Moyen-Atlas en attisant les querelles tribales. Il regagne peu à peu tout le terrain perdu. Il fait même preuve d’audace en 1917-1918 en poursuivant la conquête vers le Tafilalet, fidèle à sa devise : « Qui s’arrête, recule ».
En Algérie, tout est calme jusqu’en 1916. Lorsqu’il s’agit d’incorporer les conscrits de la classe 1917 et de réquisitionner de nouveaux travailleurs, à partir de la fin septembre 1916 le Sud-constantinois s’embrase. D’importants groupes de conscrits refusent de se présenter devant le Conseil de révision. L’insécurité devient générale : fils télégraphiques coupés, feux allumés dans la montagne, assassinats d’Européens et de chefs indigènes francophiles. Sur les marchés, précise Gilbert Meynier 13, les hommes annoncent la venue prochaine des Turcs accompagnés d’un Mahdi ou sauveur de l’Islam. On retrouve à ce propos, comme pour la grande révolte Kabyle de 1871, le mythe du secours venu d’Orient étudié par André Martel 14. Cette volonté de chasser les roumis (chrétiens) du Dar-Oul-Islam (la terre sacrée de l’Islam) donne à cette révolte un aspect fanatique qui annonce les 8 mai 1945 et 1er novembre 1954. L’insurrection proprement dite prend toute son ampleur en novembre 1916. Les indomptables Chaouïas de l’Aurès sont au cœur de la révolte dont l’allure nationaliste est clairement affirmée : le 11 novembre 1916, à Boumequeur, la République algérienne est proclamée par les tribus Lajhdar Halfaouia et Ouled Soltane. Le village de colonisation de Mac-Mahon est attaqué, le sous-préfet de Batna meurt des suites de ses blessures. Les insurgés pillent ensuite des fermes, sabotent des voies ferrées... Prises au dépourvu, les autorités mettent du temps à réagir en dépit des attaques précoces subies par des unités de spahis. Les forces engagées sont imposantes : 6 à 8 000 hommes fin 1916, et 13 à 16 000 hommes début 1917, dont deux régiments d’infanterie venus de France, plus de l’artillerie et de l’aviation. Après de sanglants accrochages entre révoltés et troupes régulières, la répression est sévère. Elle dure cinq mois : toutes les mechtas (habitations, hameaux) des insurgés sont systématiquement rasées, le bétail est razzié, les silos et les récoltes sont détruits. Tout indigène pris les armes à la main, comme en 1871, est immédiatement fusillé. En tout, 200 à 300 révoltés sont tués, tandis que plusieurs centaines de personnes sont parquées, en plein vent, dans un camp à proximité de Constantine en attendant d’être jugées par un tribunal militaire. De même qu’en 1871, de lourdes amendes, des confiscations de terre et de bétail frappent les insurgés. Certains maquisards de l’Aurès, comme Amar ben Moussa reprendront les armes en novembre 1954.
Si, pendant la guerre, l’Algérie reste fidèle dans l’ensemble, cette révolte du Sud-constantinois traduit l’accumulation des rancunes. Le maintien de la présence française bénéficie surtout du manque de soutien direct des germano-turcs et de l’attentisme de la population musulmane, surtout après la répression dont souffre plus particulièrement l’Aurès. Ayant voulu faire un exemple, la France demeure suffisamment forte pour dissuader toute tentative d’insurrection.
Une question demeure : pourquoi cette révolte ne trouve-t-elle aucun écho parmi les troupes de l’Armée d’Afrique en Europe, et pour quelles raisons la propagande germano-turque n’arrive-t-elle pas à susciter un mouvement de désertion ou de désobéissance parmi les unités de tirailleurs ou de spahis ? Répondre à cette interrogation, c’est comprendre l’effort de guerre demandé à l’AFN et la preuve de l’inébranlable fidélité des régiments indigènes.
Combattre en Europe
L’Armée d’Afrique a un esprit de corps particulier et une réputation de solidité au feu que renforce la Grande Guerre.
C’est nous les Africains...
Pendant la Grande Guerre, les troupes indigènes se montrent loyales, y compris lors du moment de vérité : les mutineries de 1917. Seul le 67e bataillon des tirailleurs sénégalais, unité des troupes coloniales, rejoint les mutins français. A l’inverse, aux côtés de légionnaires, les tirailleurs algériens, dont aucun ne crie « Vive l’Allemagne » comme l’a montré Guy Pedroncini dans sa thèse complémentaire 15, servent à garder les arrières du front et à contenir les mutins.
Cette fidélité n’obéit pas seulement au réflexe de la discipline. Dans la plupart des cas, les recrues indigènes trouvent dans la société militaire un ordre plus égalitaire que celui de la société civile coloniale habituée « à faire suer le burnous ». Sans équivalents dans les armées occidentales, les régiments de tirailleurs et de spahis de l’Armée d’Afrique ont de bien curieuses coutumes : les cadres, officiers ou sous-officiers, deviennent juristes en connaissant le droit coutumier tribal. Ils règlent ainsi, à l’amiable, les chikayas (disputes, problèmes personnels) de leurs hommes. Dans ces vieux régiments, Du Rôle social de l’officier est pratiqué bien avant que Lyautey ne le découvre. On comprend, dès lors, que le drapeau devienne un totem, le colonel un chef coutumier à qui on se dévoue à l’image de ces turcos engagés dans les batailles d’anéantissement de 1870. Le paternalisme militaire remet à l’honneur la solidarité de groupe. Décorations et récompenses obtenues au même titre que les troupes de ligne sont objets de fierté.
De leur séjour en France, les survivants du front rapportent l’image d’une France accueillante, même si certains, en première ligne ou dans les cantonnements de l’arrière, en fréquentant tel ou tel instituteur socialiste, commencent à s’interroger sur la pérennité du système colonial. Comme dans les garnisons d’AFN, la France mobilisée continue de respecter les interdits alimentaires des soldats indigènes de l’Armée d’Afrique. Le séjour des régiments indigènes en métropole suscite de la part des Français une bienveillante curiosité où l’exotisme n’est pas le seul motif d’intérêt. L’accueil dans les hôpitaux militaires marque ceux qui en réchappent : même traitement pour tous les blessés et respect de la religion de chacun. Très en avance sur leur temps dans le sens de l’intégration, bien que soldes et avancement laissent à désirer, les troupes coloniales et celles de l’Armée d’Afrique sont aux antipodes de la ségrégation raciale pratiquée dans les unités américaines engagées en France. Toutefois, même si L’Écho d’Alger consacre une centaine d’articles à la bataille de Verdun en 1916-1917 16, les soldats de l’Armée d’Afrique ont un sentiment d’isolement, loin de leur famille, exception faite de quelques zouaves juifs ou de souche espagnole ou italienne qui ont une parenté en métropole.
Est-ce à dire que l’Armée d’Afrique est uniquement composée de soldats d’élite ? Les besoins d’effectifs transforment les unités d’AFN en armée de masse : entre 1914 et 1918, 293 756 hommes y sont recrutés. En Algérie, la conscription est généralisée en septembre 1915. En tout, représentant à eux seuls 30 % de la totalité des régiments indigènes de l’armée française en 1914-1918, les départements algériens mobilisent 172 000 tirailleurs et spahis répartis à égalité entre engagés et appelés 17. De plus, des 155 000 Français d’Algérie, soumis depuis 1876 au service militaire, 115 200 hommes combattent en France. Eux aussi donnent généreusement leur sang pour une mère-patrie que beaucoup n’ont jamais vue. La Tunisie, au système de recrutement complexe, lève 63 000 appelés, recrutés indirectement par décret du Bey de Tunis. Quant à lui, le protectorat du Maroc fournit des régiments de marche, soit un effectif total de 40 398 volontaires dont les deux-tiers combattent en France. Cette levée met en relief les étroites limites du protectorat et la fiction de la souveraineté du sultan. Ce dernier, en 1914 alors qu’il n’a pas encore déclaré la guerre à l’Allemagne, voit les soldats marocains débarqués à Sète et à Bordeaux sous le nom curieux de chasseurs indigènes 18. En janvier 1915, tout euphémisme disparaît, ils reçoivent leurs véritables noms de tirailleurs et de spahis marocains.
L’ensemble de ces gros bataillons est employé sur tous les théâtres d’opérations. Au côté des troupes coloniales, ils font partie du corps expéditionnaire des Dardanelles, puis de l’Armée d’Orient à Salonique, et prennent part à tous les engagements majeurs du front métropolitain. Mais ces régiments de zouaves, tirailleurs et spahis ne peuvent être considérés comme très différents de telle ou telle troupe levée dans la France métropolitaine. La guerre et ses angoisses sont vécues de la même façon. Gilbert Meynier note même un cas de décimation authentique au sein du 8e régiment de tirailleurs formé de Tunisiens. Le 15 décembre 1914, le général Foch ordonne, pour abandon du champ de bataille, que dix tirailleurs tunisiens soient fusillés pour l’exemple par un peloton de zouaves dans le secteur flamand de Verbranden-Molen 19. Selon Guy Pedroncini, le 24 juin 1916, pendant la bataille de Verdun, en raison d’une extrême fatigue, sept soldats du 3e régiment de zouaves et vingt-et-un du 3e tirailleurs algériens désertent 20. Pourtant, ce qui différencie les troupes de l’Armée d’Afrique, c’est bien leur emploi et leur réputation qui en font un élément du bon moral des troupes. L’exemple de Verdun est à ce propos significatif.
L’exemple de Verdun
C’est à Verdun que se vérifie l’importance de la force morale chère au général Foch pour décider du sort de la bataille. A l’image d’autres épisodes de la Grande Guerre, comme la Marne ou la bataille de l’Yser en novembre 1914, les régiments de l’Armée d’Afrique sont engagés au moment le plus critique. Il s’agit à la fois de relever le moral de troupes passablement éprouvées, mais également de faire comprendre à l’ennemi que l’armée française est encore capable de lancer dans la bataille des unités de choc. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, les régiments africains sont essentiellement utilisés dans l’assaut en raison de leur tradition militaire et de leur solidité au feu. Le commandement évite de les user dans la défensive sous les bombardements d’artillerie. Ainsi, dans les derniers jours de février 1916, zouaves et tirailleurs de la 37e division d’infanterie donnent leurs vies aux cours de vigoureuses contre-attaques. Ils parviennent à ralentir l’avance ennemie sur la rive droite de la Meuse, tout en évitant, par leur seule présence, aux autres troupes, laminées par le feu allemand, de décrocher. En 48 heures de combats ininterrompus, le 2e zouaves est réduit à un seul bataillon. Admiré par les autres poilus, le sacrifice des zouaves est tel, que c’est vraisemblablement de cette époque du chaudron de Verdun que date une expression type de la Grande Guerre pour signifier que l’on s’attend à des pertes : « Ce soir, il y aura du rab de chéchias ! » Ambulancier à la Section automobile sanitaire 61, Pierre-Alexis Meunier (témoignage publié par Gérard Canini) décrit combien, le 24 février 1916, il est important pour le moral d’engager cet unique renfort disponible de 12 000 soldats, soit quatre régiments de l’Armée d’Afrique :
« Cependant, ils s’avancent vers cette horreur, aussi vite qu’il leur est possible, zouaves et tirailleurs, ceux-ci parce qu’il y a « service » des Français qu’on ne discute point et que les Arabes sont trop fiers pour craindre la mort, ceux-là parce que le sang français d’Algérie et les traditions qu’il inspire sont les plus nobles et les plus généreuses du monde, et parce que, depuis 80 ans, il y a un corps français porteur de la chéchia qui s’est partout couvert de gloire 21. »
Ce même Pierre-Alexis Meunier, lors de multiples sauvetages sous les obus, découvre, le 26 février, au cœur du village détruit de Bras une poignée de tirailleurs algériens qui s’accroche aux ruines. Au poste de secours un aumônier fait office de chirurgien et d’ultime réconfort auprès de mourants dont pas un n’est chrétien. Meunier trouve là une des dernières leçons de l’Armée d’Afrique, la tolérance :
« Et je comprends avec une lumineuse évidence que la France a ici, dans la personne de cet aumônier en loques, un soldat dont la force vaut peut-être bien des bataillons 22. »
Dans un article récent 23, Mohamed Bekraoui a montré le courage du Régiment de tirailleurs marocains à Verdun, dont Alphonse Juin est un des capitaines. Engagée à partir du 22 avril, cette jeune unité se distingue lors de la première reprise du fort de Douaumont, un mois plus tard, en réussissant une vaine percée. Cet exploit assure définitivement la réputation de bravoure des Marocains. Que de chemin parcouru depuis avril 1912 lorsque les tabors massacrèrent à Fès leurs instructeurs français ! Verdun, ce « boulevard moral de la France » selon la formule du général Pétain, en raison de l’ampleur du sacrifice consenti par des troupes indigènes qui, somme toute, combattent en terre étrangère, joue aussi un rôle, oublié, d’intégration, comme on le dira plus tard, en utilisant plus la méthode Coué que des réformes politiques, au temps de la IVe République.
Au lendemain de la Grande Guerre, le souvenir des peines et de la fierté partagées expliquent la force du sentiment ancien combattant en AFN. Mais, à l’inverse d’une idée reçue, ces régiments africains ne sont pas plus de la chair à canon que les autres unités engagées, mis à part le pourcentage de pertes 24 plus élevé parmi les tirailleurs et spahis marocains, 26,6 % des effectifs, soit 2,6 % de plus que les troupes métropolitaines et 11,5 % de plus que l’ensemble des troupes levées en Algérie 25. Pour résumer, un homme sur sept, soit la même proportion que les poilus français, ne rentre pas chez lui parmi les tirailleurs et spahis maghrébins. En tout, le prix du sang est de 47 900 Maghrébins tués ou disparus, dont 37 900 Algériens musulmans morts pour la France aux côtés de 22 100 Français d’Algérie 26. L’importance de ces pertes illustre le thème du salut par l’empire, à la clef de la politique coloniale pendant l’entre-deux-guerres.
Toutefois, la Grande Guerre, par les leçons apprises à l’école de la tranchée ou à celle de l’usine, est également responsable d’une prise de conscience des nations en devenir. Au Maroc et en Tunisie, les 14 points du président Wilson sont commentés dans les cercles nationalistes, dont l’espérance implicite de retrouver un jour la pleine souveraineté est renforcée. A la faveur de la Grande Guerre, les futurs partisans d’Abd-el-Krim forgent sur les champs de bataille européens leur maîtrise de la guerre moderne. On ne peut comprendre sans cela la cuisante défaite espagnole d’Anoual, le 21 juillet 1921, et le modèle d’offensive des Rifains contre les Français, le 11 avril 1925. L’envoi de chars et d’avions contre de tels combattants ne relève pas, en 1925-1926, de la seule volonté du maréchal Pétain. En Algérie, sans doute, manque cette générosité réclamée par Clemenceau pour qu’enfin l’impôt du sang soit accompagné de la citoyenneté. Les soldats musulmans de l’armée française n’obtiennent que des hochets sans que la naturalisation soit accordée à l’ensemble des Algériens dans le respect du statut musulman. Tirant les conséquences de l’inutilité des sacrifices consentis, l’émir Khaled, petit-fils d’Abd-el-Kader, capitaine de l’armée française, qui s’est couvert de gloire en 1914-1918, adresse son fameux mémorandum au président Wilson en 1919. L’émir Khaled peut être considéré comme le chantre du nationalisme algérien après la fondation du mouvement et hebdomadaire Ikdam (audace). Apparaissent alors les premières lézardes de l’édifice impérial.
On peut donc se demander si l’effort de guerre de l’AFN par le sang versé de Salonique au Chemin des Dames, malgré révoltes et arrière-pensées, n’aurait pas constitué, pour la France, une des dernières occasions manquées afin de réaliser un Empire communautaire dans l’esprit des principes généreux de 1789 ? Mais la nation en guerre interprète la participation des recrues indigènes comme un simple signe de fidélité n’impliquant aucune réforme structurelle de sa gestion impériale. Accommodant à son avantage les subtilités juridiques des protectorats tunisien et marocain, la République démontre avec force la plénitude de sa souveraineté sur le domaine impérial. La Grande Guerre amorce la conception stratégique d’un bloc eurafricain, dont les ultimes avatars continuent de hanter les consciences de responsables politiques et militaires, jusqu’aux ultimes soubresauts accompagnant les préliminaires de la conférence d’Évian en 1961-1962.
*. Professeur à l’université Paul Valéry, Montpellier III.
1.Pour l’ensemble de cette question, cf. notre article « La défense des frontières françaises et l’organisation des forces de couverture (1874-1895) », Revue historique, avril-juin 1988, n° 566, pp. 359-379.
2. Histoire de l’Algérie coloniale, 1830-1954, La Découverte, 1991, p. 45.
3. L’Afrique à l’ombre des épées, Vincennes, Service historique de l’armée de Terre, 2 volumes 1993 et 1995. Pour la Libye et le Sahara oriental voir également la thèse d’État de Jean-Louis Triaud, La Légende noire de la Sanûsiyya. Une confrérie musulmane saharienne sous le regard français, 1840-1930, Paris, Édit. de la Maison des sciences de l’homme, 2 volumes, 1995.
4. « Soulèvements tribaux et ingérences étrangères dans les steppes tunisiennes, 1854-1943 », p. 153, Colloque international de Tunis, 1996, Soulèvements tribaux et ingérences étrangères dans le sud-tunisien aux XIXe et XXe siècles.
5. Ibid., p. 154.
6. L’Algérie révélée, la guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, Droz, 1981, pp. 510-513.
7. Seize lithographies de format 32*45 cm, Paris, Berger-Levrault.
8. Daniel Rivet, Lyautey et l’institution du protectorat français au Maroc (1912-1925), Paris I, 1988, 3 volumes ; Mohamed Bekraoui, Le Maroc et la Première Guerre mondiale, 1914-1920, Université de Provence, 1987.
9. Jean Ganiage, Histoire contemporaine du Maghreb, de 1830 à nos jours, Fayard, 1994, p. 409.
10. Cf. notre article écrit en collaboration avec Georges Gugliotta, « Des unités de légende... Les compagnies montées de la Légion étrangère (1881-1950) », n° spécial Légion étrangère, 1981, pp. 90-120, et n° 2, 1981, pp. 28-42, de la Revue historique des Armées.
11. Jean-Claude Allain et Mohamed Bekraoui, « Le Maroc », catalogue d’exposition de l’Historial de Péronne, 3 juin - 20 octobre 1996, Mémoires d’outre-mer. Les colonies et la Première Guerre mondiale, pp. 28-29 et 37.
12. La Résistance marocaine à la pénétration française dans le pays zaïan (1908-1921), sous la direction de Jacques Frémeaux, Montpellier III, 1991.
13. Op. cit., pp. 590-598.
14. Voir, entre autres, La Libye, 1835-1990, essai de géopolitique historique, PUF, 1991, pp. 94-100 à propos de la Grande Guerre.
15. Les Mutineries de 1917, PUF, 1967, pp. 188 et suivantes.
16. Images et colonies, iconographie et propagande coloniale sur l’Afrique française de 1880 à 1962, catalogue de la BDIC, 1993, pp. 79-80.
17. En tenant compte des goums algériens de toutes sortes, Gilbert Meynier donne un effectif oscillant entre 174 500 et 176 000 hommes. Cf. « L’Algérie », catalogue d’exposition de l’Historial de Péronne, op. cit., p. 43.
18. Jean-Claude Allain et Mohamed Bekraoui, op. cit., p. 30.
19. Op. cit., p. 275.
20. « La bataille de Verdun. Regards sur sa conduite par les Français », Guerres mondiales et Conflits contemporains, n° 182, 1996, p. 9.
21. L’Angoisse de Verdun, présenté par Gérard Canini, Presses universitaires de Nancy, 1991, p. 55.
22. Ibid., p. 144.
23. « Les soldats marocains dans la bataille de Verdun », Guerres mondiales et Conflits contemporains, n° 182, 1996, pp. 39-44.
24. Rappel, le terme de « perte » englobe tués, disparus, blessés et prisonniers.
25. Marc Michel, « Les troupes coloniales arrivent », n° 69, 1984, « Le temps des colonies », L’Histoire, pp. 120-121.
26. Denise Bouche, Histoire de la colonisation française, tome 2, Flux et reflux (1815-1962), Fayard, 1991, p. 293, et bilan à la date de l’armistice, catalogue d’exposition de l’Historial de Péronne, op. cit.,
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| | | klan General de Brigade
messages : 3864 Inscrit le : 22/05/2010 Localisation : France Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Jeu 7 Juil 2011 - 12:58 | |
| _________________ | |
| | | Viper Modérateur
messages : 7967 Inscrit le : 24/04/2007 Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Jeu 7 Juil 2011 - 14:41 | |
| belle hommage klan _________________ | |
| | | klan General de Brigade
messages : 3864 Inscrit le : 22/05/2010 Localisation : France Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Jeu 7 Juil 2011 - 20:25 | |
| Chokran Viper _________________ | |
| | | Fremo Administrateur
messages : 24813 Inscrit le : 14/02/2009 Localisation : 7Seas Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Mer 20 Juil 2011 - 0:38 | |
| _________________ | |
| | | Viper Modérateur
messages : 7967 Inscrit le : 24/04/2007 Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Mer 20 Juil 2011 - 1:03 | |
| belle trouvaille Fremo ! _________________ | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Mer 26 Oct 2011 - 21:32 | |
| Bonjour à tous, Afin de rendre hommage à la Brigade Marocaine qui a soutenu l'Armée Française en 1914-1918, La Mairie de Chauconin Neufmontiers (env 30km de Paris) a créé une randonnée retraçant le parcours des tirailleurs sur 7 km. L'inauguration aura lieu le 5 Novembre à 14h en présence de Monsieur le Maire de Chauconin Neufmontiers, Monsieur le Consul du Maroc, d'un représentant du Minsistère de la Défense, de Sénateurs ainsi que de compatriotes et amis du Maroc. Aussi je compte sur vous si vous le voulez bien, pour partager l'information à tous vos contacts habitant en région parisienne. Pour plus d'informations et pour recevoir l'invitation m'écrire à sirius_club@yahoo.fr Merci pour votre soutien et à bientôt Nouria Zendafou-Rezeg
si vous avez un compte sur facebook vous pouvez vous connecter avec le lien suivant: https://www.facebook.com/event.php?eid=185277781552201 https://www.facebook.com/event.php?eid=185277781552201 |
| | | docleo Modérateur
messages : 2422 Inscrit le : 03/09/2008 Localisation : de garde Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Lun 7 Nov 2011 - 9:12 | |
| - Citation :
- Décryptages
Hommage posthume en France aux combattants marocains de la Bataille de la Marne (1914-1918)
Dimanche 6 Novembre 2011 modifié le Lundi 7 Novembre 2011 - 08:46
La commune de Chauconin-Neufmontiers (région parisienne) a honoré samedi la mémoire des milliers de soldats marocains morts au combat durant la première guerre mondiale (1914-1918) et rendu hommage à leur bravoure et à leur sens du sacrifice durant l'un des épisodes les plus meurtriers de la sanglante Bataille de la Marne.
Des soldats marocains (goumiers) qui ont combattu pour la France lors de la deuxième guerre mondiale. En souvenir de cette Brigade Marocaine de 4000 hommes envoyés sur le front par le Résident général au Maroc sous protectorat, le maréchal Lyautey, une plaque a été découverte et un chemin de randonnée de 7 kilomètres a été inauguré par le maire de cette commune, Michel Bachmann, et le Consul général du Maroc à Orly, Bouchaib El Khalfi.
Après un "oubli" long de 96 ans, il était temps et "nécessaire de combler un vide et peut-être réparer une injustice" à l'égard de ces milliers de morts, ensevelis à l'époque dans des tombes communes, a affirmé M. Bachmann qui nourrit le projet d'un monument spécifique à ériger en hommage à ces combattants marocains.
Le maire, professeur d'histoire, a fait revivre devant l'assistance, le souvenir de ces unités "indigènes" en livrant la chronologie détaillée de la bataille de septembre 1914 dans sa commune et particulièrement les combats extrêmement meurtriers de la journée du 5.
Ce jour-là, les marocains sont lancés dans le premier acte de la bataille de la Marne, sans couverture de l'artillerie et à découvert, pour prendre d'assaut une colline stratégique tenue par les troupes allemandes. A l'issue de combats "héroïques, violents et extrêmement meurtriers", le bilan en pertes humaines fut énorme. Les jours suivants, ils progressent et se lancent à la poursuite des Allemands, donnant un "coup d'arrêt décisif" à leur plan de déferlement sur Paris.
Cette Brigade marocaine décimée (700 rescapés sur l'effectif initial de 4300 hommes) a laissé un "souvenir ineffaçable dans le coeur des chefs et camarades de l'armée française" pour le "courage et la bravoure de ces Marocains qui ont donc contribué à la victoire finale", a relevé le maire.
La Bataille de la Marne 1914 Au nom de l'ambassadeur du Maroc en France, M. Khalfi a remercié les responsables français pour cette initiative en ce lieu "hautement symbolique et chargé d'histoire pour rendre hommage au comportement héroïque et au sacrifice" des combattants marocains qui ont contribué, par leur sang, à l'écriture de "notre riche histoire commune", a-t-il souligné. Il a également insisté sur "le devoir de mémoire qui nous incombe à tous, à l'égard des valeureux combattants marocains" et à "leur courageuse contribution" à la bataille qui a bloqué l'avancée allemande vers Paris.
Il a, par ailleurs, rappelé que ces troupes marocaines, qui livraient sur ces lieux leurs premiers combats sur le territoire français, seront saluées par le ministre français de la Guerre de l'époque, Alexandre Millerand, en ces termes: "Disciplinés au feu comme à la manoeuvre, ardents dans l'attaque, tenaces dans la défense de leurs positions jusqu'au sacrifice, ils donnent la preuve indiscutable de leur valeur guerrière".
Pour le diplomate marocain, il faut "perpétuer le devoir de souvenir auprès des nouvelles générations" et rappeler que les liens historiques et profonds entre le Maroc et la France "ont toujours été fondés sur des principes communs de solidarité et de soutien mutuel, ainsi que sur le partage des valeurs universelles de paix et de justice".
Reste à concrétiser le projet de création d'un monument commémorant "le sacrifice de ces troupes originaires du Maroc à qui nous devons tant, mais dont le rôle est encore bien souvent occulté", comme l'a souhaité le maire de Chauconin-Neufmontiers.
La cérémonie d'hommage s'est déroulée en présence d'un représentant du ministre français de la Défense et d'élus de la région, notamment le sénateur Michel Billout, membre du groupe d'amitié France-Maroc au Sénat. Plusieurs dizaines d'habitants de cette petite commune, ainsi que les représentants d'Associations de Marocains de Meaux et de la région ont été également associés. Dimanche 6 Novembre 2011 - 14:37
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| | | Invité Invité
| Sujet: Hommage à la Brigade Marocaine du samedi 5 novembre 2011 en vidéo Jeu 10 Nov 2011 - 7:36 | |
| Bonjour à tous, Voici un extrait de cet évènement qui s'est déroulé ce Samedi 5 Novembre 2011 à Chauconin Neufmoniters, petit village en France où les brigadiers Marocains avaient repoussé les allemands les 5 et 6 septembre 1914. Notre prochain projet serait d'élever une stèle . D'ors et déjà vous pouvez venir faire la randonnée "Sur les pas de la Brigade Marociane" qui est une boucle de 7km (prévoir 3 h de marche environ. Possibilité de la réaliser en VTT aussi. Le long du parcours un audio-guide vous expliquera étape par étape (8 en tout) le chemin parcouru par nos vaillants soldats. Cet audio guide est téléchargeable gratuitement sur le site de Chauconin Neufmontiers=> http://www.chauconin-neufmontiers.fr/cariboost1/
Pour + d'infos n'hésitez pas à me poser vos questions ou bien partager avec nous vos observations. Bien cordialement Nouria Zendafou Rezeg
https://www.dailymotion.com/video/xm7f60_montage-brigade-marocaine_news
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| | | MAATAWI Modérateur
messages : 14756 Inscrit le : 07/09/2009 Localisation : Maroc Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Jeu 10 Nov 2011 - 10:34 | |
| Merci Noria pour ton partage | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Ven 11 Nov 2011 - 15:23 | |
| Bonjour à tous, c'est avec plaisir qu je partage avec vous cet évènement où j'ai eu l'honneur de particper et y apporter ma contribution. L'idée de départ est venue d'un ami Philippe BRAQUET et de ses associés du Musée 14-18 de Villeroy ainsi que de la commune de Chauconin Neufmontiers où la Brigade Marocaine , aux côtés de l'Armée Française, avait combattue il y a près de 100 ans. C'est la première fois qu'on leur rend hommage !! et comme a dit une amie française "c'est avec ce genre de cérémonie que l'on sait d'où l'on vient et grace à qui". Dorénavant si vous êtes de passage en région parisienne, vous pouvez vous y rendre afin d'effectuer une randonnée "sur les pas de la Brigade Marocaine". (voir les détails plus haut) Notre prochaine ambition serait d'élever une stèle sur un point stratégique du chemin inchallah . Merci à vous tous pour vos encouragements, ajouts de photos de cette période, de commentaires ou autres. Bien cordialement Nouria ZENDAFOU- REZEG
PS: SI vous avez des photos du Maroc de cette époque je suis preneuse et merci d'avance |
| | | Ichkirne Capitaine
messages : 826 Inscrit le : 19/08/2011 Localisation : Paris Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Jeu 12 Jan 2012 - 1:42 | |
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| | | Ichkirne Capitaine
messages : 826 Inscrit le : 19/08/2011 Localisation : Paris Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Mer 18 Jan 2012 - 6:18 | |
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| | | Ichkirne Capitaine
messages : 826 Inscrit le : 19/08/2011 Localisation : Paris Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Ven 27 Jan 2012 - 13:40 | |
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| | | PGM Administrateur
messages : 11670 Inscrit le : 12/12/2008 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale Ven 27 Jan 2012 - 14:12 | |
| Superbe série ! Merci Ichkirne. Ironie ou hasard, c'est à crépy en valois qu'Hassan 2 avait une résidence.
PGM | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale | |
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| | | | Le rôle de l'Armée Marocaine dans la Première guerre mondiale | |
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