Un missile est un projectile autopropulsé et guidé, constitué de :
Un propulseur : moteur fusée, réacteur (généralement statoréacteur), voir les deux (une fusée donnant l'impulsion de départ, avant d'être relayée par un statoréacteur)
Un système de guidage, qu'il soit externe (téléguidage) ou indépendant (autoguidage).
Une charge utile : ce peut être une charge militaire (explosive, incendiaire, chimique, biologique, etc), un système électronique (drone de reconnaissance, missile scientifique ou expérimental) voire un simple poids pour équilibrer l'engin (missile cible), ou pour transporter une masse inerte (missile de propagande transportant des tracts)
Remarque : dans son acception initiale le terme de missile désignait un projectile, quel qu'il soit. Ce sens est aujourd'hui obsolète mais peut encore se trouver dans des ouvrages datant d'entre les deux guerres mondiales. La règle généralement utilisée de nos jours veut que :
les engins possédant un guidage soient nommés missiles, quel que soit le système de propulsion.
les engins propulsés par un autre moyen qu'une fusée à poudre soient nommés missiles. À part quelques prototypes datant des environs de la Seconde Guerre mondiale, tous ces engins ont un système de guidage.
les fusées à poudre sans guidage soient nommées roquettes (de l'anglais rocket = fusée).
que les projectiles (guidés ou non) se déplaçant sous la surface de l'eau soient nommés torpilles
Cependant, il existe des exceptions, tels les projectiles des lance-roquettes multiples qui, de nos jours, sont le plus souvent autoguidés tout en conservant le nom de roquettes, ou des prototypes datant d'une période où les systèmes électroniques étaient bien plus coûteux, fragiles et volumineux qu'actuellement. Une telle utilisation de ce terme est exceptionnelle et, en général, due à un contexte historique particulier (prototype ancien, dénomination qui perdure bien qu'elle soit devenue impropre).
Propulsions
Différents types de propulsions ont été ou sont utilisés. Ce sont principalement des fusées, des réacteurs ou des engins mixtes.
Fusées : A carburant solide : c'est encore le propulseur le plus courant pour les petits missiles. En particulier les missiles individuels anti-char. A carburant liquide : la dangerosité des carburants et comburants employés a été la cause de leur abandon progressif. Ce type de propulsion est cependant extrêmement efficace pour l'envoi de "gros" missiles utilisant une technologie moyenne voire faible. Le premier missile réussi utilisant cette propulsion a été le V2 allemand de la Seconde Guerre mondiale. Réacteurs : Simple flux : des essais ont été effectués après la Première Guerre mondiale, abandonnés à cause du prix de revient de tels missiles. Eventuellement double-flux ou turbo-fan ou modèle plus moderne que le simple flux. Stato-réacteur : le propulseur actuellement le plus courant sur les missiles. Bon marché, faciles à fabriquer et solides, les statoréacteurs sont devenus le principal mode de propulsion des missiles non semi-balistiques (une fusée est nécessaire pour la sortie de l'atmosphère) Stato-réacteur "classique" à carburant liquide : Stato-réacteur à carburant gazeux : le carburant est stocké sous forme de gaz comprimé (rare car le container est lourd), ou de produits solides, se décomposant en gaz inflammables lorsqu'ils sont chauffés. Les carburants gazeux se mélangeant mieux au comburant (air) que les carburants liquides, ce systèmes est plus efficace à très grande vitesse (Mach 5 et plus). Ce type de stato-réacteur extrêmement rapide est souvent nommé scramJet. Stato-fusée : les stato-fusées sont des stato-réacteurs à carburant solide. Le carburant est déposé sur la paroi interne du réacteur. L'alimentation en comburant se fait par une prise d'air, identique à celle d'un stato-réacteur "classique". Les stato-fusées sont extrêmement économiques en entretien. Cela entraîne des économies d'argent, de personnel qualifié ainsi qu'une fiabilité accrue après de longues périodes de stockage. Sont aussi parfois nommés stato-fusée des stato-réacteurs dont les prises d'air peuvent être fermées, et où un comburant (généralement de l'oxygène stocké sous forme liquide) peut être injecté. Cela permet au moteur de se comporter comme un stato réacteur en atmosphère, ou en fusée. En 2007, ce type de moteur en est, généralement, au stade expérimental. Fusée/Stato-réacteur : ce couple de propulseurs est classique pour les missiles Sol-Air, Sol-Mer et Sol-Sol. La fusée donne au stato-réacteur la vitesse qui lui est nécessaire pour fonctionner, puis il est éjecté. A contrario, de nombreux missiles Air-Air, Air-Mer, Air-Sol ne sont propulsés que par un stato-réacteur, la vitesse initiale permettant l'ignition du stato-réacteur étant la vitesse de l'avion tirant le missile.
Guidage
D'un point de vue technique, il existe de nombreux systèmes de guidage différents. Ils dépendent des caractéristiques de la cible et du degré de précision que la mission et la munition rendent nécessaires.
Guidage inertiel : tout d'abord utilisé sur les missiles à longue portée (missiles stratégiques et missiles de croisière) ; il utilise une centrale inertielle associant trois gyroscopes (un pour chaque axe), ce qui leur permet de maintenir un cap de façon prolongée. Cependant, les gyroscopes étant victimes d’une certaine dérive sur les longues distances, on tend à leur adjoindre aujourd’hui un système de guidage par GPS pour recaler leur positionnement. Des bombes et missiles de dernière génération mis en œuvre par l'armée américaine fonctionnent ainsi. Guidage topographique : certains missiles de croisière comparent en permanence la topographie du terrain survolé à une carte préalablement établie qu’ils gardent en mémoire, repérant ainsi toute variation par rapport à l’itinéraire fixé. Guidage laser : lorsqu’une grande précision est requise (missile anti-char ou anti-bunker), on utilise généralement un guidage laser. La cible est illuminée par un laser dont la tache est perçue par le système d'autoguidage du missile qui s'aligne dessus pour assurer l'impact. Guidage vidéo : une caméra permettant généralement une vision nocturne est installée dans le nez du missile et permet de guider le missile à distance. Guidage infrarouge : essentiellement utilisé par les missiles sol-air et air-air de courte portée, un autodirecteur infrarouge permet de se caler sur le rayonnement infrarouge émis par les tuyères du turboréacteur ou du turbomoteur de l'appareil ennemi. L'avantage de ce genre de système est son autonomie et son fonctionnement passif (il ne produit que peu de signaux détectables). La portée du détecteur d'infrarouges n’excède toutefois guère une vingtaine de kilomètres. Guidage radio : avec le filoguidage et l'autoguidage inertiel, c'est le système le plus anciennement utilisé. Il a cependant été abandonné pour des application militaire, sa sensibilité au contres mesures électronique (brouillage, prise de controle) le rendant peu fiable. Guidage optique/astral : certains missiles semi-balistique sont doté d'un télescope leur permettant de repérer des étoiles servant de repère de navigation. Ce système n'est utilisable qu'hors atmosphère ou à très haute altitude, faute de quoi il ne serait possible de tirer les missiles que par des nuits sans nuages. Nota: ce système est toujours associé à d'autres systèmes. Guidage par variation de pesanteur : certains missiles semi-balistiques ont été équipés de systèmes détectant les variation de pesanteur. La croûte terrestre n'étant pas homogène, la pesanteur varie légèrement suivant l'endroit ou l'on ce trouve, et non uniquement suivant l'altitude. L'étude de ces variation est une technique traditionnelle de l'étude du sous-sol. A partir du moment ou il a été possible de miniaturiser suffisamment un système d'évaluation de la pesanteur, il a été possible de se servir de cette information pour guider un missile. Une des difficultés rencontrées à été la constitution de cartes recensant ces variations. Les éventuelles cibles rechignant à laisser un ennemi potentiel avoir accès a de telles informations. De tels systèmes de mesure de pesanteur utilisent l'atténuation de la pesanteur entre 2 points superposés, et non le calcul de la pesanteur associè à la connaissance de l'altitude. Nota: ce système est toujours associé à d'autres systèmes. Guidage par détection des anomalies magnétiques : la cause de ces anomalies est, là aussi, les variations de composition et d'épaisseur de la croûte terrestre. Nota: ce système est toujours associé à d'autres systèmes. Filoguidage : certains missiles à courte portée (comme les missiles anti-char) utilisent un guidage par fibre optique ou par câble électrique. Ils dévident derrière eux, durant leur vol, un long fil grâce auquel un opérateur leur expédie des informations depuis la station de tir, souvent afin de les guider. Le poste de tir est généralement constitué d'un système de pointage optique opéré par un tireur. Guidage radar : tout d'abord employé sur les missiles sol-air et air-air de moyenne et longue portée, qui ont généralement recours à un guidage radar actif (le missile possède alors son propre radar) ou bien semi-actif (dans ce cas, le missile utilise le radar de l’avion lanceur). Le guidage radar semi-actif est utilisé par le AH-64 Apache de dernière génération pour guider ses missiles antichar, à la place du filoguidage utilisé jusqu'à présent. Certains missiles, souvent anti-navires, utilisent successivement plusieurs types de guidage: inertiel juste après leur lancement, puis radar lorsqu’ils ont localisé leur cible. D'autres se calent sur les ondes électromagnétiques émises par leurs cibles (cas des missiles anti-radar). De nos jours, tous les missiles devant parcourir de grandes distances (balistique, semi-balistique, croisière) associent différentes techniques, complémentaires les unes des autres.
missile antimissile intercepte l ogive donc donc oui theoriquement c est interceptable.
Invité Invité
Sujet: Re: Missiles Mer 24 Juil 2013 - 21:14
Alloudi a écrit:
missile antimissile intercepte l ogive donc donc oui theoriquement c est interceptable.
D'accord mais est ce que les pays musulmans disposent de missile antimissile capable d'intercepter des missiles équiper d'ogives nucléaires car j'imagine qu'il ne suffit pas de missile antimissile standard ?
rafi General de Division
messages : 9496 Inscrit le : 23/09/2007 Localisation : le monde Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: Missiles Mer 24 Juil 2013 - 21:31
Le système MIM-104 Patriot PAC3 est un intercepteur de missile balistique. Le Koweït par exemple en possède, l'Arabie Saoudite en a acquis (mais sont-ils déjà livrés?), idem pour les EAU (livrés ou pas?).
http://www.janes.com/article/22291/kuwait-orders-patriot-pac-3-missiles a écrit:
Kuwait already has five Patriot batteries, which were delivered in the mid-1990s and have been recently upgraded to PAC-3 configuration.
http://www.upi.com/Business_News/Security-Industry/2011/06/27/Raytheon-gets-17-billion-Patriot-deal/UPI-74681309198406 a écrit:
massive defense plan by the Arab states of the Persian Gulf to counter Iran got a big boost with last week's award of a $1.7 billion contract to the Raytheon Co. to upgrade Saudi Arabia's Patriot air-defense systems to the advanced PAC-3 configuration.
http://www.upi.com/Business_News/Security-Industry/2011/06/27/Raytheon-gets-17-billion-Patriot-deal/UPI-74681309198406 a écrit:
The United Arab Emirates is expected to take delivery of four Patriot MIM-104 PAC-3 air-defense missile batteries in the coming months, part of its drive to reinforce its defensive capabilities.
charly Colonel-Major
messages : 2420 Inscrit le : 25/05/2011 Localisation : Aquitaine Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: Missiles Mer 24 Juil 2013 - 22:12
rafi a écrit:
Le système MIM-104 Patriot PAC3 est un intercepteur de missile balistique. Le Koweït par exemple en possède, l'Arabie Saoudite en a acquis (mais sont-ils déjà livrés?), idem pour les EAU (livrés ou pas?).
http://www.janes.com/article/22291/kuwait-orders-patriot-pac-3-missiles a écrit:
Kuwait already has five Patriot batteries, which were delivered in the mid-1990s and have been recently upgraded to PAC-3 configuration.
http://www.upi.com/Business_News/Security-Industry/2011/06/27/Raytheon-gets-17-billion-Patriot-deal/UPI-74681309198406 a écrit:
massive defense plan by the Arab states of the Persian Gulf to counter Iran got a big boost with last week's award of a $1.7 billion contract to the Raytheon Co. to upgrade Saudi Arabia's Patriot air-defense systems to the advanced PAC-3 configuration.
http://www.upi.com/Business_News/Security-Industry/2011/06/27/Raytheon-gets-17-billion-Patriot-deal/UPI-74681309198406 a écrit:
The United Arab Emirates is expected to take delivery of four Patriot MIM-104 PAC-3 air-defense missile batteries in the coming months, part of its drive to reinforce its defensive capabilities.
messages : 6945 Inscrit le : 18/07/2012 Localisation : paris Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: Missiles Lun 10 Mar 2014 - 22:25
Citation :
Tomahawk, le missile qui joue les drones
Il nage, s'élance comme une fusée puis vole comme un avion. Il est contrôlé à distance, fait de la reconnaissance, prend des photos, et peut suivre des cibles en mouvement, ou même changer de cible ou de mission en cours de vol. Un drone ? Non, un missile de croisière, le nouveau Tomahawk. Le missile de croisière Tomahawk, développé à l'origine dans les années 1970 par General Dynamics et désormais fabriqué par Raytheon, s'est vu fortement modernisé au fil des ans. Dernière évolution en date : une nouvelle ogive multi-missions, la possibilité de trouver ses propres cibles et de les suivre en mouvement grâce à un nouveau système de guidage, mais aussi d'effectuer des missions variées en plus de sa mission destructrice première, par exemple de la reconnaissance visuelle avec prise de photo. Cette modernisation intervient sur le Tomahawk Block IV, un missile polyvalent capable d'être lancé depuis un sous-marin, de sortir de l'eau à l'aide d'une fusée, puis de déployer de petites ailes et de voler à l'aide d'un turboréacteur (pouvant atteindre une vitesse maximale de 890 km/h) sur plus de 1 600 km avant d'atteindre sa cible. Cette version était déjà capable de changer de cible en cours de vol, et avait vu son coût réduit de moitié par rapport au précédent Block III, lui permettant d'être plus souvent déployé. Les efforts de Raytheon en collaboration avec la Navy américaine se concentrent sur ses capacités de communication, afin de lui permettre entre autres d'atteindre des cibles en mouvement et d'ignorer les conditions climatiques qui pourraient autrement entraver sa mission. Cela passe par une mise en réseau, qui confère à un opérateur la possibilité d'accéder à des données issues de n'importe quelle source (satellites, drones, soldats, navires, etc.) pour le mener à sa cible, et de changer de cible à la volée si besoin. Le missile est de plus équipé d'un système de navigation visuel appelé "Digital Scene Matching and Correlation", d'un GPS antibrouillage et de capteurs de mesure inertielle au cas où il se retrouve coupé de tout contact électronique. Ces améliorations lui apportent une flexibilité inégalée, sur laquelle compte Raytheon pour que le Tomahawk reste l'arme de choix de la Marine de guerre américaine, qui en a reçu plus de 3000 depuis l'introduction du Block IV en 2004, et dont un grand nombre de ses navires sont équipés.
Ci-dessous, une vidéo de démonstration du Tomahawk :
messages : 2512 Inscrit le : 13/12/2010 Localisation : Casablanca Nationalité : Médailles de mérite :
Sujet: Re: Missiles Jeu 17 Sep 2015 - 16:21
Citation :
Contrats Rafale : le missilier MBDA va embaucher 550 personnes en France
Le PDG du missilier européen, Antoine Bouvier, a lancé un vaste plan d'embauches en France et en Grande-Bretagne. Il a annoncé le recrutement de 550 personnes sur les sites français d'ici à fin 2016. Les commandes pleuvent (ou vont pleuvoir) chez MBDA, notamment celles liées aux contrats Rafale et Eurofighter : Égypte (1,1 milliard, dont 300 millions pour l'armement de la frégate FREMM) et Qatar (autour de 2 milliards d'euros à confirmer) pour le Rafale et, enfin, Koweït pour l'Eurofighter. Du coup, le PDG du missilier européen, Antoine Bouvier, a lancé un vaste plan d'embauches en France et en Grande-Bretagne. Il a annoncé vendredi lors d'un comité central d'entreprise (CCE) aux syndicats français du missilier le recrutement de 550 personnes sur les sites français d'ici à fin 2016. Soit un solde net de de 220 salariés.
"Les contrats Égypte arrivent au bon moment en raison de l'incertitude sur la charge qui pesait en 2016 et 2017", avait admis en début d'année Antoine Bouvier lors de sa conférence de presse sur le bilan 2014. Cette augmentation des salariés de MBDA France correspond à une hausse d'environ 5% des personnels du missilier dans les sites français (4.060 salariés sur un total de 10.900 dans le monde). Antoine Bouvier doit prochainement annoncer un plan d'embauches aux syndicats britanniques.
De nombreuses commandes britanniques Cette nouvelle hausse des effectifs en Grande-Bretagne est le fruit des nombreuses commandes gagnées ces dernières années par les équipes britanniques. D'ailleurs, MBDA a annoncé ce mercredi avoir gagné un contrat de plus de 300 millions de livres (près de 410 millions d'euros) portant sur la livraison de nouveaux missiles air-air ASRAAM, destinés à la Royal Air Force. Ces missiles seront produits dans le nouveau site de fabrication et d'assemblage de Bolton, qui sera mis en service à la mi-2016.
En 2014, l'essentiel des commandes (4,1 milliards d'euros en 2014) a été essentiellement réalisé grâce à des produits britanniques. Ainsi, l'Arabie Saoudite, en vue d'équiper ses Eurofighter fournis par BAE Systems, s'est offert des missiles air-air Meteor, un contrat estimé à un plus de 1 milliard d'euros. C'est le premier contrat export du Meteor. En outre, MBDA avait également enfin obtenu un contrat en Inde. New Delhi a mis en vigueur un contrat estimé à 428 millions de dollars en vue d'équiper les vieux Jaguar de l'armée de l'air indienne de missiles britanniques air-air de courte portée Asraam
http://events.thalesgroup.com/eurosatory/article.cfm?news_id=757894 a écrit:
TDA à quelques centimètres près
Depuis plusieurs décennies, les armées modernes se sont lancées dans une course effrénée à la précision. La plupart des protagonistes recherchent une plus grande justesse afin de pouvoir appliquer des frappes encore plus puissantes. TDA, sous l'égide et avec le soutien de la Direction générale de l'armement (DGA), a choisi une autre voie en développant des armes à précision sub-métrique associées à des charges militaires optimisées pour réduire les effets collatéraux.
Cette démarche singulière s’appuie sur une étude approfondie des conditions du combat moderne et pourrait fortement influencer la doctrine militaire des forces amenées à les mettre en œuvre.
Une approche à contrecourant
Ainsi, concernant les systèmes mortiers par exemple, la plupart des Alliés expriment des besoins assez semblables et somme toute paradoxaux : ces systèmes de mortiers (quel que soit leur calibre) devraient tirer plus loin, offrir une justesse accrue et délivrer des feux plus puissants. En un mot, la précision ne servirait qu’à appliquer des feux au plus près de l’objectif (de préférence dans la profondeur), la puissance de la munition permettant de compenser la relative dispersion résiduelle en fin de trajectoire. Rien à propos de la réduction des dommages collatéraux.
Il en va de même pour les roquettes qui, toutes, à l’exception de celles produites par TDA, ont recours à des moteurs de technologie ancienne et tendent à augmenter les effets terminaux de leurs têtes militaires pour concurrencer les missiles de faible diamètre. L’objectif de ce type de munitions est clairement de neutraliser, au mieux, des véhicules de transport de troupes ou de détruire les objectifs les moins protégés.
La démarche française est tout autre. Elle se fonde sur les avantages induits par la précision sub-métrique pour atteindre la cible proprement dite. L’effet recherché est le coup au but, garanti par l’illumination laser de la cible jusqu’à l’impact. Comme il ne s’agit pas d’appliquer des feux sur des coordonnées GPS, l’homme doit rester dans la boucle pendant l’intégralité du processus : la cible est ainsi observée en permanence et la trajectoire peut être déviée en cas d’irruption de non belligérants dans la zone des objectifs. Par conséquent, nul besoin de recourir à une puissance accrue pour neutraliser ou détruire la cible : l’optimisation de la charge militaire permet de confiner la létalité de la munition dans un rayon de vingt mètres seulement.
Un programme ambitieux
Au courant de la dernière décennie, la DGA a favorisé l’association de TDA et de Nexter afin de soutenir le développement de munitions à précision métrique (MPM). Particulièrement ambitieux, ce programme visait à définir, élaborer et produire des composants et des modules communs susceptibles d’entrer aussi bien dans la fabrication d’obus de 155 mm guidés laser, de roquettes à induction guidées laser que de projectiles de mortier de 120 mm guidés laser.
Grâce aux travaux menés de concert avec Nexter, TDA a développé et mis au point une roquette à induction guidée laser (RIGL). Au vu des résultats obtenus lors des tirs d’essai, la DGA et l’état-major des armées ont décidé de doter l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) de cette nouvelle arme avant la fin de la décennie.
TDA développe également une munition guidée de mortier (MGM) de 120 mm, qui sera opérationnelle au milieu de la prochaine décennie. La MGM bénéficiera de certains modules (en particulier le kit de guidage laser) entrant dans la composition de la RIGL, ce qui permettra de réaliser des économies d’échelle et d’atteindre des effets de séries. En retour, la RIGL pourra bénéficier des innovations introduites dans les programmes futurs.
Tirer au milieu des populations
Pour l’heure, les mortiers d’infanterie ou d’artillerie, tout comme les armes montées sur les hélicoptères de combat (à l’exception des missiles), compensent la dispersion des munitions par le tir en salves ou en rafales de plusieurs coups ou roquettes afin d’atteindre un effet que l’on peut qualifier de « surfacique ». L’application de tirs de très grande précision conduira, logiquement, à traiter les cibles de manière individuelle et, par conséquent, à diminuer le nombre global de munitions à transporter.
L’équipage d’un hélicoptère de combat Tigre pourra ainsi traiter tour à tour des cibles statiques et étalées (plots logistiques, bivouacs, troupes embusquées) avec des roquettes non-guidées (explosives ou multidards, ou un mix des deux) et réserver les roquettes guidées aux cibles mobiles ou à celles à traiter très ponctuellement, y compris à travers une embrasure de porte ou de fenêtre. De son côté, la MGM, étant équipée d’un pénétrateur, pourra atteindre une habitation par la verticale, en crever le plafond et exploser dans la pièce visée.
Alors que les armes d’appui sont difficiles à utiliser à proximité des troupes amies ou des zones habitées, il deviendra possible avec les MPM de traiter une cible à haute valeur ajoutée (High Value Target) retranchée, des tireurs isolés ou un groupe de combattants embusqués juste avant un assaut et au plus près des troupes amies, ou encore d’interdire la progression d’un ennemi (à pied ou en véhicule) représentant un danger imminent. En un mot, l’alliance de la précision des tirs et de l’optimisation de la charge militaire permettra de conduire (et de gagner) le combat au milieu des populations.
Adam Modérateur
messages : 6300 Inscrit le : 25/03/2009 Localisation : Royaume pour tous les Marocains Nationalité : Médailles de mérite :