Suppositions : futurs achats des FAR

Il y a quelques semaines, la censure militaire israélienne a levé un ordre d’interdiction de révéler qu'Israël utilise des drones armés de missiles. Depuis, le Maroc a manifesté son intérêt pour le modèle Hermes 450 éprouvé au combat, alors qu’à la base sa demande, hormis pour le Harop « kamikaze » concernait des UAV de collecte de renseignement

Suite à la visite en juillet dernier du chef d'état-major des Forces de défense israéliennes (FDI), le général de corps d'armée Aviv Kochavi, les tractations pour des livraisons d’armements sophistiqués au Maroc ont nettement avancé, soulignent des sources militaires de l’Etat hébreu.

Il y a quelques semaines, la censure militaire israélienne a levé un ordre d’interdiction de révéler qu'Israël utilise des drones armés de missiles. La décision est intervenue au lendemain d’une frappe de Tsahal en direction d’un poste du Hamas dans la bande de Gaza en juillet dernier, en réponse à des tirs en direction d’une ville frontalière, à l’aide d’un drone armé Elbit Hermes 450.

« Il a été constaté que rien ne s’oppose à la publication de l’utilisation par Tsahal de drones de frappe dans le cadre de ses activités opérationnelles », a déclaré le censeur dans un bref communiqué, après avoir examiné la question.

Immédiatement après la levée de cette censure qui était en vigueur depuis vingt ans, certains pays, dont le Maroc, ont manifesté leur intérêt pour ces systèmes éprouvés au combat, rapportent les mêmes sources.

Après la signature de l'accord initial entre Israël et le Maroc, les Marocains avaient soumis une longue liste de systèmes d'armes de fabrication israélienne qu'ils souhaitent acquérir auprès d'entreprises israéliennes. La liste comprend différents types d'UAV, de radars, de systèmes de communication et d'alerte précoce.

Après avoir acheté 150 drones eVTOL – le WanderB et le ThunderB – fabriqués par l’israélien Bluebird, le Maroc évalue d’autres types de systèmes aériens sans pilote de fabrication israélienne. L'une des stipulations du premier contrat est qu'une partie de la production soit réalisée au Maroc.

Selon des sources, le nouvel accord signé avec le Maroc lui permettra de fabriquer des drones de collecte de renseignements et armés en quantités commerciales et à un coût relativement faible.

Le Maroc demande désormais des UAV à capacité létale

Au début, les demandes marocaines concernaient des systèmes de drones de base destinés principalement à la collecte de renseignements à l'instar des trois exemplaires Harfang réceptionnés début 2020 , ainsi que d’autres armes « défensives », comme ce fut le cas lors du Sommet du Neguev en mars dernier.

Cependant, des sources israéliennes disent maintenant que les Marocains demandent des systèmes plus « offensifs » pour lancer des frappes contre des cibles ennemies. Déjà fin 2021, le Maroc avait versé deux acomptes totalisant 22 millions de dollars à Israël identifiés pour une commande de drones « kamikazes » Harop.

La Force aérienne et spatiale israélienne (Heyl Ha Avir) utilise des drones à partir de la base aérienne de Palmachim située au sud de Tel Aviv. Elle a transformé des Hermes 450 en drones de combat en les équipant de deux missiles antichar AGM-114 Hellfire ou, selon certaines sources, de missiles israéliens. Ce serait ce modèle qui intéresserait les Forces armées royales,. L'appareil peut aussi voler en mode passif pendant 20 heures pour des missions de reconnaissance, de surveillance et de relais de communications.

Parmi les autres drones armés utilisés par les forces aériennes, le Hermes 200, qui a été également développé par Elbit et qui a été déclaré opérationnel en 2017, et l’Eitan d’IAI, connu aussi sous le nom de Heron TP, qui a été présenté au début des années 2000.

Israël a aussi utilisé des drones armés pour frapper de nombreuses cibles au fil des années – dès 2006, pendant la guerre du Liban, et en 2008 dans la guerre dans la bande de Gaza. Les drones israéliens ont servis dans plusieurs assassinats ciblés de responsables du Hamas au sein de l’enclave côtière et notamment dans l’assassinat d’un leader de l’aile militaire du groupe, Ahmed Jabari, en 2012.

Les drones ont aussi été utilisés dans le cadre d’une technique appelée le « Roof Knocking » – coup sur le toit – qui consiste à envoyer un missile inerte sur le toit d’un bâtiment pour avertir les résidents que leur immeuble va être détruit par les bombes et qu’ils doivent l’évacuer.

Pour rappel, en février dernier, Israël et le Maroc ont signé un accord de 500 millions de dollars pour fournir au royaume le système de défense aérienne et antimissile Barak MX, fabriqué par Israel Aerospace Industries (IAI). Rabat a également acheté le système anti-drone Skylock à Israël en 2021.

Des sources israéliennes ont également confirmé que le Maroc était intéressé par le radar Elta ELM-2084, qui fait partie du système de défense aérienne Rafael Iron Dome.