Diplomatie marocaine - Relations internationales

Des diplomates marocains “drogués et dépouillés par des escorts” à Bogotá. L’information a eu l’effet d’une bombe le 18 août, entraînant une frénésie médiatique, sur fond de réactivation de la reconnaissance de la pseudo RASD par la Colombie.

Selon nos informations, ce sont deux fonctionnaires de l’ambassade du Maroc en Colombie qui ont été victimes de vol et non trois comme rapporté par la presse locale. “Contrairement à ce qui a été rapporté, les filles qui ont dîné avec les fonctionnaires ne sont pas des escorts ou des prostituées, mais des filles ‘normales’ avec qui ils ont fait connaissance grâce à une application de rencontre”, nous précise Farida Loudaya, ambassadeur du Maroc en Colombie.

“Un incident courant en Colombie”

Ces derniers ce sont donné rendez-vous dans un restaurant pour un dîner informel. Ce serait durant ce repas que les fonctionnaires auraient été drogués. Les premiers effets de la drogue qui leur a été administrée sont apparus à la fin du repas, les femmes leur ont alors proposé de les accompagner à leur domicile et se sont chargées d’appeler un taxi. Une fois au domicile de l’un des deux fonctionnaires et profitant de leur état, “les filles” ont dérobé tout ce qui avait de la valeur à leurs yeux dans l’appartement, avant de disparaître.

“Ce qu’il faut savoir, c’est que ce type d’incident est courant en Colombie. Ce genre de bandes criminelles opèrent surtout entre Bogotá, Carthagène ou Medellín et ciblent beaucoup les étrangers. Sauf que pour ce cas, elles ne savaient pas que leurs victimes étaient des diplomates, ils n’ont pas décliné leur fonction”,  nous explique l’ambassadrice à TelQuel. Une fois qu’ils ont pu retrouver leurs esprits, les deux fonctionnaires ont avisé leur hiérarchie de l’incident avant d’être hospitalisés. “Une enquête est en cours, nous avons avisé les autorités, notamment la police diplomatique. Les autorités nous ont confirmé la récurrence de ce genre d’actes criminels”, ajoute Farida Loudaya.

Le ministère des Affaires étrangères a également été notifié dans la foulée, ce qui a entraîné l’ouverture d’une enquête interne. “Ils ont fait une erreur et n’ont pas été vigilants. Il n’empêche que concernant ce type d’affaires, le ministère a une politique de tolérance zéro. Résultat des comptes, la mesure est tombée de suite, Monsieur le Ministre a pris des mesures urgentes, qui se sont traduites par un rappel immédiat des deux fonctionnaires et un conseil de discipline, l’inspection générale du ministère des Affaires étrangères est en train de suivre cette affaire sur instruction du ministre”, souligne l’ambassadeur.

Cette dernière a également tenu à rappeler qu’au niveau local, l’affaire n’a eu aucun écho politique et a été traitée comme un simple fait divers, notamment par la presse locale. Pour l’heure, les principales victimes de cette affaire restent les deux fonctionnaires, pour qui la Colombie était la première affectation à l’étranger.

Si le Polisario garde encore un fort ancrage en Afrique, aucun pays n’a annoncé, depuis 2011, une nouvelle reconnaissance de la « République arabe sahraouie démocratique » (RASD), autoproclamée en 1976 par le Front Polisario qui dispute au Maroc la souveraineté du territoire du Sahara Occidental.

Hormis l’Algérie, son soutien historique, 16 autres pays maintiennent leur appui au Polisario : l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, l’Éthiopie, le Ghana, l’Île Maurice, le Kenya, la Mauritanie, le Mali, le Mozambique, la Namibie, le Nigeria, l’Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie, et le Zimbabwe.

Le Malawi et la Zambie peinent à choisir entre les deux camps, avec des gels et reprises de reconnaissance ces dernières années. Finalement, le Malawi a retiré sa reconnaissance en 2017, tandis que la Zambie ne reconnait plus la « RASD » depuis 2007.

D’autres États ont rejoint le camp du Maroc depuis 1996 : le Bénin, le Burkina Faso, la République du Congo, l’Eswatini, la Guinée Équatoriale, le Libéria, Sao Tomé-et-Principe et le Togo et, plus récemment, Guinée-Bissau, la Libye, les Seychelles, la Sierra Leone, le Soudan du Sud et le Tchad.

Le dernier en date est le Lesotho qui a adopté une position de « neutralité positive » dans le dossier du Sahara, avant de geler sa reconnaissance de l’entité du Polisario en décembre 2019.

Le Maroc s’approche ainsi du seuil des deux tiers exigés pour obtenir une révision de l’Acte constitutif de l’UA, comme le stipule l’article 32, devant conduire à l'expulsion du Polisario.

Dans son discours du 20 Août, le Roi Mohammed VI a indiqué que les positions des pays africains frères « sont un réel sujet de fierté », rappelant qu'environ 40 % des Etats du continent, relevant de cinq groupements régionaux, ont ouvert des consulats à Laâyoune et à Dakhla.

Le 31 janvier 2017, et après une absence de 33 ans, le Maroc a rejoint l’Union Africaine. Il s’était retiré en 1984, pour protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique « RASD ».

Pour rappel, le Maroc avait réussi, lors du sommet de Kigali au Rwanda en juillet 2016, à mobiliser 28 États de l’organisation panafricaine pour signer une lettre adressée au président en exercice de l’UA, afin de geler la participation du Polisario aux activités de cette organisation panafricaine.

Comme nous le rapportions précédemment, la réadmission du Maroc à l’union africaine a été actée en janvier 2017, après des débats houleux ayant mené à un consensus favorable pour le Maroc. « Une écrasante majorité d pays africains a soutenu le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine, lors du 28ème sommet de l’organisation continentale tenu à Addis-Abeba. 39 se sont exprimés, lundi, en faveur du retour du Maroc à l’UA », avait annoncé une dépêche de la MAP.

Le Maroc a beaucoup à gagner en réintégrant l’instance africaine. Depuis son retour au sein de l’Union Africaine, Rabat s’active pour que ses pays membres adoptent une position de neutralité dans le dossier du Sahara.

Plusieurs États africains ont choisi d’ouvrir des représentations consulaires au Sahara occidental au niveau de Laâyoune et Dakhla : Le Burkina Faso, le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC), la Centrafrique, les Comores, la Côte d’Ivoire, Djibouti, Eswatini, la Gambie, le Gabon, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale, le Libéria, Sao Tomé-et-Principe et la Zambie des représentations à Laâyoune ou à Dakhla, la Sierra Leone, le Sénégal.  Le dernier en date à ouvrir ses portes est  le Togo qui a inauguré son nouveau consulat général à Dakhla en fin juillet.

Ce retour a d’ailleurs ouvert la brèche au renforcement d’une coopération avancée avec les pays africains ainsi qu’à diplomatie économique, culturelle et religieuse.

Le Maroc continue de renforcer sa diplomatie économique en Afrique. Si nombre d’accords de partenariat annoncés lors des visites royales sur le continent accusent un certain retard, la présence du royaume y est multiforme dans de nombreux secteurs (telcos, immobilier, banques etc.). Pour exemple, les groupes bancaires Attijariwafa bank, Banque Centrale Populaire, et Bank of Africa (BOA) dominent toujours collectivement le marché bancaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) avec des parts cumulées de 21,7 % à fin 2021, peut-on lire d’un rapport de la Commission bancaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Autre illustration, déjà très présent au Niger via sa filiale OCP Africa, OCP a fait un don de 15 000 tonnes au Rwanda en juillet. Le Niger et l’Éthiopie ont également signé des accords avec OCP afin que le groupe puisse installer une usine sur leurs territoires proposant ainsi de l’engrais à moindre coût.

Cette signature intervient dans un contexte de pénurie de fertilisants en Éthiopie, due à la guerre civile dans la Corne de l’Afrique. La première phase d’implantation pourrait produire 2,5 millions de tonnes par an. L’implantation d’usine d’engrais dans ces pays réduirait les coûts d'intrants et accroitrait sensiblement la productivité agricole.