Les codes complexes de la Maison royale n’ont aucun secret pour lui. Mémoire du Royaume, d’ordinaire très économe de sa parole, ce gardien du temple makhzénien s’est longuement confié à JA.
Historiographe du Royaume et porte-parole du Palais, après avoir été pendant de longues années directeur du Protocole royal, Abdelhak El Merini est l’un des gardiens du temple makhzénien. Si elle n’est pas directement politique, sa mission n’en est pas pour autant anecdotique : préserver, par la mémoire des rites séculaires et le compte rendu méticuleux des activités royales, l’ancrage historique de l’une des plus anciennes dynasties encore régnantes.
Rbati pur jus, grandi dans une famille aux traditions ancestrales, descendant de la dynastie mérinide, celui qui a débuté sa carrière comme professeur d’arabe est entré au service de la monarchie alaouite presque par hasard. Féru de littérature et d’histoire militaire, sa participation en juillet 1965 à une émission télévisée sur les Forces armées royales (FAR) lui vaut d’être repéré par Moulay Hafid El Alaoui. Désireux, au lendemain de l’indépendance, de généraliser l’usage de l’arabe dans les échanges avec la direction du Protocole royal et de la Chancellerie qu’il chapeaute, le général décide de prendre sous son aile ce jeune homme érudit aux manières policées, parfait représentant d’une forme d’aristocratie marocaine.
Abdelhak El Merini entre alors au Palais royal comme on entre en religion, en faisant vœu d’abnégation et de discrétion pour le reste de sa vie. Persévérant et méticuleux, attentif aux moindres détails, il apprend peu à peu les us et coutumes de cette illustre maison, et gagne la confiance du défunt roi Hassan II, qui le nomme directeur du Protocole royal en 1998.
Aujourd’hui, à 87 ans, il continue de servir avec dévouement le trône alaouite, mais cette fois en tant que porte-parole du Palais et historiographe du royaume, missions qui lui ont été confiées par Mohammed VI à partir de 2010. Exceptionnellement, cet homme d’État à la réserve légendaire a bien voulu nous recevoir, à Rabat. Entretien.
Jeune Afrique : Vous avez commencé votre carrière comme professeur d’arabe. Comment passe-t-on du lycée au Palais royal ?
Abdelhak El Merini : En 1965, au moment du 8e anniversaire de la création des Forces armées royales [FAR], je me suis rendu au siège de la Radiodiffusion Télévision Marocaine [RTM] pour participer à l’émission télévisée sur l’histoire des armées du royaume depuis l’époque des Idrissides, jusqu’aux Alaouites, sujet de mon livre que j’avais achevé.
Au lendemain de la diffusion de ce programme, j’ai reçu un appel du directeur de la télévision, Si Ahmed Bensouda, me demandant de me présenter au Palais royal pour rencontrer le général Moulay Hafid El Alaoui, directeur du Protocole et de la Chancellerie de Feu Sa Majesté le roi Hassan II, que Dieu ait son âme.
Ni moi ni Monsieur Bensouda ne savions à quoi nous attendre. C’était une sensation vertigineuse. J’ai d’abord craint d’avoir dit au cours de ce programme télévisé quelque chose d’inconvenant. C’était tout le contraire. Le général Moulay Hafid avait apprécié ma contribution à l’émission sur les FAR. Et tout particulièrement le passage concernant la participation de l’armée marocaine à la Seconde Guerre mondiale, aux côtés des Français, du temps du Protectorat, où j’ai expliqué que le roi Mohammed V avait encouragé les Marocains à soutenir l’effort de guerre des Français dans le but de lutter contre le nazisme et défendre les valeurs de démocratie et de liberté, mais aussi pour pousser les Français à revoir leur position par rapport au Maroc et à son désir d’indépendance.
Il m’a interrogé sur qui j’étais, et mon parcours. À ce moment-là, j’étais professeur d’arabe au lycée Hassan II [lycée Gouraud sous le Protectorat], tout en préparant un DES à l’Institut des études supérieures arabo-islamiques relevant de l’université de Strasbourg, après avoir obtenu une licence ès lettres à la faculté de Rabat.
Après s’être renseigné sur moi et ma famille, il m’a proposé de venir travailler avec lui, car au lendemain de l’indépendance, il y avait la volonté d’arabiser les documents et courriers de la direction du Protocole royal. C’est ainsi que je suis entré au service du Palais en 1965.
Vous êtes passionné par les FAR, sur lesquelles vous avez publié plusieurs livres. Pourquoi ne pas avoir opté pour une carrière dans l’armée ?C’était ma vocation initiale. Depuis l’époque où j’étais élève au Collège Moulay Youssef, puis plus tard à l’Institut des Hautes Études marocaines, où j’ai étudié l’histoire militaire du royaume, je suis resté fasciné par la capacité incroyable de cette armée marocaine à résister aux assauts étrangers, qu’ils soient maritimes ou terrestres.
J’étais si féru d’histoire militaire marocaine et animé par un tel sentiment patriotique que j’ai pensé : pourquoi pas ? Moi aussi, je pourrais devenir l’un de ces militaires que j’admirais. En classe de seconde au lycée Moulay Youssef, j’ai donc fait les démarches pour entrer à l’École militaire de Saint Cyr, en France, et répondre à l’appel adressé aux jeunes à ce sujet. Malheureusement, un concours de circonstances m’a empêché de réaliser ce rêve. Plus tard, je me suis présenté au concours de l’académie royale de Meknès. J’ai réussi brillamment toutes les épreuves, et j’ai été admis. Mais mon père s’est opposé à l’idée d’une carrière militaire. Il souhaitait que je privilégie la connaissance et le savoir, et que j’obtienne un diplôme d’études supérieures. Je n’ai pas voulu le contrarier.
En 1998, il est nommé directeur du Protocole royal par le roi Hassan II. Poste qu’il occupera jusqu’en 2010.
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Après votre entrée au Palais en 1965, vous avez gravi les échelons un à un, avant d’être nommé, en 1998, directeur du Protocole royal par Hassan II.Effectivement. Je suis pour cela extrêmement reconnaissant à Sa Majesté Hassan II et à Sa Majesté Mohammed VI de m’avoir accordé leur confiance et offert l’honneur et le privilège de mettre mes humbles compétences à leur service. Quand le roi Hassan II m’a recruté en 1965, j’ai débuté comme attaché à la direction du Protocole royal et de la Chancellerie. Puis, à partir de 1972, j’ai été nommé chargé de mission au ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie.
Ensuite, lorsque j’ai accumulé suffisamment d’expérience, j’ai commencé à assurer les remplacements du général Moulay Hafid quand il était absent, notamment lorsqu’il était en déplacement à l’étranger. Avant d’être nommé officiellement directeur du Protocole royal et de la Chancellerie en 1998. Poste que j’ai eu l’honneur d’occuper jusqu’en 2010.
C’est un destin auquel je ne m’attendais pas, mais qui montre que le travail sérieux, la persévérance, l’abnégation et le dévouement sont des valeurs clés dans la vie.
Comment avez-vous appris les traditions makhzéniennes, dont vous avez été dépositaire durant de longues années ?À mon entrée au Palais, j’assistais à toutes les activités, ainsi qu’à toutes les réunions de préparation des différents événements, visites d’officiels, etc. Dans un premier temps, j’observais pour intégrer toutes les règles de la Maison et apprendre à veiller sur la préservation des traditions makhzéniennes. Puis on a commencé à me confier de plus en plus de responsabilités. C’est ainsi que j’ai appris à diriger cette institution extraordinaire qu’est le Protocole royal.
Il n’y a pas d’école du Protocole royal marocain. Les spécificités et manières propres à la Maison royale s’acquièrent d’abord par l’observationAvant d’être nommé officiellement à la tête du Protocole royal, j’ai fait office de directeur pendant de longues années. J’accueillais à l’aéroport les officiels et les personnalités qui venaient en visite au Maroc, j’organisais les diners officiels et les réceptions, etc.
Comment se transmettent ces traditions makhzéniennes aujourd’hui ? Existe-t-il une école ou une formation au Protocole royal, comme cela se fait par exemple dans la monarchie britannique ?Il n’y a pas d’école du Protocole royal marocain. Il va de soi qu’au moment de la sélection des candidats nous nous assurons qu’ils aient une base solide du fait de leur éducation. Mais les spécificités et manières propres à la Maison royale, traditions millénaires, s’acquièrent d’abord en observant les membres du Protocole royal et en assistant aux réunions de préparation des différents événements. Puis, peu à peu, une fois que la personne a assimilé suffisamment de connaissances en matière de savoir-faire et de savoir-être makhzénien, elle participe aux cérémonies, réceptions et autres activités.
Il y a bien sûr des rituels et des formules spécifiques au Makhzen à acquérir, mais aussi et surtout une attitude, une démarche, une manière d’être et de présenter, d’exceller dans l’art de la réception, de la conversation et des bonnes manières.
En quoi consiste le Protocole royal marocain ? Le Protocole royal renvoie à la manière de préparer les cérémonies, qu’elles soient officielles ou familiales, impliquant la famille royale, mais aussi à l’organisation des audiences de Sa Majesté, que ce soit en amont ou durant leur déroulement. Ce sont les membres de Protocole royal qui accueillent les invités et qui se chargent d’en présenter certains au souverain durant les cérémonies.
Depuis les rois amazighs de la Maurétanie tingitane, il y a toute une stratification de rites que le temps a façonnée. Mais qui a connu une accélération avec les dynasties des Saadiens et des Alaouites. Bien avant la création de la direction du Protocole à l’indépendance, le hajib (chambellan) était chargé de veiller au respect des traditions, et des us et coutumes makzéniens. Et d’organiser les différentes cérémonies de la vie au Palais, d’accueillir et de présenter les invités au roi, etc. Au lendemain de l’indépendance, ces rites se sont codifiés par la création d’un ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie.
En quoi se différencie-t-il des protocoles japonais ou britannique, ou de ceux d’autres monarchies ?Il n’y a pas de comparaison possible. Nos rituels et traditions sont très différents. Par exemple, à l’entrée de Sa Majesté le roi, les Mokhaznis du Palais, coiffés de leur chachia, et avec à leur tête le caïd du Méchouar, doivent saluer d’une manière très spécifique, pour lui témoigner leur respect et leur fidélité, et lui souhaiter la bienvenue en déclamant la formule consacrée « Allah ibarek fe 3mer Sidi ». Cela fait partie des règles de bienséance et de politesse à respecter en présence de Sidna, et qui sont spécifiques à la monarchie alaouite.
Les relations privilégiées d’amitié du président Chirac avec la famille royale m’ont beaucoup marquéIl y a également des codes vestimentaires. Les dignitaires et les représentants de la nation qui entrent au Palais sont invités à respecter un code vestimentaire de style makhzénien, notamment lors des soirées religieuses. Un exemple de ces tenues marocaines traditionnelles : burnous, djellaba de tissu bzioui [fabriqué depuis des siècles à Bzou], jabador, sans oublier le tarbouche national rouge.
Le Palais royal exerce toujours une fascination assez particulière. Comment l’expliquez-vous ?D’abord, cela vient de la personne du roi lui-même. De son charisme et du respect qu’il inspire à ceux qui l’approchent. Je peux en témoigner personnellement, moi qui ai eu la chance et l’honneur de servir aussi bien Sa Majesté Hassan II que Sa Majesté Mohammed VI.
Ensuite, au-delà du faste, de l’architecture, des parfums et du décorum propres aux Palais marocains, les gens sont marqués par les différents rituels makhzéniens. Je pense par exemple à la cérémonie de préparation du thé, symbolique de l’hospitalité marocaine, telle qu’elle est pratiquée au Palais royal. Elle repose sur une série de gestes précis, accomplis par des Mokhaznis, et fait appel à une multitude d’ustensiles tels que le Babor, sorte de samovar, les différentes siniya (plateaux), des présentoirs à gâteaux, des brûles-encens (mbikhra), des lave-mains… Ce rituel s’accompagne d’une profusion de parfums précieux, d’argenterie, de broderies et d’ornements traditionnels choisis parmi ce qui se fait de mieux au royaume.
Vous avez passé près de 56 ans au Palais royal, au service de la monarchie. En tant que chef du Protocole royal, vous avez eu à rencontrer des personnalités mondiales de haut rang. Quelles sont celles qui vous ont le plus marqué ?J’ai rencontré beaucoup de personnalités et de chefs d’État durant ces années. Je ne peux évidemment oublier aucun d’entre eux. Mais les relations privilégiées d’amitié du président français Jacques Chirac avec la famille royale marocaine m’ont beaucoup marqué. D’autant que ces liens se sont inscrits dans la durée. Monsieur Chirac aimait beaucoup le roi Hassan II, et ce sentiment était partagé. Ces liens se sont poursuivis avec notre souverain Mohammed VI. Il connaissait bien le pays, il y avait ses habitudes. Et les Marocains, qui l’avaient totalement adopté, ne manquaient pas l’occasion de lui témoigner leurs sentiments d’amitié.
Avec le roi Mohammed VI, dans les années 2000.
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Vous avez servi aussi bien le roi Hassan II que son fils Mohammed VI. Y a-t-il eu des allègements entre les deux règnes en matière de protocole ?
Le protocole makhzénien repose sur des traditions séculaires. Les styles peuvent différer, mais tous les rois du Maroc veillent à préserver sa rigueur et à faire respecter ses règles et ses codes, très spécifiques au royaume.
En revanche, certains aspects sont parfois ajustés pour être adaptés à la vie moderne : c’est le cas par exemple du rituel de la prière du vendredi, ou celui de l’Aïd el-Fitr et de l’Aïd el-Adha. Traditionnellement, le souverain se rendait à la mosquée sur son cheval, protégé du soleil par une vaste ombrelle. Sous le règne du roi Hassan II, le convoi à cheval a cédé la place à un cortège en voiture décapotable, à l’intérieur de laquelle le monarque se tient debout. Mais tout comme autrefois, Sa Majesté sort accompagnée du directeur du Protocole, du hajib royal (chambellan), du caïd du Méchouar et des Mokhzanis.
Parfois, le monarque peut choisir de se rendre à la prière à cheval, comme le faisaient ses ancêtres. Ces sorties sont généralement retransmises à la télévision nationale, et très suivies par les téléspectateurs marocains, qui eux-mêmes restent très attachés à ces traditions.
Vous étiez présent lors de la tentative de putsch de Skhirat, où vous avez failli perdre la vie. Quel souvenir gardez-vous de ce jour ?J’ai été profondément marqué par l’extraordinaire sang-froid dont a fait montre Sidna Hassan II qui est la marque d’un très grand roi. Là où n’importe quel autre chef d’État aurait paniqué, il a su rester calme et opérer avec finesse et stratégie. Il nous a sauvé la vie, à moi et à beaucoup d’autres personnes présentes ce jour-là.
À nous tous qui étions au sol, le roi Hassan II nous a ordonné de nous relever : « Debout ! Vous êtes des hommes ! »Face aux assaillants qui se sont introduits au Palais de Skhirat lors de la réception d’anniversaire de Sa Majesté, les uns ont fui vers la plage et la mer, les autres sont restés dans l’enceinte du Palais, à l’intérieur duquel certains ont pu se cacher. Mais la majorité des gens ont été sommés par les rebelles de se mettre à plat ventre dans la cour centrale, moi compris. Nous étions tous tétanisés par la peur, convaincus que notre heure était venue. Et au milieu de cette scène dramatique, il y avait des consignes parfois complètement absurdes. Je me souviens de cette phrase du colonel Ababou, qui dirigeait la tentative de soulèvement, qu’il a prononcée juste avant de se rendre au siège de la RTM : « Servez le dîner à tous ces gens à 19 heures… » Comprendre : éliminez tous les Marocains présents à 19 heures.
Heureusement, Hassan II a pris les choses en main. Avec un calme et un courage impressionnants, il est venu à la rencontre des assaillants qui étaient armés jusqu’aux dents. Ils étaient dans leur ensemble assez jeunes et ne comprenaient même pas clairement ce qu’ils venaient faire là. Il a d’ailleurs suffi que Sa Majesté, qui était alors en tenue d’été comme tous les convives puisque c’était le dress code de cette réception, les fixe en leur demandant : « Savez-vous qui je suis ? » pour que les jeunes soldats, pris de panique, se prosternent devant lui en clamant : « Allah ibarek fe 3mer Sidi » et en baisant ses mains. Il leur a alors intimé l’ordre de déposer les armes immédiatement, et nous a demandé à tous qui étions au sol de nous relever : « Debout ! Vous êtes des hommes ! » Puis, sous son égide, nous avons récité tous ensemble la sourate de la Fatiha pour remercier Dieu de nous avoir gardés en vie.
Vous cumulez depuis 2010 les fonctions d’historiographe du royaume et de porte-parole du Palais royal. Les deux fonctions sont-elles compatibles ?
La fonction d’historiographe du royaume consiste à compiler tous les faits et gestes, et les activités du monarque, qu’elles soient politiques, sociales, économiques ou familiales. Cette fonction s’accompagne de celle de conservateur du Mausolée Mohammed-V, ce qui est somme toute logique puisque les personnalités, les chefs d’État, les personnalités nationales et étrangères, les délégations officielles qui viennent se recueillir sur les tombeaux du roi Mohammed V et de Sa Majesté Hassan II ont généralement des questions sur ce lieu historique hautement symbolique, construit à l’initiative de Hassan II sur les vestiges de la mosquée Hassan édifiée par la dynastie almohade au XIIe siècle. Et l’historiographe est la personne indiquée pour les renseigner.
L’historiographe est la mémoire du royaume et des activités officielles qui s’y tiennent. C’est un travail méticuleux qui est non seulement compatible avec celui de porte-parole du Palais royal, mais complémentaire. Lorsqu’il y a un conseil des ministres présidé par le roi, par exemple, en ma qualité d’historiographe, j’enregistre tout ce qui a été dit pour l’histoire du royaume. Et à la fin de la réunion, en ma qualité de porte-parole, je lis un communiqué sous l’œil des caméras des médias pour permettre au grand public de prendre connaissance de la teneur de ce conseil. Je dois relayer de la même manière tous les communiqués ayant trait aux cérémonies familiales organisées dans l’enceinte du Palais royal.
Palais royal de Casablanca, avant l’arrivée du secrétaire d’État américain John Kerry, le 4 avril 2014.
JACQUELYN MARTIN/POOL/AFP
Le roi Mohammed VI a beaucoup voyagé en Afrique. L’accompagnez-vous dans ces tournées ? Il est de mon devoir de le faire, afin de tenir à jour le registre des activités royales et rédiger des rapports sur ces voyages. Ces récits sont ensuite répertoriés dans des ouvrages édités chaque année par l’imprimerie royale et distribués dans toutes les institutions officielles du pays, qu’elles soient politiques, économiques ou sociales.
Son intérêt pour l’Afrique est très fort, il aime profondément le continent et cela se voit lors de ces déplacements. Loin de se contenter d’accomplir les activités officielles et de se retirer comme le feraient beaucoup de chefs d’État en déplacement, il passe beaucoup de temps à échanger avec les gens, à découvrir le pays, ses habitants, etc. Toujours avec beaucoup de bienveillance, et pour seul désir le développement de l’Afrique.
Quel regard portez-vous sur les liens entre le Maroc et le reste des pays africains d’un point de vue historique ?Le Maroc a depuis toujours nourri des liens forts avec le reste du continent africain. Cela remonte au moins au temps des Saadiens, et aussi à l’époque du sultan Moulay Ismaïl Alaoui, qui dans le cadre de la restructuration de son armée avait créé la faction très influente des « Boukharas » d’origine africaine, qui ne comptait pas moins de 150 000 hommes connus pour leur courage et leur dévouement.
Sous l’impulsion de Mohammed VI, ces liens séculaires ont été réactivés. Le royaume est devenu un ambassadeur de l’islam modéré, dont il prône les principes religieux et juridiques sur le continent africain par l’intermédiaire des oulémas, des « mourchidine » et des chefs spirituels des confréries religieuses. Sans oublier de mentionner les relations diplomatiques, économiques et culturelles entre le Maroc et les pays Africains qui ne cessent de se développer.
Un roman intitulé « L’historiographe du royaume », de Maël Renouard, qui met en scène Hassan II et un historiographe, a failli remporter le Goncourt en France en 2020. Il ne vous a sans doute pas échappé.
Je l’ai lu et ne souhaite pas m’étendre sur le sujet. À titre personnel, et en tant que féru de littérature, ce roman ne m’a pas plu : les distorsions par rapport à la personnalité de Sa Majesté le roi Hassan II, ainsi que celles relatives au travail d’un historiographe de la cour sont trop importantes pour que je puisse accrocher. Sans compter que je ne comprends pas bien la démarche de l’auteur, qui n’a jamais pris la peine de se rapprocher de nous pour effectuer un travail documentaire sérieux sur la fonction d’historiographe au Maroc.
La communication du Palais royal se fait essentiellement par le biais de communiqués. Au point que dans certains milieux, on vous surnomme « le porte-parole qui ne parle jamais »… Qu’est-ce que cela vous fait ? Absolument rien. C’est quelque part même un compliment à mes yeux. La fonction de porte-parole du Palais royal a été créée pour communiquer autour des activités de Sa Majesté le roi, ainsi que sur les différents événements de la vie du Palais et de la famille royale. Et en aucun cas pour commenter ou improviser des analyses.
En ce qui me concerne, je n’ai pas de prétentions personnelles. Depuis 1965, je suis très fier et très honoré de continuer à servir le roi, la famille royale, le trône alaouite et ma chère patrie. La discrétion, le dévouement et l’abnégation font partie de ma mission.