Nouveau article sur Youssef Mandour par Jeune Afrique
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Président-fondateur du holding international FAR Group, basé aux États-Unis, ce natif de Casablanca, vétéran de l’armée américaine, veut produire le premier blindé 100 % marocain.
DIX CHOSES À SAVOIR – Il y a encore quelques années, personne au Maroc n’avait jamais entendu parler de lui. L’homme d’affaires de 40 ans, vétéran de l’armée américaine, se présente aujourd’hui comme un pur produit du rêve américain, resté viscéralement attaché à sa patrie.
Soignant sa communication, celui qui se fait appeler Joseph aux États-Unis multiplie les allocutions en anglais ou en arabe, toujours en costume parfaitement taillé et grosse paire de lunettes de vue sur le nez.
S’exprimant, en décembre 2022, devant le Forum international des zones industrielles, il déclarait, en référence aux prouesses des Lions de l’Atlas à la Coupe du monde, qui se déroulait au même moment : « Cela fait vingt-deux ans que je rêve d’entendre mon fils, né aux États-Unis de mère américaine, se dire marocain. Il ne l’a jamais fait. Ce matin, il m’a appelé de Floride pour me dire “Papa, je suis fier d’être marocain”. »
Président-fondateur du holding international FAR Group, Youssef Mandour a réussi au pays de l’Oncle Sam. Il veut désormais réinvestir dans son pays natal, où il promet de créer des centaines d’emplois et de participer au développement de l’industrie locale de la défense.
Parmi ses objectifs affichés, la fabrication du premier véhicule militaire blindé, 100 % « Made in Morocco », à compter de décembre 2024. Une production qui serait assurée par la branche africaine de FAR Group, créée, précise-t-il « pour relever les défis sécuritaires auxquels sont confrontés les pays du continent ».
1) Enfance à Séfrou
Né à Casablanca d’un père industriel en 1981, Youssef Mandour a grandi au pied du Moyen Atlas, à Séfrou, avant de revenir vivre dans sa ville natale à l’âge de 14 ans. Il y décroche son baccalauréat en juin 1999, puis choisit de tenter l’aventure aux États-Unis dès le mois d’août de la même année. D’abord avec un visa touristique, avant de demander et d’obtenir sur place un visa étudiant, tout en cumulant les petits boulots parallèlement à ses études.
2) Opportunisme
Ce n’est pas par volonté de s’engager qu’il atterrit à l’armée mais « par opportunisme », selon ses propres mots : « Un soldat américain peut suivre ses études à l’université gratuitement. J’ai donc foncé. » Dans les rangs de l’armée, qu’il qualifie de « grande école », il apprend « une discipline sans faille » qui, dit-il, lui aurait permis de « donner la pleine mesure de son talent et de garantir sa réussite personnelle et professionnelle ».
3) Vétéran de l’US Army
Entre septembre 2003 et janvier 2007, Youssef Mandour a été gestionnaire de programme pour l’armée américaine à Arlington, dans l’État de Virginie. Il y a alors assuré la direction, la coordination, la mise en œuvre et le contrôle de projets liés à la Garde nationale américaine, de la gestion budgétaire à l’analyse de données. Bénéficiant aujourd’hui du statut de « vétéran blessé de l’armée américaine », il s’est finalement reconverti en prestataire de défense pour différentes entreprises.
4) Diplômé en relations internationales
Après avoir quitté l’armée, il obtient un Bachelor en relations internationales, « International/Global Studies », de l’American Military University (AMU). Une formation dont le programme est notamment axé sur l’analyse de la politique étrangère, les organisations internationales, le développement mondial, la théorie des relations internationales et l’interconnexion des économies, des sociétés et des cultures du monde.
5) Irak
Pendant près de deux ans, Youssef Mandour a été conseiller dans une équipe provinciale de reconstruction (PRT, pour l’acronyme en anglais) à Najaf, en Irak. Ce type d’unités composées d’officiers, de diplomates et d’experts ont également été mises sur pied par le gouvernement américain en Afghanistan. Elles ont pour but d’aider les autorités locales à « mieux gouverner ». Lui-même a fourni une expertise technique et a participé à l’élaboration d’une stratégie pour soutenir le gouvernement irakien, en prenant en compte la donnée tribale et le poids des chefs religieux du sud du pays.
6) Aliron International
Après ces deux expériences professionnelles et jusqu’en 2017, il a occupé à Washington le poste de premier vice-président exécutif d’Aliron International, une entreprise qui fournit le gouvernement américain en solutions de pointe. Notamment dans le domaine des technologies de l’information, de la cybersécurité, de la data-analyse, du renseignement open-source et des solutions et services de santé professionnels. Une expérience qui lui a inspiré la création de Sanford Federal, devenu FAR Group.
7) Patron du holding FAR Group
Fondé et dirigé par Youssef Mandour depuis janvier 2018, ce holding, dont le siège social est basé à Stafford, en Virginie, est un fournisseur international de services d’équipements et de matériels de défense. Le groupe anciennement nommé « Sanford Federal » est composé de six unités commerciales consacrée chacune à un secteur d’activité précis : les services professionnels, la logistique, la construction et les infrastructures, les produits militaires, les technologies de l’information (notamment en cybersécurité) et la sous-traitance.
Antennes au Maroc
Depuis 2018, FAR Group possède une antenne à Tanger qui emploie une centaine d’employés, « tous cadres détenteurs d’un master », selon le PDG, qui prévoit d’embaucher deux cents personnes supplémentaires sur ce site. En octobre 2021, Youssef Mandour annonçait un autre investissement pour l’année suivante, à Dakhla, au Sahara occidental. « [Il symboliserait ] l’expression de ma gratitude envers mon pays et ma façon de participer à son développement », a-t-il déclaré. À la clé, cinq cents emplois sur les cinq années à venir.
9) Blindé « made in Morocco »
Selon les déclarations de son patron au Forum international des zones industrielles en 2022, le groupe ambitionne de devenir leader dans la construction de véhicules militaires, non seulement au Maroc mais dans le monde entier. Avec pour objectif de construire plus de 1 000 véhicules par an à compter de décembre 2024. Le projet, révélé lors des Industry Meeting Days, qui ont eu lieu en avril 2023 à Tanger, précise qu’il s’agit d’un véhicule multi-missions MMV 4×4 pour transport de troupes.
10) Président d’un club de foot ?
En octobre 2021, contre toute attente, Youssef Mandour a exprimé son intention de présider l’équipe de foot de l’Ittihad Riadh (IR) de Tanger, la ville qui abrite le siège marocain de son holding. Mais en décembre 2021, c’est Mohamed Ahekan qui a été élu à l’unanimité président de l’IR, faisant voler en éclats les ambitions footballistiques du patron de FAR Group. En janvier dernier, le club, en proie à des difficultés financières depuis plusieurs années, a vu un certain Mohamed Cherkaoui remplacer le président entre-temps démissionnaire Ahekan. Youssef Mandour tentera-t-il à nouveau de voler au secours de l’IR ?