Économie marocaine

Après une précédente tentative en 2015, le Maroc compte relancer l’exploitation des gisements de fer près de Nador au potentiel ré-estimé. L’ONHYM, à travers sa filiale la Seferif est à la recherche de repreneurs à l’international . Une initiative qui revêt un caractère social pour une région en panne d’emplois dans un contexte volontariste d’atténuer la pression migratoire sur l’Espagne voisine tel que convenu dans la « feuille de route » tracé par Rabat et Madrid en mars

L’Office national d'hydrocarbures et des mines (ONHYM) s'apprête à réactiver l'exploitation des mines de fer situées dans le Rif oriental, apprend Le Desk. À travers sa filiale, la Société d'exploitation des mines du Rif (Seferif), l’office dirigé par Amina Benkhadra vient de lancer ce mardi un appel d'offres international pour une cession totale des gisements à l’appui d’une documentation détaillée que Le Desk a pu consulter

Dans son appel d'offres, l'ONHYM justifie cette réactivation par l'intérêt manifesté par plusieurs investisseurs potentiels, suite à un appel à manifestation d'intérêt lancé en mars dernier. La Seferif devrait être placée en liquidation, un liquidateur ayant d’ores et déjà été désigné pour cela, indiquent nos sources.

Depuis 2015, plusieurs démarches ont été entreprises par l'ONHYM afin de dénicher un exploitant. Un premier appel d'offres avec pré-sélection en 2015, suivi d’un appel d'offres international en 2017 n’avaient pas aboutis avant qu’un nouvel appel à manifestation d'intérêt soit lancé en mars 2022 quelques jours à peine avant que Rabat et Madrid ne scellent leur feuille de route concrétisant la relance de leur coopération bilatérale.

 

Un projet social avant tout

C’est d’abord dans un contexte social marqué par le chômage et la problématique de la migration que connait cette région enclavée du royaume que le projet s’est fixé l’objectif de la création d'emplois au niveau local : le futur exploitant devra préparer un plan d'actions sociales au profit des communautés locales, fixant un nombre d'emplois à créer et un engagement prioritaire à donner aux populations riveraines des mines.

De quoi répondre aux multiples revendications d’opportunités de travail exprimées notamment par les jeunes de la région.

Le projet porté par la filiale de l'ONHYM, devrait aussi répondre indirectement et en partie aux promesses faites à l'Espagne en matière de contrôle des flux migratoires, mais aussi spécifiquement afin de relâcher la pression démographique sur les enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta. En avril dernier, au moins deux points indiqués sur la feuille de route commune ont porté sur les efforts que Rabat doit déployer pour s'engager dans « une approche globale et équilibrée du phénomène migratoire » et ce au-delà des mesures d’aspect sécuritaire.

Au terme de la cession des mines, un taux de redevance annuelle à fixer sera versé à l’ONHYM au titre « d’inventeur de gisement », en plus d’un taux de redevance annuelle locative de l’assiette foncière au profit des domaines de l’État qui sera encadré par un contrat de location des terrains.

Des estimations déjà prêtes

Dans son appel d’offres international, l’ONHYM précise qu’en plus du minerai sur place, situé au niveau souterrain, les concessions contiennent également des stocks de minerai de fer en surface. Dans le détail, il est question des gisements se trouvant dans le massif de Beni Bou Ifrour, près de la côte méditerranéenne et à 20 kilomètres du port de Beni Nsar.

Des premières estimations quant aux ressources sont fournies par l’ONHYM. Les gisements de fer de Seferif,  se basant sur les sondages et travaux miniers, sont évalués à plus de 35,108 millions de tonnes (MT). Les gisements visés sont ceux de Wixane (3,594 MT), Axara (4,973 MT), Imnassen (18,406 MT) et Setolazar (8,135 MT).

Pour les ressources mesurées et indiquées, une estimation de 26,409 millions de tonnes est mentionnée, tandis que pour les ressources potentielles en minerais de fer rubanés, contenant entre 20 et 40 % de fer, encaissés dans les schistes tuffacés et chloriteux, l'estimation est de 48 MT. « Il s'agit de minéralisations qui pourraient présenter un intérêt dans d'autres conditions dans l'avenir », fait savoir l'ONHYM, laissant entrevoir, en réponse probablement aux interrogations suscitées sur le potentiel de ce projet, que l’usage de nouvelles technologies pourraient le rendre davantage rentable.

S'agissant des stocks de minerai de fer, les travaux pour l'évaluation des ressources ont concerné les zones de Setolazar, Wiksane, Axara et Bokoya. « Ces stocks sont essentiellement composés par des blocs riches en magnétite ou par un minerai de fer de granulométrie inférieure à 10 mm », relève l’établissement public. L'estimation faite est de 4,14 millions de tonnes à 42,85 % en Fe.

Pour le transfert de ces concessions minières, l'ONHYM souligne que le contrat d’exploitation conclu fixera plusieurs points : le prix d'acquisition des gisements, les modalités de paiement, le plan de développement faisant ressortir notamment les investissements, la durée de montage du projet, la production, les chiffres d'affaires et les résultats d'exploitation prévisionnels pour l'exploitation du stock de minerai mais aussi pour l'exploitation de la mine.