Du Maroc à la France en passant par l’Afrique subsaharienne, les pays du Golfe et Israël, le PDG de Holmarcom possède un puissant réseau. Et pas uniquement dans les milieux d’affaires.
Le réseau de Mohamed Hassan Bensalah.
Montage JA
À la tête, depuis 1993, de l’empire familial Holmarcom (un peu plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2021), Mohamed Hassan Bensalah, 53 ans, vient de signer, au Maroc, l’un des plus gros deals de 2022 : le rachat du Crédit du Maroc à la banque française Crédit agricole. Montant : 4 milliards de dirhams (360 millions d’euros).
Cette acquisition, dont le volet juridique a été préparé par Hicham Naciri, l’avocat du Palais, donne une nouvelle dimension à ce groupe déjà présent dans la finance (AtlantaSanad, The Monarch Insurance…), l’agro-industrie (Société marocaine du thé et du sucre, Juice & Nectar Partner, Dénia Holding), le secteur aérien (Air Arabia), la logistique (Yellowrock, Mass Céréales Al Maghreb), l’immobilier ou encore les médias.
Aidé dans la gestion du groupe par des membres de sa famille, notamment par ses sœurs Miriem (Eaux minérales d’Oulmès), Fatima Zahra (AtlantaSanad Assurance) et Kenza (Comptoir métallurgique marocain), l’homme d’affaires ne s’aventure pas en terrain inconnu. D’abord parce que Holmarcom était déjà actionnaire minoritaire du Crédit immobilier et hôtelier (CIH) et de la BMCI. Ensuite, parce que ce diplômé de la Sorbonne et de l’École des cadres de Paris compte de nombreux partenaires et amis parmi l’élite financière du Maroc.
Parmi eux : Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa Bank ; Mohamed Benchaâboun, ancien patron de la Banque centrale populaire (BCP) et ex-ministre des Finances ; Ahmed Rahhou, ancien PDG du CIH, aujourd’hui à la tête du Conseil de la concurrence ; Tariq Sijilmassi, ancien président du directoire du Crédit agricole du Maroc ; ou encore Hassan Aït Ali, fondateur et ex-président de la banque d’affaires Upline.
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À ces amis s’ajoutent des partenaires fidèles, tels qu’Othman Benjelloun, doyen des banquiers africains et patron de Bank of Africa (BOA), avec qui il a confondé, en 1996, Regional Air Lines, la première compagnie aérienne privée du Maroc (devenue Air Arabia Maroc en 2009).
Bensalah fréquente également Mohamed Karim Mounir, le PDG de BCP. Tous deux siègent au conseil d’administration de Casablanca Finance City Authority et de la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) aux côtés de Hassan Ouriagli, PDG du holding royal Al Mada ; de Rachida Benabdallah, ancienne PDG de l’assureur Agma et, par ailleurs, épouse de Benchaâboun ; de Chakib Alj, le patron des patrons, ou encore d’Abdelhamid Addou, le DG de Royal Air Maroc.
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Si son entourage soutient que Bensalah se tient à l’écart de la politique – il n’a jamais affiché publiquement ses opinions –, nos sources affirment qu’il est très proche d’Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement et, par ailleurs, patron du groupe Akwa. Depuis 2014, le président de Holmarcom fait d’ailleurs partie des happy few du conseil d’administration de Akwa Africa, le véhicule utilisé pour le rachat des activités de TotalEnergies en Mauritanie. Bensalah est également associé au groupe Aksal (propriété de Salwa Idrissi, l’épouse du chef du gouvernement) dans Wolmardev, une entreprise spécialisée dans l’immobilier commercial.
À Akwa Africa, le quinquagénaire côtoie Khalid Cheddadi (PDG de la CIMR), Ali Wakrim (associé d’Aziz Akhannouch) et Hicham Belmrah, PDG de la MAMDA-MCMA et ancien associé d’Ernst & Young, le cabinet d’audit chargé du commissariat aux comptes de Holmarcom.
Bensalah possède également un solide réseau relationnel à l’étranger. En France, il entretient des liens d’amitié avec Luc Chatel, qui fut ministre de l’Éducation nationale et porte-parole du gouvernement sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Selon une source proche de l’homme d’affaires, c’est « par amitié » qu’ils se sont associés au sein du groupe Odyssey International, qui compte une dizaine d’établissements en Afrique du Nord (au Maroc et en Égypte), en Asie et en Europe.
Autre connaissance de longue date, elle aussi membre du clan sarkoziste : François Pérol, associé-gérant de Rothschild & Cie et qui, auparavant, présidait le directoire de BPCE, le deuxième groupe bancaire français (2009-2018). Ce fidèle de l’ancien président français (il fut directeur adjoint de son cabinet, puis secrétaire général adjoint de la présidence) a un temps siégé au conseil d’administration du CIH aux côtés de Mohamed Hassan Bensalah.
Ancien conseiller du Premier ministre français Michel Rocard et ex-directeur de Canal+, l’énarque Bernard Spitz fait également partie du proche entourage de l’homme d’affaires marocain. Président de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA) de 2008 à 2019, celui qui dirige depuis dix ans la commission « Europe et International » du Medef (le patronat français) avait ses entrées à Casablanca, où il venait assister à des événements organisés par la FMSAR, que dirige Bensalah.
En Afrique subsaharienne, où Holmarcom est déjà présent (en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Kenya, au Bénin et au Burkina Faso), le tycoon dispose d’un réseau moins étoffé mais tout aussi puissant. L’un de ses piliers est Ylias Akbaraly, l’homme le plus riche de Madagascar, dont le conglomérat, Sipromad, possède un bureau au Maroc. Pour son expansion au sud du Sahara, Bensalah fait aussi appel à Abdou Diop, associé manager de Mazars Maroc et ancien président de la commission Afrique de la CGEM.
Autre proche du nouveau banquier : le Maroco-Israélien Yariv El Baz, très introduit en Afrique et qui, par le biais de son fonds Ycap, détient le minotier marocain Forafric. Ami de Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, ce puissant homme d’affaires a joué les intermédiaires au moment de la normalisation des relations entre le royaume et l’État hébreu, dont Holmarcom lorgne désormais le marché.
Non loin d’Israël, Sheikh Khalid al-Thani, dirigeant de Qatar International Islamic Bank (QIIB) et de Qatar Islamic Insurance Company (QIIC), et que l’on dit proche de la famille royale qatarie, est, selon nos sources, l’un des contacts essentiels de Bensalah au Moyen-Orient. Leur proximité est telle qu’en 2022 Takafulia Assurances, la filiale de Holmarcom, a accueilli QIIB et QIIC à son tour de table.
Bensalah s’appuie enfin sur Adel Ali, le DG d’Air Arabia Maroc, fort d’une trentaine d’années d’expérience, essentiellement dans les pays du Golfe.
Le cercle artistiqueComme de nombreux hommes d’affaires, Mohamed Hassan Bensalah a fait une place à l’art au sein de son empire. « Il est l’un des premiers à avoir encouragé l’artisanat d’art », souligne Mehdi Qotbi, célèbre peintre et lobbyiste, qui fait allusion à la Galerie H, que le groupe familial a fondée en 2014 pour soutenir les créateurs marocains.