le Phosphate au Maroc,enjeux d´avenir

Citation :

I cannot over-emphasize the importance of phosphorus not only to agriculture and soil conservation, but also the physical health and economic security of the people of the nation.

Citation :

Phosphorus is as critical for all modern economies as water.

alphatango a écrit:

produire de l'uranium et l'exporter? ça à bien réussi au Niger. On est tous en admiration devant le développement que connait le Niger ou la RDC.

Citation :

Un accident nucléaire majeur coûterait 430 milliards d'euros

NFOGRAPHIE - Pour la première fois, des économistes ont réalisé une évaluation précise des coûts qu'entraînerait en France une catastrophe nucléaire comparable à celle survenue au Japon en 2011.

Un peu moins de deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié les conclusions d'une étude chiffrant pour la première fois les conséquences financières d'un accident majeur sur l'un des réacteurs d'EDF en France. Dans le pire des cas, la facture serait extrêmement lourde pour l'État français, autour de 400 milliards d'euros, ce qui provoquerait la faillite d'EDF et impacterait la croissance économique du pays sur près d'une décennie.

Shugan188 a écrit:

Source?

Marruecos ofrece instalar una fábrica de fertilizantes en Guatemala https://t.co/zeHjqVcEAE

— República. (@republicagt) June 22, 2022

Shugan188 a écrit:

Creation d une nouvelle structure regroupant les activités de l industrie chimiques de l OCP, avec un Capital de 13.8 Md Mad et un CA prévisionnel de 30.6 Md MAD entre 2022 et 2025 .

Ainsi "OCP Nutricrops S.A"  va regrouper  :
  Jorf Fertilizers Company I et  II et IV détenus à 100% par l OCP.
  Jorf Fertilizers Company III et V détenus respectivement à hauteur de 50% et 60% par l OCP.

L objectif précité dans le J.O de cette creation est plus de souplesse dans le choix de type et sources de financement plus précisément l ouverture du Capital aux investisseurs.

RED BISHOP a écrit:

Les prix du phosphates risquent d'exploser. Ca va faire les affaires de l'OCP et relancer les affaires tunisiennes.

Code:

Les annonces de l’OCP se sont succédé depuis le début de la guerre en Ukraine le 23 février dernier. Que ce soit par communiqué ou à travers des actes juridiques repris dans la presse, les informations sur le groupe laissent entrevoir un déploiement stratégique en temps de crise.

Avalanche d’annonces

Ainsi, le 2 mars, le mastodonte phosphatier signait un accord avec Koch Ag & Energy Solution, filiale de la multinationale américaine Koch Industries, concernant la cession de 50 % de JFC III, une société de projets portant la 3e unité de production d’engrais de l’OCP à Jorf Lasfar. Le 30 juin, l’OCP annonçait la finalisation de ce deal.

Le 16 mars, l’office communiquait sur l’augmentation de 10 % de sa production en 2022. Le 22 mars, un partenariat avec Shell et l’UM6P était conclu avec l’OCP pour la construction d’une unité pilote de production d’ammoniac. Le 13 mai, l’OCP annonçait le projet d’ouverture d’une usine d’engrais au Brésil, en marge d’une visite de travail du ministre de l’Agriculture brésilien, Marcos Montes. Le Brésil, puissance agricole mondiale, importe 80 % de ses besoins en engrais. Un quart de ces importations viennent de Russie. Des annonces similaires ont été faites pour le Niger et le Guatemala au mois de juin.Le 12 juillet, le bulletin officiel publiait l’autorisation du gouvernement pour la création de la société OCP Nutricrops, au capital de 13,8 milliards de dirhams, regroupant plusieurs de ses filiales exerçant des activités chimiques. Un projet approuvé par le Conseil d’administration du groupe le 17 mars 2021.

Le 18 juillet, le groupe obtient l’autorisation du gouvernement pour contribuer au capital de la société Pan African Fertilizer Company, à parts égales avec le gouvernement éthiopien. Un projet à 33 milliards de dirhams détenu à 50 % par l’OCP et qui est dans le pipe depuis 2016. Il concerne aussi bien la production d’engrais que celle d’urée et donc d’ammoniac.Le 22 juillet, l’OCP annonce, enfin, la fourniture de 550.000 tonnes d’engrais aux pays africains, dont 180.000 tonnes à titre d’aide et 370.000 tonnes à prix réduit.

Bien que certaines de ces multiples annonces soient en lien avec des projets à long terme, nécessitant parfois des années de planification, de négociation et de mise en place, il n’en demeure pas moins que leur succession dans des délais aussi courts ne peut être en déconnexion avec le contexte international. Toutes ces annonces ont en commun la sécurisation de la production du géant phosphatier, dans un contexte de perturbations internationales ayant un impact sur le marché des engrais et sur la sécurité alimentaire mondiale.

Koch, renforcement d’un partenariat stratégique

Revenons plus en détail sur l’accord signé avec Koch Industries. Le communiqué officiel du 22 mars précise la nature de l’accord entre les opérateurs : “La production de JFC III sera commercialisée par OCP et Koch Fertilizer, LLC. En outre, les sociétés prévoient de collaborer pour l’approvisionnement de l’ammoniac et du soufre au Groupe OCP, et s’appuieront sur leurs capacités logistiques pour l’exportation des engrais depuis le Maroc.”

Bien que sommaire, cette description apporte de précieux détails sur la stratégie d’un groupe avare en communication. Car l’un des talons d’Achille de l’OCP concerne sa fourniture en intrants. Il est vrai que le Maroc dispose de la plus grande réserve mondiale de phosphate et une des plus rentables, car facile d’extraction, les gisements étant majoritairement en surface, mais sa capacité et ses coûts de transformation sont soumis à sa dépendance aux principaux intrants, notamment le soufre et l’ammoniac, tout deux intimement liés aux industries pétrolières et gazières.

“Les achats de matières premières affichent une hausse de 10,7 milliards de dirhams entre l’exercice 2020 et l’exercice 2021”

Dans son rapport sur les résultats nets consolidés de 2021, le groupe précise ainsi que “les achats de matières premières affichent une hausse de 10,7 milliards de dirhams entre l’exercice 2020 et l’exercice 2021. Cette variation provient essentiellement de la hausse des achats consommés du soufre, de l’ammoniac et de l’acide sulfurique”.

La rubrique “achat de matières premières” représentait 58,5 % de ces achats consommés du groupe en 2020. Cette proportion a sauté à 72,7 % en 2021, plombant relativement sa capacité bénéficiaire. Cette augmentation significative est essentiellement liée au prix du soufre (50 % du montant des achats de matières premières) et de l’ammoniac (32 % du montant des achats de matières premières). Étant donné que 82 % des charges d’exploitations du groupe en 2021 concernent les achats consommés, une grande partie de la rentabilité dépend de la maîtrise du sourcing et du coût de l’ammoniac et du soufre.

Dépendance aux intrants

L’OCP importait, en 2021, 32 % de son ammoniac de Russie. Ce pays représente 24 % des exportations mondiales d’ammoniac, 40 % de celles de nitrate d’ammonium, 17 % des engrais phosphatés et 20 % de la potasse. Le rapport financier de l’OCP mentionne ainsi que “la région de l’Ukraine est parmi les principales régions exportatrices de l’ammoniac dans le monde. Dans le contexte actuel de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le Groupe OCP est en mesure de sécuriser ses besoins en ammoniac à court, moyen et long terme en s’appuyant sur l’augmentation de ses importations en provenance de Trinidad et sur le développement des importations de l’Égypte et également des pays du Golfe, notamment du Qatar et de l’Arabie saoudite”.

Or une des cinq usines d’ammoniac de Trinidad, Point Lisas Nitrogen Limited (PLNL), est détenue à 50 % par Koch Industries. Un raffermissement du partenariat avec Koch industries, en plus de la capacité de lobbying du groupe aux États-Unis (la famille Koch détient 4 des 10 plus influents think tanks américains) va clairement dans le sens d’une sécurisation de l’amont industriel de l’OCP dans un contexte international instable. Par ailleurs, les États-Unis sont devenus l’un des premiers exportateurs mondiaux d’ammoniac à la faveur de l’augmentation des coûts du gaz en Europe et de la suspension des exportations russes et chinoises d’engrais.

Qui va financer ?

Cette recherche de sécurisation de l’ammoniac est aussi liée au déblocage des financements pour la mise en place de l’usine de Dire Dawa en Éthiopie. Ce projet qui tarde à se concrétiser, accusant un retard de plus de six ans, pourrait être accéléré par la crise actuelle. Une des missions de cette usine est de fabriquer des engrais phosphatés, d’urée et d’ammoniac grâce au gaz éthiopien. Une usine à 3,7 milliards de dollars, dont la mise en place pourrait prendre jusqu’à quatre ans, mais l’autonomisation de l’OCP pour son alimentation en ammoniac demeure clairement un des enjeux stratégiques du groupe. Pour preuve, l’accord similaire signé entre l’OCP et le Nigeria en 2019 après que celui signé avec le Gabon 2014 n’a pas vu le jour.

Des investissements énormes en perspective, mais OCP reste endetté. Selon son rapport, la dette financière du groupe s’élève à plus de 55,6 milliards de dirhams, dont 34 milliards ont une maturité de moins de 5 ans, soit 61 %. Les besoins de financement du groupe pourraient donc rapidement se chiffrer à plusieurs milliards de dirhams supplémentaires dans les prochaines années. D’autant plus que l’OCP a pris l’habitude financer ses investissements à 50 % minimum à travers l’endettement.

Vers une privatisation du pendant industriel ?

Toutefois, vu la sollicitation de plus en plus importante du budget public en termes de financement de projet ou de remontée de dividende (8 milliards en 2021 et près du double attendu en 2022), ce besoin de financement et donc d’endettement pourrait croître.

D’où probablement l’intérêt de créer la société OCP Nutricrops, autorisée par un décret du chef de gouvernement le 12 juillet dernier. Une société anonyme à conseil d’administration, capitalisée à 13,8 milliards de dirhams, et dont les missions sont la fabrication d’acide phosphorique, de phosphate monoammoniacal et de produits chimiques de toutes sortes, notamment par transformation du phosphate. En gros, c’est le regroupement des sociétés de projets qui portent les cinq unités de production de l’OCP situées à Jorf Lasfar.Le décret mentionne clairement la possibilité pour cette société d’ouvrir son capital à l’investissement, c’est-à-dire, de céder ses parts à des investisseurs nationaux ou internationaux comme levier de développement. Tout comme la cession de 50 % de JFC III à Koch Industrie, cette permission de céder une part de la capacité industrielle du groupe permettrait un financement additionnel à l’OCP, lequel pourrait alors maintenir son rythme d’investissement soutenu (plus de 100 milliards de dirhams depuis 2008). Mais n’est-ce pas là une privatisation déguisée ? En effet, en séparant l’actif industriel des réserves de roche (monopole public par la force de la loi), le gouvernement autorise le management du groupe à ouvrir le capital de sa filiale sans débat public et sans même passer par le Parlement, comme le stipule la loi.

Sollicités par TelQuel, les services de communication du groupe OCP n’ont pas donné suite à notre demande, laissant planer le flou autour de ces mouvements stratégiques au moment où la question des fertilisants et de la sécurité alimentaire sont au centre des discussions internationales.

Prix des engrais 

La faim guette

De nombreux responsables, dont António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, alertent sur le spectre de la famine au niveau mondial en 2023. Tous font le lien entre les conséquences de la guerre en Ukraine et la cherté des engrais suite à la suspension des exportations de Russie, de Biélorussie et de Chine. Le secrétaire général de l’ONU va jusqu’à parler d’un “risque réel” de famine en 2022 et qui pourrait être pire en 2023, si les prix des engrais ne baissent pas. L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO, rappelle quant à elle que de nombreux pays d’Amérique du Sud, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale dépendent de la Russie pour plus de 30 % de leurs importations d’engrais, et que certains pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Ghana, en dépendent à plus de 50 %. L’annonce faite par l’OCP quant à la fourniture de 550.000 tonnes d’engrais aux pays africains, à titre d’aide ou à prix réduit, vient ainsi répondre en partie aux appels internationaux, tout comme l’annonce de la hausse de 10 % de sa production. Un intense ballet diplomatique autour des phosphates depuis quelques mois, qui vient placer le Maroc comme un acteur de premier plan pour faire face à cette flambée internationale des cours.