Bruce Wayne General de Division
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| Sujet: Actualités du Sahara Marocain Lun 29 Aoû 2022 - 13:54 | |
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La position du gouvernement espagnol était et demeure celle de l’Union européenne. C’est-à-dire défendre la tenue d’une consultation afin que ce soit le peuple sahraoui qui décide comment il veut que soit son avenir. Le gouvernement espagnol n’a pas bougé de cette position”, lançait le 22 août le Haut représentant pour les Affaires étrangères de l’UE Josep Borrell, dans une interview accordée à la télévision officielle de l’Espagne TVE. Ces mots ont vite provoqué une polémique au Maroc et donné naissance à de faux espoirs parmi les dirigeants du Polisario.
L’Union européenne n’a pas tardé à “clarifier” la sortie médiatique de son chef de diplomatie : “Comme l’a constamment répété (…) le haut représentant de l’UE/vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, la position de l’UE est claire et consiste à soutenir fermement les efforts du secrétaire général de l’ONU visant à parvenir à une solution politique juste, réaliste et durable, mutuellement acceptable à la question du Sahara, sur la base d’un compromis et conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier la résolution 2602 du 29 octobre 2021”, a déclaré, le 25 août, la porte-parole de Borrell, Nabila Massrali.
À Rabat, les “clarifications” des 27 semblent inquiéter le ministère des Affaires étrangères, comme on peut le déduire d’une déclaration de Nasser Bourita, tenue en marge de l’accueil de son homologue allemande le jeudi 25 août : “C’est un propos regrettable qui ne relaie ni la position de l’Espagne ni la position de l’Europe. Nous avons eu des discussions directes avec Josep Borrell qui ont permis de clarifier les choses. Les Affaires étrangères de l’Union européenne ont sorti un communiqué insistant sur son soutien au processus mené sous l’égide des Nations unies. Les clarifications ont permis, je l’espère, de montrer qu’il s’agissait de propos mal relayés, voire d’une erreur de langue sur ce sujet.”
Qui est Josep Borrell ?
Proche du très sensible dossier du Sahara, eu égard aux différents postes de responsabilité qu’il a assumés, Josep Borrell est un diplomate chevronné qui avait déjà servi en tant que président du Parlement européen de 2004 à 2007. Il était également ministre des Affaires étrangères du gouvernement Pedro Sánchez, entre 2018 et 2019.
Politiquement, l’actuel chef de la diplomatie de l’Union européenne appartient au parti socialiste ouvrier (PSOE) du chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez.
Position officielle ou propos personnels ?
Sollicité par TelQuel, le professeur et chercheur en relations internationales Zakaria Abouddahab nous aide à décortiquer et contextualiser la sortie médiatique controversée du chef de la diplomatie des 27. Pour lui, “Borrell s’exprimait à titre personnel et non pas en tant que haut représentant de l’UE, puisqu’il n’a reçu aucun mandat de se livrer à une chaîne espagnole pour expliciter la position européenne en la matière”.
Pourquoi ? “D’abord il y a un litige juridique toujours examiné par la Cour de justice européenne (accords agricole et de pêche maritime suspendus en septembre 2021 par décision de la cour, ndlr). Deuxièmement il y a d’autres instances ‘plus habilitées’ à s’exprimer sur ce conflit, à savoir le conseil et la Commission de l’Union européenne, explique le chercheur. Donc on peut déjà se poser la question : en qualité de quoi Josep Borrell s’est-il exprimé ?”
Selon la même source, ces propos traduiraient une division au sein même des dirigeants de l’UE : “J’ai l’impression qu’il y a eu une sorte de division, peut-être même politique, par rapport au traitement de la question du Sahara au sein même de l’UE, puisque de telles sorties médiatiques peuvent parfois ajouter à la confusion, eu égard au timing”, la sortie étant intervenue au lendemain du discours royal du 20 août.
“Par ailleurs, il est clair qu’au niveau officiel, l’Union européenne, en tant qu’intégration économique, mais également organisation politique, soutient les démarches onusiennes consistant à trouver une solution politique mutuellement acceptable et cela a été corroboré par la déclaration conjointe entre Rabat et Bruxelles, en juin 2019”, poursuit Abouddahab.
Connotation politique ?
Pour ce chercheur en relations internationales, la sortie de Josep Borrell pousse à “poser la question sur l’opportunité de tenir de tels propos et la portée de cette déclaration par rapport au conflit, prenant en considération que la presse algérienne et le Polisario ont crié victoire après cette sortie médiatique. On constate très bien qu’il y a une ‘utilisation politicienne’ de ce genre de déclarations”.
Et de nuancer : “La Cour de justice européenne avait elle-même, en septembre 2021, précisément soulevé cette question de consultation des populations sahraouies de façon générale. À préciser qu’on parle là des Sahraouis qui vivent au Maroc et de ceux qui sont dans les camps de réfugiés à Tindouf, en Algérie.”
“Quels que soient les motifs de ces déclarations, le plus important pour le Maroc est de se tenir à celles officielles exprimées dans un cadre européen”
“La question de la consultation a été évoquée en ce qui concerne l’exploitation des ressources naturelles et il me semble que les propos de M. Borrell y font allusion, mais cela ne relève pas de sa compétence. Actuellement, il est Haut représentant pour les affaires étrangères et non président du Parlement européen, lequel contient plusieurs sensibilités qui ne sont pas forcément en faveur de la position marocaine”, éclaire le professeur universitaire.
Pour le professeur Abouddahab, l’appartenance de Borrell au parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sánchez relève déjà la “contradiction entre ses propos et la ligne de conduite désormais adoptée par l’Exécutif espagnol”. Et d’ajouter : “Natif de Catalogne, M. Borrell ne doit pas être contradictoire dans ses propos. Je n’imagine pas qu’il soutiendrait l’autodétermination des Catalans, bien qu’il en fasse partie, ce qui prouve la connotation politique de sa sortie.”
“Quels que soient les motifs de ces déclarations, le plus important pour le Maroc est de se tenir à celles officielles exprimées dans un cadre européen. À part la Cour de justice, la position des instances européennes demeure constante, soutenant un procédé politique pour aboutir à une solution juste et durable du conflit au Sahara”, conclut Abouddahab. https://telquel.ma/2022/08/29/josep-borrell-sur-la-consultation-des-sahraouis-faux-pas-de-la-diplomatie-europeenne-ou-declaration-isolee%E2%80%89_1781811 _________________ Le courage croît en osant et la peur en hésitant.
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