messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Mar 25 Juin 2013 - 2:19
Citation :
L’envolée fabuleuse d’Ibn Firnas
Dimanche 23 juin s’est clôturée la 50e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget. Premier rendez-vous au plan mondial de l’industrie aéronautique, le Salon du Bourget a été fondé en 1909, afin de soutenir et valoriser la jeune industrie aéronautique française. Si le rêve d’Icare a attendu le XXe siècle pour pleinement se réaliser, l’Europe musulmane a conduit des recherches et des expérimentations majeures onze siècles plus tôt. C’est à Cordoue, dans l’Espagne omeyyade du Moyen-Age, qu’un musulman d’ascendance berbère, Abbas Ibn Firnas, rechercha les moyens techniques qui permettraient à l’homme de s’élever dans les airs.
Originaire d’une province au nom à consonance berbère, Takurunna (actuelle province de Malaga, dans le sud de la péninsule), Ibn Firnas vécut en effet au IXe siècle, essentiellement à Courdoue, la capitale, où il mourut en 887. Esprit aussi brillant que distingué, Ibn Farnas fut le poète de cour de trois souverains successifs, al-Hakam Ier, Abd ar-Rahman II et Muhammad Ier, à la gloire desquels il composa de nombreux panégyriques. Mais c’est essentiellement son goût pour les sciences qui lui valut de passer à la postérité, et notamment sa qualité de précurseur de l’aéronautique. Les sources historiques, maigres et souvent tardives, rapportent deux faits distants dans le temps. En 852, un certain Arman Firman (nom latinisé d’Abbas Ibn Firnas ou personnage distinct, la chose n’est pas claire) fait une expérience qui s’avérera concluante. Vêtu d’un grand manteau conçu à cet effet, il s’élance du haut du minaret de la grande mosquée de Cordoue. Il en sera quitte pour quelques blessures. Le second fait, rapporté par l’historien al-Maqqari al-Tlemceni (1578-1632), se produit en 875. Ibn Firnas fit confectionner une sorte de combinaison comportant deux ailes mobiles en bois recouvertes de soie et garnies de plumes de rapaces. Le septuagénaire eut le courage de l’endosser pour s’élancer depuis le sommet d’un précipice sous les yeux ébahis d’une large foule convoquée pour l’occasion. Le vol en lui-même fut globalement une réussite : l’inventeur parvint à se maintenir en vol plané pendant une dizaine de minutes. L’atterrissage, en revanche, fut assez catastrophique : le vieil homme se brisa les deux jambes et échappa à la mort par miracle. Il aurait déduit de ce semi-échec qu’il manquait à son invention la queue dont sont pourvus les oiseaux, et dont ils se servent à la fois pour se diriger et pour amortir leur descente. Toutes les expériences d’Ibn Firnas ne furent pas aussi malheureuses, loin s’en faut. Il est ainsi à l’origine d’une clepsydre (horloge à eau) très sophistiquée, la manqâna, ainsi que d’un métronome (Ibn Firnas avait enseigné la musique et les mathématiques, deux disciplines scientifiques liées chez les Arabes au Moyen-Age). Il a découvert seul le moyen de tailler le cristal de roche, ce qui permit à l’émirat maghrébin d’Espagne de se passer de la technologie égyptienne en la matière. Il découvrit également le moyen d’obtenir un verre parfaitement transparent. Il fabriqua les premiers verres correctifs, dans lesquels il voyait un moyen d’améliorer le «confort de lecture». Ibn Firnas est également à l’origine de la première sphère armillaire conçue et fabriquée sur le sol européen, un mécanisme sphérique mobile qui modélise le mouvement des étoiles autour de la Terre et celui du Soleil dans l’écliptique. Enfin, il avait fait construire chez lui un système automatisé qui permettait de figurer dans une pièce attenante à son laboratoire la course des étoiles, mais aussi les nuages, le tonnerre et les éclairs qui accompagnent le déclenchement d’un orage.
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Mer 26 Juin 2013 - 1:14
Citation :
1783 4 juin La premier vol de montgolfière
A Annonay (Ardèche), près de leur papeterie, les frères Montgolfier réussissent pour la première fois à faire voler un objet fabriqué par l'homme. Le ballon de toile et de papier, gonflé avec de l'air chaud produit par la combustion d'un mélange de paille et de laine, s'élève à près de 1 000 mètres et parcourt 2 kilomètres en 10 minutes. Le premier voyage habité en montgolfière aura lieu le 21 novembre 1783 dans le parc du château de la Muette à Paris.
1783 19 septembre Les frères Montgolfier bluffent Versailles
Devant la cour réunie par un Louis XVI féru d'inventions, les deux frères réussissent l'exploit de faire voler un ballon de 400 mètres cubes emmenant à son bord un coq, un canard et un mouton. L'idée d'inventer un ballon à air chaud était venue à Joseph en novembre 1782.
1783 21 novembre Premier voyage en montgolfière
Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlandes s'envolent à bord d'une montgolfière de 2200 mètres cubes. Les deux hommes réalisent le premier voyage aérien. Le départ est donné du château de la Muette à Paris et c'est au dessus des Tuileries qu'ils atteignent leur altitude maximale, 1000 mètres. Après 20 minutes de vol, l'appareil se pose à la Butte aux cailles près de la place d'Italie.
1785 7 janvier Traversée de la Manche en ballon
Le Français Jean-Pierre Blanchard et le physicien américain John Jeffries accomplissent pour la première fois la traversée de la Manche dans un ballon gonflé à l'hydrogène. Ils rallient Douvres (Angleterre) à la côte française. Leur exploit ne se déroule pourtant pas sans difficulté : les deux aventuriers doivent larguer dans le vide la corde de leur nacelle ainsi qu'une partie de leurs vêtements afin de maintenir leur altitude jusqu'au bout.
1802 11 octobre Naissance officielle du parachute
Le français Jacques Garnerin brevette sa nouvelle invention : le parachute. Il avait effectué son premier saut en 1797 au dessus du parc Monceau à Paris, en sautant du haut d'une montgolfière. Mais le nom "parachute" ne vient pas de lui : il avait été créé par le physicien français Sébastien Lenormand qui avait sauté du premier étage d'une maison avec un parasol dans chaque main.
1807 18 août Le "Clermont" effectue son premier trajet
Robert Fulton met au point le premier bateau à vapeur capable d'accomplir si rapidement le trajet New York – Albany en empruntant l’Hudson (une trentaine d’heures). Il obtiendra alors un brevet pour son ouvrage et mettra au point de nombreuses autres embarcations.
1841 2 avril Naissance de Clément Ader
Né le 2 avril 1841 à Muret, Clément Ader est reconnu comme l'un des pionniers de l'aviation. Après avoir obtenu son diplôme d'ingénieur en 1861, il commence à fabriquer des vélocipèdes puis crée une machine posant des rails, utilisée par la Compagnie des chemins de fer du Midi. Dans les années 1880, il perfectionne le téléphone, ce qui fait sa fortune. C'est alors qu'il se lance dans l'invention de moteurs et des premiers avions, sans parvenir toutefois à les faire réellement décoller. Il décède en 1925, à Toulouse.
1877 15 avril Premier vol d'hélicoptère
L'ingénieur italien Enrico Forlanini réussit à faire voler un hélicoptère modèle réduit à une hauteur de 13 mètres. L'engin pèse 350 kilogrammes et est animé par une machine à vapeur. En 1907 pour que les frères Louis et Jacques Bréguet s'envoleront à bord d'un hélicoptère avec un moteur à explosion.
1890 9 octobre Clément Ader réussit à voler
A Armainvilliers en Seine-et-Marne, l'ingénieur français, Clément Ader, parvient à décoller du sol sur une distance de plus de quarante mètres à bord d'un aéroplane. Baptisé "l'Eole". Sa machine volante ressemblait alors à une grande chauve-souris dotée d'un moteur à vapeur de son invention et d'hélices en bambou. Les ailes, avaient une envergure de 14 m, si bien que l'ensemble du dispositif pesait 295 kg. Ader construisit quelques années plus tard l'Éole III, qu'il baptisa d'un nom promis à une grande fortune : l'Avion.
1900 2 juillet Premier vol d'un zeppelin
Le général allemand à la retraite Ferdinand Von Zeppelin, s'envole à bord d'un ballon dirigeable de son invention au dessus du lac de Constance en Allemagne. L'aérostat de 128 mètres de long, baptisé LZ1, a parcouru 6 kilomètres en 18 minutes à 400 mètres d'altitude. Pour Zeppelin, c'est l'aboutissement de près de 25 ans de travail.
1903 17 décembre Premiers vols des frères Wright
Les frères Orville et Wilbur Wright effectuent à tour de rôle quatre vols de quelques dizaines de mètres sur la plage de Kill Devil en Caroline du Nord. Leur appareil, le "Wright Flyer" s'élève à quelques mètres au-dessus des dunes et atteint la vitesse de 48 kilomètres/heure. Pour la première fois un engin plus lourd que l'air vole véritablement. Les deux américains ont mis au point un biplan avec 2 ailes parallèles de 12 mètres d'envergure, équipé d'un moteur à explosion et de deux hélices.
1907 13 novembre Décollage du premier hélicoptère
Dans les environs de Lisieux, Paul Cornu réussi à s'envoler pour la première fois à bord d'un hélicoptère de sa fabrication. Il atteint l'altitude de 1,5 mètres et son engin pèse 203 kilos. Le mot hélicoptère a été inventé en 1861 par le vicomte Ponton d'Amécourt à partir du grec "helix" (spirale) et "pteron" (aile), mais déjà Léonard de Vinci en avait fait l'ébauche sur certains de ses croquis 4 siècles auparavant.
1908 17 septembre Premier accident mortel en avion
Aux Etats-Unis, un appareil construit par les frères Wright et acheté par l'armée s'écrase lors d'un vol d'essai. Le pilote Orville Wright est grièvement blessé et le lieutenant Thomas Selfridge qui se trouvait à bord est tué.
1909 25 juillet Blériot traverse la Manche
L'aviateur français Louis Blériot (37 ans) traverse la Manche de Calais à Douvres à bord de son "Blériot XI" en 38 minutes et à une vitesse de 75 km/h. A son arrivée sur l'aérodrome de North Fal Meadow, son hélice et son train d'atterrissage se brisent. Louis Blériot reçoit la récompense de 1 000 livres offerte par le journal le "Daily Mail".
1910 28 mars Premier vol d'un hydravion
L'inventeur de l'hydravion, l'ingénieur français Henri Favre, réussit pour la première fois à faire voler son appareil sur l'étang de Berre dans les Bouches-du-Rhône. Baptisé "Canard", l'hydravion réalise quatre vols successifs.
1911 4 septembre Roland Garros bat le record du monde d'altitude
Roland Garros n'était pas un joueur de tennis, comme le stade parisien portant son nom pourrait le laisser penser, mais un pionnier de l'aviation française : le 4 septembre 1911, à bord d'un Blériot XI, il grimpe jusqu'à 3 910 mètres. Il réussira également la première traversée de la Méditerranée le 23 septembre 1913 entre Saint-Raphaël et Bizerte.
1913 23 septembre Roland Garros traverse la Méditerranée
L'aviateur français d'origine réunionnaise réussit la première traversée de la Méditerranée en reliant Saint-Raphaël dans le Var à Bizerte, au Nord de la Tunisie. Il parcourt les 730 kilomètres en 7 heures et 53 minutes, à bord d'un monoplan Morane-Saulnier.
1919 8 février Inauguration du vol commercial entre Paris et Londres
Le premier vol commercial international régulier est né. Reliant Paris à Londres, il peut transporter jusqu’à dix passagers. C’est un Farman Goliath qui assure cette première liaison. Les vols commerciaux se multiplieront par la suite, favorisant le tourisme international.
1921 18 février Premier vol en hélicoptère
Le français Etienne Oehmichen réussi pour la première fois à faire décoller un appareil à la verticale à 10 mètres de hauteur. Son hélicoptère est équipé d'un moteur de plus de 100 kg développant une puissance de 25 chevaux. Il entraîne deux rotors sous un ballon sphérique de 144 mètres cubes. Le premier vol libre de l'hélicoptère durera une minute seulement. Le 4 mai 1924, Etienne Oehmichen améliorera son exploit en parcourant une distance de un kilomètre.
1926 16 mars Première fusée à carburant liquide
Le physicien américain Robert Hutchings Goddard réalise à Auburn dans le Massachusetts, le lancement d'une fusée propulsée par un mélange d'essence et d'oxygène liquide. L'engin atteint une altitude de 12,50 mètres et une vitesse de 100 km/h. Ce premier essai encouragera Goddard à perfectionner son système de propulsion. Il déposera 214 brevets d'inventions qui joueront une importance capitale dans la conquête spatiale.
http://www.linternaute.com
@ suivre ...
annabi Général de corps d'armée (ANP)
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Ven 28 Juin 2013 - 15:30
Histoire de l'Aviation Cent Ans d'Aviation
annabi Général de corps d'armée (ANP)
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Jeu 4 Juil 2013 - 20:37
PGM Administrateur
messages : 11670 Inscrit le : 12/12/2008 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Jeu 4 Juil 2013 - 20:40
Merci pour le partage Annabi.
Pgm
annabi Général de corps d'armée (ANP)
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Ven 5 Juil 2013 - 22:45
PGM a écrit:
Merci pour le partage Annabi.
Pgm
de rien PGM
Invité Invité
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Ven 5 Juil 2013 - 23:16
Comment les occidentaux l'appellent ? Son nom a t il subi un changement après traduction comme ca était le cas pour Averouès ?
annabi Général de corps d'armée (ANP)
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Ven 5 Juil 2013 - 23:45
thewa3r a écrit:
Comment les occidentaux l'appellent ? Son nom a t il subi un changement après traduction comme ca était le cas pour Averouès ?
non thewa3r..lis l'article posté tout au début ..c'est de la presse française
annabi Général de corps d'armée (ANP)
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Lun 23 Sep 2013 - 0:30
Centenaire de la traversée de Roland Garros, de Fréjus à Bizerte
annabi Général de corps d'armée (ANP)
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Sam 26 Oct 2013 - 12:57
Citation :
The Red Star Yak52 display team put their Soviet designed and built military trainers through their paces during a formation aerobatics display.This performance took place at the Classic Fighters airshow held at Omaka Aerodrome, Blenheim, New Zealand at Easter 2007
annabi Général de corps d'armée (ANP)
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Dim 3 Nov 2013 - 0:56
Lockheed P-38 Lightning "fork-tailed devil"
annabi Général de corps d'armée (ANP)
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Sam 16 Nov 2013 - 1:41
RF-84 Thunderflash The Predator of the 1950's
North American B25 Festival – Doolittle Raiders Final Toast Doolittle Raiders 70th Anniversary Reunion
jonas General de Brigade
messages : 3370 Inscrit le : 11/02/2008 Localisation : far-maroc Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire Dim 22 Fév 2015 - 2:49
a écrit:
Touria Chaoui, un destin brisé
Assassinée à 19 ans, le 1er mars 1956, soit la veille de notre Indépendance, la première femme pilote marocaine incarne au mieux les illusions perdues de l’Indépendance.
Casablanca, la rue n’a presque pas changé. Son nom, toujours le même : la rue de Bergerac, coincée entre les quartiers de Mers Sultan et de Derb Sultan. L’immeuble est encore là : trois étages au blanc délavé. Un vieux du derb se souvient : « Je suis arrivé neuf ans après la mort de Touria Chaoui. L’histoire circulait encore ». L’histoire bien sûr, c’est celle du destin fauché de Touria Chaoui, une icône de la marche triomphante du Maroc vers l’Indépendance, au début des années 1950.
Ce 1er mars 1956, Touria Chaoui est donc au volant de sa voiture, accompagnée de son frère Salah Eddine, de huit ans son cadet. Arrivée au niveau de leur immeuble, elle passe la tête par la portière pour parler à sa mère qui l’interpelle du balcon. C’est à ce moment qu’un forcené, auquel personne n’a pris garde, tire sur elle à bout portant. Touria Chaoui meurt sur le coup, sous les yeux interloqués de sa mère, de son frère et de quelques voisins. Le meurtrier serait un certain Ahmed Touil, qui aurait été lui-même assassiné quelques temps plus tard.
En ce 1er mars 1956, la mort de Touria Chaoui n’est pas un simple fait divers. Elle est en fait tout un symbole. La première aviatrice marocaine – elle n’avait pas plus de 15 ans quand elle a obtenu son brevet de pilote – incarne alors à merveille l’avenir radieux du futur Maroc indépendant. Sa mort résonne comme la fin d’une illusion.
Un espoir nommé Touria
Le destin de Touria Chaoui s’est dessiné très tôt. Originaire de Fès, sa famille s’installe à Casablanca en 1948. Son père, Abdelwahed Chaoui, est alors un journaliste reconnu, un des rares Marocains à avoir percé dans la rédaction d’un journal français (Le Courrier du Maroc), doublé d’un pionnier du théâtre et du cinéma marocain. En 1948, il occupe d’ailleurs un rôle principal aux côtés de Georges Marchal et Maria Casares dans La Septième Porte, un film réalisé par André Zwobada et tourné à Fès. C’est donc dans un milieu intellectuel que grandissent Touria et son frère cadet Salah Eddine. Les jeunes Chaoui côtoient également, sans toujours comprendre, les grands noms du nationalisme marocain, Allal El Fassi et Ahmed Balafrej notamment, car leur père, en homme de lettres qui se respecte, fraie forcément avec l’Istiqlal. Touria qui, depuis toute petite, rêve de devenir pilote, est fortement encouragée par son père qui se démène pour l’inscrire à l’école de Tit Mellil, jusqu’alors réservée aux Français. Inscrite après moult démarches, elle suit une scolarité exemplaire et obtient son brevet en 1951. L’événement fait à l’époque la Une de la presse marocaine et internationale : à 15 ans, Touria Chaoui est la première femme pilote du monde arabe, elle est également la première pilote civile marocaine, hommes et femmes confondus. La jeune native de Fès devient une gloire nationale : elle pose en compagnie de Jacqueline Auriol, pilote d’essai et nièce du président Vincent Auriol, elle est reçue par le sultan Mohammed Ben Youssef et ne tarde pas à devenir une familière des princesses. Une de ses anciennes amies proches témoigne : « C’était quelqu’un de très simple et elle était très appréciée. Je l’ai connue alors qu’elle était déjà célèbre, mais c’est elle qui est venue vers moi quand j’ai emménagé dans son immeuble. Nous avions à peu près le même âge et sommes très vite devenues inséparables ». A cette époque, Touria est une jeune fille de son temps, avec des rêves plein la tête, et un agenda très chargé. Sa notoriété et son exemplarité font rapidement d’elle une ambassadrice de la cause féminine au sein de l’Institution Lalla Amina (du nom de la plus jeune fille de Mohammed Ben Youssef née en exil à Madagascar) consacrée à l’aide aux jeunes filles et à la défense de l’émancipation des femmes.
Vol de parade et marche funèbre
Comme tous les Marocains de son temps, Touria vit intensément la période de violences qui précède l’Indépendance et appelle de tous ses vœux au retour du sultan exilé. Sa famille n’est pas à l’abri de la vindicte du groupe Présence française, qui mène des actions terroristes pour empêcher l’Indépendance. Salah Eddine, le frère de Touria, qui vit aujourd’hui en France, se remémore encore leur départ brutal de la maison qu’ils occupaient dans l’ancienne rue Bonaparte. Un jour, un commerçant conseille à Abdewahed de quitter les lieux, lui révélant qu’un membre de Présence française est venu se renseigner sur les horaires de la maisonnée. Le soir même, la petite famille, installée pour la nuit dans un hôtel au bout de la rue, échappe de peu à la mort : une explosion a touché la maison qu’ils viennent de quitter, sans faire de victime. En novembre 1955, au moment où Mohammed Ben Youssef rentre d’exil, le pire semble évité. L’heure est à la joie et à la liesse populaire. A bord de son avion monoplace, Touria salue à sa manière l’arrivée du sultan sur le tarmac de l’aéroport de Rabat : avec force loopings et autres figures acrobatiques, et en larguant des tracts de bienvenue à la gloire du souverain.
La suite on la connaît : Touria Chaoui meurt assassinée quelques mois plus tard et est enterrée à Casablanca. Une foule nombreuse accompagne son dernier cortège. Sa famille ne se remettra jamais du deuil. Les parents de Touria ne tardent pas à déménager. Quant à son frère Salah Eddine, il est encore amer. Installé en France, à Vichy, depuis une quinzaine d’années, il revit avec douleur le drame qui s’est joué sous ses yeux, 54 ans en arrière.
Le deuil est d’autant plus difficile que le mobile du meurtre reste insondable. Touria a-t-elle été victime d’un règlement de comptes entre nationalistes ? Pour Salah Eddine, une chose est sûre : « Nous savions que nous risquions quelque chose. D’ailleurs, Allal El Fassi avait conseillé à mon père de s’installer quelque temps à l’étranger ». La fin tragique de Touria Chaoui, à la veille de l’Indépendance, laisse finalement le goût d’un formidable gâchis, comme une fête ratée avant même d’avoir commencé.
L’Histoire se montre néanmoins oublieuse et injuste avec le souvenir de Touria Chaoui, qui est notre meilleure preuve de ce qu’une femme a pu être à ce point en avance sur son temps… peut-être notre Jeanne d’Arc à nous.
zamane
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: l'histoire de l'aéronautique civile et militaire