Actualités nationales

Mon programme est celui de Sa Majesté”, répétait à tout bout de champ l’ex-Premier ministre Abbas El Fassi. Le nouveau Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, ne dit pas autre chose, tout comme ses prédécesseurs. Son programme, affirme-t-il, est conçu sur la base des orientations royales, dévoilées dans les traditionnels discours du souverain.

Ainsi, le 30 juillet et le 20 août derniers, le roi Mohammed VI a livré deux allocutions, fixant ainsi l’agenda de cette rentrée politique de l’Exécutif. Le premier discours, prononcé à l’occasion de la fête du trône, s’est attardé sur l’urgence de la réforme de la Moudawana, près de 20 ans après sa promulgation en 2004.

“Dans un premier temps, le Code de la famille a représenté un véritable bond en avant ; désormais, il ne suffit plus en tant que tel”, observe le souverain, pointant du doigt “l’application incorrecte du Code en raison de divers facteurs sociologiques”.

Mohammed VI évoque aussi le Registre social unifié (RSU). S’il loue “les efforts concertés de l’Etat et des secteurs (face) aux crises et aux soubresauts”, il appelle à “l’opérationnalisation diligente” du RSU. Aux yeux du souverain, il s’agit du “principal mécanisme pour l’octroi d’un soutien efficace”.

Le deuxième discours, prononcé quant à lui à l’occasion du 69e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, revient notamment sur le rôle de la diaspora marocaine. “S’agissant de l’implication de la communauté des MRE dans le processus de développement, force est de constater que le Maroc a besoin de tous ses enfants et de toutes les compétences établies à l’étranger”, tranche le roi, en appelant à une réforme du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME).

Du pain sur la planche

En attendant le troisième discours du roi Mohammed VI, prévu le 14 octobre prochain à l’occasion de la rentrée parlementaire, le gouvernement s’est déjà mis en branle.

Ainsi, après la pause estivale, Aziz Akhannouch a présidé, le 24 août, sa première réunion officielle consacrée aux moyens d’accélérer le déploiement et la mise en œuvre du RSU. Autour de la table, une poignée de ministres, mais aussi les directeurs généraux de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Hassan Boubrik, et de l’Agence nationale d’assurance maladie (ANAM), Khaled Lahlou.

“L’accélération du déploiement du RSU constitue une étape pratique importante pour améliorer l’efficience des programmes sociaux”, a indiqué un communiqué de l’Exécutif.

“Les familles ayant des enfants qui poursuivent leurs études, ainsi que celles en situation de précarité vont bénéficier dès la fin de l’année prochaine du soutien direct”

Dans la foulée, le Chef du gouvernement a déclaré à la presse que “les bénéficiaires du Régime d’assistance médicale (RAMED) passeront dès la fin de cette année au régime de l’Assurance maladie obligatoire (AMO)”, ajoutant que “les familles ayant des enfants qui poursuivent leurs études (7 millions de familles), ainsi que celles en situation de précarité (3 millions de familles) vont bénéficier dès la fin de l’année prochaine du soutien direct”.

Après le premier Conseil de gouvernement de la rentrée, qui s’est réuni le 25 août, Aziz Akhannouch a présidé, le 30 août, la neuvième réunion de la commission ministérielle pour les affaires des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Et le lendemain, il présidait une nouvelle réunion ministérielle relative au suivi du déploiement de la protection sociale.

Le ballon au parlement

Un chantier royal qui s’invitera d’ailleurs dans l’hémicycle dès la rentrée parlementaire. Lors de la session automnale de la deuxième année législative, les élus de la nation devraient voter le projet de loi-cadre n° 06.22 relative au système national de santé. Ce texte doit entériner une refonte globale du système sanitaire en vue d’accompagner le chantier de la généralisation de la protection sociale.

Un autre projet de loi-cadre, tout aussi important, devrait être voté lors de cette rentrée parlementaire : la Charte de l’investissement. Adopté en Conseil de gouvernement puis en Conseil des ministres présidé par le roi Mohammed VI, le projet de loi-cadre a été déposé au parlement.

Ce projet tient en haleine le gotha politique et financier du royaume, tant il ambitionne d’améliorer l’impact de l’investissement, notamment en matière de création d’opportunités d’emploi et de réduction des disparités entre les provinces et préfectures en termes d’attractivité des investissements.

Et à partir du 20 octobre, les députés devront se pencher sur le Projet de Loi de Finances (PLF) pour l’année budgétaire 2023. Dans la note de cadrage ad hoc, diffusée début août auprès des membres de l’Exécutif, Aziz Akhannouch fixe quatre priorités pour le projet de budget de 2023.

Celui-ci devra consolider les bases de l’état social, relancer l’économie nationale à travers l’appui à l’investissement, renforcer la justice territoriale et permettre de retrouver des marges de manœuvre budgétaire en vue de garantir la pérennité des réformes. Un PLF en harmonie avec le programme gouvernemental qui accorde sa priorité au renforcement des piliers de l’Etat social.

En attendant le remaniement

En attendant, le gouvernement de Aziz Akhannouch s’applique à honorer ses engagements avec les partenaires sociaux, conformément à l’accord conclu le 30 avril dernier.

Mesure phare de cet accord social, l’augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) dans les secteurs de l’industrie et du commerce a été actée ce 1er septembre, via un décret, à l’occasion du Conseil de gouvernement. Cette augmentation est de l’ordre de 5% pour le SMIG, tandis que le salaire minimum agricole garanti (SMAG) sera quant à lui revu de 10%.

Le volet social devrait par ailleurs être au centre de l’allocution de Aziz Akhannouch, prévue courant septembre, à l’occasion de l’université d’été de la jeunesse du Rassemblement national des indépendants (RNI). Une tribune dont le président du parti de la colombe devrait se servir pour amorcer véritablement sa rentrée politique.

D’autant que ce discours interviendra près d’un an après la désignation du gouvernement, et ce, alors que le magazine Jeune Afrique a fait état de confidences, largement relayées par la presse nationale, évoquant un éventuel remaniement ministériel.

Ce dernier serait prévu avant la rentrée parlementaire et concernerait plusieurs ministres, dont celui de la Justice, Abdellatif Ouahbi, et celui de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui. Interrogé à ce sujet à l’issue du Conseil de gouvernement ce 1er septembre, le porte-parole de l’Exécutif, Mustapha Baitas, a botté en touche. De quoi maintenir le landerneau politique dans l’attentisme.