Suppostions D'achats de la MRM

Le constructeur français de bâtiments de guerre Naval Group a fait valoir le 22 octobre lors du 7SEAS son « savoir-faire technologique et industriel » auprès de quelques marines étrangères, dont celle du Maroc. Des « échanges sur les capacités de nos bâtiments de surface, qui offrent une supériorité opérationnelle à la Marine et garantissent notre autonomie stratégique » a déclaré sur Twitter, l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine française.

« Ces entretiens ont confirmé nos intérêts de coopération et les nombreux défis à relever, face à l’évolution du contexte géopolitique, pour agir en mer et conforter notre capacité à travailler ensemble », a-t-il ajouté.

La Marine royale pourrait commander dès 2022 à Naval Group au moins un sous-marin Scorpène à propulsion classique (un second serait en option). Ce projet se fait de plus en plus pressant à mesure que l’Algérie voisine renforce ses capacités en la matière. En 2019, Alger a ainsi réceptionné deux sous-marins de fabrication russe Kilo 636 M.

Paris et Rabat évoquent depuis plusieurs mois, dans la plus grande discrétion, la création au Maroc d’une filière industrielle navale commune, ce afin de répondre en priorité aux besoins de la Marine royale.

Le chantier naval de Casablanca, que l’Agence nationale des ports (ANP) souhaite donner en concession pour trente ans à un opérateur privé, fait l’objet de toutes les attentions de la France qui compte ainsi se positionner durablement dans les arsenaux marocains. Naval Group est sur les rangs depuis deux ans, en groupement avec Chantiers et ateliers du Maroc (CAM), qui assure déjà certaines prestations de maintenance pour la Marine royale.

Ce sujet hautement stratégique aurait été abordé en marge de la visite de la ministre française des armées Florence Parly à Rabat le 6 février 2020, durant lequel elle a notamment rencontré l’inspecteur général des Forces armées royales (FAR) Abdelfattah Louarak.

L’objectif pour le Maroc, qui a explosé son budget défense, est d’entrer dans le club restreint des pays africains ayant une capacité militaire sous-marine. Des tractations avec la Russie avaient souvent été évoquées autour du sous-marin de type Amur-1650, voire Lada, une option jugée cependant irréaliste.

Le royaume qui dispose déjà notamment d’une base navale conséquente à Ksar Sghir dans le nord du pays (pour sa frégate FREMM), ambitionne ainsi de créer dès 2025 une nouvelle grande base sur son flanc Atlantique, à Safi. La Marine royale s’est déjà engagée depuis quelques années dans la formation de ses futurs sous-mariniers.

Les récentes manœuvres aéronavales (Lightning Handshake) menées conjointement avec la marine américaine avaient été l’occasion pour les forces marocaines de tester ses capacités de lutte anti-sous-marines. La présence furtive d’un submersible russe de la classe Kilo durant ces exercices a été interprétée comme une raison supplémentaire pour le Maroc de s’équiper à court-terme de capacités similaires.

L’opération séduction de Naval Group auprès du Maroc intervient aussi alors que le royaume négocierait avec l’Italie pour l’acquisition au groupe Fincantieri de deux frégates multi-missions de type FREMM, qu’il fait ses emplettes par ailleurs en Espagne auprès de Navantia et qu’il lorgne aussi du côté d’Ankara pour l’achat auprès du Turc Ares Shipyard de 15 vedettes destinées à la surveillance de son littoral et pour équiper ses commandos de marines (10 patrouilleurs rapides ARES 35 FPB et 5 bateaux ARES 80 SAT).