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Confronté à la problématique de l'eau dans le nord du pays, le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima pousse à la roue pour un projet d’usine de dessalement d’eau de mer qui viendrait compléter les autres chantiers hydriques prévus par le PDR. Le Desk révèle les premiers contours chiffrés d’une convention destinée à financer les études de faisabilité à l’horizon 2024

C’est dans le cadre d’une réunion d'étude tenue ce mardi dans la ville du Détroit dédiée à la problématique de l'eau dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima qu’a émergée, apprend Le Desk, l’idée de doter la cité et ses environs d’une usine de dessalement d’eau de mer.

Les débats d’experts et de responsables institutionnels, qui se sont focalisés sur une feuille de route pour l'adoption de mesures urgentes pouvant contribuer à rationaliser la gestion de cette ressource vitale ainsi que son utilisation ont ainsi débouché sur l’utilité d’une telle infrastructure qui devra à l’horizon 2024, compléter un vaste chantier – déjà prévu par le programme de développement régional (PDR) - pour une enveloppe de 458 millions de dirhams (MDH).

Au stade final de sa préparation, selon l’exposé fait par le président de la région, Omar Moro, ce chantier piloté par l’AREP de Tanger devrait porter sur un certain nombre de projets structurés basés sur la mobilisation des ressources en eau et l'achèvement et la réhabilitation de certains des équipements de stockage d'eau, tels que des barrages collinaires, la réalisation de forages, de réhabilitation du réseau d'eau potable, de contribution à la sécurisation de l'approvisionnement en eau, ainsi que d'autres qui s'inscrivent dans le cadre de la réutilisation des eaux usées pour l'irrigation.

Les différentes études menées jusqu’ici en vue de satisfaire les besoins hydriques croissants, que ce soit pour le pôle urbain tangérois, sa composante industrielle que l’arrière-pays agricole, y compris pour la future agropole de Larache, indiquent que le dessalement de l'eau de mer devient impératif au regard de la nécessaire diversification des sources d’approvisionnement. Une journée de réflexion organisée récemment à Tanger par le Conseil régional (CRTAH) avait d’ailleurs dans ce sens exposé ce nexus eau-énergie-sécurité alimentaire.

Une convention préalable de 22 MDH

D'après nos informations, le projet de cette usine, plus imposante que celle déjà en activité à Al Hoceima a déjà fait, dans la foulée de la réunion d’étude, l’objet d’un draft de convention de partenariat à soumettre aux parties prenantes, en l’occurrence le CRTAH lui-même qui compte l’inscrire en point supplémentaire à sa prochaine session prévue le 4 octobre prochain, les ministères de l’Intérieur, de l’Équipement et de l’Eau, la Wilaya de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et l’Agence du Bassin Hydraulique du Loukkos (ABHL).

Cette convention, couvrant les années 2023 et 2024, est destinée à financer à hauteur de 22 MDH les premières études de faisabilité, dont les apports seraient à parts égales de 3,5 MDH pour chaque année de la part du département de Abdelouafi Laftit, de celui de Nizar Baraka, du CRTAH, en sus de la contribution annuelle de 0,5 MDH émanant de l’ABHL.

Selon les éléments à notre disposition, il s’agira notamment d’études techniques, d’études du milieu marin pour la réalisation du projet d’usine de dessalement à Tanger, d’étude d’impact environnemental et enfin d’une étude d’évaluation préalable conformément à la loi 86-12 relative aux contrats de partenariat public-privé, ainsi que la mise en œuvre de ce contrat PPP.

Ce nouveau projet d’usine de dessalement devrait ainsi répondre aux fortes pressions subies par les eaux de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et du bassin du Loukkos, mais aussi contribuer à la préservation des ressources en eau de la région, nous indique-t-on. On vise par ailleurs, principalement, à promouvoir et sécuriser l’approvisionnement de la ville de Tanger en eau potable et industrielle, ajoute-t-on.

Jusqu’à 3 MMDH d’investissement

Interrogées par Le Desk sur sa voilure potentielle au vu de l’enveloppe préconisée pour les études de faisabilité devant imaginer sa greffe au mix énergétique de la région (éolien, centrale de Tahaddart alimentée en gaz du GME etc.), nos sources estiment qu’une telle station de dessalement devrait nécessiter un investissement global de 2,5 à 3 milliards de dirhams (MMDH).

Restera alors pour les porteurs de ce grand projet de trouver les financements correspondants. La région, du fait du reprofilage des conventions héritées du mandat précédent, a pu dégraisser le mammouth de ses finances pour dégager une capacité de financement de près de 950 MDH. Elle est aussi en mesure de lever de la dette et bénéficier du transfert de l’Etat d’une manne assez conséquente provenant de l’impôt sur les sociétés (IS).

Bien entendu d’autres apports sont envisageables, jusqu’à prévoir l’appel à des capitaux étrangers combinés à des transferts de technologie. Une option qui pourrait d’ailleurs être discutée lors du Maroc Expo de Tel Aviv prévu du 22 au 24 décembre, le Maroc ayant exprimé son vif intérêt pour le savoir-faire israélien dans ce domaine, dont l’expertise évoquée, entre autres et à titre d’exemple, de la firme Omis Water Ltd.

Le projet d'interconnexion entre les bassins Sebou, Bouregreg et Oum Er Rbia, récemment enclenché, se concrétise : le Laboratoire Public d'Essais et d'Etudes (LPEE) vient de rejoindre le projet, afin d'assurer les essais pour l'étude géotechnique, apprend-on. 2,5 MDH, LPEE s'est imposé face à Labocontrol ou encore S2G.

Fin juillet, on avait retenu pour toujours ce même projet les services de Solroc, afin d'assurer la réalisation des travaux de reconnaissances géologiques, pour près de 8,2 MDH.

Pour rappel, le projet d'interconnexion intervient dans un contexte de changement climatique, de raréfaction des ressources en eau, d'accentuation des phénomènes climatiques extrêmes, de succession de période de sécheresse et de répartition disparate de la pluviométrie entre les régions.

Il devrait par ailleurs être réalisé en deux phases. La première concernera l'interconnexion du barrage de garde du Sebou et du barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah (SMBA) au niveau du bassin de Bouregreg, tandis que la seconde phase portera sur l'interconnexion du barrage SMBA et du barrage Imfout surélevé/Al Massira au niveau du bassin Oum Er Rbia.

Pour concrétiser ce vaste chantier, de manière globale, deux marchés ont d'ores et déjà été mis en jeu. Le premier, portant sur l'étude d'impact, a été estimé à près de 3,9 millions de dirhams (MDH). La mission à confier au futur cabinet à recruter, au début du mois d'octobre, devrait s’étaler sur une année. Le second est celui aujourd'hui remporté par LPEE. Il s'agira de réaliser les reconnaissances géotechniques au long du tracé du projet d'interconnexion (section courante en conduites, canaux et dalots) mais aussi au niveau des ouvrages particuliers (galerie hydraulique, prises, stations de pompages, réservoirs, traversées en syphons...). Des prestations à réaliser pendant toute une année.