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Ce 21 mars, l'Office national de l'électricité et de l'eau a lancé l'avis de pré-qualification à l'adresse des entreprises ou des groupements désireux de réaliser et d'exploiter la future station de dessalement d'eau de mer de la région de Casablanca-Settat. Un marché qui portera sur les 30 prochaines années. Les détails

Les services l’Office national de l’électricité et de l’eau (ONEE) viennent de lancer ce lundi l’avis de pré-qualification pour le projet de la station de dessalement d’eau de mer au niveau de la région de Casablanca-Settat. Dans cette première étape, il s’agira pour l’ONEE de sélectionner les entreprises ou le groupement pouvant être capable, au niveau technique et financier, de réaliser le projet en question, en assurant les différents volets : financement, conception, réalisation et exploitation, apprend-on.

La durée du marché en question est de 30 ans, dont trois dédiés à la réalisation, tandis que le reste (27 ans) porte sur la période d’exploitation.

La station de dessalement d’eau de mer aura une capacité de 548 000 m³ par jour extensible à 822 000 m³ par jour d’eau traitée. On prendra en compte aussi les travaux maritimes de prise d’eau de mer et de rejet ainsi que son alimentation électrique par de l’énergie renouvelable. Le principal objectif attendu de ce partenariat est la production et la fourniture, à moindre coûts, des débits fixés d’eau potable et d’irrigation répondant aux normes de qualité nationales, fait savoir l’ONEE.

« La station de dessalement sera réalisée en 2 phases, toutefois les ouvrages maritimes de prise d’eau de mer et de rejet ainsi que le génie civil de la station de pompage d’eau brute et de la station de dessalement seront dimensionnés pour la phase finale (822 000 m3/jour) et réalisés en première phase », ajoute la même source.

Un projet en deux phases

Le dossier de pré-qualification consulté par nos soins précise que ce projet rentre dans le cadre du renforcement et de la sécurisation de l’alimentation en eau potable d’une partie de la région de Casablanca-Settat. Ce projet permettra également la fourniture de l’eau dessalée pour le compte d’un autre opérateur pour servir aux besoins d’irrigation d’un périmètre de 5 000 ha, ajoute-t-on.

« L’approvisionnement en eau potable de cette région est actuellement assuré à partir des ressources en eau des deux bassins hydrauliques de l’Oum Er Rbia et du Bouregreg-Chaouia », rappelle l’ONEE.

Le projet sera réparti en deux phases : « pour renforcer la production d’eau potable (ce qui permettra in fine de soulager la pression sur les ressources en eau du bas Oum Er Rbia) et assurer l’irrigation du périmètre précité, il est prévu de réaliser la station de dessalement d’eau de mer de Casablanca d’une capacité de 200 millions de m3 par an (Mm³/an) extensible à 300 Mm³/an (Mm³/an) », peut-on lire.

La première phase porte sur 548 000 m3/j (200 Mm³/an) à mettre en service en Juin 2026, tandis que la seconde est relative à 274 000 m3/j (100 Mm³/an) à mettre en service à partir de 2030. L’aire du projet a été par ailleurs divisé en trois zones : Grand Casablanca, Berrechid-Settat, El Jadida-Azemmour.

On relève par ailleurs que le projet sera en trois sous-composantes : les ouvrages maritimes de prise d’eau de mer et de rejet, l’usine de dessalement d’eau de mer, l’alimentation en énergie renouvelables à travers des solutions de l’auto-production des énergies renouvelables (solaire, éolien ou autre), ou un achat auprès d’un ou de plusieurs développeurs locaux.

La carte de la préférence nationale brandie

L’ONEE affirme s’attendre à recevoir des dossiers de candidatures présentant les meilleurs offres techniques et financières permettant d’assurer un coût du m3 le plus intéressant possible sans le recours aux subventions de l’État et avec une alimentation du projet essentiellement par énergie renouvelable.

Le schéma institutionnel proposé est le suivant : la conclusion d’un contrat PPP liant l’ONEE en tant que Personne publique, au partenaire privé pour la conception, » le financement, la réalisation et l’exploitation (intégrant la fourniture d’eau potable) des sous-composantes citées ci-dessus. « Il importe de signaler qu’il sera fait recours aux mesures prévues par la réglementation en vigueur en matière de la préférence en faveur des entreprises nationales qui participeront seules ou en groupement », fait-on savoir auprès de l’ONEE.

On ajoute qu’il sera aussi procédé à « la conclusion par le Partenaire privé avec l’opérateur qui sera engagé par le Ministère chargé de l’Agriculture dans le cadre d’un Contrat PPP pour réaliser et gérer le réseau d’irrigation, d’un contrat d’achat d’eau dessalée pour servir les besoins d’irrigation du périmètre agricole sus visé ».

Enfin, on prévoit aussi de conclure un protocole d’accord multipartite « par la Personne Publique (ONEE), le Ministère chargé de l’Agriculture, l’ORMVAD et lesdits opérateurs privés, pour la détermination des engagements des parties »

Pour rappel, en mars dernier, les travaux topographiques ont été lancés.

L’Union européenne (UE) et les États-Unis ont décidé, fin février dernier, d’exclure la Russie du système Swift (Society of Worldwide Interbank Financial Telecommunication), l’un des réseaux de messagerie bancaire et financière les plus importants, permettant les règlements interbancaires entre les établissements financiers internationaux.

Cette sanction doit “empêcher (les Russes) d’opérer dans le monde entier et bloquera effectivement les exportations et les importations russes”, a assuré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Sauf que les sanctions occidentales impactent également le quotidien de centaines de milliers d’étrangers vivant en Russie, dont près de 3500 étudiants marocains, d’après les chiffres communiqués à TelQuel par le ministère des Affaires étrangères.

Comme c’est le cas pour l’Ukraine, ces jeunes Marocains ont opté pour la Russie afin de poursuivre leurs études universitaires en médecine, en pharmacie, ainsi que dans certaines filières d’ingénierie. Avec l’exclusion de la Russie du système Swift, ces étudiants se sont retrouvés dans l’impossibilité de recevoir de l’argent de leurs proches résidant hors de la Russie.

La problématique a fait l’objet d’une question écrite adressée le 25 mars par Fatima Tamni, députée de la Fédération de la gauche démocratique, au ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. La parlementaire demandant quelles mesures le gouvernement entendait mettre en œuvre afin de rassurer les familles des étudiants en question. “Les parents des étudiants marocains de Russie sont confrontés à de grandes difficultés lorsqu’il s’agit de transférer de l’argent à leurs enfants en passant par les banques russes”, a-t-elle écrit.

Les “dealers de roubles” au sauvetage des étudiants

Mais puisque la nature a horreur du vide, les étrangers de Russie ont rapidement trouvé des parades afin de contourner le gel du système bancaire Swift. Sur les groupes de discussion Facebook rassemblant les étudiants marocains, des internautes proposent leurs services afin de se substituer aux opérateurs classiques de transferts de fonds. “Vous m’envoyez l’argent en dirhams sur mon compte marocain, et je transfère l’équivalent sur votre compte Sberbank ou Tinkoff, ou n’importe quelle autre banque russe”, nous propose un étudiant marocain en médecine à Saint-Pétersbourg.Évidemment, le service n’est pas gratuit. Notre interlocuteur facture une petite commission contre sa prestation d’intermédiaire. “Supposons que le dirham marocain se vende à 10,91 roubles, comme aujourd’hui [entretien réalisé le 22 mars, ndlr]. Je vous achète le dirham à 9,5 roubles si le montant est inférieur à 2000 dirhams ou à 10 roubles si celui-ci dépasse les 2000 dirhams”, explique-t-il, ajoutant que c’est un tarif plutôt raisonnable en regard de ce qui est pratiqué pour les transferts bancaires classiques.

L’autre solution consiste à user des plateformes de trading des cryptomonnaies. Comme Binance, par exemple, dont la direction a refusé, au début de la guerre, de bloquer les comptes des Russes. Dans le détail, les transactions s’effectuent à travers un mouvement d’achat de Tether — ou USDT, monnaie virtuelle de type stable coin adossée au dollar — en dirhams, puis sa revente sur Binance en roubles.

“C’est une solution plus avantageuse, car elle n’implique presque pas de commission, mais elle peut vous faire gagner ou perdre quelques roubles, en fonction du taux de change entre la monnaie russe et le dollar. Pour tout vous dire, c’est ce que je fais moi-même si j’ai besoin d’argent ici”, reconnaît notre “dealer” improvisé de roubles.

Une inflation maîtrisée ?

Qu’en est-il alors du coût de la vie en Russie depuis le déclenchement de la guerre ? “Ici en Russie, nous ne ressentons pas vraiment les conséquences du conflit en Ukraine. Au début, on craignait que les gens se soulèvent contre le choix de mener cette guerre, mais ça a été rapidement désamorcé par le régime et les médias locaux. En revanche, certains produits ont effectivement vu leur prix augmenter. Certains de 20 %, d’autres de 30 %, ou encore de la moitié. Mais les prix des produits essentiels n’ont pas changé. Il faut comprendre que lorsqu’on parle d’une augmentation de 30 roubles, cela équivaut à trois dirhams, comme pour le produit vaisselle, par exemple. Je crois que ce sont surtout les plus démunis qui sentiront la différence, pas forcément les étudiants. D’ailleurs, les loyers n’ont pas augmenté”, affirme Mustapha, 23 ans, étudiant en quatrième année de médecine à Kazan, sixième ville du pays située à 800 kilomètres de Moscou.

“Au début, on craignait que les gens se soulèvent contre le choix de mener cette guerre, mais ça a été rapidement désamorcé par le régime et les médias locaux”

Mustapha, étudiant marocain en Russie
“Honnêtement, nous ne rencontrons pas réellement de problèmes en tant que Marocains. J’ai même remarqué que la police se montre plus conciliante avec notre communauté lorsqu’ils apprennent d’où on vient. J’ai l’impression que ça doit avoir affaire avec la position de neutralité adoptée par la diplomatie marocaine envers le conflit russo-ukrainien”, confie Mustapha.

“Lorsque j’ai reçu mon dernier salaire, j’ai remarqué que le virement était supérieur au montant que je gagne habituellement. Lorsque j’ai appelé mon employeur pour le notifier de l’erreur, il m’a signifié que ce n’en était pas une et que l’excédent était indexé sur le taux d’inflation. Je ne m’y attendais pas du tout. Franchement, j’ai trouvé ça très honorable de sa part”, raconte pour sa part Riyad, installé à Moscou depuis moins d’un an, où il travaille dans une agence de voyages.

Du côté du gouvernement marocain, rien de nouveau depuis l’annonce du porte-parole de l’Exécutif, le 17 mars dernier. Mustapha Baïtas avait déclaré que “le gouvernement est en passe d’examiner les solutions nécessaires pour aider les étudiants marocains qui poursuivent leurs études en Russie, après la décision de retirer ce pays du système financier international, Swift”.

Depuis, rien n’a filtré sur les conclusions d’une réunion qui a vu la participation de l’Office des changes et du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM).